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Des années 1500 à 1900 Récit précédent

Quand les planêtês deviennent des planètes

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     Durant des millénaires, nos ancêtres ont cherché à comprendre la nature de ce qu’ils observaient au firmament. Ils ont donc élaboré quantité de théories pour expliquer la présence des étoiles, le déplacement des planêtês ainsi que le comportement des dieux Soleil et Lune.
      Au départ, leurs explications étaient purement spéculatives, imaginaires et même fantaisistes.  Mais à force de scruter le firmament et de constater le déplacement régulier de la Voûte céleste et des planêtês ainsi que la succession des phases lunaires, l’idée d’un mécanisme — d’une mécanique céleste — a germé.  Mais de quel genre de mécanique pouvait-il s’agir?

     La première constatation que l’on fait lorsqu’on observe le firmament, c’est qu’à l’évidence, tout tourne autour de nous. Tout paraît se lever à l’horizon est pour se coucher sous l’horizon ouest. Nous nous trouvons donc au centre de tout.
     Et puisque tout tourne ainsi, l’idée de cercles et de sphères s’est naturellement développée. Les anciens ont donc imaginé un ensemble de sphères solides placées les unes à l’intérieur des autres, à la manière de pelures d’oignon.
     Cependant, avec le temps, l’idée de sphères concentriques est apparue inadéquate. Au mieux, il y aurait un dôme extérieur — la Voûte céleste piquée d’étoiles — à l’intérieur duquel se déplacent le Soleil, la Lune et les cinq planêtês. L’idée de trajectoires courbes, d’orbites, est ainsi apparue.
     De ce fait, la nature divine qu’on attribuait au Soleil, à la Lune et aux planêtês s’estompait.  N’est-il pas incongru de songer que des divinités doivent se déplacer selon des orbites déterminées?  Sans pouvoir l’expliquer, on comprenait aussi que les phases de la Lune obéissaient à un mécanisme, de même que le lever et le coucher du Soleil. 
     L’idée d’une mécanique céleste a ceci de rassurant qu’elle fait reculer le spectre qu’un jour, sans raison apparente, le Soleil et la Lune cessent de nous prodiguer leur lumière.  Voilà de quoi se rassurer un brin.

Des observations révolutionnaires

     Avec le temps, nos savants ont développé des méthodes pour tout calculer. Ayant inventé les mathématiques et des systèmes de calcul toujours plus avancés, ils ont tenté de calculer la trajectoire des astres dans le but de prédire leurs positions à venir. Hélas, ils se sont rendu compte que jamais ils n’y parvenaient. Et pour cause: leur prémisse de base — tout tourne autour de nous — est erronée!
     Ce n’est qu’il y a cinq siècles que, grâce à l’observation attentive des astronomes combinée au travail des mathématiciens, on a réalisé que les astres ne circulent pas autour de nous.  Notre compréhension du monde a fait un bond en avant lorsqu’on a compris que le Soleil occupe le centre du système et que notre monde et les planêtês tournaient autour. À partir de là, les mathématiciens se sont mis à obtenir de bien meilleurs résultats.
     Un second bond — de géant celui-là — est survenu lorsque l’astronome Galilée a pour la première fois observé le firmament à l’aide d’un télescope. En quelques nuits seulement, il a fait davantage de découvertes que tous ses prédécesseurs réunis!  Il a entre autres découvert l’existence de montagnes et de vallées sur la Lune — celle-ci serait-elle de même nature que notre monde?  Il a aussi observé des taches sombres à la surface du Soleil — l’«astre divin» serait-il imparfait?  Il a découvert que Vénus présente des phases comme celles de la Lune — comment expliquer un tel phénomène?  Enfin, il a découvert quatre petits planêtês tournant autour de Jupiter — une découverte très troublante…
 

La première constatation que l’on fait lorsqu’on observe le firmament, c’est qu’à l’évidence, tout tourne autour de nous. Nous nous trouvons au centre de tout! 

 
Trois représentations de la Terre
comme centre de l'Univers
Nos ancêtres ont imaginé un ensemble de sphères placées les unes à l’intérieur des autres, à la manière de pelures d’oignon, avec la Terre au centre.

 
Géocentrique

Formé à partir de la racine greque géo (terre), l'adjectif géocentrique se rapporte à un système de référence centré sur la Terre.  Le géocentrisme est une ancienne conception du monde selon laquelle la Terre se trouve immobile au centre de tout. Cette théorie date de l'Antiquité et a sévi jusque dans les années 1600.  Elle a depuis été remplacée par l'héliocentrisme (hélios = Soleil), qui place le Soleil au centre du système, alors que la Terre et les autres planètes tournent autour de lui. (Plus dans Wikipédia)

Idées bouleversantes

     En effet, la simple présence d’objets célestes tournant autour de Jupiter a confirmé ce qui n’était jusqu’alors qu’une hypothèse: il existe au moins quatre astres qui n’orbitent pas autour de nous. Les observations de Galilée détruisaient de ce fait notre conception géocentrique du monde — tout n’est pas centré sur nous. (Évidemment, les religions basées sur l’idée que l’homme est au cœur des préoccupations divines s’accommodèrent mal d’un tel bouleversement, Galilée a donc été condamné pour ses observations.)
     À partir de là, les découvertes astronomiques s’enchaînent à un rythme croissant, transformant à tout jamais notre vision du monde.  En particulier, une idée révolutionnaire s’impose: n’étant plus au centre de tout, nous en faisons donc partie. En fait, notre monde tourne autour du Soleil comme les autres planêtês. Nous habiterions donc un astre semblable à ceux-ci. C’est dire que notre monde est sphérique, et non plat, et qu’on peut en faire le tour.  Voilà qui a ouvert la voie aux grandes expéditions maritimes de la Renaissance.
     Du coup surgit aussi le concept révolutionnaire de planètes, c’est-à-dire de mondes semblables au nôtre. La Terre est une planète au même titre que Mars, Vénus, Mercure, Jupiter, Saturne, et toutes circulent autour du Soleil.
     Le concept de planète ouvre la voie à une compréhension plus juste de ce qu’on observe au firmament. Les astres errants sont des planètes qui tournent autour du Soleil.  Celui-ci est une étoile, comme les milliers d’autres qu’on voit briller au firmament.  En fait, ce dernier n’est pas un dôme mais un volume, un espace peuplé d’étoiles.  Il s’agit de l’espace.
     De surcroît, et plus significatif encore, la Terre étant une planète comme les autres, celles-ci devraient normalement être habitées. (Voilà une autre idée qui bouscule les conceptions religieuses liées à «l’homme au cœur de toute préoccupation divine».)
 

Galilée (1564-1642)
ou Galileo Galilei

Savant italien (astronome et physicien) qui a posé les fondements des sciences mécaniques. Galilée est célèbre pour avoir validé la théorie prônant que la Terre et les autres planètes gravitent autour du Soleil. Ses réalisations comprennent le perfectionnement de la lunette astronomique (télescope). 
     Grâce à celle-ci, il commence par découvrir que la surface de la Lune n'est pas parfaite comme le voulaient les croyances de l'époque: il y observe notamment des montagnes (comme sur Terre). Puis il découvre la nature de la Voie lactée (faite de milliers d'étoiles) et constate que certaines étoiles visibles à l'œil nu sont en réalité des groupes d'étoiles. Il étudie également les taches solaires. 
     Le 7 janvier 1610, Galilée fait une découverte fondamentale: il remarque trois petites «étoiles» à côté de Jupiter. Après quelques nuits d'observation, il constate que ce sont en réalité quatre satellites gravitant autour de Jupiter. Le 4 mars 1610, il publie ses découvertes dans Le Messager des étoiles. Pour lui, Jupiter et ses satellites sont un modèle du Système solaire. Grâce à eux, il pense pouvoir démontrer que tous les corps célestes ne tournent pas autour de la Terre — comme on le croyait jusqu’alors. Il sera cependant vivement condamné par l''Église catholique… tout en maintenant ses idées. (Plus dans Wikipédia)

Rêve d’espace

     Désormais, le firmament cesse d’être le théâtre de nos peurs pour devenir un espace fascinant.  À quoi ressemblent les autres planètes?  Combien sont-elles habitées?  À quoi ressemblent leurs habitants? Comment les contacter?  Et puisque le Soleil est une étoile entourée de planètes, est-ce la même chose pour les autres étoiles?
     À partir de là, notre imagination s’enflamme.  Alors qu’une foule d’astronomes étudient l’espace à l’aide de télescopes et des mathématiques, nos conteurs et poètes entreprennent de le décrire. Des récits de voyage vers les planètes, au début fantaisistes mais de plus en plus scientifiques, apparaissent. Tout à coup, on se met à rêver de voyager dans l’espace.
     Restent cependant deux grandes questions à résoudre: à quelle distance se trouvent les autres mondes et comment s’y rendre?

Suire: Du rêve à la réalité

Les neuf planètes
La Terre et les cinq planêtês sont finalement des planètes qui gravitent autour du Soleil. Avec le Soleil en toile de fond, on voit ici (du centre bas jusqu'en haut vers la droite): Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton.  Nos ancêtres auraient été renversés et émerveillés de voir les images que nous avons!
© Claude Lafleur, 2010 Mes sites web: claudelafleur.qc.ca