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Le Carnet 2007
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Un peu moins de français et d’anglais
au Canada comme au Québec

     Tel que relaté le 4 décembre, les plus récentes données extraites du Recensement 2006 indiquent qu’au Québec, 81% de la population vit en français, 10% en anglais et 9% dans une autre langue.  Dans le reste du Canada, 85% vit en anglais, 2% en français et 13% autrement.
     En comparant ces données à celles des recensements antérieurs, on découvre qu’il s’agit de légers reculs tant pour l’anglais que pour le français, au profit des autres langues.  Ainsi, au Canada (sans le Québec), la proportion des personnes utilisant l’anglais à la maison est passée de 87% en 1991 à 85% aujourd’hui, alors que celle des francophones a chuté de moitié, passant de 4,4 à 2,4%, comme le montrent les graphiques suivants:


     Au Québec, la proportion des personnes vivant en français est passée en quinze ans de 83 à 81%, alors que celle des anglophones a diminué de 11 à 10%, comme l’illustrent ces graphiques:


Source: Statistique Canada, Recensement de 1996 : langue maternelle, langue parlée à la maison et connaissance des langues, 2 décembre 1997.
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Bouleversements climatiques 2007

     Selon l'Organisation météorologique mondiale, l'année 2007 a été une autre année chaude à l'échelle planétaire, alors que l'hémisphère nord a connu la deuxième température moyenne la plus élevée des cent dernières années.  Au Canada, 2007 marque la onzième année chaude d'affilée (quoiqu'elle n'ait pas été aussi chaude que les dernières années). L'année a entre autres été marquée par le deuxième hiver le plus doux jamais enregistré ainsi que par le septième été le plus torride. (Bonne nouvelle: il n'y a pas eu de cannicule à Montréal.)
     L'un des principaux événements de 2007, selon les Nations Unies, est la disparition des glaces du Pôle nord.  Un glacier de la taille de l’Ontario a fondu en un an seulement, alors que les spécialistes s’attendaient à ce qu’une fonte aussi considérable prenne des décennies.  Cette perte de glace est si inattendue qu'elle est classée comme l'événement météorologique le plus marquant de 2007.
     Autre signe de bouleversements climatiques: les hivers contrastés qu’on connaît au Québec. Alors que les Fêtes de 2006 s’étaient passées sans neige et que l'hiver ne s’était amorcé qu’en février, l'hiver 2007 a commencé très tôt avec d’importantes chutes de neige. (Peut-être devrions-nous apprécier cet hiver comme l’un des rares du type de ceux qu’on a connu durant notre enfance?  En effet, il est probable qu’à la suite du réchauffement des températures, on vivra de moins en moins d’hivers aussi enneigés.)
     «Les Canadiens se souviendront peut-être de 2007 comme de l'année durant laquelle les changements climatiques ont commencé à se faire sérieusement sentir dans leur pays», commente Environnement Canada.

Source: Environnement Canada, Les dix événements météorologiques canadiens les plus marquants de 2007 et Faits saillants météorologiques  pour le Québec, 27 décembre 2007 ; NOAA, 2007 a Top Ten Warm Year for U.S. and Globe, 13 décembre 2007 ; Cyberpresse, La fonte des glaces dans l'Arctique est l'événement météo 2007, 27 décembre 2007.
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Mondialisation avancée

     Le 21 décembre, une fusée européenne Ariane lance deux satellites de communication, l’un américano-japonais et l’autre africain. Construits aux États-Unis et en Europe, ces satellites ont d’abord été acheminés à la base de lancement située en Amérique du Sud par des avions gros-porteurs russes Antonov. 
     Une semaine plus tôt, le satellite canadien Radarsat 2 avait été orbité par une fusée russe lancée depuis un cosmodrome kazakhe.  C’était la seconde fois cette année qu’un satellite canadien était acheminé dans l'espace de cette façon.  Signalons enfin qu’un an plus tôt, un satellite espion allemand avait lui aussi été orbité par les Russes…
     Or, alors que ce genre d’opérations passent totalement inaperçues (tant elles sont routinières), elles auraient été impensables il y a quinze ans à peine.  En particulier, jamais l’Union soviétique n’aurait lancé un satellite espion occidental. C’est un peu comme tous ces hockeyeurs en provenance de Russie et des ex-pays de l’Est qui jouent à présent dans la Ligue nationale de hockey.  On n’y prête guère attention.  Pourtant, les plus vieux d’entre nous se souviendront de l’exploit qu’a constitué la venue des frères Stastny au sein des Nordiques du Québec en 1981.  Qui aurait alors pu imaginer que, 25 ans plus tard, quantité de joueurs russes évolueraient dans la LNH sans qu’on n'y pense?
     Ce sont là des preuves tangibles que nous vivons déjà dans un monde fortement mondialisé… preuves d’autant plus remarquables qu’elles passent inaperçues.
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On n’a plus les politiciens qu’on avait…

     On se plaint souvent que la «qualité» de nos politiciens aurait baissé par rapport à celle de nos représentants d’autrefois.  Or, selon le journaliste Norman Delisle, qui couvre l’Assemblée nationale du Québec depuis 35 ans, ce serait plutôt le contraire.  «Par rapport au groupe de députés que j’ai connu dans les années 1970, dit-il, ceux qui sont élus au début de ce 21e siècle sont beaucoup plus instruits et ont généralement une formation beaucoup plus grande. De mon point de vue, il s’agit de [parlementaires] nettement mieux préparés à faire face aux problèmes de la vie contemporaine.» 
     Doyen des journalistes à l’Assemblée nationale, Normand Delisle prend sa retraite après 35 ans passées au service de l’agence de nouvelles Presse Canadienne.
     Il estime en outre que la venue des femmes en politique a rehaussé le débat. «Les femmes n’abordent pas du tout la politique de la même façon que le font les hommes, dit-il.  Elles sont souvent beaucoup plus concrètes et moins “idéologues”, de sorte que leur arrivée a modifié, je pense, la nature et le contenu des débats.»

Source: Radio-Canada, Desautels, 20 décembre 2007.
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Train de vie écologique : le Québec se distingue

     Harvey Mead, premier commissaire au développement durable du Québec, vient de calculer combien d’hectares de terre il faut pour répondre à notre train de vie actuel.  Il s’agit de ce qu’on appelle l’empreinte écologique d’une population.  Plus on consomme, plus élevée est la «trace écologique» que nous laissons derrière nous. 
      On rapporte qu’à l’échelle de la planète, la consommation de chaque humain nécessite l'équivalent de 2,2 hectares de ressources.  Par contre, la capacité de production de la Terre n'est que de 1,8 hec/pers.  On enregistre donc un déficit de 0,4 hec/pers, d’où l'épuisement graduel des ressources disponibles.
     Le commissaire Mead a calculé que le train de vie des Québécois correspond à 6,0 hectares par personne, soit trois fois plus que les capacités de la planète. «En d’autres termes, si tous les individus qui habitent la Terre vivaient comme nous, il faudrait donc l’équivalent de trois planètes pour soutenir un tel mode de vie», écrit-il.
     Par comparaison, le niveau de consommation des Canadiens s'élève à 7,6 hec/pers, alors que celui des Albertains est de 9,0. (On n’indique pas celui des Ontariens.)  Sur la scène internationale, le Canada se classe au deuxième rang, derrière les États-Unis (qui sont à 9,6 hec/pers). Il faudrait de quatre à cinq Terre pour soutenir de tels trains de vie.
     On peut aussi calculer la capacité d’un territoire à produire; plus celui-ci est riche en ressources, plus sa biocapacité est élevée.  Or, à ce chapitre, le Québec se classe parmi les territoires les plus fertiles au monde, avec une biocapacité de 12,1 hectares par personne.  Nous bénéficions donc d’une biocapacité deux fois plus élevée que notre empreinte écologique.  C’est aussi le cas du Canada, alors qu'aux États-Unis, c'est le contraire.  Comme le relate le tableau ci-contre, la Chine et l'Inde ont les empreintes écologiques et les biocapacités les plus basses. 

Source: Rapport du commissaire au développement durable, Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2007-2008, Tome II, 13 décembre 2007

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30 000 meurtres… sans importance

     Un éditorial du New York Times se questionne au sujet des deux plus récentes tueries.  Mercredi, le 5 décembre 2007, un jeune déséquilibré abat huit personnes dans un centre d’achat d’Omaha, alors que le dimanche suivant, un autre en tue quatre au Colorado.  Le journal rappelle que le premier s’est servi de la mitraillette que son beau-père rangeait dans un placard, alors que le second disposait de cinq fusils et de mille balles.
     «On a peu parlé, dans la couverture des événements, du fait qu'il est facile pour des déséquilibrés de se procurer des fusils d'assaut, des armes conçues pour faire la guerre, relate le quotidien new-yorkais. Comment est-ce possible?  C’est l’éternelle question qu’on se pose chaque fois que survient ce genre de tragédies.  Et nous connaissons tous la réponse: les armes à feu sont indissociables de notre pays, et le lobby des armes est si puissant que même les 30 000 personnes qui périront cette année par balles ne susciteront pas le moindre remous politique…»
     Il y a comme ça de petites informations qui défient l’imaginaire: il se commet 30 000 meurtres chaque année par armes à feu aux États-Unis… alors qu'au Canada, on dénombre moins de 700 homicides!  C'est même davantage qu'en Irak, où le nombre de civils tués durant la dernière année s'élève à 26 500 personnes (selon le site Iraq Body Count).

Source: «Weapons of War at the Mall and Church», The New York Times, 12 décembre 2007

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Dettes publiques : comme Québécois, on doit 
16 500 $ et 17 600 $ comme Canadiens

    Un document d’information sur La Dette du gouvernement du Québec permet d'établir d’intéressantes comparaisons entre les dettes que nous supportons en tant que Québécois, celles des habitants des autres provinces  et comme Canadiens.  On rapporte ainsi que la dette totale du gouvernement du Québec s’élevait, en mars 2007, à 122 milliards $. 
     Par comparaison, celle du gouvernement du Canada se chiffrait à 549 milliards, celle de l’Ontario à 154 milliards et celle de l’Alberta à 8 milliards.
     Si on répartit ces dettes par habitant, on obtient que la dette de chaque Québécois s’élève à 16 500 $, celle de chaque Ontarien à 12 800 $ et celle de chaque Albertain à 2 500 $.  À cela s’ajoute une dette de 17 570 $ que nous supportons tous à titre de Canadiens.  Le tableau ci-dessous montre le degré d’endettement public de chacun. 

Source: Gouvernement du Québec, La dette du gouvernement du Québec, 11 décembre 2007

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81 % des Québécois vivent en français

     Imaginons un couple d’hispano – appelons-les Marco et Antonia – venu s’installer ici au début des années 1980.  Peu après leur arrivée, il donne naissance à deux enfants: Pedro et Isabelle.  (La première langue qu’apprennent ces enfants est, naturellement, celle de leur mère.)  Depuis vingt-cinq ans, la petite famille s’intègre parfaitement à notre société, en choisissant de vivre en français… 
     Arrive le recensement de 2006, dans lequel on demande à chacun quelle est sa langue maternelle.  Évidemment, tous répondent l’espagnol.  Ainsi, pour Statistique Canada, ils font partie du 20% de la population canadienne qui n’est ni de langue maternelle anglaise ou française. Marco et Antonia font même partie «de la plus forte proportion d’immigrants enregistrée en 75 ans» et ils font par conséquent «reculer» la proportion d’anglophones et de francophones qui ont fondé le Canada. Quoi qu’ils fassent toute leur vie, ils seront étiquetés de langue maternelle espagnole. 
     Toutefois, ce qui importe avant tout, c’est de savoir si les immigrants s’intègrent à la société (où s’ils s’enferment dans des ghettos linguistiques) et, si oui, vers lequel des deux groupes linguistiques de base.  Or, les données du Recensement 2006 indiquent qu’au Québec, 81% de la population vit en français, 10% en anglais et 9% dans d’autres langues.  Dans le reste du Canada, 85% vit en anglais, 2% en français et 13% autrement.  (Le tableau ci-dessous donne les chiffres plus précis.)

Combien utilise une langue en particulier à la maison
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Nombre d’anglophones % Nombre de francophones % Autres 
parlants (1)
% Population totale
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Au Canada 20,8 millions 66,5% 6,6 millions 21,1% 3,8 millions 12,3% 31,2 millions
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Au Québec 0,7 million  10,0% 6,0 millions 81,1% 0,7 million  8,9% 7,4 millions
Hors Québec 20,1 millions 84,2% 0,6 million  2,4% 3,1 millions 13,4% 23,8 millions
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À Montréal 0,3 million  18,6% 0,9 million  57,0% 0,4 million  24,5% 1,6 million 
Hors Montréal 0,4 million  7,7% 5,1 millions 87,6% 0,3 million  4,7% 5,8 millions
Source: Statistique Canada, Population selon la langue parlée le plus souvent à la maison
(1) Notons que, parmi les «autres parlants», on compte des gens qui utilisent à la fois le français, l'anglais et/ou une autre langue.

Source: Statistique Canada, Recensement de 2006: immigration, citoyenneté, langue, mobilité et migration, 4 décembre 2007.

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Peut-on imaginer plus têtu que George Bush ?!

     Lundi, 3 décembre 2007, le Conseil national du renseignement lâche une véritable bombe en révélant que, selon les analyses des 16 agences américaines du renseignement, l'Iran aurait stoppé tout développement d'armes atomiques. «Nous jugeons avec un haut degré de confiance qu'à l'automne 2003, Téhéran a arrêté son programme d'armes nucléaires», indique le National Intelligence Estimate.  Les analystes américains considèrent en outre que l'Iran ne possède aucune arme atomique.
     Ces constats discréditent complèlement le discours de George Bush fils sur la prétendue menace que représente la république islamique. Il y a quelques semaines, le président américain avait brandi le spectre d'un «holocauste nucléaire» ou, pire encore, d'une troisième guerre mondiale, si l'Iran se dotait de la bombe.
     Or, au lendemain de la publication du National Intelligence Estimate (NIE), Bush déclare sans hésiter que cette analyse ne change rien pour lui. «J’ai déjà dit que l’Iran est dangereuse et le NIE ne fait rien pour modifier mon opinion concernant la menace que représente ce pays pour la communauté internationale… au contraire même», a-t-il déclaré en conférence de presse. 

Source: Mark Mazetti, «U.S. Finds Iran Halted Its Nuclear Arms Effort in 2003» ; Steven Lee Myers, «An Assessment Jars a Foreign Policy Debate About Iran» ; Brian Knowlton, «Bush Says Iran Still a Danger Despite Report on Weapons», The New York Times, 4 Decembre 2007

Pour mémoire: Les mensonges de l'administrtation Bush à la suite du 11 Septembre (en anglais).

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Bouleversement climatique

     On devrait parler du bouleversement climatique plutôt que du réchauffement climatique (1), suggère Thomas Friedman, puisque l’élévation globale des températures provoquera une multitude de bouleversements à l'échelle de la planète: des vagues de chaleur et de sécheresse en certains endroits aux froids virulents et aux violentes tempêtes en d’autres endroits, sans compter les inondations, les feux de forêt, la disparition d'espèces, etc. 
     Par ailleurs, le chroniqueur du New York Times trace ainsi le bilan de l’administration Bush en la matière: «L’équipe de Bush est arrivé au pouvoir en étant totalement inconsciente de la situation et elle s’en ira avec une fiche parfaite... n'ayant absolument rien fait pour tenter d'atténuer les changements climatiques.»
 
(1) En fait, l’auteur suggère du remplacer le terme réchauffement global («global warming») par bizarreries globales («globale weirding»), tel que le préconise Hunter Lovins, co-fondateur de l’Institut des Rocheuses.

Source: Thomas Friedman, «The People We Have Been Waiting For», The New York Times, 2 décembre 2007

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Criminalité automobile...

     «En 2006, 717 Québécois sont morts sur les routes. Près du quart à cause de la vitesse, selon la SAAQ.  Le quart de ces morts n'avaient pas 25 ans.  Certes, c'est beaucoup moins qu'il y a 30 ans. Mais c'est tout de même un bilan médiocre.  Si le Québec affichait le même bilan par habitant que l'Ontario, il y aurait eu 229 morts de moins l'an dernier.  Cette seule différence de performance représente deux fois et demi le nombre de meurtres commis au Québec en 2006 (93).»

Source: Yves Boisvert, «Après la cigarette, l'auto», La Presse, 19 novembre 2007, p. A5

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Pauvreté au Québec et au Canada

     Le Rapport 2007 sur la pauvreté des enfants et des familles au Canada montre que les taux de pauvreté sont supérieurs à 10% dans toutes les provinces, sauf en Alberta, au Québec et à l’Île-du-Prince-Édouard. Le taux est exactement le même que celui de 1989, année où le gouvernement canadien s’était pourtant engagé à éliminer la pauvreté des familles avant l'an 2000. Le rapport de Campagne 2000 montre aussi que 41% des enfants défavorisés vivent dans une famille où au moins un parent travaille à temps plein toute l’année.
      L'Ontario est au coeur de la pauvreté, puisque 44% de toutes les familles défavorisées du Canada habitent cette province: 12,6% des familles ontariennes vivent dans la pauverté.  La Colombie-Britannique est la province qui présente les taux les plus élevés (15,2%) alors que l'Alberta, qui vit pourtant un boom économique, compte tout de même 8,6% de pauvres. (Voir graphique)
     Pour sa part, Centraide révèle qu’à Toronto, le nombre de familles qui vivent dans la pauvreté augmente. L’organisme de charité estime que 29% des familles torontoises vivent dans la pauvreté, alors que ce taux s'établit à 20% à l'échelle du Canada.
     Le Rapport de Campagne 2000 constate enfin qu’au Québec, le taux de pauvreté baisse depuis le sommet de 22% atteint en 1997 pour tomber à 9,6%. Cette réduction spectaculaire de la pauvreté serait due au fait que, depuis dix ans, le gouvernement québécois a adopté des mesures de soutien à la famille, il a notamment étendu le réseau des services de garde abordables, amélioré la prestation pour enfants et bonifié les congés parentaux. 

Source: Communiqué de presse et Rapport 2007 de Campagne 2000 & Losing Ground, 2007 Report of the United Ways Greater Toronto

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Ah, l’éducation de nos jeunes…

     «C’est la gauche qui a fait ce que nous possédons aujourd’hui.  Je reçois des lettres de bacheliers et de bachelières remplies de fautes de français! Ces gens-là ont été instruits selon le système actuel...»
     Non. Il ne s’agit pas de la complainte d’un professeur d’université frustré par les carences de ses étudiants.  Il s’agit plutôt des propos de Claude-Henri Grignon, l’auteur du célèbre roman Un homme et son péché («Séraphin») émis le 2 septembre 1968.  C’était il y a quarante ans.
     Ces propos reflètent ceux qu’on me lançait dans les années 1970-80 à l’effet que: «Les jeunes d’aujourd’hui n’apprennent plus rien à l’école!»  Comme quoi le système scolaire d’antan paraît toujours meilleur que l’actuel. 
     Il me semble qu'on idéalise souvent le passé pour dénigrer le présent.  Est-ce à dire que dans trente ou quarante ans, on glorifiera notre système actuel en constatant que, ô malheur, les jeunes des années 2040-2050 n’apprennent plus rien à l’école?  Ne dit-on pas qu’on répète l’Histoire?

Source: La belle histoire… des belles histoires des pays d’en haut
Diffusée sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada les 6 et 13 janvier 2007.

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Criminalité : quand on se compare…

     La ville de New York devrait connaître moins de cinq cents homicides en 2007, une performance inégalée depuis qu’on compile des statistiques fiables (1963).  En date du 18 novembre, 428 meurtres ont été commis dans l'agglomération de 8,2 millions de personnes.  Par comparaison, 605 meurtres sont survenus au Canada en 2006 et 43 à Montréal, où vivent respectivement 32,8 et 1,8 millions de personnes. 
    Autre fait remarquable: plus de 80% des homicides surviennent entre personnes qui se connaissent. Ils ne sont pas commis, comme on l’imagine généralement, par un inconnu s'attaquant à quelqu'un au hasard.  La vaste majorité des meurtres se produisent lors de disputes entre amis et connaissances ou, à un moindre degré, entre conjoints ou dans le milieu familial. 
    Tant à New York qu'ici, on assiste à une baisse systématique du nombre de meurtres depuis 1990. Cette année-là, la mégacité avait connu l’effarant total de 2245 homicides, soit plus de six par jour, alors qu’à Montréal, on enregistre plutôt un meurtre par semaine.
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Source: Al Baker, «City Homicides Still Dropping, to Under 500», The New York Times, 23 novembre 2007

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Registre public des délinquants sexuels :
un pensez-y bien ?

     Devant la possibilité de créer un registre public répertoriant qui sont, au Québec, les délinquants sexuels, un auditeur de l’émission «Maisonneuve en direct» – un certain M. Laroque – propose l’hypothèse suivante:
     Je suis un employeur et j’emploie des gens qui font affaire avec le public, des gens qui sont sur la route… À partir du moment où le registre devient public, aurais-je la responsabilité de le consulter? Par exemple, si j’emploie quelqu’un qui récidive dans le cadre de ses fonctions, pourra-t-on m’accuser de ne pas avoir consulté le registre, étant donné les services que je dispense? 
     À ce moment-là, vous pouvez être assuré que tous les services de ressources humaines de toutes les entreprises vont incorporer le registre à leurs banques de données, de sorte que les personnes inscrites ne pourront jamais plus trouver du travail.  Autrement, tout employeur risque d’être poursuivi par les parents de la victime de l'un de ses employés…

Source: Maisonneuve en direct, «Voulez-vous d'un registre public des délinquants sexuels?», Société Radio-Canada, 22 novembre 2007

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Et si le sida avait augmenté de 16 % ?

     Le rapport 2007 du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida révélait qu’environ 33,2 millions de personnes vivent actuellement avec le virus. Or, l’an dernier, Onusida avançait le chiffre de 39,5 millions. Il s'agit donc d'une diminution de six millions de séropositifs.
     Le rapport estime en outre que 2,5 millions de personnes ont été nouvellement infectées, une baisse de 40% par rapport à l’estimé de l’an dernier.  «Pour la première fois, nous observons une diminution du nombre total des décès chez les sidéens», déclare dans le Los Angeles Times le Dr Kevin de Cock, directeur de la section sida de l’Organisation mondiale de la santé. 
     Imaginez si on avait annoncé une augmentation de 16% des cas de sida ou une croissance de 40% des personnes infectées.  Nul doute, cela aurait fait la manchette de tous les médias et on en aurait parlé durant des jours.  Mais pas dans ce cas.  Pourquoi, pensez-vous?
     Le L.A. Times rapporte aussi les propos du Dr James Chin, autrefois expert auprès de la section sida de l’OMS: «Ces chiffres reflètent davantage la réalité, bien qu’ils sont encore un peu trop élevés». L'épidémiologiste de l’Université Berkeley estime plutôt à 20-30 millions le nombre de personnes infectées par le virus. Onusida a «surreprésenté et exagéré les chiffres afin d’obtenir davantage de fonds, dit-il, certaines personnes considérant que la fin justifie parfois les moyens. Mais voilà que cela viendra les hanter lorsque les vrais chiffres sortiront…»  Le quotidien indique d'ailleurs que le rapport 2002 d’Onusida estimait à 42 millions le nombre de personnes infectées alors qu’en réalité, il avoisinait plutôt les 30 millions.

Source: Jia-Rui Chong et Thomas H. Maugh II, «U.N. steeply lowers its AIDS estimates», Los Angeles Times ; Donald G. McNeil Jr., «U.N. to Say It Overstated H.I.V. Cases by Millions», The New York Times, 20 novembre 2007.

Voir aussi le communiqué de presse d'Onusida qui prétend curieusement que: «De nouvelles données montrent que la prévalence mondiale du VIH s’est stabilisée et que le nombre de nouvelles infections a chuté, partiellement en raison de l’impact des programmes de lutte contre le VIH.»  Voir aussi le Rapport 2007

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Combien valent 10 vies ?

     Nombreux sont ceux et celles qui sourcillent devant l’éventualité que le gouvernement abaisse la consommation d’alcool permise avant de prendre le volant de 0,08 à 0,05 milligramme par cent millilitres de sang.
     Or, une telle baisse devrait sauver une dizaine de vies chaque année, estime Claude Bégin, de l’Institut national de santé publique du Québec.
      La journaliste Chantal Srivastava, auteure du reportage diffusé à l’émission Les Années lumière de Radio-Canada, précisait que les recherches montrent qu’à partir d’un taux aussi bas que 0,02, on observe déjà chez les conducteurs une baisse de leurs capacités visuelles et d’exécuter deux tâches à la fois. On estime qu'environ 200 personnes décèderaient chaque année dans des accidents routiers où l’alcool est présent, sans compter quelques 600 blessés graves et 2200 blessés légers.
     Question: la possibilité de sauver une dizaine de vies par année vaut-elle le sacrifice de réduire (substantiellement) notre consommation d’alcool (avant de prendre le volant)? 

Source: Conducteurs sous surveillance, Les Années lumière, 18 novembre 2007

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Le coût de la guerre : 46 400 $ par famille

     Selon un rapport publié par les Démocrates siégeant à la Commission économique du Congrès américain, le coût de la guerre en Irak et en Afghanistan pour la période 2003-2008 s’élève à 1600 milliards $, soit deux fois plus que les 804 milliards $ avancés par l’administration Bush. Une somme aussi colossale correspond à des déboursées de 20 900 $ pour une famille de quatre Américains, indique-t-on. 
     Quant au coût global de la guerre au terrorisme, d'ici 2017, il devrait dépasser les 3500 milliards $, soit 46 400 $ par famille. Il s’agit d’une estimation nettement supérieure aux chiffres avancés précédemment par diverses sources. Ainsi, le Bureau du budget du Congrès évaluait le mois dernier ce coût à 2400 milliards $.
     Pour arriver à de tels estimés, le rapport du Comité comptabilise entre autres 550 milliards $ en paiement d'intérêts pour les prêts contractés à l'étranger pour financer la guerre. Il prend aussi en compte le coût de la maintenance et du renouvellement du matériel militaire, etc. 

Source: Associated Press, «Report Puts Hidden War Costs at $1.6T» et Agence France-Presse, «Bush attaqué sur le coût réel de la guerre en Irak», 13 novembre 2007

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Pour mémoire : à un an des élections américaines…

     À un an des élections à la présidence des États-Unis, Hillary Rodham Clinton et Rudolph Giuliani dominent la course à l'investiture de leur parti respectif. Si le scrutin présidentiel avait lieu aujourd'hui, la sénatrice de New York battrait l'ancien maire de cette ville par huit points (51% contre 43%), selon un sondage réalisé par le Centre de recherche Pew.

Source: Richard Hétu, «4/11/08: le jour de la délivrance?», La Presse, 4 novembre 2007, p. A12

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Bush : trop cher la santé des enfants, mais pas la guerre

     Le président Bush fils demande au Congrès 46 milliards $ de plus pour financer la guerre en Irak et en Afghanistan.  Cette requête fait suite à celle adressée en février dernier et qui s’élevait à 142 milliards $. En tout et pour tout, l’administration Bush prévoit dépenser (au moins) 196 milliards pour la seule année financière 2008 (qui a débuté le 1er octobre).
      Rappelant le veto imposé par Bush au financement du programme d'État pour l'assurance-maladie des enfants – une somme de 35 milliards $ répartie sur cinq ans –, le président du caucus démocrate au Congrès, Rahm Emanuel, a remarqué: «Le président Bush fait clairement connaître ses priorités: les soins de santé pour les enfants coûtent trop chers, mais pas la guerre…»

Source: David Stout, «Bush Requests $46 Billion for Wars», The New York Times ; Deb Riechmann, «Bush Asks for $46 Billion More for Wars», 22 octobre 2007

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Environnement : comment faire une différence

     «Pour sauver la planète, votez intelligemment», clame Thomas Friedman, chroniqueur émérite au New York Times.
     Les gens me demandent souvent: que puis-je faire en faveur de l’environnement?, écrit-il. Installer de nouvelles ampoules… une auto hybride…, un toit solaire…?  Tout ceci peut être utile mais, en réalité, la chose la plus importante que vous puissiez faire, c’est de choisir les bons dirigeants. En effet, il est nettement plus important de remplacer des politiciens que des ampoules!
     Pourquoi? Parce que les politiciens rédigent les lois, fixent les normes et proposent des avantages fiscaux qui conditionnent le marché pour toute une ville, une province ou un État. Tout ce que nous pouvons faire individuellement compte, mais lorsque nos dirigeants modifient les règles, on obtient des changements à grande échelle…

Source: Thomas L. Friedman, «Save the Planet: Vote Smart», The New York Times, 21 octobre 2007

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Le Fédéral nous prive-t-il de
300 millions en baisses d’impôt ?

     Le 27 septembre 2007, le premier ministre Stephen Harper annonce en grandes pompes une réduction de 14,2 milliards $ de la dette fédérale.  Or, en vertu de la loi sur le Remboursement d’impôt garanti, les économies en frais d’intérêt ainsi obtenues doivent servir à alléger le fardeau fiscal des contribuables.  En conséquence, le premier ministre annonce fièrement une réduction d’impôt «d’environ 725 millions $».
     Toutefois, cette réduction aurait dû dépasser le milliard de dollars. 
     En effet, selon les données budgétaires de mars dernier, le taux d’intérêt payé sur la dette fédérale est de 7,2%.  En appliquant ce taux aux 14,2 milliards $ de réduction, on obtient une somme de 1 022 millions, soit 297 millions de plus que ce qui nous sera remis.  Contournant la loi sur le Remboursement d’impôt garanti, le gouvernement se garde donc une réserve de 300 millions $.

     Notons au passage que le gouvernement rapporte que sa dette a diminué de 96 milliards $ depuis le sommet de 563 milliards $ atteint en 1996. C’est dire qu’en appliquant un taux d’intérêt de 7,2%, il économise bon an mal an 7 milliards $.  Ainsi, près de la moitié de ses surplus financiers proviennent des économies d’intérêt.  Comme quoi, rembourser ses dettes, ça peut être payant! 

Source: Gouvernement du Canada, «Le Premier ministre Harper annonce qu’une réduction importante de la dette fédérale permettra de réduire les impôts», 27 septembre 2007

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La cause de tout accident

     «Une catastrophe arrive rarement du fait d'une seule personne, même si une personne seule peut éviter une catastrophe. Il faut quelqu'un pour dire "non", quelque part dans la chaîne. Il n'y en a pas eu...», écrit Yves Boisvert au sujet des causes de l’effondrement du viaduc du boulevard de la Concorde.  Le journaliste résume ainsi élégamment le fondement même de tout accident.

Source: Yves Boisvert, «Le temps des solutions», La Presse, 19 octobre 2007, p. A5

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Nobel de la Paix : autre rebuffade
aux politiques américaines

     En décernant à Al Gore et au Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) son prix de la Paix 2007, le comité Nobel administre un troisième camouflet à l’administration de George Bush fils. 
     En 2005, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et son directeur général, Mohamed El-Baradei, avaient obtenu le Nobel pour leur contribution à la lutte contre la prolifération nucléaire. Dans une allusion à peine voilée aux politiques guerrières des États-Unis, le comité Nobel avait indiqué que la menace nucléaire doit être combattue avec «la plus grande coopération internationale possible».  On se rappellera aussi que l'AIEA avait joué un rôle prépondérant dans la bataille diplomatique qui a précédé l'invasion de l'Irak, prenant le contre-pied des prétentions de l'administration Bush sur la relance du programme nucléaire irakien.  En particulier, Bush avait ridiculisé les propos d’El-Baradei, contestant le fait que les efforts de son agence portaient fruit…
     Trois ans plus tôt, le comité Nobel avait récompensé l'ancien président américain Jimmy Carter, notamment pour son rôle décisif dans les accords de paix de Camp David entre Israël et l'Égypte. Cette attribution «peut et doit être interprétée comme une critique de la politique de l'administration actuellement au pouvoir aux États-Unis vis-à-vis de l'Irak», avait déclaré sans ambages le président du comité Nobel en réponse à la question d'un journaliste.
     Cette fois, le comité Nobel dénonce les politiques environnementales américaines. Or, jamais ce comité n’a tant pris partie contre les politiques d’un gouvernement. 

Ressources: All Nobel Peace Prize Laureates of The Nobel Foundation ; The 2002, 2005 et 2007 Laureates.

Quiz: parmi les plus récents lauréats du Nobel de la paix figurent Muhammad Yunus, Wangari Maathai et Shirin Ebadi. De qui s'agit-il?

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La criminalité à l’américaine

     «Dans la lutte contre la drogue, dans sa lutte contre la criminalité chez les jeunes, dans son approche de la sécurité aux frontières, le gouvernement conservateur a résolument adopté l'approche américaine de la répression et des incarcérations de plus en plus longues. Aux États-Unis, cette politique n'a rien changé au taux de criminalité et a eu pour effet d'accroître de façon vertigineuse la population des prisons. Les États-Unis sont le pays qui compte par habitant la plus forte population carcérale de tous les pays industrialisés. Et, bien sûr, la majorité est constituée de membres des minorités et de pauvres qui n'ont pas les moyens de se payer des avocats compétents. Voilà dans quelle voie le gouvernement conservateur minoritaire veut mener le Canada.»

Source: Gil Courtemanche, «Les chemins fumants de Stephen Harper», Le Devoir, 6 octobre 2007, p. C2

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Comment perdre toute crédibilité

     Le 25 septembre 2007, devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le président de la République islamique d’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, a nié une nouvelle fois que son pays cherchait à se doter de l'arme atomique. «Toutes nos activités nucléaires ont été complètement pacifiques et transparentes», a-t-il affirmé. 
     La veille, prenant la parole à l'Université Columbia, il avait déclaré, toujours sur un ton aussi déterminé, que: «En Iran, nous n'avons pas d'homosexuels comme dans votre pays. Nous n'avons pas ce phénomène, je ne sais pas qui vous a dit que cela existait chez nous.»
     Il provoquait ainsi des éclats de rire en tentant d'esquiver une question sur le traitement des homosexuels dans son pays.
    Auparavant, Ahmadinejad avait été accueilli par le président de l’Université Columbia, Lee Bollinger, en ces termes: «M. le président, vous manifestez toutes les caractéristiques d'un dictateur minable et cruel»!

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Les deux courants politiques québécois

     «Depuis avant la Confédération, le Québec politique est partagé entre deux courants: les rouges et les bleus. Les noms des partis ont parfois changé, il y a eu des scissions et des fusions, mais la philosophie générale des deux courants est restée la même. Les bleus (conservateurs, Union nationale, Parti québécois, ADQ) sont d'abord attachés au Québec et à l'identité canadienne-française, à la protection des droits collectifs des francophones, à une conception autoritaire ou bureaucratique du rôle de l'État. Les rouges estiment que le développement du Québec passe par une participation active (plutôt que strictement défensive) des Québécois à la fédération canadienne, s'accommodent avec moins d'inquiétude du pluralisme de la société québécoise et donnent priorité aux libertés individuelles sur les droits collectifs.»

Source: André Pratte, «La fin des libéraux?», La Presse, 1er septembre 2007
 

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© Claude Lafleur, 2007-2008
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