Comment savoir si 
nous sommes seuls 
dans l’Univers ?
 
 

1ère version (hiver 2004)

Claude Lafleur
 


Cet ouvrage est disponible en format électronique à 
http://www3.sympatico.ca/claude-lafleur/

Du même auteur :

Comment savoir si nous sommes seuls dans l’Univers ? (2004)
Le métier d’astronaute (2003)
Vivre en apesanteur (1989, 2004)
L’Univers en 24 tableaux (2002)
La Grande aventure d’Apollo 11 (2004)
À un SI... du bonheur ! (2004)
Questions de curiosité ! (2004)

Ces ouvrages sont disponibles à La Librairie virtuelle
 
L’auteur Claude Lafleur est un journaliste scientifique québécois qui couvre l’actualité depuis 1984.  Il se passionne pour l’exploration spatiale depuis l’âge de 11 ans, c’est-à-dire depuis Noël 1968 lorsque, pour la première fois, les astronautes d’Apollo 8 se sont placés en orbite autour de la Lune.  Depuis plus de trente-cinq ans, il suit au quotidien l’exploration spatiale.  Sa passion l’a tout naturellement conduit à devenir journaliste scientifique et à collaborer à de nombreux magazines et quotidiens québécois, couvrant maints aspects de l'aventure scientifique.  Il est en outre l'auteur de nombreux ouvrages grand public et pour jeunes ainsi que de plusieurs sites web, dont :• Les Dossiers Espace (http://www.cam.org/~lafleur)• La Librairie virtuelle (http://www3.sympatico.ca/claude-lafleur)• The Spacecrafts Encyclopedia (http://www.sciencepresse.qc.ca/clafleur/Spacecrafts-index.html)

ISBN 2-923275-00-4

Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Québec, 2004
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 2004

© Claude Lafleur, 2004
Tout droit réservé
 

Cet ouvrage est dédié à Diane, ma compagne
qui me soutient activement dans ma passion

ainsi qu’aux jeunes qui auront probablement la chance
de savoir si nous sommes ou non seuls dans l’Univers

Remerciements

        Je remercie les nombreuses personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à cet ouvrage, en particulier mes proches Diane Prud’homme, Robert Giguère et Laurent Lafleur.  Je remercie également les astronomes Didier Queloz et Geoff Marcy pour les entrevues qu’ils m’ont accordées, ainsi que, à titre posthume, Carl Sagan, dont les écrits ont directement inspiré cet ouvrage.  Je remercie enfin le personnel de la NASA qui m’a fourni quantité d’information, en particulier les excellentes photographies qui agrémentent ce livre.

Crédits photo

        La très grande majorité des photographies qui illustrent cet ouvrage proviennent des banques d’images de la NASA disponibles sur Internet, notamment celles de : NASA Planetary Photojournal, Great Image In NASA (GRIN), Space Telescope Science Institute et Astronomy Picture of the Day. On aussi été utilisées les ressources de : Lovell Observatory (p. 10), National Astronomy and Ionosphere Center (p. 39) et California & Carnegie Planet Search (p. 50 et 52).
 
 

Table des matières


Introduction Pourquoi chercher la vie ailleurs ? 3
Première partie : Les enseignements de l’Univers
Chapitre 1  Bien sûr que nous ne sommes pas seuls ! 5
 Un univers peuplé de divinités 
 Un premier aperçu – grec – de l’Univers 
 La Terre : l’une des planètes… habitées ? 
 Et pourquoi pas des martiens ?! 
Chapitre 2  L’ère des effets paillassons  10
Les fameux « canaux » martiens 
 Quand les martiens débarquent… 
 À l’aube des voyages spatiaux 
Chapitre 3 Ce que l’ « Univers » nous dit  17
Il était une fois… l’Univers revu par M. Hubble 
À la découverte des planètes du Système solaire 
Sur Mars, de surprise en surprise… 
Comment détecter d’hypothétiques martiens ?
A-t-on trouvé des « martiens » ou une nouvelle chimie ? 
Le grand tour et les grands tours des sondes Voyager 
Tels des flocons de neige… 
Deuxième partie : Comment savoir…
Chapitre 4 Messages aux extraterrestres  36
Comment s’adresse-t-on à des… humains ?! 
« Vous écoutez présentement la Terre ! » 
À l’écoute des extraterrestres 
Y a-t-il de la vie intelligente… à Washington ? 
Combien sont-ils ? 
Chapitre 5 À la recherche de nouvelles planètes  46
Est-ce normal pour une étoile d’être entourée de planètes ? 
Les angoisses de planètes bouleversantes 
Quelques exemples étonnants d’exoplanètes 
Anthropomorphisme planétaire 
Chapitre 6 Où sont les Terres ?  56
L’ère des observatoires orbitaux 
De nos origines à notre place dans l’Univers 
À la découverte de planètes habitables 
Le jour où nous saurons… 
Conclusion  Une croyance plus forte que la science ?  63
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Introduction

Pourquoi chercher la vie ailleurs ?

         Qui n’a pas un soir admiré la voûte céleste en se demandant s’il n’y a pas quelque part parmi l’une des étoiles qu’on voit une forme de vie qui, peut-être comme nous, regarde en ce moment le ciel en se posant la même question ?
         Qui n’a pas un jour rêvé de voir un ovni – un vaisseau spatial venu d’un autre monde – traverser tranquillement le ciel ?
         Sommes-nous seuls dans l’Univers ?  C’est là la question que se pose tout le monde, et ce depuis des siècles.

         Pourtant, curieusement, personne (ou presque) ne doute de la réponse : bien sûr que nous ne sommes pas seuls puisque l’Univers est si vaste qu’on ne peut imaginer que seule notre petite planète soit habitée.  Ça tombe sous le sens, c’est même incontestable !
         D’ailleurs, de tout temps, nous avons eu de bonnes raisons de ne pas se croire seuls dans l’Univers : « Nul doute que les Cieux sont habités par des dieux. », « Nul doute que les autres planètes du Système solaire sont habitées comme la nôtre. », « Nul doute que Mars est habitée. », « Nul doute que, comme nous, des civilisations extraterrestres voyagent dans l’Espace. », etc.
        Hélas, chaque fois que nos connaissances progressent, de tels raisonnements incontestables s’avèrent erronés.  Mais, heureusement, chaque fois aussi, on imagine une nouvelle bonne raison, basée sur nos plus récentes connaissances, pour appuyer notre désir de ne pas se voir seuls dans l’immensité du Cosmos.
         Le vingtième siècle a été riche à cet égard puisque non seulement nos connaissances de l’Univers ont progressé prodigieusement mais c’est aussi l’époque où nous avons commencé à explorer notre proche banlieue cosmique.  Encore là, nos certitudes concernant l’existence de vie extraterrestre ont été mises à mal.  Mais, comme on le constatera tout au long de cet ouvrage, sans cesse avons-nous découvert de quoi entretenir nos espoirs.
        À vrai dire, nous ne sommes jamais à court d’imagination !

         Si notre quête de l’« autre » n’a pas encore porté fruit, nous avons tout lieu de croire que d’ici peu, nous disposerons des moyens qui nous permettront enfin de repérer de la vie extraterrestre.
         Nous risquons alors d’être confrontés à l’abîme de l’autre réponse possible : et si nous étions véritablement seuls dans l’Univers ?  C’est une réponse si lourde de sens qu’on peut difficilement l’envisager.  Pourtant, peut-être sommes-nous seuls ?
        C’est, de toute façon, ce qu’on devrait savoir d’ici peu !

Claude Lafleur
30 novembre 2003
 

Mars, la planète de tous les rêves !  Durant des millénaires, nos ancêtres ont été fascinés par ce monde que nous explorons à présent. 
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Chapitre 1

Bien sûr que nous ne sommes pas seuls !

        Ça tombe même sous le sens…

        Depuis quand cherchons-nous à savoir si nous sommes ou non seuls dans l’Univers ?
        Étonnamment, cette question est assez récente – elle remonte à quelques siècles tout au plus – puisqu’auparavant nos ancêtres ne doutaient aucunement que les Cieux étaient peuplés.

        On peut aisément imaginer que dès le début de l’humanité, nos lointains ancêtres se sont abondamment questionnés sur ce qu’ils voyaient au-dessus de leur tête.  Comme nous sans doute, en admirant la voûte céleste par une belle nuit, leur esprit devait vagabonder et très vite des questions existentielles devaient surgir : qu'est-ce qu’on voit au firmament et que sommes-nous en regard de l'Univers ?  D’où venons-nous et quelle est notre destinée ?
        De telles interrogations ont donné naissance à l’une des premières sciences : l’astronomie.  Celle-ci se consacre essentiellement à l'observation, à la description et à la compréhension de ce qu'on observe au firmament.  L'astronomie étant apparue bien avant l'invention de l'écriture, on ne dispose malheureusement d'aucune inscription évoquant comment nos lointains ancêtres ont développé leurs conceptions de l’Univers.
        On sait cependant qu’à l’époque où est apparue l’écriture, il y a près de six mille ans en Mésopotamie, ils avaient déjà acquis une bonne connaissance du firmament.  Ils avaient entre autres imaginé les constellations, ces regroupements apparents d’étoiles si commodes pour se situer dans le ciel.  Ils connaissaient aussi plusieurs notions comme le cycle lunaire et les variations saisonnières.  Certaines civilisations avaient même une assez juste idée de la durée de l’année.  Toutefois, ils étaient loin d’envisager ce qui se passait véritablement dans le ciel puisqu’il a fallu attendre des millénaires – c’est-à-dire jusqu’aux années 1600 de notre ère – pour enfin découvrir les mécanismes de l’Univers.
        Néanmoins, leur besoin d'obtenir réponse à leurs interrogations existentielles a conduit nos ancêtres à tout naturellement élaborer des explications d'abord magiques et mythologiques, ensuite mystiques et religieuses, puis philosophiques et enfin scientifiques.

Un univers peuplé de divinités

        On a découvert chez maintes civilisations anciennes réparties un peu partout sur la planète des constructions de pierre ressemblant à des observatoires astronomiques.  Ces constructions montrent bien l'intérêt que nous éprouvons depuis toujours envers le ciel.  L'observation de la voûte céleste était à l’époque une tâche étroitement liée aux religions et à la mesure du temps.  Très tôt, en effet, les repères astronomiques ont servi à l’agriculture et aux célébrations religieuses – deux activités étroitement liées puisque de l’une comme de l’autre dépendaient leur bien-être.
        Par contre, nos encêtres ne se questionnaient jamais pour savoir s’ils étaient seuls dans l’Univers.  Bien au contraire, car pour eux il était évident que les Cieux étaient peuplés d’une multitude d’êtres en tout genre.  Nous possédons ainsi les fragments de récits, tant pour les civilisations du Moyen-Orient, d’Asie que d’Amérique, décrivant les êtres qui habitent les Cieux.  Certaines mythologies relatent que les Cieux sont habités par des personnages divins, mais plus ou moins semblables à nous, qui vivent une existence divine… mais néanmoins calquée sur la nôtre.
         Ces mythologies permettaient d’expliquer les phénomènes naturels tels que les tempêtes et les saisons, de même que les origines du monde et notre destinée.  Elles répondaient de la sorte aux interrogations existentielles de nos ancêtres.  Pour eux, tous les phénomènes que nous considérons à présent comme naturels – notamment les soubresauts météorologiques et les variations climatiques – paraissaient gouvernés par les caprices de divinités.  Et non seulement n’étaient-ils pas seuls mais, selon certaines mythologies, on « montait au Ciel » au moment de trépasser…

        Nos ancêtres connaissaient par ailleurs très bien l’existence des planètes – un mot d’origine grecque qui signifie errant.  Ils avaient en effet observé que Vénus, Mars, Jupiter, Saturne et Mercure paraissent justement errer, c’est-à-dire se déplacer indépendamment du reste des étoiles de la voûte céleste.  Ils avaient en fait repéré sept astres particuliers dans le firmament : les cinq planètes auxquels s'ajoutent la Lune et le Soleil.  Or, ce fait pourrait être à l'origine de l'importance du chiffre 7 pour de nombreuses croyances anciennes.  C'est aussi la connaissance de ces sept astres qui a constitué la base de notre semaine de sept jours, chaque jour étant nommé d’après l’un de ces astres.
         Bref, nos ancêtres – qui ignoraient tout de l’Univers tel qu’on le conçoit aujourd’hui – n’entretenaient aucun doute sur le fait que nous n’y sommes pas seuls, les Cieux étant à l’évidence remplis de divinités.

Un premier aperçu – grec – de l’Univers

         L’idée qu’il existe des planètes et que la Terre soit l’une d’elles remonte à quelques 2500 ans.  C’est en effet l’époque où le philosophe grec Anaximandre imagine que la Terre est courbe, ce qui explique selon lui la courbure de l’horizon.  Il ne pense cependant pas qu’elle soit ronde comme une sphère, mais plutôt cylindrique…  Puis, sous l'influence de Platon, les Grecs la mettent au centre de l’Univers puisqu’ils observent, comme cela paraît évident aujourd’hui encore, que tout le reste tourne autour de la Terre.
        Pour eux, l’Univers est formé de cercles concentriques, un peu à la manière des couches d’un oignon, le cœur de celui-ci étant occupé par notre monde.  Ils imaginent le firmament comme une série de voûtes solides sur lesquelles les astres sont rivés comme des diamants.  Les étoiles leur paraissant tourner en bloc autour de la Terre, elles forment la voûte du fond.  Entre nous et cette voûte céleste, sept sphères translucides portent le Soleil, la Lune et les cinq planètes connues.  La sphère la plus proche de nous porte l’astre qui se déplace le plus rapidement (la Lune) puis se succèdent Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne.
        Notons que 250 ans avant notre ère, Aristarque de Samos propose de mettre le Soleil au centre et place la Terre entre Vénus et Mars, toutes trois tournant autour de l'astre du jour – ce qui est la conception juste de la réalité.  Hélas, cette vision soulève l'indignation du philosophe Cléanthe qui considère que ces propos troublent Vesta, la déesse qui dispense ses bienfaits depuis le sein de la Terre où elle repose.  Prétendre la faire voyager autour du Soleil est une profanation sacrilège, dit-il.  La Terre occupera donc le centre de l’Univers… pour encore deux mille ans !

        Par ailleurs, Ératosthène, qui dirige la bibliothèque d'Alexandrie, parvient à calculer les dimensions de notre planète.  En observant au même moment l'ombre produite par le Soleil sur deux bâtons plantés verticalement en deux villes éloignées, il calcule que la Terre fait 40 mille kilomètres de circonférence, ce qui est exact.
        Les Grecs comprennent aussi que les éclipses de Lune sont causées par l'ombre de la Terre quand celle-ci passe exactement entre le Soleil et la Lune.  Grâce à ce phénomène, Hipparque de Nicée calcule, environ 150 ans avant notre ère, la distance qui nous sépare de la Lune en fonction du diamètre de la Terre.  À l’aide de méthodes géométriques, il évalue la distance Terre-Lune à trente fois le diamètre de notre planète, ce qui est bel et bien le cas.

        Néanmoins, fidèles à leur époque, les Grecs, comme les Romains qui leur succéderont, croient en une vaste mythologie de divinités peuplant le Ciel et les sommets de la Terre.  Par conséquent, ils n’envisagent pas la possibilité de mondes habités.  Pour eux, tout ce qui est au-delà de la Lune est considéré comme parfait, éternel et inaltérable, et ne peut donc pas abriter d'autres terres.
        Incidemment, nous devons aux Romains la nomenclature des planètes.  Ceux-ci les ont désignées en l'honneur de leurs dieux, qui à leur tour, doivent plusieurs de leurs caractéristiques aux dieux grecs correspondants.  Ainsi, Mercure était le messager des dieux (chez les Grecs, il s'agit d'Hermès) ; Vénus, la déesse de l'amour (Aphrodite) ; Mars, le dieu de la guerre (Ares) ; Jupiter, le dieu suprême (Zeus), et Saturne, un dieu italien des récoltes, associé plus tard au dieu grec Chronos (le dieu du temps) qui était entre autres choses le grand-père de Jupiter.

La Terre : l’une des planètes… habitées ?

        Si la Terre était perçue comme une planète par les Grecs cinq cents ans avant notre ère, cette notion demeure ignorée pendant deux mille ans.  Ce n’est en effet qu'en 1543 que le moine polonais Nicolas Copernic énonce à nouveau que notre monde serait l'une des planètes qui gravitent autour du Soleil.  Il conçoit alors la théorie plaçant le Soleil au centre de l'Univers.
        Or, cette conception va à l'encontre du modèle géocentrique très largement accepté depuis que Ptolémée en a donné une description formelle un siècle avant notre ère.  Ce système est d’ailleurs imposé comme une vérité inaliénable par diverses écoles de pensée, dont l'Église catholique.  Pour cette dernière, les Cieux, parfaits et immuables, sont le domaine de Dieu alors que notre monde, avec toutes ses imperfections, est le domaine de l'homme.  Étrangement, c’est ce Ciel « parfait » qui tourne autour d’un monde « imparfait » – et non l’inverse.  Ainsi, parce l'Univers tout entier a été créé pour l'Homme ; il ne peut donc y avoir d’autres êtres vivants ailleurs.
         Conséquemment, en 1600, Giordano Bruno est condamné au bûcher pour avoir osé propager l'idée de l'existence de d'autres mondes dans un Univers infini.
        Pourtant, dès 1596, l'astronome allemand Johannes Kepler défend le système de Copernic.  Mais comme il redoute les foudres de l’Église, il se réfugie chez l'astronome danois Tycho Brahe.  Par chance, grâce aux observations méticuleuses de ce dernier, Kepler prouve que les orbites des planètes sont elliptiques (et non circulaires) et, surtout, que le Soleil occupe l’un des foyers de ces ellipses.
 
 
        En 1610, le savant italien Galileo Galilei confirme ce qui n’étaient jusqu’alors que des hypothèses en étant le premier à observer le ciel à l’aide d’une lunette astronomique.  Il détecte quatre astres qui orbitent autour de la planète Jupiter.  Or cette simple observation bouleverse notre conception de l’Univers puisqu’elle démontre que la Terre n’est pas le centre autour duquel gravitent tous les astres.
        De plus, le ciel observé par Galilée n’est pas « parfait », loin de là, car. l’astronome observe entre autres des taches sur le Soleil et des montagnes sur la Lune.  Il constate aussi que les planètes sont des globes comparables à la Terre et que Vénus évolue en phases (comme la Lune).

        L’idée de planètes semblables à la nôtre – et pourquoi pas habitées –, commence donc à germer...  Ainsi, le physicien hollandais Christiaan Huygens (découvreur de Titan, l'une des lunes de Saturne) avance le premier de façon scientifique l'hypothèse de l'existence d'une vie extraterrestre.  Puis, l’écrivain et vulgarisateur français Bernard Fontenelle popularise cette idée en 1686 dans les Entretiens sur la pluralité des mondes, dans lequel il raconte que la Lune est un monde habité comme les autres planètes.
        L’année suivante, Isaac Newton publie son œuvre magistrale Principia Mathematica dans lequel il énonce les lois de la gravitation universelle.  Il fournit ainsi les assises théoriques nécessaires à la poursuite de l'étude de l'Univers.
       Connaissant désormais les lois qui gouvernent le déplacement des planètes, les astronomes parviennent à localiser deux nouvelles planètes jusque-là passées inaperçues (car invisibles à l’œil nu).  Il s’agit d’Uranus, découverte en 1781 par l'astronome anglais William Herschel, et de Neptune, découverte en 1846 par l'astronome allemand Galle.
        Parallèlement, les astronomes réalisent que les étoiles du firmament sont des soleils semblables au nôtre, ce qui renforce l'idée qu'un nombre incalculable de terres habitées devraient exister dans l'Univers.  Désormais, l’idée se répand que notre position dans l'Univers n'a rien de spécial et que ce qui existe ici-bas existe sans doute ailleurs.
         D’ailleurs, dans un volume publié en 1848 et intitulé The Solar System, l’astronome britannique Thomas Dick soutient qu'il ne fait « aucun doute » que la Lune « est un monde rempli d'habitants » car, estime-t-il, il serait « hautement improbable que le Créateur laisse un globe dont la surface égale à quinze millions de milles-carré sans créatures sensibles et intelligentes ».
         De même, il imagine sans peine habitées les planètes du Système solaire, Mercure pouvant même posséder davantage d’êtres que la Terre alors que les habitants de Jupiter doivent se régaler de suivre les déplacements de quatre lunes.  Il considère aussi que les anneaux de Saturne sont habités, car « il est peu probable qu’un tel espace demeure éternellement désertique ».  Finalement, même la lointaine Uranus devrait être peuplée d’êtres dont les yeux sont capables de recueillir vingt fois plus de lumière que les nôtres…

Et pourquoi pas des martiens ?!

        Les astronomes s’intéressent tout particulièrement à la planète Mars puisque celle-ci présente de très nombreuses analogies avec la Terre.  Ainsi, dès 1659, le hollandais Christian Huygens découvre que cette planète rouge tourne sur elle-même en 24 heures.
        De son côté, William Herschel observe, vers 1777, que l’axe de rotation de la planète est inclinée comme celui de la Terre.  Cette inclinaison créant le phénomène des saisons, Hershell en déduit que Mars doit connaître quatre saisons.  Il conclut donc tout naturellement que « les habitants [de Mars] doivent probablement bénéficier d’une situation ressemblant à la nôtre ».
        À partir des années 1800, les astronomes commencent à discerner la surface de la planète rouge à l’aide de télescopes de plus en plus perfectionnés.  Ils observent entre autres que certaines régions sont sombres alors que d'autres sont claires.  Mars semble en plus dotée de calottes polaires blanches (comme nos pôles), ce qui suggère la présence d'eau.  Et ils découvrent que la planète est entourée d'une atmosphère.
        Un astronome anglais, John Phillips, rapporte d’ailleurs qu’après avoir observé attentivement la planète entre 1862 et 1864, il a repéré des terrains dont les teintes changent selon les progressions ou les régressions des calottes polaires.  Les astronomes remarquent aussi que, lors de la fonte des calottes polaires, apparaît en périphérie une zone sombre, comme si des terrains se trouvaient détrempés.  On imagine dès lors une végétation et une activité biologique aux multiples aspects… et pourquoi pas une vie évoluée.
        Et c’est ainsi que, mine de rien, l'idée de « martiens » fait son apparition.

        C’est donc de la sorte que, il y a un peu plus d’un siècle, se développe le raisonnement éminemment logique voulant que là où règnent des conditions semblables à celles que nous connaissons sur Terre, les événements doivent se dérouler selon un scénario semblable pour déboucher sur la vie.
        Conséquemment, un professeur d'astronomie (Samuel Laland) affirme dans un ouvrage publié en 1898 que les grands télescopes du vingtième siècle permettront de découvrir des cités sur Mars ainsi que des centres industriels et des navires ancrés dans des ports

Chapitre 2

L’ère des effets paillassons

À suivre en se procurant l'ouvrage sur le site de la Librairie Virtuelle...

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© Claude Lafleur, 2005

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