Dernière mise à jour : 29 janvier 2004 |
Au sommaire
• | 15 janvier 2004 : | Faits saillants |
• | 15 janvier 2004 : | Ce que le président Bush a dit |
• | 15 janvier 2004 : | Un désastre budgétaire annoncé... |
• | 15 janvier 2004 : | La Lune comme stratégie politique... again |
• | 15 janvier 2004 : | Ce qui manque pour réaliser les projets de Bush |
• | 15 janvier 2004 : | Sept grandes questions qui se posent |
• | 15 janvier 2004 : | Que de beaux dessins ! |
• | 16 janvier 2004 : | Citations du jour |
• | 18 janvier 2004 : | Une première victime : le Télescope spatial Hubble |
• | 18 janvier 2004 : | Citations du jour |
• | 19 janvier 2004 : | Citations du jour |
• | 20 janvier 2004 : | Citations du jour |
• | 21 janvier 2004 : | Citations du jour |
• | 22 janvier 2004 : | NASA's New Space Exploration Vision |
• | 28 janvier 2004 : | « Constallation » : le fabuleux programme de la NASA |
• | 28 janvier 2004 : | Citations du jour |
Essentiellement, le président George W. Bush Jr propose de remplacer la Navette spatiale et la Station spatiale par un hypothétique projet de retour sur la Lune et de conquête de Mars. Spécifiquement, il préconise:
1°) | mettre fin aux envolées de Navette vers 2010, c'est-à-dire une fois parachevé l'assemblage de la Station spatiale internationale (ISS); |
2°) | n'utiliser la station ISS que pour des expériences servant à préparer la conquête de la Lune et de Mars. Ainsi, elle servira essentiellement à des travaux de biologie et d'étude du comportement humain et non plus, par exemple, pour la recherche fondamentale. |
3°) | concevoir d'ici 2014 un Véhicule d'exploration spatiale (une sorte de capsule polyvalente) qui permettra de retourner sur la Lune, d'explorer l'espace circumterrestre et d'atteindre la planète Mars; |
4°) | abandonner pratiquement tous les programmes de la NASA qui ne sont pas directement liés à l'effort technologique visant la Lune et Mars. Ces abandons serviront à financer une bonne part de l'effort technologique proposé par Bush (alors que la NASA recevra une mince augmentation budgétaire (de 5 %). |
(Extraits de l'allocution donnée par George
W. Bush Jr le 14 janvier 2004)
Ce graphique de la NASA résume
à lui seul le péril dans lequel le président Bush
vient de la précipiter. Il illustre l'évolution du budget
de l'agence spatiale (qui est actuellement de 15 milliards $ par année)
au cours des quinze prochaines années. En bas à gauche, les
crédits actuellement alloués aux principaux programmes (dont
la Navette spatiale (en rouge) et la Station spatiale (en rose)). Le graphique
montre que l'essentiel de ces programmes ne sera plus financé à
partir de 2010. À la place, en bleu, le projet de retour sur la
Lune et de la conquête de Mars proposé par Bush Jr. Mais que
restera-t-il de la NASA si ce volet n'est peu ou pas financé?
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jeudi 15 janvier 2004, p. A15
La Lune comme stratégie politique.... again
L’annonce du président Bush de retourner sur la Lune d’ici dix ans et de débarquer sur Mars dans une vingtaine d’années pourrait constituer un tournant décisif – pour ne pas dire catastrophique -- pour les programmes spatiaux américains et canadiens. La vision d’un président en quête de réélection risque de décimer la NASA et de réduire à néant les 2 milliards $ que le Canada a investi dans la Station spatiale internationale.
Le président George
Bush Jr vient d’annoncer une réorientation fondamentale du programme
spatial américain: l’abandon des vols de Navette et du volet scientifique
de la Station spatiale au profit d’un retour sur la Lune et de la conquête
de Mars.
Les navettes cesseraient
de voler d’ici cinq ou six ans environ, c’est-à-dire lorsqu’elles
auront terminé de transporter les gros modules de la Station spatiale.
(Il était prévu qu’elles continueraient de ravitailler la
station jusqu’en 2020.) Elles seraient remplacées par des capsules
polyvalentes – ressemblant plus ou moins aux capsules Apollo – qui serviraient
autant aux atterrissages sur la Lune qu’aux expéditions jusqu’à
Mars. Quant à la station spatiale ISS, elle ne servirait plus qu’à
mettre au point les techniques nécessaires pour conquérir
la Lune et Mars.
Elle ne serait désormais
plus habitée que par des équipes minimales, comme cela se
fait depuis la perte de Columbia il y a un an. Ces équipages seraient
transportés par capsules Soyouz. Or, comme celles-ci ne peuvent
convoyer que trois personnes à la fois et un minimum de matériel,
cela impliquerait l’abandon de l’essentiel du matériel scientifique
qui devait être acheminé par navette.
Par conséquent, les
dizaines de milliards $ investis par l’Europe, le Japon et le Canada, dans
le but de bénéficier des installations scientifiques de la
station, deviendraient caducs.
1°) | L'approbation du Congrès américain... et des contribuables. Comment ceux-ci réagiront-ils lorsqu'on leur demandera d'abandonner la Station spatiale après y avoir englouti près de 100 milliards $? |
2°) | Les sommes nécessaires (~100 milliards $?) pour réaliser l'ambitieux programme. |
3°) | Le temps. Non seulement George Bush Jr lance-t-il son projet en pleine année électorale (alors que les élites politiques sont pratiquement paralysées par la confrontation partisane), mais il risque fort d'être défait. (En 1989, George Bush Sr avait lancé son projet équivalent dès le début de sa présidence... et il a pourtant échoué.) |
4°) | Les ressources financières. Depuis l'arrivée de George Bush Jr à la présidence, les États-Unis cumulent, année après année, d'immenses déficits budgétaires (de quelques 400 à 500 milliards $), ce qui risque fort (aux dires de maints économistes) de les précipiter d'ici peu dans une très grave crise financière. Le jour approche où ils devront sabrer absolument partout... |
5°) | Et peut-être la compréhension des autres nations, à qui les Américains ont demandé d'investir des dizaines de milliards $ dans le programme de la Station pour finalement les abandonner à mi-parcourt. |
1) | Qu'arrivera-t-il de la NASA si le plan proposé par George Bush Jr n'est pas financé par le Congrès ou par le/les présidents qui lui succéderont ? |
2) | Comment réagiront les partenaires internationaux du programme ISS maintenant que les Américains ont décidé (unilatéralement) d'abandonner l'opération de la Station par-delà 2010? |
3) | Pourquoi compléter l'assemblage de la Station spatiale si on ne s'en sert plus par la suite? Pourquoi ne pas tout simplement s'en servir telle qu'elle est actuellement (pour les fins prévues par le plan de Bush)? |
4) | Les Américains n'ayant plus la capacité d'envoyer des humains dans l'espace entre 2010 et 2014, les Russes accepterons-ils de suppléer à la demande? Et, si oui, à quels prix et conditions? |
5) | Les partenaires internationaux du programme ISS accepteront-ils de poursuivre l'opération de la station par-delà de 2010? Si oui, comment parviendront-ils à assurer la relève des Américains et à opérer une station vieillissante? |
6a) | Si Bush Jr n'est pas réélu en novembre prochain, que fera son successeur démocrate? Ne voudra-t-il pas se démarquer en s'éloignant le plus possible de toute initiative qui porte la marque de "W."? |
6b) | Si Bush Jr demeure président jusqu'en janvier 2009, que fera son éventuel successeur, alors même que la Navette sera sur le point de cesser de voler et qu'il sera temps de financer (de façon significative) le plan de Bush Jr? |
7) | Une fois qu'auront cessé les vols de Navette et l'opération de la Station, ne sera-t-il pas tentant d'économiser les dizaines de milliards consacrés au programme spatial... en ne finançant tout simplement pas le plan de Bush Jr? |
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Bref, en condamnant dès maintenant la Navette et la Station, Bush sera-t-il celui qui aura mis fin à l'essentiel du programme spatial américain, une aventure «dispendieuse» dont on ne sait trop à quoi elle sert au juste? |
John
E. Pike, the director of GlobalSecurity.org, a Washington research group
on military and space topics, said the Bush plan was unlikely to go anywhere
because, unlike President Kennedy's call to excellence during the cold
war, it addressed no underlying national political issue. It was, he said,
just election-year grandstanding, and dangerous at that. "The trivial budget
increases they're proposing are only going to produce artwork," he said.
"Basically, they looked at piloted space and said, `Let's shut it down
and let's have a hedge against the possibility that the Chinese will go
to the Moon. That's it. There's nothing to replace shuttle and station
except artwork."
— William J. Broad, “History Offers
Reasons to Be Cautious
on Bush's Space Plan”, The New York Times, 15 January 2004 |
Rather than sending Americans to Mars or the Moon right now, these people
would be better off trying to figure out how to get Americans back from
Iraq.
— John Kerry, Democratic presidential
candidate
.
in San Francisco Chronicle, 16 January 2004 Between now and the first landings on the Moon, two presidential elections will occur, as well multiple congressional elections. The public, whose support for the initiative will be crucial, will have ample opportunity to have its attention distracted by other developments at home and abroad. The political environment that greets George W. Bush's space plan is far different than what faced Kennedy's lunar effort 40 years ago. To succeed this time, Bush will need to forge a consensus not in space, but on Earth, among groups that rarely agree on his other policies. — Frank Sietzen Jr. & Keith
L. Cowing, “Analysis:
U.S. space record mixed”, UPI, 16 January 2004 |
En toute fin d’après-midi du vendredi 18 janvier, nous apprenons
que la NASA vient d’annuler la prochaine (et dernière) envolée
de Navette spatiale destinée à l’entretien du Télescope
Hubble. Officiellement, cette mission (prévue pour 2005) aurait
été annulée puisque jugée trop risquée;
la Navette ne bénéficiera pas de la sécurité
que procure la Station spatiale advenant que ses tuiles soient endommagées.
Conséquence:
deux importants instruments astronomiques qui devaient être placés
à bord du télescope — et qui
ont été construits au coût de 200 millions $* —
ne serviront plus à rien! De plus, le Télescope terminera
vraisemblablement ses observations quelques années plus tôt
(vers 2007, au lieu de 2010-2012).
Jonathan
McDowell rapporte
que les responsables de la mission de la Navette se disaient pourtant prêts
à assumer les risques additionnels d’un vol vers Hubble. Il relate
en outre avoir discuté avec plusieurs astronomes qui estiment que
cette annulation repose (au moins en partie) sur la nécessité
de rediriger des fonds vers le nouveau programme annoncé par George
Bush Jr. «Le Congrès sera moins enclin à contester
cette décision si elle est présentée comme reposant
sur des considérations de sécurité plutôt que
budgétaires», dit-il. Et comme il le relate si justement:
c’est un dûr coup pour les astronomes qui opèrent le télescope
qui nous a donné tant de vues extraordinaires de l’Univers.. un
coup dûr pour nous tous.
* Selon David Spergel, astronome à Princeton et
cité dans le New York Times du 17 janvier 2004
We at the institute are devastated by the potential loss of Hubble.
But we will do our absolute best to make the final years of its life the
most glorious science you've everseen.
— Dr. Steven Beckwith, director
of the Space Telescope
Science Institute, in The New York Times, 17 January 2004 |
President Bush prides himself on thinking big, whether it's a $1 trillion
tax cut, a huge expansion of Medicare or, as this past week, sending Americans
to Mars. But if there is a single consistent theme to the current White
House and Congress, fiscal hawks say, it's buy now and pay later.
From Medicare and Mars to the expansion of tax-free retirement accounts, these critics say, the Bush administration and Congress are contemplating commitments that work like balloon mortgages: small costs up front and huge bills down the road. [...] The new space mission would cost only $1 billion in new money over the next five years - $11 billion will come from other NASA programs. But that would be just a down payment. The cost of establishing a base on the moon by 2020, as President Bush proposed last week, could easily cost $150 billion or more, said John E. Pike, director of GlobalSecurity.com, a research group in Arlington, Va. The cost of a manned mission to Mars almost defies projection, but when the first President Bush proposed a Mars mission in 1989 the estimates were about $400 billion. The virtue of the space mission is that Congress can abandon it long before the heaviest spending is required. — Demund L. Andrews, "Investing
in the Future, and
Mortgaging It", The New York Times, 18 January 2004 |
"Bush is simply saying, in a very polite way, that the space program we've
had for the past three decades is not interesting. And for the same money,
he is suggesting a more interesting direction." said Michael Griffin, a
former chief engineer and associate administrator for exploration at the
National Aeronautics and Space Administration.
— Gwyneth Shaw. “Experts question
Bush’s call for space
exploration”, The Orlando Sentinel, 17 January 2004 |
President Bush stressed his intention to make the new program a joint venture
with other countries, saying his new space strategy is a "journey" rather
than a competition. If so, he should realize that any unilateral approach
under which the United States calls the shots and other countries are supposed
to follow its lead will not work.
— "A unilateral approach led by
the U.S. won't work"
Editorial, The Asahi Shimbun, 20 January 2004 |
The president's domestic policy comes down to one disastrous fact: his
insistence on huge tax cuts for the wealthy has robbed the country of the
money it needs to address its problems and has threatened its long-term
economic security. Everything else is beside the point.
His only look backward at the fiscal mess he created was to call on Congress to make his $1.7 trillion in tax cuts permanent. The cuts have been wedged into the budget temporarily to give the illusion that the books will come somewhere near balance over the long run. Chiseling them into stone will do nothing to spark the current economy, and if some future president feels the need to stimulate business, he or she will find precious few ways left to do it. — "State of the Union at Home"
Editorial, The New York Times, 21 January 2004 |
« Constellation » : le fabuleux
programme de la NASA
Le 28 janvier, devant le
Comité sénatorial du commerce, de la science et de la technologie
du Congrès américain, l'administrateur de la NASA Sean O'Keefe
présente l'ambitieux programme que l'agence spatiale espère
réaliser à la suite des décisions anoncées
par le président Bush.
Pour la première
fois, O'Keefe parle du Projet Constellation en le présentant en
ces termes: «NASA will initiate Project Constellation to develop
a new Crew Exploration Vehicle (CEV) to provide crew transport for exploration
missions beyond low Earth orbit.» Le choix de ce nom est judicieux
puisque le projet, tel qu'envisagé par la NASA, vise à concevoir
une «constellation» de technologies qui permettront d'explorer
le Système solaire.
Sean O'Keefe présente
les objetifs du nouveau programme spatial américain en ces termes:
The
fundamental goal of the new U.S. space exploration policy is to advance
U.S. scientific, security, and economic interests through a robust space
exploration program. In support of this goal, NASA will:
• | Implement a sustained and affordable human and robotic program to explore the solar system and beyond; |
• | Extend human presence across the solar system, starting with a human return to the Moon by the year 2020, in preparation for human exploration of Mars and other destinations; |
• | Develop the innovative technologies, knowledge, and infrastructures both to explore and to support decisions about the destinations for human exploration; and |
• | Promote international and commercial participation in exploration to further U.S. scientific, security, and economic interests. |
The Apollo flights to the Moon cost $25
billion in the currency of the time. That translates into a total cost
of approximately $175 billion today. During the 1960s, NASA officials were
told to achieve reliable space flight in a crash program with an impossibly
tight schedule. For the current initiative, government leaders propose
to loosen the schedule and the milestones associated with it, but to operate
under severe cost constraints. In practical terms, NASA officials are being
asked to fly reliably to the Moon and beyond for a fraction of the cost
of Project Apollo.
On its face, the task may seem impossible. Nonetheless, NASA officials have encountered similar challenges in the past and prevailed. They overcame analogous difficulties in the 1960s and they have achieved low-cost innovations in their robotics and space science programs. [This] will require NASA to become more like the agency that sent Americans to the Moon and robots to Mars and less like the agency that fumbled the development of the Space Shuttle, International Space Station, and Space Exploration Initiative. — Howard McCurdy, Professor,
Department of Public
Administration, School of Public Affairs, American University Statement given at a Senate Committee Hearing, January 28, 2004 |
Any discussion of a permanent
return to the Moon must be centered on two over riding questions: "Why?"
and "How?" The answers to each of those questions are interrelated and
one affects the other. If we go for the wrong reasons, we will fail. If
we go for the right reasons and do it the wrong way, we will fail. And
if we don't go at all, then we will have failed in a way that will send
ripples down through the ages.
— Rick Tumlinson, President,
Space Frontier Foundation
Statement given at a Senate Committee Hearing, January 28, 2004 |
Needless to say, the $12 billion that the administration had suggested
be spent over the next five years falls far, far short of what might be
required to actually return to the Moon and reach for Mars and beyond.
I am very curious to hear how [NASA] Administrator O'Keefe thinks we can
implement the president's proposal with the very limited resources that
have been proposed,
We must acknowledge that space exploration, particularly manned exploration, is costly ... I think the American public is justifiably apprehensive about starting another major space initiative for fear that they will learn later that it will require far more sacrifice, or taxpayer dollars, than originally discussed or estimated. — Senator John McCain, Chairman
of the Senate Committee
on Commerce, Science and Transpor-tation "Lawmakers Express Cautious Support For Bush Space Vision" Aerospace Daily, 29 January 2004 |
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