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Les secrets des jeux
de hasard dévoilés
Qui
n’a jamais rêvé d’être millionnaire?!
Lorsqu’on
songe à tout ce qu’on pourrait faire avec quelques millions de dollars,
les rêves ne manquent pas!
Mais
comment y parvenir? Si nous ne venons pas d’un milieu aisé
ou qu’on ne peut espérer un héritage généreux,
s’il nous faut travailler dur pour gagner notre vie, si nos projets d’affaire
ne nous ont pas rapporté un gros coup d’argent, il ne nous reste
peut-être plus qu'une solution: le gros lot de la loterie.
Qui joue aux jeux de hasard
?
Selon
les données de Loto-Québec, les deux-tiers d’entre-nous engloutissons
pour plus de trois milliards $ chaque année dans la loto. Cela représente
2000 $ en moyenne par joueur. Ce fait est confirmé par une
étude réalisée par l’Institut national de santé
publique du Québec, qui indique que chaque Québécois
qui s’adonne aux jeux de hasard et d’argent dépense «seulement
pour le jeu étatique» une moyenne de 1788 $ annuellement.
Il ne s’agit pas ici de joueurs pathologiques, précise-t-on.
L’étude
rapporte en outre qu’en 1999, 65% de la population du Québec avait
participé à au moins un jeu, que 47% jouait à la loterie,
43% à la loterie instantanée, 18% au casino, 14% aux machines
à sous (dans les casinos) et 9% aux appareils de loterie vidéo
(hors casino). En outre, 13% jouaient aux cartes entre amis. On calcule
que ces joueurs achètent pour de 9 à 12 $ de billets de loto
par semaine, misent de 9 à 11 $ au bingo, parient de 20 à
60 $ en course de chevaux… et engloutissent de 120 à 145 $ par
semaine dans les machines à sous!
Par
ailleurs, d'après les données du rapport financier de Loto-Québec,
chacun des 7,2 millions de Québécois que nous sommes joué
pour 500 $ durant une année (10 $ par semaine). Toutefois,
on ne remporte qu’un maigre 200 $, pendant que nous donnons au gouvernement
l’équivalent de 180 $. Évidemment, tout le monde ne
joue pas – notamment les bébés naissants et bon nombre d’adultes.
Notons,
au passage, que Loto-Québec rapporte que nous ne sommes pas les
plus gros joueurs au Canada, les Québécois venant même
au huitième rang au Canada quant à la dépense per
capita en jeux de hasard et d’argent .
Pourquoi joue-t-on ?
Qu’est-ce
qui motive tant à jouer malgré le fait que les sommes qu’on
mise semaine après semaine dépassent largement nos gains
(comme nous le verrons sous peu)?
Selon
les spécialistes du Centre québécois d’excellence
pour la prévention et le traitement du jeu de l’Université
Laval, on persiste à jouer en raison d'une conception erronée
du jeu plutôt qu'en raison d'une quelconque carence dans notre éducation,
notre environnement social ou notre personnalité. Bien qu’on
soit relativement rationnels en dehors d’une situation de jeu, il se produit
une sorte de dérapage lorsqu’on joue puisqu’on continue d'appliquer
les principes de raisonnement de la vie de tous les jours à une
situation qui est pourtant dominée par le hasard.
En
effet, dans notre quotidien, nous cherchons naturellement à établir
des relations entre les événements. On examine ainsi
nos expériences passées afin de mieux gérer le présent
et l’avenir. Cependant, dans les situations dominées par le
hasard, cette faculté devient totalement inutile puisque les événements
sont absolument imprévisibles. Chercher des relations entre
les événements en jouant des jeux de hasard et d'argent s'avère
inadéquat et mène inévitablement à des résultats
désastreux. En continuant d'appliquer le principe de cause
à effet, on en arrive même à croire qu’on peut déjouer
le hasard et que le développement de stratégies augmentera
des chances de gagner.
Pourquoi
en est-il ainsi?
Le
piège dans les jeux de hasard et d'argent est de les considérer
comme des jeux d’adresse, ce qui engendre une illusion de contrôle
et fait surestimer nos chances de gagner. Dans un jeu d’adresse,
on apprend de ses erreurs passées pour améliorer sa performance,
alors que dans les jeux de hasard, il est absolument inutile de tenter
d’améliorer nos «stratégies» en examinant les
coups précédents. Les résultats sont déterminés
au hasard, les stratégies ne sont d’aucune utilité.
Testez vos habiletés
Pourquoi,
malgré tout, continue-t-on de jouer? Ou, du moins, pourquoi
sommes-nous tous si tenté de jouer?
Pour
saisir les mécanismes en jeu, rien de tel que quelques petits exercices
pratiques. Jouons donc ensemble quelques jeux et voyons voir ce qui
se passe.
Pour
commencer, voici cinq devinettes simples qui vous permettront de mesurer
votre habileté à estimer vos chances.
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1°) |
Si on lance deux pièces
de monnaie, quelle est la probabilité d’obtenir le côté
face au moins une fois? |
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a) 1 chance sur 2
b) 2 chances sur 3
c) 3 chances sur 4
d) À tout coup ! |
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Réponse |
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2°) |
Vous vous levez si tôt
le matin qu’il fait encore nuit. Vous voulez extirper du tiroir de
la commode une paire de chaussettes de même couleur, sans allumer
de lumière. Comme le tiroir contient 24 chaussettes noires
et 24 chaussettes bleues (non pairées), combien devez-vous en piger
(d’un coup) pour être certain d’avoir au moins deux chaussettes de
la même couleur? |
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a) 3 chaussettes
b) 5 chaussettes
c) 9 chaussettes
d) 25 chaussettes |
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Réponse |
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3°) |
Dans une classe de 30 élèves,
quelles sont les chances pour que deux d’entre eux fêtent leur anniversaire
le même jour? |
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a) 2 chances sur 3
b) 1 chance sur 35
c) 1 chance sur 155
d) 1 chance sur 365 |
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Réponse |
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4°) |
Un chapeau contient dix boules
numérotées de 1 à 10. Quelle chance a-t-on de
piger le chiffre 7 puis le chiffre 3? |
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a) 1 chance sur 25
b) 1 chance sur 50.
c) 1 chance sur 90.
d) Impossible de répondre
à cette question. |
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Réponse |
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5°) |
Un chapeau contient dix boules
numérotées de 1 à 10. Vous pigez deux fois de
suite la boule 7. Quelle chance avez-vous de la piger une troisième
fois? |
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a) 1 chance sur 5
b) 1 chance sur 10
c) 1 chance sur 30
d) 1 chance sur 100 |
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Réponse |
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Quelles sont vos chances
de gagner ?
À
quelle conclusion arrivez-vous: êtes-vous habile à estimer
vos chances? Combien de devinettes avez-vous réussies?
Toutes les 5, ou 4, 3, 2, 1… ou aucune?! Quoi qu’il en soit, voici
trois autres chances de vous rattraper.
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6°) |
Vous habitez dans une grande
ville (comme Montréal) et votre nom figure dans le bottin téléphonique
de celle-ci. Quelles sont les chances pour que vous tombiez sur votre
nom en ouvrant le bottin tout à fait par hasard et en y laissant
tomber votre doigt quelque part sur l’une des deux pages qui se présentent
à vous? |
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a) 1 chance sur 500 000
b) 1 chance sur 1 million
c) 1 chance sur 2 millions
d) 1 chance sur 10 millions |
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Réponse |
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7°) |
Et maintenant, si, à
chaque tirage de la 6/49 des 50 prochaines années (à raison
de 2 tirages par semaine), vous achetiez dix billets qui, chacun, vous
donne une chance sur 14 millions de gagner le gros lot, quelles seraient
vos chances de remporter le gros lot? |
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a) 1 chance sur 270
b) 1 chance sur 9 400
c) 1 sur 14 millions |
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Réponse |
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8°) |
Voici une dernière chance
de vous rattraper! Vrai ou faux: il y a davantage de chances pour
que la combinaison 9-12-29-34-39-45, complémentaire 18, sorte lors
d’un tirage de la 6/49 que la combinaison 1-2-3-4-5-6, complémentaire
7? |
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Réponse |
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Ultime test : vaut-il
mieux tout miser d’un coup ?
Un
autre bel exemple de la difficulté d’estimer nos chances de gagner
nous est proposé par Denis Labelle, statisticien et professeur de
l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Il nous pose le problème suivant: quelle stratégie un joueur
à la roulette doit-il adopter pour avoir les meilleures chances
de doubler les 100$ qu’il a en poche? Doit-il, par exemple, miser
une série de petites sommes – 2$ ou 5$ à la fois – ou, au
contraire, jouer ses 100$ d’un coup? Y a-t-il une stratégie
meilleure à suivre?
Qu’en
pensez-vous?
Le
prof Labelle nous dit que si le joueur mise ses 100$ d'un seul coup (sur
le rouge par exemple), il aura 9 chances sur 19 de doubler sa mise, donc
de se retrouver avec 200$. Évidemment, dans ce cas, il perdra
tout son avoir ou il le doublera; c’est quitte ou double. Il a donc
47,7% de chance d'atteindre son but (et 52,3% de tout perdre).
Par
contre, calcule le statisticien, s'il gage par sommes de 50$, le joueur
aura 44,8% de chance de parvenir à doubler son montant de départ.
S'il ne gage que 1$ à la fois, il n'a plus qu'une chance sur 37
650 d'atteindre son but. Il a en outre 1 chance sur 10 d’atteindre
les 200$ s'il mise 5$ chaque fois et 1 chance sur 195 s’il mise 2$ du coup.
Ainsi,
conclut Denis Labelle, à la roulette, mieux vaut gager d'un coup
que de faire un très grand nombre de petites mises. Autrement,
en jouant de petites sommes, le casino est pratiquement assuré de
gagner. «Quand on joue un seul coup, le hasard fait qu'on peut
tout gagner ou tout perdre, dit-il. Si je gage 100$ sur le rouge
au casino, j'ai un peu moins d'une chance sur deux de gagner, mais je peux
gagner. Tandis que si je gage mes 100$ sur le rouge en misant 1$
à la fois, je suis presque certain de le perdre.»
Pour
le statisticien, il ne fait aucun doute que quelqu'un qui passerait ses
journées à miser 5$ à la roulette perdrait immanquablement.
Il estime que le joueur n’a en effet qu’une chance sur un milliard de faire
un profit au bout de plusieurs milliers de mises. «Quand on
joue peu longtemps, dit-il, on peut gagner ou perdre, mais à la
longue, on perd toujours…»
Voilà
précisément ce qui explique que, à l’occasion, une
personne qui passe une soirée au casino ressorte «gagnante»
(c’est-à-dire avec plus d’argent en poche qu’elle en a joué).
Toutefois, ceux qui y vont de temps à autres sont presque à
coup sûr perdants alors que c’est encore plus vrai pour ceux qui
y jouent régulièrement…
«Quand
on joue à un jeu désavantageux pour nous, de conclure le
spécialiste, mieux vaut faire une seule grosse mise – un seul gros
«tout ou rien» –, que de faire un très grand nombre
de petites mises séparées. Le calcul des probabilités
est incontournable quand on fait un grand nombre de petits paris.»
Qui gagne à la loterie
?
Comme
le montrent les exercices précédents, les chances de gagner
à un jeu de hasard sont généralement difficiles à
estimer. Pourtant, au quotidien, on pense souvent être en mesure
d’évaluer assez correctement les probabilités d’un événement,
qu’il se produise ou non. Combien de fois se dit-on: «C’est
un hasard extraordinaire…!» ou «Mes chances sont particulièrement
bonnes de…»? En réalité, on se méprend
presque à tout coup.
L’une
des notions fondamentales sur laquelle on trébuche souvent – consciemment
ou non – est de considérer que les tirages de numéro sont
liés entre eux. Par exemple, dans un chapeau contenant dix
boules, vous tirez une à une les boules (sans les remettre), les
probabilités de tirer un numéro dépend bien entendu
des piges précédentes. Ainsi, à la toute fin,
s’il ne reste que deux boules et que le 7 n’est pas encore sorti, il y
a alors une chance sur deux pour qu’il soit pigé. Par contre,
si chaque fois on remet la boule pigée dans le chapeau, il y a toujours
une chance sur dix pour que le 7 (ou tout autre nombre) sorte, même
à la dixième pige. C’est «simple» et «évident»
dites-vous? Pourtant, combien de fois se plaît-on à
imaginer le contraire?
Ainsi,
au moment du tirage des 6 numéros de la 6/49, on se retrouve en
présence de la première situation (les boules tirées
n’étant jamais remises dans le bouclier). Par contre, d’un
tirage à l’autre, tous les numéros ont autant de chance de
sortir. Pourtant, nombreux sont ceux et celles qui pensent qu’il
y a des «chiffres chanceux», des boules qui auraient davantage
de chance de sortir que d’autres? Combien pensent qu’une combinaison
aussi simple que 1-2-3-4-5-6 a moins de chance de se produire qu’une combinaison
comme 5-12-19-26-31-44? Certains pensent même que lorsqu’un
numéro n’est pas apparu depuis un certain temps, il a davantage
de chance de sortir la prochaine fois!
Le
juste calcul des probabilités de gagner ou non à tout jeu
de hasard repose essentiellement sur une juste appréciation des
relations qui existent entre les événements possibles.
Or, le calcul de nos chances n'est, à toute fin pratique, jamais
intuitif.
Par
exemple, pourquoi dit-on qu’on a une chance sur 14 millions de gagner le
gros lot de la 6/49? À cause du calcul suivant: il s’agit
dans les faits d’obtenir 6 bons numéros parmi 49 possibles.
Nos chances sont donc de:
49 x 48 x 47 x 46 x 45 x 44
-----------------------------
= 13 983 816 combinaisons possibles
1
x 2 x 3 x 4 x 5 x 6
Soit,
en arrondissant, une chance sur 14 millions. Autrement dit: il y
a 14 millions de façons de choisir 6 objets parmi 49. Bien
sûr, il est difficile de s’imaginer ce que représente une
telle «chance».
Le
statisticien Denis Labelle donne l’exemple suivant. Imaginons qu’on
se procure 14 millions de billets de 6/49 et qu’on les empile les uns par-dessus
les autres. On obtiendrait alors une colonne de billets aussi haute
qu’un édifice de 200 étages – soit les deux feu tours du
World Trade Center mises l’une par-dessus l‘autre! Maintenant, essayons
de trouver le billet gagnant du gros lot qui se cache quelque part dans
cette immense colonne!
Une
autre façon d’entrevoir ce que représente une chance sur
14 millions consiste à imaginer qu’on se décide à
se procurer toutes les combinaisons possibles de six chiffres afin d’être
certain de remporter le prochain gros lot. En supposant que nous
ne mettions que dix secondes à remplir chaque grille de six chiffres
et à les faire valider, cela demanderait 140 millions de secondes…
autrement dit : 1 620 jours ou 4½ années! Nous avons
besoin de nous y prendre d’avance. Évidemment, l’opération
nous coûterait 14 millions $!
Il
n’y a pas que le «gros lot» à gagner lors d’un tirage
de la 6/49. Selon que notre billet comporte 3, 4, ou 5 des numéros
gagnants (avec le complémentaire ou non), nous reporterons des lots
compris entre 10$ et quelques centaines de milliers$. Mais quelles
sont nos chances d’avoir trois, quatre ou cinq bons numéros?
Nous
avons 1 chance sur 57 d’avoir 3 bons numéros sur 6.
Nous
avons 1 chance sur 1 027 d’avoir 4 bons numéros sur 6.
Nous
avons 1 chance sur 55 360 d’avoir 5 bons numéros sur 6.
Nous
avons 1 chance sur 2 325 000 d’avoir cinq bons numéros et le numéro
complémentaire.
Mais nous
avons aussi 13 723 192 chances sur 13 983 816 de ne rien gagner du tout,
soit 98.1%!
Notez
que si nous achetions dix billets à chaque tirage, nous aurions
alors une chance sur six de gagner 10 $, les probabilités sont donc
assez bonnes pour que nous remportions de temps à autre un «beau
10 $». Nous pourrions ainsi clamer, comme le font quantité
de joueurs fréquents: «Je gagne souvent à la loto!
Du moins, je n’y perds rien». Toutefois, dépenser 60$
pour en remporter 10 $ est un bon placement pour… Loto-Québec!
Les
faits sont hélas incontournables: moins de 2% des billets de la
6/49 rapportent un lot (si minime soit-il) alors que 98% sont perdants.
En outre, comme le montrent les données de Loto-Québec, lors
des tirages, moins de la moitié des sommes misées sont distribuées
à des gagnants. C’est dire qu’en jouant, à la longue
nous ne remporterons au mieux que la moitié de nos mises (sous forme
de petites sommes)… alors que nous perdons immanquablement plus de la moitié
de ce que nous «investissons».
Pourtant,
les joueurs dépensent chaque année une quarantaine de dollars
semaine après semaine, sans se décourager de ne remporter
pas même la moitié de leur mise.
Comme
le relate si justement le site web du Centre québécois d’excellence
pour la prévention et le traitement du jeu de l’Université
Laval: «D'un point de vue économique, s'adonner aux jeux de
hasard et d'argent représente un paradoxe car les gens “investissent”
leur argent dans une activité qui, à coup sûr, leur
en fera perdre à long terme. En effet, aux jeux de hasard
et d’argent, la maison (l’organisateur) se garde toujours une part de l’argent
misé. Par exemple, Loto-Québec garde 8 % de l’argent
misé aux appareils de loterie vidéo. Bien sûr,
quelques personnes gagnent occasionnellement beaucoup plus que ce qu’elles
ont dépensé. Mais une perte financière est inévitable
pour ceux qui jouent régulièrement.»
C’est
d’ailleurs ce que démontrent clairement les données de Loto-Québec.
Cette
illusion de contrôle, qui peut être d’ailleurs très
forte, a pour conséquence d’augmenter l’intérêt pour
le jeu et le montant d’argent qu’on est prêt à miser.
L’exemple le plus évident de l’illusion de contrôle est très
certainement le comportement superstitieux. Bon nombre d’adeptes
du bingo possèdent des porte-bonheur, d’autres exécutent
des rituels avant de miser de l’argent, croyant que ceux-ci feront tourner
le jeu en leur faveur. Choisir des numéros spécifiques
au Lotto 6/49 est également une manifestation de l'illusion de contrôle
de même que changer de machine à sous pour augmenter ses chances
de gagner.
Même
si on en vient à croire pouvoir contrôler l’issue du jeu,
il n’en demeure pas moins qu’on perd plus qu’on ne gagne. L’expérience
au jeu de même que le nombre de dollars qui fuient notre portefeuille
devraient nous indiquer que jouer n’est pas une activité rentable.
Par contre, les joueurs ne font pas une évaluation objective des
résultats et de leur comportement. Les coïncidences du
jeu font en sorte qu’à l’occasion, un gain viendra renforcer certains
comportements ou certaines pensées. Leur interprétation
biaisée des résultats fera en sorte qu'ils attribueront ces
gains à leurs « habiletés » ou « intuitions
» (« Je savais que je gagnerais, je le sentais !») et
les échecs à des facteurs extérieurs (« Ce n’est
pas une machine payante !»), préservant ainsi leur illusion
de contrôle. Persuadés qu’ils finiront par gagner un
jour, ils ne prennent pas conscience que leur mode de pensée est
inefficace.
Les
pensées erronées se retrouvent aussi bien chez les joueurs
occasionnels que chez les joueurs excessifs. Cependant, elles sont
plus fréquentes et plus fortes chez ces derniers. Le joueur
excessif est convaincu que sa manière de jouer est importante pour
gagner alors que le joueur occasionnel reconnaîtra plus facilement
qu’au bout du compte, sa façon de jouer ne change rien aux résultats
obtenus.
Un
autre facteur qui distingue les joueurs occasionnels des joueurs excessifs
est la motivation de ces derniers à gagner de l’argent. La
motivation monétaire est la première raison pour laquelle
tout le monde joue ; la participation accrue des gens au Lotto 6/49 lorsque
le gros lot atteint plusieurs millions montre de façon éloquente
cette motivation.
Les
joueurs occasionnels espèrent gagner de l’argent mais ils ne considèrent
pas le jeu comme une source de revenus; alors que les joueurs excessifs,
eux, considèrent le jeu comme une source potentielle de revenus.
Des gains importants peuvent avoir influencé à la hausse
leur désir de faire de l'argent. En effet, plusieurs joueurs
excessifs ont le souvenir d'avoir gagné « beaucoup d’argent
» à leurs premières expériences avec le jeu.
Ces gains stimuleraient davantage leur motivation à faire de l'argent
et leur illusion de contrôle. Une fois dans la spirale du jeu,
le besoin de gagner de l’argent se transforme en besoin de récupérer
les pertes engendrées par le jeu régulier. Le joueur
tente de se refaire indéfiniment puisque, comme nous le verrons,
il ne se rend pas compte qu’il ne peut sortir gagnant d’un jeu totalement
dominé par le hasard.
Prendre garde à la
notion de chance
On a beau démontrer que, tout compte fait, on est perdant en jouant
à des jeux de hasard – « tout le monde sait ça, voyons
donc ! » – on n’en continue pas moins de jouer quand même.
Pourquoi ? Tout simplement parce que nous sommes confrontés
à un mécanisme de conditionnement psychologique redoutable:
le renforcement occasionnel et aléatoire.
Il existe, nous en sommes tous conscients, plusieurs mécanismes
de renforcement puisque nous sommes conditionnés, dès notre
enfance, par les récompenses qui suivent nos « bonnes actions
». C’est d’ailleurs ce mécanisme qui fait que bon nombre
d’entre nous se levons tous les lundi matins pour aller travailler : une
« bonne semaine » de travail étant couronnée
par une « bonne paie ». De même, une mauvaise action
est sanctionnée… par une amende ou une contravention.
L’espoir de gagner le
« gros lot »
Il existe
cependant un mécanisme de renforcement encore plus efficace : la
possibilité de recevoir une formidable récompense, à
un moment inattendu, parce qu’on se comporte sans cesse de la bonne façon.
Concrètement
: si à chaque fois que notre enfant se « comporte bien »,
nous lui donnons une petite récompense (un bon dessert, par exemple),
celui-ci finira par se lasser. De temps à autre, n’ayant pas
envie de dessert, il se comportera comme bon lui semblera… et tant pis
pour le dessert ! Par contre, si en se comportant bien, il sait qu’il
court la chance de recevoir une « grosse récompense »
– l’objet dispendieux dont il rêve tant – il désobéira
beaucoup moins fréquemment au cas où...
Pour
que ce mécanisme fonctionne bien, il importe qu’il donne des résultats
de temps à autre – des renforcements –, sans quoi l’enfant finira
par se lasser. Il faut donc à l’occasion lui donner quelque
chose qu’il convoite… sans toutefois lui décerner le « gros
lot ». Une bonne façon de maintenir son intérêt
est de lui donner de temps en temps de petites récompenses : il
peut parfois s’agir d’un bon dessert, parfois d’une sortie au cinéma
(avec pop-corn et boisson gazeuse), parfois d’un vêtement et, peut-être
même ultimement, de l’objet de ses rêves.
Toutefois, ce qui importe avant
tout pour que ce conditionnement opère vraiment bien, c’est que
la récompense (si minime soit-elle) arrive toujours à un
moment imprévisible pour l’enfant… qu’elle lui paraisse «
tomber du ciel » alors que, bien sûr, il continue toujours
de bien se comporter.
Bien
utilisé, ce mécanisme psychologique est extrêmement
efficace, redoutable même. À preuve ? C’est exactement
de cette façon que fonctionnent les tirages de loterie. Chaque
semaine, vous vous comportez « bien » en achetant fidèlement
vos billets de loto. De temps à autre, assez fréquemment
même, mais sans jamais que vous ne puissiez le prévoir, vous
remportez un petit quelque chose : un 5 $, un 10 $, un billet gratuit ou
un 25 $. Dieu que ça fait plaisir ! Il arrive même
à certains de remporter un lot assez important, quelques milliers
de dollars, sinon même davantage. Bien sûr, tout cela
renforce notre conditionnement en nous donnant l’espoir qu’un jour nous
remporterons le gros lot. Cela arrive d’ailleurs, puisque de temps
à autre, quelqu’un (dont on entend abondamment parler dans les médias)
a la suprême chance de remporter le million $.
Mais
réalisons-nous que, selon les données de Loto-Québec,
sur les 450 millions de billets de 6/49 achetés en une année,
une vingtaine seulement ont permis de gagner le million $ ?!
Néanmoins,
comme le mécanisme de renforcement est extrêmement efficace
(puisqu’il y a des milliers de petits lots à gagner), on continue
de jouer semaine après semaine. Après tout, pourquoi
ne pas courir la chance, si minime soit-elle, de gagner le million $ ?
Si
le jeu est un amusement pour la majorité des gens, le jeu excessif,
quant à lui, détruit graduellement la qualité de vie
des individus, lit-on sur le site web du Centre québécois
d’excellence pour la prévention et le traitement du jeu de l’Université
Laval
Quel
est le portrait-type de la joueuse ou du joueur excessif ? Contrairement
à ce qu’on pourrait croire, il n'en existe aucun. Le jeu excessif
se retrouve dans toutes les couches de la société : riches
ou pauvres, travailleurs ou chômeurs, hommes ou femmes, jeunes ou
vieux, tous peuvent être à risque de développer un
problème de jeu.
Peu
importe la personne atteinte, le joueur qui a un problème de jeu
s'endette considérablement et essaie de se procurer de l'argent
pour jouer. Tous ces comportements lui amènent des ennuis
au travail (absentéisme et improductivité), mettent en péril
sa santé physique et psychologique et peuvent faire souffrir les
membres de sa famille.
L'évolution vers le
jeu excessif se fait habituellement en trois phases. Chacune de ces
phases peut durer de quelques mois à plusieurs années selon
la personne impliquée.
La phase de gain. L'individu
joue régulièrement et ne vit pas de difficulté particulière.
Le joueur remporte souvent une somme d'argent importante et plus élevée
qu'à l'habitude. Confiant en ses habiletés et développant
l'illusion qu'il peut reproduire ce gain, il augmente considérablement
sa fréquence de participation au jeu. Les gains lui apportent
du pouvoir et de la reconnaissance sociale, et il est très généreux
envers sa famille et ses amis.
La phase perdante. L'individu
joue régulièrement et augmente ses mises, convaincu de l'impossibilité
de perdre. Pourtant, il s'appauvrit peu à peu. Il attribue
ses pertes à des conditions extérieures (par exemple, la
piste de course était en mauvais état ou le croupier du casino
était contre lui). Il nie la réalité, tant il
est certain qu'il retrouvera sa forme d'antan. Dans ses tentatives
de récupérer l'argent perdu au jeu (« se refaire »),
le joueur s'enlise dans un cercle vicieux, s'endette et ment à son
entourage au sujet de ses absences prolongées, de ses pertes et
de son manque d'argent.
La phase de désespoir.
Pendant cette période, le joueur croit encore pouvoir gagner, mais
perd presque toujours. Le jeu devient progressivement tout ce qui
importe dans sa vie. Il subit une véritable perte de contrôle
dans laquelle se renforcent les comportements typiques des problèmes
de dépendance.
Un individu en phase de désespoir
n'aura pas d'autres choix que de consulter. Il est souvent dit que
les joueurs doivent atteindre le « fond du baril » avant d'aller
chercher de l'aide. Les gens qui consultent sont souvent dans cette
situation. Malgré tout, de plus en plus de gens vont voir
un spécialiste de la santé mentale avant d'être en
phase de désespoir, ce qui les aide à repartir du bon pied
avant d'avoir tout perdu. |
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