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L’exploration spatiale en 11 bilans
• Cinquante années d’exploration
et d’utilisation de l’espace
• À quoi servent les satellites
?
• Qui utilise des satellites ?
• La conquête de l’espace en 25
dates
• Neuf découvertes remarquables
• L’espace, un théâtre
d’opérations militaires ?
• Quelles sont les véritables
« retombées spatiales » ?
• À quoi servent vraiment
les satellites militaires ?
• Qu’a-t-on découvert en allant
sur la Lune ?
• Des dépenses (in)justifiables
?
• Que nous réserve l’avenir
?
• Qui suis-je ?
.
56 % de tous les satellites lancés
à ce jour l’a été à des fins militaires. Est-ce
à dire que l’espace est avant tout un territoire de guerre?
Non. Au contraire même.
Lorsqu’on analyse les fonctions
remplies par les 3 665 satellites militaires, on observe que près
de la moitié d’entre eux (48 %) a eu pour tâche de surveiller
ce qui se passe sur la planète ou de détecter le tir de missiles
ou le déclenchement d’essais nucléaires. Or, comme nous le
verrons, ce genre de satellites oeuvre davantage au maintien de la paix
qu’à la conduite d’opérations de guerre.
D’autre part, plus du tiers
(36 %) des satellites militaires assure des services, principalement la
transmission des communications sécurisées, la navigation
(système GPS) et la météo. Enfin, la dernière
tranche (15 %) sert surtout à la mise au point d’équipements
et à l’étude de l’environnement spatial.
En tout et pour tout, on ne
dénombre qu’une centaine de satellites que l’on pourrait qualifier
de «guerriers», la moitié ayant servi à la mise
au point de systèmes anti-satellites et l’autre à des programmes
de type «Guerre des étoiles». Toutefois, aucune
arme n’a jamais été placée en orbite terrestre.
.
On rapporte couramment que les
principaux bénéfices de l’exploration spatiale – ce que la
NASA appelle les retombées spatiales – seraient principalement des
avancées technologiques telles que le velcro, la miniaturisation
de l’électronique et des ordinateurs, la mise au point de tissus
aux propriétés originales (dont le kevlar utilisé
pour les vestes parre-balles) ou encore d’importantes percées médicales.
Or, tel n’est pas le cas.
Les véritables retombées
spatiales, ce sont les satellites qui chaque jour et sans même qu’on
le réalise jouent des rôles prépondérants dans
nos vies. Il en va ainsi des satellites de communication qui relaient non
seulement nos appels téléphoniques à l’échelle
planétaire mais qui assurent également la couverture des
événements sportifs et d’actualité en temps réel.
Ces satellites ont transformé notre planète en un village
global où on suit tout ce qui s’y passe au moment présent.
Il y a en outre les satellites
météo dont les observations sont montrées chaque soir
aux bulletins d’information. De plus, en suivant de jour en jour
l’évolution des ouragans, des inondations et sécheresses,
ainsi que les autres catastrophes naturelles, ces satellites préservent
chaque année des milliers de vies… en plus de faire épargner
des milliards $.
Une autre gamme de satellites
qui préservent directement des vies est celle des engins de sauvetage
qui captent et relaient les signaux de détresse émis par
des balises à bord d’avions, de navires ou transportées par
des voyageurs. Selon l’agence météorologique américaine
NOAA, 222 Américains ont ainsi été secourus en 2005
alors que depuis l’entrée en service du système, en 1982,
18 000 personnes ont été sauvées sur l’ensemble de
la planète.
Par ailleurs, des dizaines
de satellites de télédétection prospectent le globe
à des fins d’agriculture, d’aménagement des territoires,
d’urbanisme, de surveillance de la pollution, etc.
Enfin, savez-vous que
lorsque vous utilisez un récepteur GPS pour vous localiser, vous
recourez à des satellites militaires? Eh oui, vous utilisez
les services des satellites Navstar du Département de la défense
des États-Unis! De fait, l’immense majorité des satellites
militaires remplissent des fonctions pacifiques; en cet âge du nucléaire,
l’humanité leur doit certainement d’exister encore.
Voir aussi «Le rôle vital des satellites»
sur le site Espace 101.
.
Contrairement à ce qu’on
pense généralement, les satellites militaires ne participent
pas à la guerre mais servent plutôt à préserver
la paix.
De fait, la moitié des
3 665 satellites militaires lancés à ce jour agissent comme
espions. Bon nombre d’entre eux sont munis de caméras qui observent
les activités militaires. Un autre type capte les communications
de l'«ennemi», permettant de suivre les déplacements
des équipements et des troupes ainsi qu'une foule d’autres opérations.
Or, les experts s’entendent
pour dire que cette surveillance a joué un rôle crucial dans
le maintien de la paix, particulièrement durant la guerre froide
que se sont livrés les Américains et les Soviétiques
entre 1960 et 1990.
Durant cette période,
les deux camps ont maintenu pointés l’un vers l’autre des centaines
de missiles équipés d’ogives nucléaires prêts
à foncer à la moindre alerte. Or, le fait de suivre en temps
réel ce qui se passait chez l’adversaire, grâce aux données
recueillies par les satellites espions, a sans doute évité
que l’un ne lance une attaque préventive en pensant que l’autre
s’apprêtait à passer à l’offensive.
De surcroît, ces satellites
ont permis, à partir des années 1970, de négocier
des traités de désarmement. Tels que stipulés par
ces accords, ces satellites ont dès lors servi à vérifier
leur application. Autrement dit: sans satellites espions, il aurait été
impensable de conclure de telles ententes, ne sachant pas si les parties
allaient les respecter.
Un autre rôle (très
peu connu) joué par les satellites militaires est la surveillance
des explosions nucléaires. Des satellites spécialisés
sont capables de détecter tout essai nucléaire réalisé
n’importe où sur Terre par n’importe qui. Ils ont à l’oeil
tout particulièrement les gouvernements qui tentent de se doter
de l’arme nucléaire (ces temps-ci: la Corée du Nord et l'Iran).
Mais, fonction encore plus importante, ces satellites servent à
vérifier le respect des traités bannissant tout essai nucléaire
à l’échelle de la planète ainsi qu’à dénoncer
les «états voyous» qui procédaient à de
tels tests.
.
De juillet 1969 à
décembre 1972, six équipages d’Apollo ont exploré
autant de sites lunaires. Douze hommes ont passé douze jours et
demi sur la Lune, recueillant 400 kilos d’échantillons et prenant
des milliers de clichés. Le programme Apollo ayant coûté
25 milliards $us de l’époque – une somme qui correspond aujourd’hui
à plus de 100 milliards $ –, on peut se demander si l’effort en
a valu la peine. Autrement dit: n’aurait-on pu consacrer une telle somme
à quelque chose de plus utile?
Or, la véritable
découverte des expéditions Apollo a été...
notre Terre.
En effet, les images et
les témoignages que nous ont rapportés de la Lune les astronautes
nous ont révélé que la Terre est un véritable
joyau fragile perdu dans l’immensité cosmique. Les photos de notre
petite planète bleue ont frappé l’imaginaire populaire, au
point de donner naissance à une vaste conscience planétaire
quant à l’urgence de protéger le seul endroit de l’Univers
sur lequel nous pouvons vivre.
Ce n’est d’ailleurs pas
un hasard si les mouvements écologiques ont connu leur essor durant
les années 1970 alors que jusqu’alors, on polluait l’air, la terre
et l’eau sans s’en soucier. Les photos prises par les astronautes d’Apollo
nous ont donc sensibilisés et ont profondément bouleversé
notre mode de vie.
Ainsi, à la question
«Qu’a-t-on découvert en allant sur la Lune?», la réponse,
la vulnérabilité de notre planète, n’avait d’aucune
façon été envisagée au départ. Et ne
serait-ce que pour cette prise de conscience, le programme Apollo vaut
toutes les sommes qui lui ont été consacrées.
Voilà un bel exemple
du fait que, lorsqu’on entreprend une quête (personnelle ou scientifique),
il arrive que les résultats bouleversent notre existence...
(Référence 4)
Source: Postface de mon livre La
Grande aventure d’Apollo 11.
.
Il est impossible de calculer
combien on a consacré en cinquante ans à l’exploration et
à l’utilisation de l’espace et ce, pour plusieurs raisons.
D’une part, il faut tenir compte de l’inflation: un dollar de 1957 n’ayant
pas la même valeur qu’un dollar d’aujourd’hui, on ne peut additionner
tout bonnement les montants d’une année à l’autre. Il y a
en outre le problème des équivalences monétaires:
dollars, francs, euros, roubles, yens, yuans, etc. Enfin, quantité
de dépenses demeurent secret d’État, notamment celles des
gouvernements russes et chinois, ainsi que la répartition des crédits
militaires pour la plupart des gouvernements...
Néanmoins, il est possible
d’en arriver à un estimé global en prenant les données
disponibles et en faisant des suppositions raisonnables. Par exemple,
on sait que la NASA a bénéficié de sommes totalisant
635 milliards $ depuis sa création (en dollars de l’an 2000) alors
que la Défense américaine consacre au spatial environ 20
% de plus… soit, disons, quelques 760 milliards $.
Or, lorsqu’on fait l’exercice
le plus justement possible, on en arrive à estimer qu’on a consacré,
de 1957 à nos jours, de 2 à 3 billions $us - c’est-à-dire
de 2 à 3 mille milliards de dollars américains. C’est
là une somme considérable, astronomique même, qui dépasse
l’entendement.
Qu’aurait-on pu faire d’autres
avec tant d’argent? Évidemment, penseront immédiatement
certains, on aurait pu employer ces billions à des fins plus utiles
que d’aller «dans la Lune», notamment pour combattre la faim,
la pauvreté ou d’autres calamités qui affligent l’humanité.
Mais on peut tout aussi bien
comparer les dépenses spatiales à d’autres types de dépenses.
Par exemple, le budget fédéral américain s’élève
à 2,9 billions $ pour l’année en cours. C’est dire
qu’en une seule année, l’administration Bush dispose d’autant de
fonds que ce que le monde entier a consacré au spatial depuis Spoutnik.
En outre, depuis 1957, les Américains ont dépensé
plus de 16 billions $ en activités militaires. On estime par
ailleurs que le total des dépenses militaires pour l’ensemble des
gouvernements s’élève annuellement à 1,2 billion $…
* | En fait, si on suppose qu’environ 10 % des habitants de la planète sont assez fortunés pour financer des activités spatiales – ce qui est probablement assez proche de la réalité –, on pourrait dire que ceux-ci (vous et moi) y consacrent une centaine de dollars par année. |
À l’époque de Spoutnik,
bien malin qui aurait pu prédire que douze ans plus tard, des hommes
marcheraient sur la Lune. Dans les faits, la conquête spatiale
ne s’est pas déroulée comme prévu puisque le défi
lunaire lancé par Kennedy est venu tout bouleverser.
De même, bien malin qui
pourrait aujourd’hui prévoir ce que nous réservent les prochaines
décennies. Pour l’heure, à la suite de la perte de
Columbia, le président Bush fils a lancé sa propre Vision
de l’exploration spatiale en ordonnant la cessation des vols de Navette
pour 2010 et l’abandon ipso facto de la Station spatiale internationale
une fois son assemblage terminé. Il préconise en remplacement
une stratégie d’étapes qui, si tout va bon train, nous ramènerait
sur la Lune dans dix ans avant de poursuivre vers Mars d’ici une vingtaine
d’années.
Toutefois, devant les
coûts exorbitants de la lutte contre le terrorisme et l’incursion
désastreuse en Irak, il y a fort à parier que le prochain
président, quel qu’il soit, devra sabrer dans les dépenses
gouvernemen-tales et que l’une des premières coupures pourrait bien
ëtre la vision spatiale de son prédécesseur.
On pourrait donc se retrouver,
d’ici quelques années à peine, dans l’incapacité d’envoyer
des humains en orbite terrestre.
(*) Voir à ce sujet mon ouvrage Comment
savoir si nous sommes seuls dans l‘Univers ?
* * *
Je suis, pourrait-on dire, un
«enfant du Spoutnik» puisque, le 4 octobre 1957, j’étais
à sept mois et deux jours de naître… (Peut-être ma mère
a-t-elle découvert mon existence en même temps que le monde
apprenait celle du premier satellite?!)
Toujours est-il que l’exploration
spatiale est la passion de ma vie. Depuis l’âge de 11 ans,
je suis au quotidien les péripéties de l’aventure spatiale.
Depuis 1983, je couvre l’actualité scientifique pour maints médias
(dont Le Devoir, Québec Science, La Presse, RDI, etc.). J’ai
en outre rédigé des milliers de textes sur l’exploration
spatiale, notamment sur mes quatre sites web, ainsi qu’une demi-douzaine
de livres. (Pour en savoir plus, consultez ma page «Pleins feux…»)
J’ai entre autres confectionné
le site web Spacecraft Encyclopédia qui recense les 6 600 satellites
lancés à ce jour. C’est la seule source où vous
trouverez la synthèse de ce qui s’est fait dans le domaine ces cinquante
dernières années.
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