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On peut difficilement imaginer à quel point nos ancêtres ont
bénéficié d’un privilège que nous n’avons plus.
La nuit tombée, ils avaient sous les yeux un ciel très clair
— dénué de toute pollution — et très sombre — dénué
de tout éclairage artificiel. On peut donc les imaginer par
beau temps scruter un ciel pur en se demandant ce qu’ils voyaient au juste
au firmament.
Nos ancêtres
ont d’abord noté que la plus étincelante source de lumière
(que nous appelons la Lune) change de forme d’un soir à l’autre.
Ou plutôt, ils se sont longtemps demandé s’il s’agissait de
la même source de lumière changeant de forme ou si ce n’était
pas plutôt une nouvelle lumière apparaissant presque chaque
nuit.
Ils observaient
aussi une myriade de minuscules points lumineux (les étoiles) ainsi
qu’une longue traînée blanchâtre traversant le ciel
d’un horizon à l’autre (la Voie lactée). Ces lumières
semblent former un tout solide, une sorte de dôme qu’on a baptisé
la Voûte céleste. Celle-ci paraît pivoter dans
le ciel durant la nuit, comme le Soleil semble se lever le matin à
l’est pour se coucher le soir à l’ouest. Nos ancêtres
n’avaient aucune idée de la nature de ce qu’ils voyaient; ils n’imaginaient
pas observer des planètes et des étoiles. Ils ont peu à
peu imaginé diverses explications, élaborant une multitude
de cosmologies.
À force de
regarder le firmament, ils ont fini par constater qu’un petit nombre de
lumières se déplacent par rapport au reste des étoiles
fixées sur la Voûte céleste. Les Grecs les ont qualifiées
de planêtês, mot signifiant tout simplement errant.
Il y avait donc au firmament quelques lumières errantes.
Divinités et terreurs nocturnes
Si nos ancêtres
ont bénéficié d’un privilège que nous n’avons
plus, ils n’en ont pas profité pour autant car, pour eux, la nuit
était source d’angoisse. Plongés dans l’obscurité,
ils craignaient à tout moment d’être attaqués par des
bêtes féroces ou par des ennemis, sinon même par des
êtres imaginés. La nuit était pour eux si terrifiante
qu’ils ont peuplé la Voûte céleste de créatures
en tout genre. Heureusement qu’au petit matin, le Soleil réapparaissait,
apportant sa lumière et sa chaleur bienfaisantes. C’est donc naturellement
qu’ils se sont mis à vénérer l’astre du jour, à
le considérer comme une divinité.
Certaines nuits,
la Lune prend la forme d’un disque brillant capable d’éclairer suffisamment
la nuit pour permettre certaines activités. Non seulement nos ancêtres
voyaient-ils mieux venir les dangers en ces soirs de pleine lune, mais
ils pouvaient se déplacer. C’est ainsi qu’ils se sont mis
à vénérer aussi la Lune, particulièrement lorsqu’elle
est «pleine». Celle-ci a de ce fait été perçue
comme bienfaisante, au même titre que le dieu soleil.
Le firmament demeurait
néanmoins rempli d’inconnus, nos ancêtres ne soupçonnant
toujours pas la nature de ce qu’ils voyaient. Or, comme l’ignorance
laisse généralement place à la peur et aux craintes,
ils ont construit des mythologies faites de créatures menaçantes,
de démons et heureusement aussi de quelques divinités rassurantes.
De là le combat du bien et du mal.
C’est pour cette
raison que l’apparition d’une nouvelle source de lumière — particulièrement
les lumières chevelues qu’on appelle comètes —, fut pour
eux le signe d’une catastrophe annoncée: cataclysme, épidémie
ou autres calamités naturelles. De même, ils ont interprété
le déplacement des planêtês, surtout leur croisement
au firmament, comme le présage de guerres ou le signe de vengeances
divines.
Nos ancêtres
ont tenté de se rassurer en mettant de l’ordre dans ce qu’ils observaient
là-haut, tout en redoutant la moindre perturbation de l’ordre qu’ils
espéraient voir. C’est ainsi que, n’ayant aucune idée d’une
mécanique céleste, ils redoutaient qu’un matin le Soleil
ne se lève ou qu’un mois, la pleine lune ne leur prodigue pas son
éclairage. Leur ignorance était telle qu’ils pouvaient craindre
à tout moment que le monde dans lequel ils avaient l’impression
de vivre ne s’arrête inopinément!
Le temps qui gouverne nos vies
Avec le temps, on
a réalisé que la Lune change de forme suivant un cycle se
répétant toutes les 28 nuits. De là est né
le concept de mois, l’une des premières mesures du temps qui passe.
De plus, les astronomes
de l’Antiquité ont observé que le jour dure en moyenne le
même temps que la nuit. Et comme ils comptaient par tranche
de douze (et non par dix, comme nous le faisons), ils ont divisé
le jour en douze portions et la nuit en douze autres. Voilà pourquoi
nos journées comptent vingt-quatre heures.
Ils ont aussi
eu l’impression que de petits groupes d’étoiles formaient des figures
géométriques sur la Voûte céleste: des lignes,
des triangles et des rectangles plus ou moins parfaits. Ces regroupements
d’étoiles étaient commodes pour se repérer au firmament,
un peu comme le relief du terrain nous sert à retrouver notre chemin.
Ces figures permettaient entre autres de suivre de soir en soir le déplacement
de la Lune et des planêtês sur la Voûte céleste.
Progressivement,
on a imaginé des figures géométriques plus complexes,
regroupant davantage d’étoiles. On a ainsi créé les
constellations, des regroupements apparents d’étoiles. Voilà
qui est commode pour se repérer sur la Voûte céleste.
Pour se rappeler de leur forme et de leur position les unes par rapport
aux autres, on a inventé une foule de récits de personnages
combattant des monstres célestes — de là l’origine de nos
mythologies.
Ces constellations
sont en outre très pratiques pour approfondir nos observations astronomiques.
C’est ainsi qu’à la longue, les astronomes ont cerné la présence
de cinq planêtês. Afin de les reconnaître d’un
soir à l’autre, ils les ont baptisés Mars, Vénus,
Mercure, Jupiter et Saturne. Et puisque le Soleil et la Lune gouvernent
nos jours et nos nuits, on a naturellement pensé que ces cinq errants
devaient eux aussi influencer nos vies. Voilà donc que nous bénéficions
non plus de deux divinités, mais de sept.
Afin de leur rendre
hommage, on a décidé de consacrer à chacun un jour:
le dimanche au Soleil, le lundi à la Lune, le mardi à Mars,
le mercredi à Mercure, le jeudi à Jupiter, le vendredi à
Vénus et le samedi à Saturne. On a par le fait même
créé la semaine de sept jours. (Heureusement que les trois
autres planêtês — Uranus, Neptune et Pluton — ne sont
pas visibles à l’œil nu, car nos semaines compteraient dix jours!)
C’est ainsi que peu
à peu s’est amorcée l’exploration de l’espace. On voit
aisément qu’en même temps que s’élaborent nos connaissances,
on crée une foule de superstitions. Par contre, au fur et à
mesure que les connaissances progressent, les superstitions reculent. C’est
l’incessant combat qui perdure aujourd’hui encore.
Suite: Quand
les planêtês deviennent des planètes |
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Nos
ancêtres ont bénéficié d’un privilège
que nous n’avons plus: un ciel dénué de toute pollution et
d'éclairage artificiel. Cependant, Ils n’avaient aucune idée
de la nature de ce qu’ils y voyaient. |
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La Voûte
céleste
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L’une de nos premières
représentations de l’Univers: un dôme piqué d’étoiles.
(Plus dans Wikipédia) |
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La Voie lactée
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La Voie lactée, cette
trainée d'étoiles qui traverse le firmament d'un horizon
à l'autre. Il s'agit des étoiles qui forment notre galaxie.
(Plus dans Wikipédia) |
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Les phases de la Lune
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Pourquoi la Lune change-t-elle
de forme au cours d'un mois? Voilà la question qui a longtemps intrigué
nos ancêtres… et que se posent encore nombre de personnes. (Plus
dans Wikipédia) |
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Nos échelles
de temps
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Par
définition, une année est le temps que prend la Terre
pour accomplir une orbite autour du Soleil.
Par
définition, un jour est le temps que prend la Terre pour faire
un tour sur elle-même. La Terre effectuant 365¼ fois
un tour sur elle-même pendant qu’elle fait un tour du Soleil, l’année
compte donc 365 jours et quart.
La
durée d’un mois correspond au temps que prend la Lune pour faire
le tour de la Terre (28 jours). Notre année compterait donc 13 mois
(13x28 jours = 364 jours). Toutefois, pour éviter ce nombre maudit,
la durée des mois à été portée à
30 ou 31 jours.
Notre
semaine de sept jours vient de ce que nos ancêtres voyaient sept
«astres divins» vagabonder dans le ciel: le Soleil, la Lune,
Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne.
Le
fait que nos jours durent 24 heures vient de ce que nos ancêtres
comptaient sur leurs doigts par groupes de 12 (voir texte suivant).
La
durée des heures (60 minutes) et des minutes (60 secondes) repose
sur le fait qu’il s’agit de nombres divisibles par 12. |
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Compter sur nos
doigts
Si
nous comptons par tranches de dix (dix, cent, mille…), c’est parce que,
à l'origine, nous comptions sur nos dix doigts.
Nos
ancêtres comptaient aussi sur leurs doigts, mais par tranches de
douze. Est-ce à dire qu’ils avaient douze doigts?
Non,
bien sur. Ils comptaient plutôt sur leurs phalanges (les trois sections
de chacun de nos doigts). À l’aide du pouce, ils comptaient
sur chacune des douze phalanges des quatre autres doigts.
Calculer
en groupes de douze est plus pratique qu’en groupes de 10 parce que ce
nombre est divisible par 2, 3, 4 et 6 (alors que 10 ne se divise que par
2 et 5). Autrement dit, si nous fonctionnions selon un système de
douze chiffres, on pourrait faire facilement beaucoup plus de calculs. |
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Les constellations
En
observant le firmament par un beau soir et loin de toute lumière,
on peut voir jusqu'à 1 500 étoiles. En regardant le ciel
attentivement, nos ancêtres en sont venus à y repérer
des formes géométriques, au début simples (lignes,
triangles et rectangles) puis de plus en plus élaborées,
jusqu'à imaginer des animaux et des personnages mythologiques.
Il
y a deux mille ans, on avait ainsi imaginé 48 constellations, alors
que dans les années 1600, les astronomes en avaient déterminées
60. En 1929, l'Union astronomique internationale a défini
la forme et les limites des 88 constellations officielles qui peuplent
dorénavant le firmament. On dénombre ainsi dix-neuf
animaux terrestres, treize humains, dix créatures marines, neuf
oiseaux, un couple de centaures, un dragon, un unicorne et une tête
chevelue.
Sur
des cartes astronomiques ou en dessin, on représente souvent les
constellations comme de beaux dessins qui devraient être relativement
facile de repérer au firmament. Or, il n'en est rien!
L'imagination humaine est si fertile qu'il en faut beaucoup pour repérer
par soi-même les constellations au firmament.
Qui
plus est, celles-ci ne ne sont que des regroupements apparents d'étoiles
qui n'entretiennent entre elles aucun rapport. Souvent, les étoiles
formant une constellation ne sont en aucun cas proches les unes des autres.
Certaines étoiles peuvent n’être qu’à quelques années-lumière
de nous et d’autres à des centaines. Contrairement à ce que
pensaient nos ancêtres, le firmament n’est pas un dôme piqué
d’étoiles, mais un espace tridimensionnel.
Lesquels de ces édifices
sont les
plus proches les uns des autres?!
Les
constellations ne sont que de belles constructions de notre imagination
qui n'ont, en conséquence, aucunes propriétés humaines. |
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