Nos
premiers échanges...
Le
récit qui suit est authentique. Il s'agit de nos premiers échanges
de courriels qui ont conduit à une véritable relation amoureuse.
Ce récit est composé de petits extraits tirés des
longs messages du début de notre correspondance et qui illustrent
comment peut se nouer une relation sur la Toile. Vous verrez également
comment les échanges prennent des tournures surprenantes. Mais peut-être
avez-vous déjà vécu quelque chose de semblable?
Donc...
Il était une fois, à l'été de 1998, un «jeune
homme» prénommé Claude, désirait jouer de sa
belle plume avec de «jeunes inconnues». À cette fin,
il rédige l'annonce suivante qu'il place, telle une bouteille à
la Mer, au hasard de la Toile du monde...
Bonjour,
C'est le temps des vacances. Avez-vous le goût de rêver? Avez-vous
le coeur aux rêveries? Aimeriez-vous goûter à la puissance
des mots? Avez-vous le goût de jouer avec les mots pour rêver
à toute sorte de fantaisies?
Je suis un écrivain professionnel qui a le goût de jouer,
qui a le goût de rêver et de vous faire rêver. Pourquoi
ne pas correspondre simplement pour le plaisir... pour le plaisir de rêver
ensemble?
À quoi donc avez-vous le coeur à rêver?
Signé:
Yeux bleus
Charmée
par cette petite annonce qu'elle découvre tout près de chez
elle, Diane, voulant jouer de ses mots avec cet homme à la plume
volubile, lui signifia aussitôt sa douce présence:
Bonjour,
homme aux yeux bleus, qui surgit de nulle part et qui s'offre pour mettre
en mots et en jeu la sensualité, le plaisir, le rêve,
la fantaisie... J'aime tes mots et je m'y retrouve. Tu nous dis ce que
tu veux et ça me plaît, mais tu ne nous dis pas qui tu es,
peut-on en savoir un peu plus?
Et
voilà que l'histoire commence !
Claude: Que
veux-tu savoir de cet homme aux yeux bleus qui peut-être te fait
déjà rêver? Sa description physique, son âge,
sa vie, ce qu'il cherche ou dans quel but il a placé cette mystérieuse
petite annonce? Je sais: tu veux TOUT savoir, petite curieuse!
Diane: Tu
as tout à fait raison, je veux TOUT savoir mais puisqu'il me faut
faire un choix, je prendrai en premier celui qui concerne l'annonce, le
pourquoi, son but, ce que tu cherches.
Claude: Je
te pourrais te dire tout simplement parce que j'ai envie de jouer!
Mais en fait, j'ai aussi envie de faire de belles connaissances via Internet
et ce, dans plusieurs buts. D'une part, j'aime bien échanger
et établir toute sorte de contacts. C'est pourquoi je proposais
de faire n'importe quoi, ce qu'il vous plaira. Et où peuvent
mener ces échanges? Je suis ouvert à tout: de la simple
amitié par correspondance à la belle complicité qui
peut se développer entre deux êtres. Et toi que cherches-tu?
Diane:
Je pourrais te dire et c'est sans
doute vrai qu'il me plairait bien de rencontrer un homme avec qui je pourrais
développer une complicité amoureuse. Mais c'est un «bien
joli voeu» qui flotte à l'intérieur de moi sans qu'il
ne soit si pressant!
Claude: Là,
tu te voiles pas mal. Explique un peu, s.v.p. Es-tu libre?
Ressors-tu à peine d'une relation... ou quoi d'autre?
Diane: En
fait, oui je suis libre. J'avais crû au départ, par ton annonce
que tu étais un homme déjà engagé dans une
relation et que tu cherchais à t'en tenir à une simple correspondance.
D'où vient l'idée que tu n'avais rien à voir avec
mon voeu et que tu me faisais dévier de ma route! C'est pour dire
comment l'écrit peut fausser nos perceptions! En fait, s'il y avait
une quelconque réserve de ma part, ce serait lié au fait
que je ressors d'une relation amoureuse Internet, mais sans plus. Tu as
connu toi d'autres histoires sur internet? Tu en es quand même pas
à tes premières armes en la matière, non?
Claude: Comme
tu t'en doutais, je n'en suis pas à mes premières armes.
En fait, j'utilise abondamment Internet depuis quatre ans... mais je ne
fais des échanges «amicaux» (ou plus) que depuis le
mois de mai (1998). J'ai alors placé une annonce (style «Bon
gars cherche...») à une agence de rencontres sur la Toile
et j'ai fait, disons, des rencontres formidables... Je te raconte car,
comme «vétérante», tu me comprendras fort bien
(et peut-être même auras-tu vécu quelque chose de semblable?).
À la suite de mon annonce, j'ai reçu quelques réponses
fort intéressantes. C'est ainsi que je me suis mis à
échanger, entre autres, avec une certaine Andrée. Très
vite, toutefois, nos échanges ont pris le tournant de l'amitié,
car il se révélait que malgré le fait qu'on s'entendait
fort bien, on n'était pas fait l'un pour l'autre... Mais c'était
des échanges fort agréables: de longues lettres deux ou trois
fois par jour...
Entre-temps, arrive une certaine Brigitte... avec qui le contact s'amorce
lentement mais qui s'est mis à progresser «fulguramment».
On est, disons, tombé en amour sur le Net! Parallèlement,
je tenais Andrée bien informée; ce qui était merveilleux
car elle me «conseillait» et me donnait des trucs. Elle avait
le privilège de suivre ma relation avec Brigitte comme si elle regardait
par-dessus mon épaule. C'était un jeu époustouflant.
Toujours est-il que ma relation avec Brigitte progressait fort bien et
voilà qu'on décide de se rencontrer... Oh, là,
là... Malheureusement, ça n'a pas cliqué du
tout! Dès le premier coup d'oeil, on ne s'est pas plu, mais
on a tout de même passé ensemble une soirée agréable
(sachant fort bien que cela irait nulle part).
Comme tu t'imagines probablement, pendant ce temps, alors que je rencontrais
Brigitte, Andrée attendait impatiemment de mes nouvelles. Elle voulait
tellement pour moi que «ça marche».
Dès mon retour, je lui téléphone pour lui faire part
évidemment de ma déception. Que c'était triste!...
Durant la conversation, nous en venons à nous dire que ce serait
agréable de se rencontrer (on ne s'était jamais vu)... mais
simplement comme amis. Et comme on se connaissait déjà pas
mal, Andrée a même accepté de venir me voir chez moi,
tout simplement comme une amie, sans plus.
Elle s'est donc pointée à l'heure convenue et, lorsque j'ai
ouvert la porte... ça été -- alors que je ne m'y attendais
pas du tout -- le véritable Coup de foudre! Un Coup de foudre
mutuel! Wow, oh, la, la... On ne savait vraiment pas comment réagir,
tant nous étions surpris l'un l'autre. On a passé, disons,
une belle soirée, mais sans aller trop loin, quelque peu bouleversés
par ce qui nous arrivait.
Par la suite, le lendemain (chacun chez soi), on s'est questionné
pas mal. Que faire de nous deux? Le problème, vois-tu, c'est
que Andrée est fort occupée: elle a un travail de responsabilité,
elle a trois enfants (15 à 21 ans), elle est aux études à
temps plein, elle est impliquée socialement... et quoi d'autres
encore! Il n'y a donc pas vraiment de place pour quelqu'un d'autre.
D'autant plus que de mon côté, je me cherchais une compagne
très disponible, quelqu'un qui a du temps pour bâtir progressivement
une belle relation.
On a donc convenu de demeurer amis... Ouf, mon coeur!
Tu comprendras mieux maintenant pourquoi à la suite de cette aventure
formidable -- que je ne regrette pas un seul instant -- j'ai eu besoin
d'y aller plus doucement. Voilà le pourquoi de mon annonce
"Yeux bleus»...
Et toi ?
Diane: Quant
à moi, ça date de quelques mois...
Cadeau du dernier Noël (1997), je cogne à la porte de mon fournisseur
Internet et je m'offre un abonnement, plus pour le courrier que pour surfer
comme tel. Le facteur ne s'arrêtant pas assez souvent devant ma porte,
je décide de le provoquer et de faire appel au nouveau modèle
virtuel...
Un premier correspondant, que je trouve au hasard dans l'une des nombreuses
banques mises à notre disposition, me répond avec empressement.
Quelle euphorie de constater que ça marche! Un vrai danger public
pour Poste Canada que cette formule! Lui, Xavier, il est sur Internet depuis
longtemps. Il est marié et a un enfant. À ce moment-là,
je ne cherche pas comme telle une relation amoureuse, lui non plus. On
voulait faire l'expérience d'une quête vers soi par courriel.
Mais, bien malgré nous, très rapidement, surgit un fort sentiment
amoureux, pour ne pas dire une grande passion. On s'écrivait des
dizaines de lettres par jour, on ne dormait plus, on ne mangeait plus,
on ne faisait que correspondre et penser à l'autre. Xavier connaissait
bien la folie d'Internet pour l'avoir déjà vécue et
il m'assurait que ce que nous vivions était totalement différent,
que c'était du vrai nous deux. J'en concluais donc que c'était
très spécial ce que nous vivions et que j'étais chanceuse
de tomber du premier coup sur quelqu'un comme lui. On échange des
photos, on se téléphone régulièrement et on
s'envoie des cassettes, des livres, des images. Il a même créé
un site web pour nous deux où l'on pouvait y déposer nos
mots ou nos images.
Enfin, après deux mois de folles
passions, on décide de se rencontrer (il vit sur un autre continent)
et il se dit même prêt à laisser sa femme! On planifie
le tout... on va même jusqu'à parler de mariage, question
d'immigration... (Quelle aventure quand j'y repense!) Tout se met donc
en branle... jusqu'à ce que la frousse le prenne. Il a peur, il
ne sait plus, surtout pour son enfant. Il ne viendra donc pas. Ce fut un
moment très déchirant pour nous deux, surtout pour moi qui
était totalement libre et qui désirait plus que tout que
s'incarne enfin cette relation. Je lui étais très attachée
et là, je ne savais plus quoi faire. J'ai alors pris un peu de recul
et j'ai décidé de prendre d'autres correspondants pour l'oublier
un peu tout en essayant de poursuivre la quête avec lui.
Je fouille alors dans les annonces de correspondance et je découvre
Yves. Je suis sa première et seule correspondante. Il connaît
donc la même ivresse que celle que j'ai vécue avec Xavier.
Il tombe passionnément en amour avec moi et, très rapidement,
il m'entraîne dans une folle correspondance (1000 lettres en un mois!).
Les sentiments montent en crescendo et il veut me voir à tout prix.
Il s'ennuie de moi tout le temps, il m'écrit le jour, la nuit, le
matin, au travail, tous les soirs en direct, etc... J'embarque malgré
tout dans ce tourbillon de passion qui panse un peu mes blessures, même
si j'ai quelques réserves. Yves me fait tellement de pression pour
que l'on se rencontre que je résiste. J'ai l'impression que tout
est surréaliste.
Lui aussi est prêt à changer sa vie pour moi, sans même
m'avoir rencontrée. Au bout d'un mois, on se parle finalement au
téléphone. Un premier doute quant à mon attirance;
sa voix et ce qu'il dit ne ne me branche pas trop... mais je n'ai pas écouté
ce doute. Le lendemain, après avoir été en direct
sur la Toile durant plus de 12 heures avec lui, et sous une très
forte pression de la part de Yves, on se rencontre finalement ... Et comme
toi avec Brigitte, les attentes étant élevées à
un niveau hors du réel, ce fut la déception mutuelle, ça
n'a pas cliqué du tout. D'un seul regard, on savait que l'on irait
nulle part ensemble. La balloune s'était crevée. On a même
eu de la difficulté à trouver de quoi converser pour la soirée!
Je fus tellement étonnée. Comment est-il possible que l'on
soit aussi bien ensemble avec nos mots et si mal à l'aise en personne?
Cela me fit voir la possibilité que Xavier et moi aurions pu vivre
un tel échec; ce qui ne m'avait jamais traversé l'esprit.
Au fait, j'ai appris le soir de la rencontre avec Yves qu'il était
marié depuis au moins 20 ans et qu'il avait des enfants!!! Tout
s'arrête donc là pour nous deux.
Mais après la comète Yves, je sens un vide, il avait été
si présent pendant ce mois que je ne savais plus quoi faire de mon
temps. Je cherche alors un autre correspondant pour me faire oublier Xavier
et Yves (soit dit en passant, je n'ai jamais passé d'annonce!).
Je fais donc la connaissance de Zacari qui pour lui aussi, je suis la première
correspondante. Décidément, c'est mon karma! Même scénario,
au bout de deux lettres, il tombe en amour et croit que c'est un miracle,
un coup de foudre comme on n'en vit qu'une fois dans notre vie. J'ai beau
lui expliquer que c'est le Net qui donne cette fausse impression, qui nous
familiarise trop rapidement, il est déjà accro. Il
faut dire que cette correspondance est très envoûtante, très
sensuelle et a fait naître de longues et chaudes lettres, même
s'il a une amie avec qui il partage sa vie depuis plus de dix ans.
Il écrit comme un dieu et cela devient un plaisir hors de commun
de s'écrire. Au bout d'un mois, sans même avoir échangé
de vives voix, on décide de passer du «in vitro» au
«in vivo». (Et crois-moi, la façon dont la rencontre
fut organisée fut à la hauteur de notre chaude correspondance!)
Là, la terre n'a pas arrêté de tourner à notre
contact même si ce fut correct. On a tout de suite su que nos vies
ne seraient pas bouleversées l'un par l'autre mais on a pu passer
du bon temps ensemble. Il n'en demeure pas moins qu'il était tout
à fait à l'opposé de ce que j'avais imaginé.
C'est pour dire comment l'écrit peut être trompeur! On s'est
donc revu quelques fois tout en continuant notre correspondance quotidienne
-- la plume et nos fantaisies restaient notre plaisir! -- jusqu'à
ce qu'un bon soir, il ne se pointe pas au rendez-vous. Et depuis, il ne
m'a plus donné signe de vie!!! Histoire un peu étrange, non?
Cette fragilité des relations Internet me bouleverse, je dois l'avouer!
Et tout ce temps, mon contact avec Xavier persévère...
Enfin, voilà pour mes histoires amoureuses sur la Toile. Bien sûr,
j'en tire un bilan et je cherche à ne plus repiquer de la même
façon. C'est peut-être pour ça que tu as senti un «voile»
quant à mon urgence amoureuse... une prudence Internet serait
plus juste!
Claude: Je
suis bouche-bée, réellement bouche-bée... Moi quoi
croyais avoir vécu des «aventures invraisemblables»
sur le Net, me voilà tout étonné. Non, mais
c'est incroyable ce que tu me racontes -- ou plutôt, je te crois
sans peine pour y avoir goûté également...
Et je me sens réellement choyé de rencontrer quelqu'un qui
a une telle expérience, que tu partages et qui nous sera d'une si
grande utilité. Ouf...
Diane: Oui,
moi aussi je suis très contente que tu ais eu l'expérience
de l'amour foudroyant sur le Net... même si cela a été
décevant... Comme ça au moins on aura connu tous les deux
ce genre de désillusion et serons plus en mesure de se comprendre!
Claude: Oui,
je comprends maintenant à quel point il est important qu'on en discute.
À la suite de mes expériences Internet -- je ne te les ai
pas toutes décrites mais tu connais la principale -- j'en suis venu
à faire le constat que si les échanges électroniques
(courriels) sont un moyen formidable pour faire des contacts, c'est aussi
un instrument dangereux. Ainsi, j'ai identifié trois dangers
que j'ai baptisés la «Puissance des mots», le «Syndrome
du plat de bonbons» et le phénomène de la dépendance.
La Puissance des mots, tu l'as aussi bien vécue que moi: le fait
que l'on découvre soudainement quelqu'un qui nous emporte par ses
mots, qui nous fait rêver, qui nous fait tomber follement en amour...
Curieusement, en tant qu'écrivain, j'étais bien conscient
de la force des mots, mais je n'aurais jamais pu imaginer leur puissance
sur le Net.
Le second danger -- le Syndrome du plat de bonbons -- c'est le fait qu'il
est si facile d'établir de bons contacts sur le Net qu'on passe
d'une personne à l'autre sans retenue, que si l'un(e) ne nous plaît
guère, on passe à l'autre, et à une autre et à
une autre... On devient ainsi rapidement difficile («Ah, elle
a deux kilos en trop? Suivante! Celle-là n'a pas la bonne
couleur d'yeux... Suivante! De toute façon, il y en
a tellement que je finirai bien par trouver, rapidement à part cela,
celle dont je rêve!»). On devient donc totalement consommateur
et irréaliste.
Le troisième danger qui nous guette est l'euphorie d'entretenir
tant de bons contacts qu'on en vient vite à être accroché,
à toujours vouloir être en communication, avec le plus de
gens en même temps et que toujours ça virevolte sans arrêt.
J'ai ainsi eu l'occasion de jaser avec des filles au téléphone...
alors qu'elles faisaient en même temps du chat! Et après,
j'écrivais à une autre, puis à une autre, etc.
Et si un soir, oh malheur, on n'a personne avec qui correspondre, Dieu
que la vie est ennyante!!!
Tes récits confirment donc de façon étonnante quelques-uns
de mes constats. Et pourtant, les échanges électroniques
sont si passionnants. Qu'en penses-tu?
Diane: Oui,
je les connais très bien les dangers que tu énumères,
du moins certains d'entre eux. En fait, j'ai bien vécu la puissance
des mots et il me serait très facile de retomber dans ses pièges
parce qu'ils me sont fascinants. Ce que je trouve cocasse par contre, c'est
que dans ton annonce, tu as parlé de la puissance des mots, nous
invitant à venir y jouer, et moi qui saute aussitôt sur l'occasion,
voulant y jouer avec toi. Et pourtant, tous les deux, nous sommes ici en
train d'échanger sur le danger de ce jeu. Vois-tu notre contradiction???
Ce syndrome du plat de bonbons par contre, j'ai pas connu. J'ai jamais
chatté, j'ai jamais passé une annonce et j'ai jamais
été en contact avec plusieurs hommes à la fois. Autrement
dit, je ne magasinais pas parce que ma recherche n'en était pas
une de quête amoureuse mais bien de compensation. Je cherchais un
nouveau correspondant pour oublier le dernier ou la solitude qu'il créait!!!
Quant au troisième danger, je le connais bien, la dépendance
qui fait que lorsqu'une histoire se termine, je ressens un tel vide que
je cherche aussitôt un autre correspondant. La dépendance
aussi à recevoir du courrier et à écrire, pas tant
dans le nombre de personnes que dans le nombre de lettres. Il me fallait
toujours recevoir du courrier, sinon je me sentais seule!
Je reviens tout juste d'une vacances de deux semaines dans une maison au
bord de la mer où il n'y a pas d'ordinateur; et bien, je te le dis,
le sevrage a été difficile!!! Et d'ailleurs, au rythme où
l'on s'écrit, je me sens actuellement en train de rechuter dangereusement
avec toi ;-) Une autre de nos contradictions, je crois!
Claude: Une
question que je me suis posée à la suite de tes récits
de rencontres virtuelles: est-ce que toutes tes relations amicales demeurent
virtuelles? C'est-à-dire que, à ta connaissance (de
tes expériences et de celles de d'autres que tu connais peut-être),
est-il relativement aisé de nouer des relations amicales «en
chair et en os» ou doit-on (pratiquement toujours) s'en tenir aux
échanges électroniques? (Je me demande s'il n'y a pas
un fossé pratiquement infranchissable entre le virtuel et la réalité...
en sachant bien que sûrement tout est possible.. mais peut-être
plutôt rare.)
Diane: Tu
me poses la question à savoir si c'est possible. Je ne sais pas.
Je sais que je trouvais difficile d'être la seule à porter
cette préoccupation quand j'ai connu Yves et Zacari et de les initier
(si mal) à cette réalité, tout en me brûlant
moi-même, voulant trop y croire! Le fait que l'on tienne cette discussion
me donne donc de l'espoir comme quoi cela pourrait être possible
parce qu'on part de la même place ou à peu près...
Ainsi, on risque de se départir d'au moins quelques illusions ou
de ne pas trop retomber dans les mêmes pièges!
Je pense que tout est dans le temps et non pas dans l'urgence. Après
un bilan de 6 ou 7 mois avec Xavier, je considère que si l'on se
rencontrait aujourd'hui, on ne pourrait plus avoir autant de mauvaises
surprises, les attentes étant revenues à une dimension plus
«normales». Après l'euphorie et après s'être
connus dans toutes sortes de contexte, pas juste idéaux, je pense
que l'Internet nous permet d'avoir accès à l'autre d'une
façon très profonde. J'ai maintenant une très bonne
idée de ce qu'il est comme personne alors qu'au début, je
l'avais construit comme moi j'aurais voulu qu'il soit. La puissance des
mots comme tu dis, rend l'autre nécessairement très attachant;
il n'y a pas de
contrainte,
il n'y a qu'un miroir embellissant. On projette notre idéal dans
l'autre. C'est pourquoi lorsqu'on se rencontre au plus fort de la passion,
nos attentes sont totalement irréalistes et nécessairement,
on risque d'être déçus. Tandis qu'avec le temps, la
relation peut prendre réellement forme entre les deux personnes
puisqu'à force de courrier, elle fera transparaître leurs
déceptions, leurs attentes réelles, leurs valeurs, leurs
réactions, leurs façons d'être, etc.; pas juste ce
qui brille! Et le sentiment qui se construit au fur et à mesure
de la relation sera nécessairement plus ancré dans la réalité.
Du moins, c'est ce que je commence à croire. Je devrais me méfier
du démarrage trop rapide via Internet, même si c'est fascinant.
Quand j'ai commencé à correspondre avec Xavier, Yves et Zacari,
ils ne savaient même pas mon nom de famille et ils étaient
prêts à changer leur vie pour moi! Avec le recul, on voit
bien l'irréalisme de la situation. Non pas qu'il faut savoir mon
nom de famille pour faire des projets avec moi ;-) mais c'est une façon
d'illustrer la superficialité de la relation internet; on ne parlait
que de l'effet de l'autre sur nous, de la passion qu'il nous inspirait,
sans parler de soi, sans se montrer réellement à l'autre
tel qu'on est. On choisissait de ne montrer de nous que ce que l'on voulait
bien.
D'ailleurs, un des aspects qui m'a séduit dans ton annonce, était
justement le fait que je n'y voyais pas l'intention d'une consommation
rapide. J'ai vu le temps, pouvoir prendre tout son temps, pour le plaisir!
C'est quand j'ai compris cela que j'ai jeté l'ancre.
Claude: Dis-moi,
je ne sais trop sur quoi te relancer mais j'ai le goût de te faire
une proposision inédite... Non pas la demande en mariage,
puisque je ne connais pas encore ton nom de famille! -:) -:) -:) mais que
dirais-tu, puisque depuis plusieurs mois, nous avons tous les deux beaucoup
jasé par courriel si... on passait rapidement au téléphone...
si on s'appelait plutôt que de s'écrire intensément?
Pour
poursuivre votre lecture: Mon premier contact
sur le Net.
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© Claude
Lafleur,
1999
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