On rapporte généralement que, grâce à l’exploration
spatiale, on a développé ou amélioré quantité
de matériaux et de moyens techniques. On parle entre autres de nouveaux
tissus «révolutionnaires», de la miniaturisation des
équipements, du développement fulgurant de l’informatique,
etc., pour justifier les sommes astronomiques consacrées à
l’exploration spatiale. Ce sont là ce qu’on appelle les «retombées»
des programmes spatiaux.
Toutefois,
les véritables «retombées» sont d’un tout autre
ordre. Il s’agit principalement des services que nous rendent quotidiennement
les satellites d’applications civiles et militaires.
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Ces satellites qui changent notre quotidien
De fait, plusieurs
types de satellites ont, ni plus ni moins, révolutionné notre
existence. En tout premier lieu, songeons aux satellites de communications
qui ont transformé notre monde en un «village global»
où tout ce qui se passe en un lieu donné est connu instantanément
partout ailleurs.
Les premières
transmissions d’émissions télé provenant d’un autre
continent, au milieu des années 1960, étaient d’ailleurs
des événements si rares qu’on les soulignait en indiquant,
au bas de l’écran télé, «Live via satellite».
Aujourd’hui, tous les jours, nous voyons des reportages provenant des quatre
coins de la planète acheminés par satellites sans qu’on l’indique.
Or, ces télédiffusions servent non seulement à nous
informer, mais elles jouent souvent un rôle majeur, parfois même
déterminant, influençant le cours des événements.
C’est ainsi
qu’on rapporte que, dans maints conflits, le fait que des reporters montrent
en direct et à travers le monde tout ce qui se passe contraint certains
dirigeants politiques et militaires à faire preuve de «retenue».
On considère d’ailleurs que la présence des caméras
qui suivaient en direct les révoltes populaires en Union soviétique
et dans les pays de l’Est, il y a une quinzaine d’années, ont joué
un rôle majeur dans la transition en douce de ces dictatures vers
des nations démocratiques.
Non seulement
savons-nous tout ce qui se passe instantanément sur l’ensemble de
la planète grâce aux satellites de communications, mais ceux-ci
assurent également les échanges entre personnes d’un bout
à l’autre de la planète, et ce de façon parfaitement
fiable. Or, ces échanges, facilitant la conduite des affaires ainsi
que les relations personnelles, permettent de nouer un nombre incalculable
de liens entre les individus et les peuples. Jadis, l’«étranger»
faisait peur, alors qu’aujourd’hui, grâce aux communications instantanées,
il séduit. Autrement dit: les satellites nous rapprochent les uns
les autres de jour en jour.
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Surveillance de la planète bleue
Un autre type
de satellites qui «révolutionne» notre perspective du
monde sont les engins météorologiques dont les observations
nous sont montrées chaque soir aux bulletins d’information. Non
seulement ces satellites contribuent-ils à établir les prévisions
météo, mais, surtout peut-être, ils permettent de suivre
la naissance et le déplacement des ouragans ainsi que l’évolution
de phénomènes naturels tels que les inondations, l’éruption
des volcans, les perturbations provoquées par El Nino, etc. Combien
de milliers de vies ont été épargnées grâce
à la mise en service des satellites météo? Nul ne
peut le dire, mais la chose ne fait aucun doute.
Une autre
gamme de satellites dont les services sont moins visibles est celle des
engins qui observent l’atmosphère, les océans et le sol terrestres.
Ainsi, certains satellites, dits de télédétection,
ont pour fonction de scruter le sol à des fins d’agriculture, d’aménagement
des sols, d’urbanisme, de surveillance de la pollution, etc. Ils aident
ainsi nos décideurs à gérer les habitats terrestres.
D’autres engins surveillent les océans afin, notamment, de suivre
l’évolution des populations de poissons, de superviser les routes
et le trafic maritimes, de surveiller la pollution en mer, etc. Ces satellites
suivent également la fonte des glaces, informant les navires de
la dérive des icebergs (évitant la catastrophe qu’a subi
le Titanic). D’autres satellites, dits de repérage et de sauvetage,
recueille les signaux de détresse lancés depuis les navires
ou les avions en perdition, ce qui permet aux équipes d’urgence
d’être rapidement alerté et de procéder au sauvetage.
Soulignons au passage que les satellites de communications assurent les
relais continuels entre les navires et le sol, un service impossible à
assurer autrement.
Une autre
famille de satellites observe et étudie l’atmosphère terrestre.
C’est ce genre d’engins qui a permis, dans les années 1970, de repérer
l’amincissement de la couche d’ozone, nous alertant du péril (jusque
là inconnu) qui nous guettait. Depuis trente ans, divers satellites
spécialisés suivent d’année en année l’évolution
du fameux «trou » dans la couche d’ozone. D’autre monitorent
les différents types de pollution que nous générons
ou les interactions (très complexes) entre le sol, les océans
et l’atmosphère. Enfin, des satellites effectuent des recherches
fondamentales concernant notre planète, notamment sur les interactions
entre l’atmosphère et l’espace environnant, les effets du Soleil
sur notre monde, etc.
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Les satellites de la paix
Une autre classe
de satellites aussi méconnue que mal appréciée est
celle des engins militaires. Contrairement à ce qu’on pense souvent,
ce type d’engins ne participe pas à la guerre mais sert plutôt
au maintien de la paix sur Terre.
De fait,
la majorité des 3500 satellites militaires lancés à
ce jour sont des engins espions. Une bonne partie de ces satellites sont
munis de puissantes caméras qui scrutent la surface afin d’observer
les activités militaires. Un autre type de satellites espions capte
les communications militaires (et autres) de l'«ennemi», permettant
de suivre les déplacements des équipements et troupes ainsi
que d'une foule d’activités militaires.
Or, les
experts s’entendent pour dire que cette surveillance des activités
militaires a joué un rôle déterminant dans le maintien
de la paix, particulièrement au cours de la grande «guerre
froide» que se sont livrés les Américains et les Soviétiques
entre 1960 et 1990. Durant ces trois décennies, les deux camps ont
maintenu pointés l’un vers l’autre des centaines de missiles porteurs
d’ogives nucléaires et prêts à s’envoler à la
moindre alerte. Or, le fait de suivre en temps réel ce qui se passait
dans le camp opposé, grâce aux données recueillies
par les satellites espions, a sans nul doute évité que l’un
n’amorce une attaque «préventive» en pensant que l’autre
s’apprêtait à déclencher une offensive d’envergure.
De surcroît,
parce que ces satellites espions tenaient les deux camps informés
de ce qui se passait réellement, ils ont permis, à partir
des années 1970, de négocier des traités de désarmement.
Et tels que le stipulaient les accords, ces satellites ont dès lors
servi à vérifier le respect de ces traités. (Autrement
dit: sans satellites espions, il aurait été impossible de
conclure de tels traités, ne sachant pas si l’ennemi allait les
respecter.)
Un autre
rôle (très peu connu) joué par les satellites militaires
est la surveillance des explosions nucléaires. Ces engins observent
tous les essais nucléaires réalisés n’importe où
sur Terre par n’importe quelle nation. Ils sont particulièrement
utiles pour surveiller les nations qui tentent de se doter d’armes nucléaires
(par exemple, ces temps-ci, la Corée du Nord et l'Iran). Ils permettent
donc de savoir qui réalise des essais et à quel niveau technologique
il est rendu. Mais, fonction encore plus importante, les satellites de
surveillance nucléaire servent aujourd’hui à vérifier
le respect des traités bannissant tout essai nucléaire ainsi
qu’à dénoncer les «états voyous» si jamais
ceux-ci procédaient à des tests.
Enfin,
une autre famille de satellites militaires – très connue celle-là,
bien que la plupart des gens ignorent qu’il s’agit d’un service militaire
– est le système de navigation GPS. Ces satellites permettent de
déterminer avec précision où l’on se trouve n’importe
où sur terre ou en mer; ce que des milliers de personnes utilisent
quotidiennement pour s’orienter, se déplacer et naviguer en toute
sécurité. Or, à la base de ce système, il y
a avant tout le besoin des militaires de guider précisément
leurs navires, leurs avions et leurs missiles. Mais, chose étonnante,
ils mettent ce service à la disposition du grand public, l’un des
services spatiaux les plus «populaires». |
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