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Criminalité : sommes-nous en danger ?

     N’avons-nous pas tous l’impression de vivre dans une société de plus en plus dangereuse? Est-ce vraiment le cas? Voyons donc ce que nous disent les faits.

     Mais, pour commencer, que pensez-vous du niveau de criminalité que l'on subit. Voici cinq affirmations courantes, qu’en pensez-vous? 

     D’après vous, est-il exact que:
 
1) La criminalité est en hausse au Québec, comme partout ailleurs en Amérique du nord.
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2) La plupart des meurtres sont commis par des personnes inconnues des victimes.
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3) Il est plus dangereux de vivre dans une grande ville qu’à la campagne.
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4) Les personnes âgées sont plus souvent victimes de crimes avec violence.
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5) La plupart des agressions sexuelles contre les femmes sont commises par des inconnus.

     Eh bien, dans tous les cas, c’est faux.  C’est faux parce que:
 
1) Depuis quinze ans, les principaux indicateurs de criminalité (meurtres, agressions sexuelles, voies de fait, vols) sont en baisse tant au Québec, au Canada qu’aux États-Unis.
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2) La moitié des victimes d’homicides sont tuées par leur conjoint, un parent ou un autre membre de la famille, alors que le tiers le sont par une connaissance. De fait, moins d’un homicide sur cinq est commis par un inconnu.
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3) Le taux d'infractions au Code criminel dans les grandes villes canadiennes est comparable à celui des petites villes, des villages et des régions rurales.
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4) Moins de 2% de toutes les infractions criminelles avec violence ont touché des personnes âgées (65 ans et plus). Ce sont plutôt les jeunes (15-24 ans) qui sont victimes de crimes avec violence (29% des cas).
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5) Dans le tiers des cas d'agressions sexuelles, l'agresseur est une connaissance et dans le quart des cas, c’est un membre de la famille. Environ le quart des victimes sont agressées sexuellement par un inconnu.

     Tel que l’illustre ces cinq «vrai ou faux», on a souvent une mauvaise perception de la criminalité. 

     Ainsi, un autre «mythe» fort répandu est que nous vivons dans une société de plus en plus dangereuse. Encore-là, c’est faux puisque comme le relate par exemple le rapport de la Sécurité publique du Québec, «En 2005, le taux de criminalité au Québec enregistre une légère baisse de 1,9%, prolongeant ainsi la tendance à la baisse visible depuis le début des années 90.»

     Pourquoi a-t-on tant de fausses notions concernant la criminalité? On pourrait probablement blâmer les médias qui jouent à la une les faits divers criminels. Mais il faudrait sans doute aussi blâmer notre fascination pour les histoires sordides. Aucun doute que les crimes nous fascinent puisqu’il n’y a qu’à voir le nombre d’émissions télé et de journaux qui les jouent en gros titres. 
     La criminalité nous intéresse aussi puisque c’est un phénomène qui nous affecte directement: quant serons-nous victime d’un crime, et que faire pour s’en prémunir? Voilà des questions fort légitimes. Mais qu’en est-il en réalité? Voyons les faits!

Un mythe : nous vivons dans une société dangereuse

     Un fait est incontestable: au cours des dernières décennies - et particulièrement les deux dernières -, la criminalité a diminué un peu partout en Amérique du Nord. 
     En effet, au Québec, en Ontario, au Canada et aux États-Unis, la plupart des indicateurs de criminalité ont baissé de manière importante durant les années 1990.  Par exemple, le taux d’homicide (meurtres) a diminué de 35% au Québec, de 46% en Ontario, de 43% au Canada et de 42% aux États-Unis, alors que pour les autres types de crimes, les baisses se situent entre 16% et 40% au Québec, ce qu’on observe également ailleurs.
     Pourtant, comme le constate sans cesse Marc Ouimet, professeur à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, peu de gens savent que la criminalité est en baisse. Même ses étudiants (en criminologie!) croient que la criminalité et la violence augmentent.  Pourquoi un tel décalage entre la réalité des faits et la perception?  Peut-être, énonce l’expert, parce que les médias nous servent quotidiennement leur lot de crimes et d’histoires sordides qui n’ont rien pour nous rassurer.

Vous n'êtes pas convaincu? Lisez ceci: 
 
· Les tendances de la criminalité au Québec: 1962-2001, un article de Marc Ouimet publié dans l'ouvrage sous la direction de Marc Leblanc, Marc Ouimet et Denis Szabo, Traité de criminologie empirique, chapitre 1, pp. 15-37. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal, 3e édition, 2003, 779 pp.
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· Oh, Canada ! La baisse de la criminalité au Canada et aux États-Unis entre 1991 et 2002, un article de Marc Ouimet publié dans la revue Champ pénal, en mars 2004.
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· Réflexions sur la baisse de la criminalité au Québec livrées par Marc Ouimet le 23 mai 2001, lors de la Conférence d’ouverture au XXXe congrès de la Société de criminologie du Québec 
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· Les Statistiques 2005 sur la criminalité de la Sécurité publique Québec, ainsi que leurs Statistiques annuelles sur la criminalité

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© Claude Lafleur, 2008
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