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La taille de l’économie québécoise, comparée
à celle des 192 pays du globe, nous placerait au 17ème rang
des pays les plus riches. Par contre, comparée aux 50 États
américains et aux 10 provinces canadiennes, on chute au 52ème
rang. (Voir classements ci-contre et ci-dessous.)
C’est la situation paradoxale qu’observe un économiste tel que Pierre Fortin: à l’échelle planétaire, notre économie se classe parmi le 10% des meilleures, alors qu’à l’échelle nord-américaine, on se retrouve plutôt dans le 15% des moins performants. En termes de revenu par habitant, le Québec est à peu près au même rang que la France, l’Allemagne et l’Italie. Par contre, en Amérique du Nord, les provinces canadiennes se rangent derrière la plupart des États américains. «En fait, relate M. Fortin, trois provinces se classent mieux - l’Alberta, Terre-Neuve et la Saskatchewan –, mais c’est parce qu’elles ont gagné au loto des ressources naturelles et des hydrocarbures. Si on omet ces richesses, on constate que toutes les provinces canadiennes sousperforment par rapport au reste de l’Amérique du Nord.» Le piètre classement canadien vient en partie de ce que les États-Unis constituent le pays le plus productif au monde: à eux seuls, ils génèrent 20% de toute la production mondiale! «Cela signifie qu’en dressant le classement nord-américain, on étale la puissance économique des États-Unis, observe Pierre Fortin, qui enseigne la macroéconomie politique à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal. Pratiquement chaque État américain est plus riche que toute province canadienne, et comme il y en a cinquante, on se retrouve nécessairement loin au bas du classement.» De même, si le Royaume uni, la France ou l’Allemagne faisaient partie de l’Amérique du Nord, ils se classeraient respectivement au 20ème, au 25ème et au 35ème rangs. Un mince écart par rapport à l’Ontario «Lorsqu’on regarde la société québécoise, on constate qu’on a fait énormément de progrès depuis cinquante ans, rapporte M. Fortin. On a entre autres grandement comblé l’écart économique qui nous séparait de la moyenne canadienne, et particulièrement de l’Ontario.» Ainsi, dans les années 1960, l’écart entre les économies québécoise et ontarienne était de l’ordre de 30%, alors qu’il n’est plus que de 8%. «Si on prend le revenu par habitant du Québec et de l’Ontario, précise l’économiste, on trouve qu’on est à peu près à 83% de nos voisins. C’est un écart important: 17%.» Par contre, il en coûte moins cher de vivre au Québec qu’en Ontario, de sorte que, par exemple, avec 1000 dollars, on achète davantage ici que chez nos voisins. «En Ontario, l’ensemble de la consommation coûte 15% plus cher qu’au Québec», précise M. Fortin. |
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Puisque la consommation gruge 60% du revenu par habitant, nous bénéficions donc d’un 9% additionnel de pouvoir économique, indique-t-il. Ce 9% s’ajoute au 83%, réduisant à 8% seulement l’écart économique nous séparant de l’Ontario.
«Cependant, nous sommes encore 25% moins riches que les États-Unis!, lance aussitôt M. Fortin, de sorte qu’on peut considèrer que notre verre est à moitié plein ou à moitié vide…»
Pour accroître notre richesse collective
«Si, par rapport à l’ensemble de la planète, nous ne sommes pas si mal, je pense qu’il y a néanmoins place pour pas mal d’amélioration», de poursuivre l'économiste. À son avis, il n’y a aucune raison pour laquelle nous ne serions pas capables d’être aussi riches que la Suisse, les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche, la Finlande, le Royaume uni, la Belgique, la Suède, l’Australie, la Grèce, le Japon… «Pourquoi donc sommes-nous en dessous d’eux?», se demande-t-il.
C’est en partie parce qu’on est moins productif, répond-il. Pourtant, dans certains des pays qui se classent mieux que nous, les gens travaillent moins d’heures qu'ici ou encore, une plus faible proportion de leur population est au travail. «Ils produisent donc plus par heure travaillée que nous le faisons», tranche M. Fortin.
Selon
lui, nous pourrions faire croître notre richesse collective simplement
en consommant moins nos ressources afin de les exporter. Par exemple,
en diminuant notre consommation d’électricité de 10%, nous
pourrions l‘exporter vers les États-Unis sans qu’il ne nous en coûte
quoi que ce soit. «En quelque sorte, on décide actuellement
de se partager nos ressources plutôt que de les vendre, conclut Pierre
Fortin. C’est un choix que nous faisons!»
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Notez que ce classement ne prend en compte que les pays et provinces
canadiennes d'un million et plus d'habitants.
Sources des données pour les tableaux:
• | Gouvernement du Québec, «Tableau 4 3: PIB aux prix du marché par habitant, 1999-2008», dans La production, Tableau statistique canadien, Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes. |
• | Bureau of Economic Analysis, U.S. Government, «Table 2. Per Capita Real GDP by State, 2003-2006», Regional Economic Accounts, |
• | Countries of the World Gross National Product (GNP) per capita - 2005. |
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