Nous avons la chance de vivre à la surface d’une planète
et de baigner dans une atmosphère d’air respirable. Si, au contraire,
nous vivions sur la Lune, nous serions directement exposés à
l’Espace. Les deux pieds dans le sable lunaire, aucune barrière
ne nous séparerait de l’Univers! Toutefois, non seulement manquerions-nous
d’air, mais nous serions bombardés par les radiations solaires et
cosmiques et soumis à des écarts de températures extrêmes.
L’atmosphère terrestre atténue les rigueurs de l’Espace et
stabilise notre environnement.
Nous
sommes en outre protégés contre les radiations venues de
l’Espace grâce à de multiples couches de gaz (l’ozone en particulier)
et par les ceintures de radiations (dites de van Allen) situées
à des dizaines de milliers de kilomètres au-dessus de nos
têtes et qui captent une partie des particules à haute énergie
en provenance de l’Espace.
Par contre,
l’existence de l’atmosphère nous empêche d’accéder
directement à l’Espace, c’est-à-dire que nous nous trouvons
en quelque sorte au fond d’un puis dont il est difficile de s’extirper.
Il nous faut en effet beaucoup d’énergie – celle fournie par les
fusées – pour accéder à l’Espace.
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Où commence l’Espace ?
Contrairement
à ce qu’on imagine souvent, l’Espace ne commence pas à une
certaine altitude, mais plutôt à une certaine vitesse.
En effet, aucune
frontière physique ne sépare l’atmosphère terrestre
de l’Espace. En réalité, plus on monte en altitude, moins
il y a d’air. Toutefois, on retrouve des traces d’air à des milliers
de kilomètres d’altitude alors que des satellites naviguent sans
problème à quelques centaines de kilomètres de la
surface terrestre.
De fait, pour
demeurer dans l‘Espace, un engin doit se déplacer à la vitesse
de 8 km/sec (ou 28 800 km/h). Une fois cette vitesse acquise, il peut y
demeurer des années, voir éternellement, sans avoir à
utiliser ni moteur ni la moindre goutte de carburant.
Pourquoi cette
vitesse de 8 km/sec? Parce que tout objet lâché à la
surface de la Terre tombe de 5 mètres pendant la première
seconde de sa chute. Or, la surface terrestre étant courbe, tous
les 8 kilomètres, elle s'incurve de 5 mètres sous l'horizon.
Ainsi, un satellite qui se déplace à une vitesse horizontale
de 8 kilomètres/seconde, et attiré vers le centre de la Terre
à raison de 5 mètres/seconde, ne s’en rapprochera jamais
puisque la surface s'incurve d'autant. Le sol terrestre se dérobe
donc continuellement sous lui; l’engin se trouve, ni plus ni moins, dans
une chute libre perpétuelle.
En théorie,
la vitesse de 8 km/sec peut être atteinte à n’importe quelle
altitude. Toutefois, en dessous de 150 kilomètres, la friction de
l’air est suffisante pour freiner la course de tout engin spatial. C’est
d’ailleurs pourquoi on situe le «plancher» des satellites –
l’altitude minimale à laquelle peut orbiter un engin spatial – à
150 kilomètres afin de demeurer au moins quelques semaines dans
l’Espace.
Notons, à
titre d’exemple, que la Station spatiale internationale ISS orbite la Terre
à 400 kilomètres d’altitude, que le Télescope Hubble
navigue à 600 kilomètres d’altitude alors que les satellites
de télécommunication circulent à 36 000 km (en orbite
géostationnaire). C’est là le domaine des satellites.
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Pourquoi flotte-on en apesanteur ?
Une fois dans
l’Espace, en orbite terrestre, il n’y a pas que les satellites qui se trouvent
en chute libre perpétuelle, mais tout ce qui est à bord.
Ainsi, les passagers d’une station spatiale suivent la même trajectoire
que celle-ci et ils évoluent eux aussi en chute libre.
Or, contrairement
à ce qu’on pense généralement, ils ne flottent pas
dans leur vaisseau parce qu’ils se trouveraient à distance suffisante
de la Terre, mais bien parce qu’ils «tombent» perpétuellement
vers elle. C’est ce qu’on appelle l’état d’apesanteur, une
chute libre perpétuelle.
Il nous arrive
à nous, terriens, de goûter momentanément la sensation
d'apesanteur dans une balançoire ou dans un manège. Par exemple,
lorsque vous vous balancez et que vous arrivez au sommet de votre course,
vous demeurez suspendu, en «apesanteur», une fraction de seconde
avant de redescendre. Vous subissez le même effet dans un manège
de type «montagnes russes» lorsque le train plonge vers le
sol à vive allure, ou encore dans un ascenseur qui «tombe»
durant une fraction de seconde.
Toutefois,
la différence entre nous et les astronautes, c’est que ces derniers
sont perpétuellement en chute libre vers la Terre mais sans jamais
l’atteindre. (Jusqu’au moment, bien entendu, où ils décident
de regagner le sol et décrochent de l’orbite terrestre.)
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L’incontournable force de gravité
Du moment qu’un
satellite atteint la vitesse de 8 km/sec, il se trouve dans l’Espace, en
orbite terrestre. Toutefois, peu importe l’altitude à laquelle il
se déplace, jamais il n’échappe à la gravité
terrestre. Au contraire même, car s’il y échappait, il ne
circulerait plus autour de la Terre mais se déplacerait théoriquement
en ligne droite à travers l’espace. «Théoriquement»
car, en réalité, dès l’instant où un objet
échappe à la gravité terrestre, il tombe immédiatement
sous l’influence d’une autre force de gravité – généralement
celle du Soleil, ou celle d’un autre astre (la Lune, une planète,
une étoile, etc.). Comme quoi, quoi qu’on fasse, il est impossible
d’échapper à une force de gravité.
Dans
l’Espace, tout est toujours une question de vitesse. Ainsi pour échapper
à la gravité terrestre, il s’agit d’atteindre la vitesse
de 11 km/sec (39 500 km/h). Dès lors, on se soumet à l’influence
du Soleil, l’engin se trouvant en orbite solaire. On peut alors le placer
sur une trajectoire qui l’emmènera à passer à proximité
d’un astre tel que la Lune ou de la planète Mars. Si l’engin aborde
cet astre à la vitesse appropriée, il sera alors capturé
par la gravité de celui-ci et se placera en orbite. Si, par contre,
la vitesse est supérieure, l’engin évolue trop rapidement
et passe à côté de l’astre, et si, au contraire, sa
vitesse est trop basse, il s’y écrasera...
Et si, enfin,
on veut sortir du Système solaire (donc échapper à
la gravité solaire), il faut atteindre la vitesse de 16½
km/sec (59 500 km/h). On passe alors sous l’influence de l’étoile
la plus proche.
Toutefois,
à ce jour, aucun de nos engins spatiaux n'a échappé
à la gravité du Soleil... |
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