Présentation du livre
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Lisez le chapitre 6 du livre:.
Contacez-moi:
Claude Lafleur à:
lafleur@claudelafleur.qc.ca
|
Si on m’avait dit qu’un jour, je rencontrerais l’Amour un samedi matin
vers 7h15, j’aurais sans hésiter répondu que c’est très
peu probable puisqu’à cette heure, généralement, je
dors à poings fermés! Y’aurait davantage de chance
vers minuit, heure à laquelle je suis le plus souvent hors de chez
moi. Pourtant.
Cet
été–là, je travaille comme gardien de sécurité
dans un immeuble d’habitation.
Par
un beau samedi matin de juillet, j’achève mon quart de travail de
nuit lorsqu’une jolie résidente (que je n’avais jamais vue) vient
me voir.
— |
Pardon, quelle heure est–il?,
me demande–t–elle à demi–souriante. |
— |
Eh bien, il est 7h15, mademoiselle,
répondis–je poliment. |
— |
Euh… du matin… ou du soir? |
— |
!!! Du matin, mademoiselle.
Nous sommes samedi matin. |
.
Devant
mon air perplexe, elle s’empresse de s’expliquer. De retour chez
elle la veille, après une semaine de travail intense, elle était
si fatiguée qu’elle s’est étendue pour quelques minutes.
Mais voilà qu’elle vient de se réveiller. Elle ne sait
donc pas si nous sommes en soirée ou en matinée.
Quelle
étrange fille, me dis–je. Jolie mais bizarre…
Étrangement,
me vient l’idée de lui faire une proposition.
— |
Dites–moi, mademoiselle…, je
termine mon quart de travail à 8 heures…, que diriez–vous si nous
allions prendre un café au resto du coin? |
Je ne
sais vraiment pas ce qui m’a pris ce matin–là de faire des avances
à une résidente de l’immeuble où je travaille.
Et
plus étonnant encore, elle accepte!
On
se donne donc rendez–vous pour 8h15.
Lorsque
j’arrive au resto, le cœur battant, je la découvre encore plus ravissante
que tantôt.
Quelle
histoire invraisemblable, me dis–je. Dans quoi me suis–je embarqué?
(Sans doute pense–t–elle la même chose.)
On
se commande des toasts et du café — moi qui n’en bois jamais — et
on amorce la conversation.
D’entrée
de jeu, elle s’empresse de me raconter, comme pour me convaincre qu’elle
n’est pas une bizarroïde, qu’elle travaille si fort ces temps–ci,
qu’elle est épuisée. (Elle est secrétaire dans
un grand bureau.) C’est pourquoi le petit repos qu’elle voulait s’accorder
hier soir (avant de sortir) s’est transformé en douze heures de
sommeil profond.
Je
la surprends en lui déclarant que je la comprends parfaitement puisque
la même chose m’est arrivée il y a quelques années
en me rendant en bus à Winnipeg (chapitre 4). Il m’a en effet
fallu une trentaine d’heures sans grand repos pour parvenir jusqu’au campus
de l’Université du Manitoba. Une fois à ma chambre,
vers 11 heures un dimanche matin, je me suis étendu afin de faire
une sieste avant d’aller luncher. Quelle ne fut pas ma surprise de
me réveiller… vers 7 heures… du soir ou du matin? (L’anecdote
est authentique.)
Comme
elle, j’ai donc cherché quelqu’un pour m’indiquer l’heure.
Voilà qui étonne Anne… et qui nous fait rigoler. Nous
partageons donc déjà quelque chose de bizarre — ce qui la
rassure.
La
conversation s’enchaîne de la sorte et tout va de soi, sans problème
ni gêne. À preuve, nous passons l’avant–midi au resto
sans nous en rendre compte. Nous sommes d’ailleurs surpris lorsqu’on
voit affluer les clients à l’heure du lunch. Déjà
midi!
C’est
alors qu’Anne m’invite à l’accompagner chez elle, en me spécifiant
que jamais elle ne fait ce genre de choses. (J’aurais pu lui dire
qu’en tant que surveillant, jamais je ne fréquente les résidentes,
cela nous étant interdit.)
On
se retrouve donc dans son petit appart… où tout est à l’envers.
De toute évidence, elle ne s’attendait pas à m’y inviter.
On
s’assied sur le divan et poursuivons la conversation tout l’après–midi…
sans même se toucher du bout des doigts. Les échanges
coulent à flot et je ne crois pas ce qui m’arrive. (J'imagine
que c’est la même chose pour elle.)
Vers
16 heures, je sens la fatigue m’envahir; cela fait 24 heures que je n’ai
pas fermé l’œil.
Heureusement
que je suis en vacances pour dix jours. Demain matin, comme je lui
avais déjà annoncé, je pars en camping pour cinq jours
avec l’un de mes frères.
Quel
moment extraordinaire venons–nous de vivre, n’est–ce pas? Nous sommes
tous deux renversés. On ne sait toutefois pas s’il y aura
une suite, ni comment conclure cette rencontre inusitée. Que
dit–on pour terminer? Oserais–je lui demander son numéro de
téléphone? Ou dois–je compter sur la chance de la retrouver
à mon retour de vacances?
Peut–être
avons–nous été emportés dans une sorte de rêve
et qu’après un peu de repos, la magie se sera dissipée?
Je
pense que ni Anne ni moi ne mesurions alors ce qui venait de se passer
à ce moment–là. Pour ma part, j’étais dans un
«état second», envahi par ce malstrom qui déferlait
sur nous avec un sérieux manque de sommeil.
Toujours
est–il qu’elle vient gentiment me reconduire à la porte de son appart.
Vint le moment de se quitter: que dire, quel geste poser dans ces circonstances?
Simplement lui serrer la main ou… la prendre dans mes bras? (On ne
s’était pas encore vraiment touché.)
C’est
alors que, sur le pas de la porte, Anne dépose un simple baiser
sur mes lèvres, un bisou de quelques secondes à peine.
Jamais
je n’ai ressenti un tel choc! La foudre venait de me frapper au cœur
— littéralement!
Je
ne pense pas me tromper en disant qu’à ce moment–là, j’ai
vacillé et titubé sur mes jambes. J’étais foudroyé.
C’est
en flottant à quelques centimètres au–dessus du sol — c’est
vraiment la sensation que j’ai éprouvée — que je suis rentré
chez moi. Je n’avais qu’un but: me coucher. Oh, là,
là, que m’arrivait–il? J’avais absolument besoin d’une bonne
dose de sommeil.
Que
vivait Anne à ce moment–là? Je l’ignore. A–t–elle appelé
sa meilleure amie pour lui conter ce qu’il venait de se passer? Ou
s’est–elle aussi effondrée dans son lit? (Jamais, malheureusement,
nous n’avons reparlé de ces premiers instants.)
Dimanche
matin, je me lève étonnamment en forme. Je déborde
d’énergie. Tiens donc. Je n’ai cependant qu’une pensée:
ai–je rêvé hier? Suis–je en train de me faire des idées?
Suis–je victime d’une illusion?
Mon
frère venant me chercher vers 10 heures, je prépare mes bagages.
À vrai dire, je n’ai pas le cœur joyeux. Je suis plutôt
inquiet, rongé par le doute; suis–je en train d’imaginer des choses
ou ai–je rencontré… l’Amour?!
Soudain,
le téléphone sonne. Curieux, je n’attends aucun appel…
à moins qu’il s’agisse de mon frère qui…?
Eh
non. C’est ELLE! Anne m’appelle simplement pour me souhaiter
bon voyage. (Je ne me rappelle pas lui avoir laissé mon numéro.)
À
la suite de ce coup de fil, je m’effondre sur le divan; je n’avais donc
pas rêvé! Inutile de dire que je n’ai plus le cœur au
camping… surtout pas durant CINQ jours! Mais j’ai un engagement à
respecter.
Mon
frère arrive tel que prévu et nous partons pour l’est du
Québec. Au moins, il fait beau; c’est une adorable matinée
de juillet. (En réalité, je crois que, ce jour–là,
il aurait pu tomber des cordes que moi, j’aurais quand même vu le
soleil briller!)
Nous
faisons route à destination du mont Mégantic.
Chemin
faisant, mon frère me trouve changé, je ne suis pas bavard
comme d’habitude. Il a tôt fait de réaliser que j’ai
la tête ailleurs.
Il
me demande ce qui se passe, si je vais bien, si quelque chose ne va pas…
Et je lui raconte mon étonnante rencontre de la veille.
Aussitôt,
je suis transporté. Pauvre de lui, j’ai dû lui casser
les oreilles pour le reste de la journée!
Nous
arrivons en fin d’après–midi dans la région de Mégantic.
Première déception: la météo est plutôt
maussade et on annonce des jours de pluie à venir. Puis, seconde
déception: tous les terrains de camping sont occupés.
(Il faut dire que nous sommes au pic des vacances d’été.)
Que
faire?
Nous
décidons de chercher un boisé quelconque afin d’y planter
notre tente. Par chance, on déniche un endroit approprié.
On s’y installe pour la nuit.
Je
pense avoir bien dormi cette nuit–là, malgré l’inconfort
du camping. (Curieux tout de même que, malgré toutes
les précautions prises, lorsqu’on s’étend dans son sac de
couchage, on découvre immanquablement qu’une racine ou une branche
se trouve judicieusement placée dans notre dos!)
Toujours
est–il que la nuit se passe bien même si, au petit matin, il faut
chaud sous la tente.
Nous
entamons notre première journée de vacances. Le temps
est couvert et on est un peu déboussolé. Que faire
aujourd’hui?
De
surcroît, j’ai la tête et le cœur ailleurs…
Mon
frère le perçoit très bien et propose:
— |
Et si on retournait à
Montréal? |
— |
Tu n’y penses pas?, dis–je.
On a prévu passer les vacances ensemble? |
— |
Bah, je vois bien que tu n’es
pas là, et pour ma part, j’aurai de quoi m’occuper en ville.
Et comme il ne fera pas beau ces prochains jours… le mieux est de s’en
retourner, non? |
Me voilà
très embêté. Je me sens mal de gâcher ce
voyage mais, d’un autre côté…
Mon
frère — mon grand frère en gentleman qu’il est — tranche:
on remballe!
Pourquoi
pas, me dis–je soulagé.
Nous
rentrons donc avec, de mon côté, le cœur léger et un
peu mal à l’aise.
En
abordant Montréal, mon frère a une autre idée:
— Et si je te déposais
chez elle?, dit–il.
— Avec tout mon bagage?
— Non, j’irai le déposer
chez toi
Mon
cœur ne fait qu’un bond. Quelle idée géniale…
que je ne peux refuser (et pour laquelle je lui serai éternellement
redevable).
En
début d’après–midi, il me dépose donc à l’entrée
de l’immeuble où je travaille. Mon collègue, qui me
sait en congé, est surpris de me voir.
Vitement,
je grimpe à l’étage où réside Anne, sans même
me demander comment je serai accueilli. Ah, l’insouciance… par chance
que ça existe parfois!
Sans
attendre, je frappe à sa porte.
Elle
ouvre…
J’ai
alors droit au plus magnifique sourire de surprise que j’ai vu de ma vie.
— Tu es revenu, murmure–t–elle
incrédule.
Puis,
elle fond en larmes dans mes bras.
Impossible
de décrire ce que je ressens alors, tant je suis à la fois
chaviré et rassuré. Je n’avais donc pas rêvé,
vraiment pas!
Anne
ne croit tout simplement pas mon récit (à l’effet que je
ne suis revenu que parce que les conditions à Mégantic
étaient défavorables).
Et
c’est de la sorte que s’est amorcée ma première véritable
histoire amoureuse.
Cette
histoire n’a hélas duré qu’un an et demi… mais je ne vous
la raconterai pas puisque ce n’est pas le sujet de cet ouvrage. Désolé.
Par
contre j’ajouterai deux notes.
Premièrement,
mon employeur nous interdisait de fréquenter des résidents
afin de s’épargner bien des tracas. (Et pour cause.)
Lorsqu’il s’est aperçu de ma liaison avec Anne, il me convoque à
son bureau (décidément…).
— |
Dis–moi, Claude, c’est sérieux
cette histoire avec la locataire du 307?, me demande–t–il. |
— |
Oh oui!, lui dis–je (sûrement
les yeux pétillants). |
— |
Eh bien, dans ce cas, c’est
correct, conclut–il. |
Deuxièmement,
je considère que ma relation avec Anne a été, à
bien des égards, le prolongement de celle avec Suzanne (chapitre
5) , étant donné plusieurs similitudes. Physiquement,
toutes deux avaient le même genre, elles exerçaient le même
métier et, dès le départ, nos conversations se sont
déroulées à fond de train. Bien sûr, avec
Anne, je suis allé beaucoup plus loin. C’est un peu comme
si "on" me l’avait envoyée pour conclure l’expérience entamée
avec Suzanne. Je pouvais donc passer à l’étape
suivante de ma vie.
Cette relation n’a hélas pas duré longtemps, en partie me
semble–t–il, parce que ni Anne ni moi n’avions la maturité nécessaire.
En vivant auprès d’elle, j’ai découvert à quel point
la vie à deux n’est pas chose facile… et que j’avais encore beaucoup
à apprendre pour parvenir à vivre une relation amoureuse
stable et épanouissante.
Je
venais de faire mes premiers pas, il me restait encore un long parcours
à réaliser!
Voir: Table
des matières et présentation du
livre.
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