|
.
La criminalité
la plus faible
depuis les années
1960
En
2007, 41 meurtres ont été commis à Montréal,
alors qu’il y en a eu 52 en 2006. Il faut remonter au début
des années 1960 pour retrouver un aussi petit nombre d’homicides.
De même, aucun meurtre n’est survenu à Québec depuis
octobre 2006, une performance qui ne s'est pas vue depuis 1962. On
observe également des baisses un peu partout en Amérique
du Nord, Toronto ayant connu 82 meurtres en 2007 (contre 93 en 2006), alors
que New York n’a pas franchi le cap des 500 homicides. Du jamais vu en
cinquante ans!
Depuis vingt ans, le nombre de meurtres décroît
à Montréal, passant de 125 à 41.
Source: Catherine Handfield (AP), 41
meurtres à Montréal, Aucun homicide à Québec
en 2007, Cyberpresse, 30 décembre 2007 ; Statistique Canada,
Homicides
et taux d'homicide, par province et territoire, 2007.
.
Les enjeux de la course
présidentielle
Alors
que s'amorce la campagne pour élire le quarante-quatrième
président des États-Unis, Le Figaro résume
bien la situation: «Après deux mandats de George W. Bush qui
ont profondément affecté le statut des États-Unis
dans le monde, les enjeux de cette élection ne pourraient être
plus grands. Guerre en Irak, lutte antiterroriste, tensions internationales
(Pakistan, Iran, Proche-Orient), crainte d'une récession économique,
impact de la globalisation sur l'emploi, crise du système de santé,
réchauffement climatique, maîtrise de l'immigration sont quelques-uns
des sujets sur lesquels les candidats doivent convaincre, car le prochain
président ne pourra les esquiver. Dans les sondages, 68% des Américains
se déclarent mécontents des orientations prises par leur
pays. L'élection présidentielle promet le changement. Mais
quel type de changement veulent exactement les électeurs?»
Ce
n'est que dans un an seulement (fin janvier 2009), et après une
course folle, que le nouveau président prendra les rênes des
États-Unis...
Source: Philippe Gelie, «Le
petit État de l'Iowa donne le signal de départ de la course
présidentielle américaine», Le Figaro, 3 janvier
2008.
.
La politique à
l’italienne, quand on se compare…
En
Italie, les politiciens «n’arrêtent pas de s’entretuer»,
rapporte Ariel Dumont, correspondante à Rome pour Radio-Canada.
«Ce qui se passe, dit-elle, c’est que, depuis que le centre-gauche
a gagné les élections (il y a maintenant quasiment deux ans),
l’opposition ne fait pas son travail. Elle passe son temps à
dire: “Ils vont tomber. Vous allez voir, dans quinze jours, ils ne seront
plus là… On s’est déjà trompé par le
passé mais, cette fois, vous verrez: dans une semaine, ils ne seront
plus là…” Du côté de la majorité, une
multitude de partis passent leur temps à s’entretuer et à
dire: “Eh bien voilà, moi je ne suis pas content et je quitte la
majorité. Je m’en vais et fais exploser le gouvernement.”
Et ça fait deux ans que ça dure! Les Italiens sont
donc fatigués. Ils en ont assez: assez de leurs politiciens,
assez d’une classe qui est incapable de prendre des décisions ou
de les appliquer et qui passe son temps à se chamailler.»
Ainsi
donc, même lorsqu'on assiste à des querelles navrantes ou
stériles entre partis minoritaires tant à l’Assemblée
nationale du Québec qu'à la Chambre des communes d’Ottawa,
y’a de quoi se consoler.
Source : Radio-Canada, Pourquoi
pas dimanche?, 6 janvier 2008.
.
Les démocrates
s’apprêtent-ils à commettre
la même erreur que
nous ?
En
ce début des primaires électorales américaines, un
soudain vent d’enthousiasme semble souffler en faveur de Barack Obama,
au détriment de la candidate d’expérience qu'est Hillary
Clinton. Cela rappelle l’enthousiasme qui a fait que les militants
du Parti québécois ont jadis préféré
un jeune homme d’allure moderne à une femme d’expérience.
De même, les militants du Parti libéral du Canada ont choisi,
contre toute attente, Stéphane Dion au lieu de Michael Ignatieff.
Dans les deux cas, une fois l’enthousiasme retombé, on a assisté
à la déconvenue des deux nouveaux chefs. La question
se pose donc: en novembre prochain, les Américains seront-ils disposés
à élire un candidat noir à la présidence?
Se pourrait-il que, après huit années de régime républicain
désastreux, on assiste à une course serrée entre un
républicain (possiblement fervent religieux) et un démocrate
vulnérable? Se pourrait-il que les démocrates – et
le reste du monde – regrettent amèrement un choix fait dans l’enthousiasme
du moment?
.
L’événement
de 2008 : la récession ?
Le
fait marquant de 2008 – dont on parle encore très peu – pourrait
bien être le début d’une récession économique
mondiale. Jeudi, 10 janvier, le président de la Réserve
fédérale américaine, Ben Bernanke, annonce une «dégradation
récente des perspectives de croissance pour 2008» en rapportant
une augmentation du chômage aux États-Unis. Se gardant bien
de parler de récession, il évoque néanmoins «les
récents changements de perspectives économiques et des risques
pour la croissance…»
Quelques
semaines plus tôt, David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada,
avait constaté que: «Les difficultés qu'éprouvent
les marchés financiers mondiaux, liées notamment aux pertes
anticipées sur les prêts hypothécaires à risque
aux États-Unis, se sont aggravées depuis la mi-octobre.
Ces difficultés devraient persister plus longtemps qu'on ne l'avait
d'abord prévu…» Comme pour lui donner raison, Statistique
Canada rapporte qu’après avoir enregistré sept hausses mensuelles
d'affilées, l'emploi au Canada a légèrement fléchi
en décembre, enregistrant 19,000 pertes.
Ainsi
donc, après quinze années de croissance économique,
nous pourrions assister à la première véritable récession
planétaire, étant donné que les grandes économies
sont à présent imbriquées les unes aux autres.
En particulier, la Chine, qui fabrique une bonne part de ce que nous consommons,
pourrait être frappée de plein fouet. Alors qu’elle s’apprête
à briller de tous ses feux à l’occasion des jeux olympiques
d’été, elle pourrait se retrouver confrontée à
une gigantesque crise économique et sociale.
Ironiquement,
la récession précédente est survenue à la fin
du premier mandat présidentiel de George Bush père – mettant
fin à sa réélection quasi-assurée –, alors
que la présente pourrait ternir davantage la présidence de
son fils. En novembre prochain, les républicains subiront-ils une
défaite électorale semblable à celle de 1992?
Par
définition, une économie entre en
récession lorsque la croissance de son produit intérieur
brut (PIB) est négative pendant au moins deux trimestres consécutifs.
Il faudra donc attendre au printemps pour avoir l’heure juste concernant
l’état de l’économie. Néanmoins, les grandes
firmes d'investissement Goldman Sachs et Merrill Lynch considèrent
que les États-Unis sont déjà en récession.
Sources: Louis Ochitelle &
Michael M. Grynbaum, «Fed
Chief Signals Further Rate Cut», The New York Times, 11
janvier 2008 ; Statistique Canada, Enquête
sur la population active, 11 janvier 2008 ; Michael Barbaro & Louis
Uchitelle, Americans
Cut Back Sharply on Spending, The New York Times, 14 janvier
2008.
Voir aussi: Roger Lowenstein,
«The
Education of Ben Bernanke», The New York Times, 20 janvier
2008.
.
L’étonnant parcours
démographique des Québécois
En
soixante ans, la population du Québec a doublé. Ce
faisant, elle a connu une évolution démographique surprenante,
passant d’une structure pyramidale normale (en 1950) à un babyboom
spectaculaire (fin des années 1950), avant de connaître une
forte dénatalité (années 1980-1990)… qui tend peut-être
à s’estomper. Comme un peu partout en Occident, on assiste
à une transformation radicale de la société. Que se
passe-t-il donc? C’est ce que nous regardons dans la série
de tableaux intitulée L’étonnant
parcours démographique des Québécois.
.
Mortalité : on
vit davantage ici
qu’ailleurs dans le monde
En
2005, 55,787 personnes sont décédées
au Québec, selon les plus récentes données de Statistique
Canada. Cela représente 7,3 décès par mille
habitants. Comparativement, 230,132
personnes sont décédées au Canada, dont 85,591
en Ontario, ce qui représente des taux de mortalité de 7,1
et de 6,8 décès par mille habitants.
Comme
l’illustre le tableau ci-dessous, de tels niveaux figurent parmi les plus
bas au monde, puisque des pays comme les États-Unis, la France et
l’Angleterre enregistrent de 8 à 10 décès par mille
habitants.
Statistique
Canada précise que l’âge moyen des personnes décédées
se situait, en 2005, à 74,0 ans au Québec, à 74,5
ans en Ontario et à 74,2 ans pour l’ensemble du Canada. Au
Québec, les hommes décèdent en moyenne vers l'âge
de 70,6 ans et les femmes vers 77,4 ans. L'écart entre les
hommes et les femmes tend à se rétrécir depuis 1990
alors que l'âge moyen au décès augmente régulièrement,
l'accroissement étant de 3,5 ans pour les hommes et de 3,2 ans pour
les femmes.
Sources: Statistique Canada,
Décès
2005, 14 janvier 2008 ; United Nations Secretariat, World
Population Prospects: Death rate per 1,000 population (Medium variant),
2000-2005.
.
Sommes-nous riches ou
pauvres ?
SI
le Québec était un pays, il se classerait au 17e rang des
pays les plus riches de la planète. Par contre, au classement
des 50 États américains et des dix provinces canadiennes,
il tombe au 52e rang. Comment expliquer un tel paradoxe? C’est
la question à laquelle répond l’économiste Pierre
Fortin dans l’article Économie
québécoise : on est «riche» ou «pauvre»
selon...
.
Croissance inégale
au Canada
La
population du Canada a plus que doublé en 55 ans, passant de 14,0
millions de personnes en 1951 à 32,6 en 2006. Toutefois, comme
l’illustrent les graphiques ci-dessous, cette croissance est principalement
survenue en Ontario, puisque la population de cette province a triplé
(passant de 4,6 à 12,7 millions de personnes).
La croissance démographique du Canada
est représentée ici selon les 4 régions du pays: les
Maritimes sont en vert, le Québec en bleu, l'Ontario en gris et
l'Ouest en rouge.
Pendant
ce temps, la population du Québec a presque doublé (de 4,1
à 7,7 millions de personnes), alors que celle des provinces maritimes
n’a cru que d’un maigre ¾ de million de personnes (de 1,6 à
2,3). Quant aux provinces de l’Ouest (incluant la Colombie-Britannique),
leur population est passée de 3,7 à 9,9 millions d’individus.
Évolution, sur 55 ans, du poids relatif
des quatre régions du Canada.
En
termes de pourcentage, les disparités régionales sont encore
plus manifestes. Ainsi, les Maritimes ont chuté de 11,6 à
7,1% de la population du Canada, alors que le Québec est tombé
de 29,0 à 23,4%. Pendant ce temps, le poids de l’Ontario a
bondi de 32,8 à 38,9%, alors que celui de l’Ouest a cru de 26,5
à 30,2%.
Source: Institut de la statistique
du Québec, Population, Canada et provinces, 15 janvier 2008.
.
Devoir de mémoire
:
les mensonges de l’administration
Bush
Pour
justifier l'invasion de l'Irak en 2003, l’administration de George Bush
fils a volontairement proclamé 935 faussetés.
C’est ce que révèle une étude réalisée
par deux organisations journalistiques indépendantes qui ont passé
au crible les déclarations publiques du président et de ses
proches collaborateurs dans les deux années qui ont suivi les attentats
du 11 septembre 2001. «Des liens avec Al-Qaeda et l'existence d'un
arsenal d'armes de destruction massive en Irak, qui se sont révélées
introuvables, ont été mis de l’avant pour justifier l'intervention
américaine», indiquent les auteurs de l'étude, qui
sont membres du Center for Public Integrity et du Fund for Independence
in Journalism.
Intitulée False
Pretenses, cette étude montre surtout que «ces déclarations
ont fait partie d'une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé
l'opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de
raisons résolument fausses.» Les auteurs ont analysé
l'ensemble des déclarations publiques de George Bush ainsi que du
vice-président Dick Cheney, de Condoleezza Rice, alors conseillère
à la sécurité, de Colin Powell, secrétaire
d'État à l'époque, de l'ex-secrétaire à
la Défense, Donald Rumsfeld et des porte-parole de la Maison Blanche.
Or, contrairement à ce que déclare aujourd'hui la porte-parole
du président, Dana Perino - qui prétend que cette étude
ne vaut pas «la peine qu'on s'arrête dessus» -, il importe
qu’on se rappelle à tout jamais que l'administration républicaine
toute entière nous a menti sur ce sujet… comme sans doute sur bien
d’autres.
Voir l'étude False
Pretenses du Center for Public
Integrity.
Source: Center for Public Integrity,
935
False Statements By Top Administration Officials To Justify Iraq War,
23 janvier 2008.
.
Le monde dans huit ans
Nous sommes en l’an 2016, propose Parag Khanna, chercheur émérite
en géopolitique américaine à la New America Foundation.
Qu’il s’agisse d’Hillary Clinton, de John McCain ou de Barack Obama, l’administration
présidentielle d'alors termine son second mandat. «Les États-Unis
se sont retirés d’Irak mais ils conservent 20,000
soldats dans le nouvel État indépendant du Kurdistan, de
même que des forces navales à Bahrein et des escadrilles aériennes
au Qatar. L’Afghanistan est stable, l’Iran s’est nucléarisé.
La Chine a absorbé Taïwan et elle accroît sans cesse
sa présence navale dans le Pacifique, notamment à partir
du port pakistanais de Gwadar, en mer d’Arabie. L’Union européenne
compte plus de 30 États et bénéficie d’approvisionnements
réguliers en pétrole et en gaz provenant d’Afrique du Nord,
de Russie et de la mer Caspienne. Elle recourt aussi abondamment
à l’énergie nucléaire. La prépondérance
américaine sur le reste du monde ne cesse de décliner, qu’importe
ce qu’aurait pu faire Clinton, McCain ou Obama. Le nouvel ordre mondial
s’est imposé…»
Selon
ce géostratège, en effet, l’équilibre des pouvoirs
sur la scène internationale a déjà basculé
durant le règne de George Bush fils. «Les coups de force des
États-Unis ont donné lieu à des mouvements de blocage
[contre toute initiative américaine] ainsi qu’à la naissance
d'un nouvel ordre mondial», écrit-il. En conséquence,
la géopolitique mondiale se joue désormais à trois:
la Chine et l’Europe (en plein essor) et les États-Unis (sur leur
déclin).
Pour
la première fois de l’histoire, nous assisterons à une «bataille
multipolaire et multi-civisationnelle» au centre de laquelle se retrouvera
l’Europe, celle-ci «arbitrant» les conflits entre la Chine
et les États-Unis. L’Union européenne serait même
le territoire de l’avenir, estime Parag Khanna, puisqu'il s'agit du plus
grand marché au monde, alors que les technologies européennes
fixent de plus en plus les normes internationales et que l’euro s’impose
dans les transactions planétaires. «Et si jamais les Américains
et les Chinois en venaient à se faire la guerre, le reste de la
planète placerait ses économies en lieu sûr dans les
banques européennes.» Enfin, constate le spécialiste,
les populations du globe ne rêvent plus du modèle américain,
mais de celui des Européens.
Source: Parag Khanna, «Waving
Goodbye to Hegemony», The New York Times Magazine, 27
janvier 2008.
.
Bush : encore les «leçons
d’Irak» mal appliquées?
L’un
des passages les plus percutants du discours sur l’état de l’Union
prononcé par George Bush concerne l’Iran.
«Nous nous opposons aux forces extrémistes que représente
le régime de Téhéran, a-t-il dit. Les dirigeants
iraniens oppressent le bon peuple d’Iran. Et qu’importe où progresse
la liberté au Moyen-Orient, il semble que le régime iranien
soit là pour s’y opposer.
L’Iran
finance et entraîne les milices en Irak, supporte les terroristes
du Hezbollah au Liban, soutient les efforts du Hamas pour contrer la paix
en Terre Sainte. Téhéran est aussi à concevoir
des missiles balistiques de portée toujours plus grande et continue
de développer ses capacités pour enrichir l’uranium utilisé
dans la fabrication des bombes atomiques.
Notre
message à l’endroit du peuple iranien est simple: nous n’avons rien
contre vous. Nous respectons vos traditions et vos coutumes.
Nous anticipons même le jour où vous serez libres.
Notre
message à l’intention des dirigeants d’Iran est aussi simple: mettez
fin, de façon vérifiable, à l’enrichissement atomique
afin que des négociations puissent commencer. Pour réintégrer
la communauté des nations, dévoilez clairement vos intentions
nucléaires ainsi que vos actions du passé. Cessez d’opprimer
votre peuple et cessez de supporter le terrorisme à l’étranger.
Mais, surtout, sachez ceci: l’Amérique s'opposera à ceux
qui menacent ses troupes, elle demeurera au côté de ses alliés
et défendra ses intérêts vitaux n’importe où
dans le Golfe persique.»
Or,
à quelques nuances près, cette rhétorique guerrière
s’assimile à celle prononcée par Bush dans les mois précédant
l‘invasion de l‘Irak. Étonnant tout de même lorsqu’on
sait les 935 mensonges que l’administration
Bush a volontairement conté à l’époque pour justifier
l’invasion de l’Irak et en regard du récent rapport
des 16 agences américaines du renseignement qui stipule que l'Iran
aurait stoppé tout développement d'armes atomiques en 2003.
Et dire que la classe politique réunie pour entendre ce discours
a chaleureusement applaudi Bush!
Source: The New York Times,
«Text
of the State of the Union Address», 28 janvier 2008.
.
Un monde qui aurait
pu être si différent
Dans
un éditorial, le New York Times trace le bilan suivant: «Il
y a six ans, le président Bush a amorcé son discours sur
l’état de l’Union par deux phrases chocs: “Alors que nous sommes
réunis ici ce soir, notre pays est en guerre, notre économie
est en récession et le monde civilisé est confronté
à des menaces sans précédentes. Pourtant, notre union
n’a jamais été aussi forte.”
Après
six années de promesses non tenues ou faites malhonnêtement
et d’erreurs magistrales, les États-Unis se retrouvent engagés
dans deux guerres, l’économie glisse vers la récession et
le monde civilisé est toujours confronté à d’intenses
menaces – alors qu’il y a nettement moins d’empathie et de respect envers
les États-Unis.
Le
pays est divisé au sujet de la guerre en Irak, déchiré
par la politique partisane, apeuré par des tourments économiques
et confronté à d’innombrables débats sur pratiquement
tous les enjeux auxquels faisait face M. Bush en 2002. Le mieux que
puisse offrir le président est de faire appel à l’initiative
des individus – une noble idée, certes, mais qui dans les mains
de M. Bush n’est qu’un prétexte pour abdiquer les responsabilités
du gouvernement.
Son
discours nous a fait songer à un tout autre qu’il aurait pu prononcer
si seulement il avait capitalisé sur la vague de solidarité
qui a déferlé au lendemain des attentats du 11 septembre
pour unir la nation plutôt que pour s’arroger davantage de pouvoir
et pour nous précipiter dans une mésaventure en Irak.
Combien les choses auraient pu être différentes si seulement
M. Bush avait mis en pratique le conservatisme de compassion qu’il prônait
ou s’il avait appliqué la discipline fiscale à la base du
conservatisme. Combien tout aurait été différent
s’il avait fait de réels efforts pour favoriser les politiques de
consensus comme il l’avait pourtant promis en 2002 et si souvent répété
par la suite…»
Source: The New York Times,
«The
State of the Union», 29 janvier 2008.
.
Montréal, toujours
aussi sécuritaire
Montréal
demeure l'une des villes les plus sécuritaires au monde, selon les
plus récentes données du Service de police de la Ville de
Montréal. Ainsi, en 2007, les crimes contre la personne ont
diminué de 5,7% et ceux contre la propriété de 10%.
Il y a eu 41 homicides en 2007 (contre 42 en 2006) et 99 tentatives de
meurtres (136 en 2006)...
Voir les Faits
saillants sur la criminalité 2007.
.
Comment pensait-on,
en 1950,
qu’on vivrait en l’an 2000
?
Est-il
possible d’imaginer comment nous vivrons dans cinquante ans? L’exercice
est périlleux, si on en juge par la pléthore de prédictions
erronées qui ont été faites ces cinquante dernières
années. Pourant, il y a une belle réussite: une équipe
de spécialistes a sü fort bien voir, dès 1950, ce que
serait le monde de l’an 2000. Non seulement leurs prédictions
sont-elles agréables à découvrir, mais elles permettent
de tirer quelques leçons sur ce que pourrait réserver l’avenir.
À lire: Comment
des spécialistes de 1950 pensaient que nous vivrions en l’an 2000.
.
Huit années d’administration
républicaine
Durant
les huit années qu’aura passé George Bush fils à la
Maison Blanche, les dépenses gouvernementales ont cru de 69% (passant
de 1,835 à 3,107
milliards $), alors que les revenus n’ont augmenté que de 34% (2,019
à 2,700 milliards $).* Résultat:
le surplus budgétaire de 184 milliards $ que lui avait légué
Bill Clinton s’est transformé en déficits annuels dépassant
les 400 milliards $. (Voir tableaux Huit
ans d’administration Bush.)
La
croissance des dépenses vient en très grande partie de l’augmentation
des dépenses militaires, celles-ci étant passées de
314 à 598 milliards $ (une croissance de 91%). Par comparaison,
les dépenses reliées aux programmes sociaux ont grimpé
de 128 à 176 milliards $ (37%), celles reliées au fonctionnement
du gouvernement de 61 à 82 milliards $ (35%) et celles des différentes
agences fédérales de 107 à 131 milliards (14% seulement).
Conséquemment, durant cette administration, la dette nationale s’est
accrue de 3,000 milliards - passant de 5,700
à 8,700 milliards $ - soit une augmentation
de 52%!
Qui
plus est, dans son dernier énoncé budgétaire, en 2001,
le président Clinton avait prévu que les dix prochains budgets
seraient en surplus. (Tableau ci-dessous.) Si son successeur avait donc
suivi les grandes lignes de cette planification, les surplus accumulés
auraient totalisé 2,500 milliards $,
effaçant du coup près de la moitié de la dette nationale.
Or, au lieu de cela, les budgets de George Bush prévoient l’accumulation
de 2,500 milliards $ en déficit d’ici
2012.
Surplus bugétaires prévus
par Clinton comparés aux déficits de Bush
(en milliards $) |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2002 |
Total |
Budget Clinton |
+184 |
+186 |
+185 |
+195 |
+215 |
+256 |
+292 |
+314 |
+329 |
+363 |
|
|
+2519 |
Budgets Bush |
+128 |
-158 |
-378 |
-413 |
-318 |
-248 |
-162 |
-410 |
-407 |
-160 |
-95 |
+48 |
-2573 |
|
.
Ce graphique
met côte à côte l’évolution des dépenses
militaires depuis l’an 2000 (en noir) et celle des déficits annuels
(en rouge). On observe qu’au début de la décennie (sous
l’administration Clinton), le budget américain était en surplus
(en bleu).
.
* |
Notons que nous comparons ici le budget
déposé par Bill Clinton en février 2000 avec celui
déposé par George Bush en février 2008. |
.
Le lourd héritage
de George Bush
George
Bush dévoile son dernier budget en tant que président des
États-Unis, budget qui couvre l’année 2009 commençant
le 1er octobre prochain. Ce budget, qui totalise 3,107
milliards $, met toujours autant l’accent sur la «lutte au terrorisme».
Ainsi, la Défense nationale reçoit 515 milliards $ - 36 milliards
$ de plus que cette année –, la plus importante somme accordée
depuis la Seconde guerre mondiale. De surcroît, l’agence responsable
de la sécurité du territoire recevra 38 milliards $ (en hausse
de 3 milliards), alors que 70 milliards $ sont budgétés pour
la poursuite des guerres en Irak et en Afghanistan.
Une
fois de plus, Bush sabre dans les programmes sociaux tout en proposant
des réductions d'impôts de 145 milliards $. Tout compte fait,
le président prévoit un déficit de 407 milliards $
pour l’année 2009, auquel pourraient s’ajouter des dizaines de milliards
pour couvrir des dépenses de guerre imprévues. Le président
envisage néanmoins un retour à l'équilibre budgétaire
pour 2012. |
Voir le budget en détail
|
|
|
«Ce
qui restera des années Bush, commente le New York Times,
ce seront de gigantesques déficits, des forces armées décimées
par la guerre et qui nécessiteront des centaines de milliards pour
être remises en état, ainsi que des programmes sociaux réduits
au minimum afin de financer les mésaventures militaires et les malencontreuses
réductions d’impôts pour les plus riches.»
«Le
budget 2009 est un terrible ramassis de mauvaises priorités, de
politiques fiscales erronées et de legs désastreux que M.
Bush laissera à son successeur», poursuit le quotidien. On
constate entre autres que l’équilibre budgétaire annoncé
pour 2012 ne prévoit aucun fond pour la poursuite de la guerre au-delà
de 2009. Cet équilibre suppose aussi d’importantes coupures
dans les programmes Medicare et autres pour les pauvres.
«M.
Bush a hérité d’un surplus budgétaire de l’administration
Clinton, rappelle le journal new-yorkais, qu’il a bien sûr converti
en réductions d’impôts. Il a ensuite continué
de couper les impôts, même lorsqu’il a entrepris sa guerre
en Irak - guerre qui a coûté jusqu’ici 600 milliards $.
Et loin de se repentir, il s’emploie désormais à rendre permanentes
ses baisses d’impôts, alors même que l’économie ralentit
et que les revenus diminuent - une véritable castastrophe fiscale.»
Source: U.S. Office of Management and Budget, U.S.
FY 2009 Budget Request, 4 février 2008 ; Éditorial, «Lame-Duck
Budget», The New York Times, 5 février 2008 ; Éditorial,
«Final
Spin on the Budget», The New York Times, 8 février
2008 ; Thom Shanker, «Pentagon
Seeks Record Level in 2009 Budget», The New York Times,
3 février 2008.
Voir aussi: Richard W. Stevenson, «The
President's Budget Proposal: Clinton's Budget Stresses Surplus And Having
It All», The New York Times, 8 février 2000.
.
Le marché du
travail au Québec
Selon Statistique Canada, en janvier 2008, il y avait 6,345,400 Québécois
et Québécoises âgés de 15 ans et plus.
De
ce nombre, 4,176,200 constituent la «population active» disponible
sur le marché du travail. Cela représente un «taux
d’activité» de 65,8% pour les 15 ans et plus.
De
ce nombre, 3,891,500 personnes travaillent et 284,700 sont au chômage.
C’est dire que 61,3% de la population des 15 ans et plus est au travail
alors 6,8% des travailleurs sont en chômage.
Enfin,
de tous ceux et celles qui travaillent, 3,173,300 le font à temps
plein et 718,200 à temps partiel. C’est dire que 93% des travailleurs
québécois sont à temps plein et 7% à temps
partiel.
Comparaisons des quatre principales
provinces canadiennes
.
|
Québec |
Ontario |
Alberta |
Colombie-
Britannique |
Taux d'activité |
65,8 % |
67,9 % |
74,5 % |
66,6 % |
Taux de chômage |
6,8 % |
6,3 % |
3,2 % |
4,1 % |
Taux d'emploi |
61,3 % |
63,6 % |
72,1 % |
63,9 % |
|
Les données de ce
tableau montrent que le marché du travail au Québec et en
Ontario se compare - l’Ontario performent un peu mieux que le Québec
-, alors que la situation est plus favorable dans l’Ouest, particulièrement
en Alberta (comme on doit s’y attendre).
Source : Statistique Canada,
«Enquête
sur la population active, janvier 2008», Le Quotidien,
8 février 2008.
Pour connaître les définitions
précise et savoir de quoi on parle exactement, consultez l'Information
sur la population active.
.
Si seulement on savait…
En
éditorial, le New York Times condamne les entreprises de
charité qui s’en mettent plein les poches. À titre
d’exemple, on y dénonce Roger Chapin, qui dirige la Coalition
to Salute America’s Heroes et la Help Hospitalized Veterans
qui collectent des millions $ mais dont 70 à 80% sont engloutis
en «frais d’opération»! Évidemment, souligne-t-on,
aucun des donateurs, qui croient venir en aide aux vétérans
des guerres d’Irak et d’Afghanistan, n’imaginent que les trois quarts de
ce qu’ils contribuent servent à n'enrichir que quelques-uns.
Devrait-on
obliger la divulgation des frais d’opération de ces entreprises
de charité?, s’est récemment demandé Henry Waxman,
représentant au Congrès américain qui enquête
sur le sujet. «Si nous le faisions, lui aurait répondu
Chapin, ce serait la fin de notre business. Plus personne ne ferait des
dons»!
Source: Éditorial, «An
Intolerable Fraud», The New York Times, 8 février
2008.
.
Kosovo : naissance d’un
nouvel État
Le 18 février 2008, le président du parlement du Kosovo proclame:
«Le Kosovo est une république, un État indépendant,
démocratique et souverain.» Proclamant son indépendance
de la Serbie, il devient le 193è État de la planète.
«À partir d'aujourd'hui, le Kosovo est fier, indépendant
et libre!, avait déclaré le premier ministre Hashim Thaci
avant le vote à l'unanimité. Nous n'avons jamais perdu foi
dans le rêve qu'un jour, nous compterions parmi les nations libres
du monde.» Le drapeau du pays (ci-haut) présente une
carte du Kosovo dorée sur fond bleu clair avec six étoiles
- une pour chacun des six principaux groupes ethniques formant l’État.
Le Kosovo faisant environ 150 kilomètres d"Est en Ouest et autant
du Nord au Sud (carte ci-contre), il s’agit d’un État de taille
modeste, équivalent à la région métropolitaine
du Grand Montréal. Placé au cœur du Québec,
il occuperait l’espace compris entre les villes de Saint-Jean-sur-Richelieu
et de Ste-Agathe et de Vaudreuil-Dorion à Drummondville. Ses 2,2
millions d’habitants correspondent à la population de Montréal
et de Laval.
Pour en savoir plus: le Kosovo
selon Wikipédia.
.
La prédation
sur Internet: pas ce qu’on nous en dit…
«Les
médias laissent entendre que ces crimes sont violents, que les agresseurs
bernent des enfants très jeunes, mais ce n’est vraiment pas le cas»,
affirme Janis
Wolak, une sociologue du Centre de recherche sur la criminalité
contre les enfants de l'Université du New Hamsphire qui étudie
la prédation sur Internet depuis des années. Au contraire,
a-t-elle constaté, ces agresseurs sont très ouverts, ils
ne cachent à personne qu’ils sont des adultes, et cachent rarement
leur intérêt sexuel.»
De
fait, le scénario qu’on nous rapporte si fréquemment - un
pédophile se faisant passer pour un enfant pour en leurrer d’autres
- relève plutôt de la légende urbaine. Se basant
sur les trois mille entretiens qu’elle a réalisés avec des
internautes âgés de 10 à 17 ans et sur 612 entrevues
avec des policiers, Mme Wolak constate que les agresseurs sexuels opèrent
bien souvent à visage découvert. Dans bien des cas, ils échangeront
longuement avec leur victime afin de gagner leur confiance.
«Cette
étude nous montre exactement ce à quoi nous avons affaire
depuis des années». confirme Xavier Von Erck, fondateur de
Perverted
Justice. un groupe créé en 2003 afin de pourchasser les
pédophiles.
Les
résultats de l’enquête menée par Janis Wolak sont publies
dans la revue American Psychologist
de février 2008.
Source: Martin Croteau, «Le
nouveau visage des cyberprédateurs», La Presse,
18 février 2008.
Voir aussi: University of New
Hamsphire, «Youth
Online Exposed to More Porn but Fewer Sexual Solicitations, according to
New Study», 9 août 2006.
.
Petit exercice d’estime
de soi
Selon
un sondage réalisé par les Producteurs laitiers du Canada
auprès de trois mille femmes, 50% d’entre elles dont le poids est
«santé» veulent néanmoins perdre du poids, de
même que 22% de celles qui sont sous leur poids santé. «Neuf
femmes sur dix disent qu’elles auraient une meilleure opinion d’elle-même
si elles perdaient du poids», rapporte Fannie Dagenais, diététiste
et directrice du groupe d’action sur le poids ÉquiLibre.
«Mais
pensez aux gens que vous appréciez le plus autour de vous, suggère-t-elle.
Pensez aux gens que vous aimez le plus… Et pensez maintenant aux raisons
qui font que vous les appréciez tant?»
«Ce
n’est certainement pas leur poids ou leur apparence qui vous viennent en
tête de liste! Vous pensez sans doute davantage à leurs
forces, à leurs qualités, à ce qu’ils ont réalisé
dans le passé, à la façon qu’ils ont de vous parler,
de vous remonter le moral le jour où ça va moins bien…»
Source: Émission Christiane
Charette, «Une
table ronde sur l'obsession du poids», Société
Radio-Canada, 18 février 2008.
.
Le « vrai »
budget américain :
un tout autre portrait
de la réalité
Il
y a un phénomène vraiment étonnant lorsque le président
des États-Unis dévoile le budget du gouvernement (comme l’a
récemment fait George Bush fils): on ne nous parle que de la
portion discrétionnaire du budget. Or, celle-ci ne représente
que le tiers de toutes les dépenses: 1,212
milliards $ sur les 3,107 milliards $ prévus
pour l'année 2009. L’autre portion, dite mandataire,
est complètement passée sous silence. (Notons, au passage,
que ce n’est pas là une «cachotterie» de l’administration
Bush puisque de tout temps les présidents américains comme
les médias ne font état que du budget discrétionnaire.)
À quoi donc serviront les 1,895 milliards
$ prévus au budget mandataire du gouvernement américain?
Pour
le savoir, il faut scruter à la loupe les données budgétaires,
puisque nulle part on nous présente clairement la portion congrue
du budget. À croire qu’on cherche à nous cacher quelque
chose…
De
fait, lorsqu’on repère ces sommes, on obtient un tout autre portrait
des priorités financières du gouvernement américain.
Ainsi, lorsqu’on ne tient compte que de la portion discrétionnaire,
on observe que les sommes consacrées aux activités miliaires
(598 milliards $) accaparent 59% du budget, alors que les programmes sociaux
ne comptent que pour 17%. Par contre, lorsqu’on tient compte du budget
total, on découvre que les dépenses militaires ne représentent
plus que 26% et que les programmes sociaux grimpent à 51%!
Comment
expliquer un tel renversement? C’est que la portion mandataire du
budget se compose en grande partie de fonds à caractère social,
dont le financement des programmes Midicare (408 milliards $), Medicaid
(224 milliards $) et d’aide sociale (644 milliards $)… ainsi que les frais
d’intérêt sur la dette nationale (260 milliards $).
Le gouvernement américain serait donc beaucoup plus «social»
et moins «militariste» qu’on nous le rapporte couramment.
Étonnant, n’est-ce pas?
.
|
|
Ces deux graphiques montrent la proportion des
crédits alloués aux différentes fonctions du gouvernement
américain pour l’année 2009, selon qu’on ne tienne compte
que du budget discrétionnaire (à gauche) ou du budget total
(à droite). On constate entre autres que si les budgets militaires
(en noir et gris) accaparent la majorité du budget discrétionnaire,
il en est autrement du budget total, puisque c’est plutôt le cas
de la santé (en bleu) et de la sécurité sociale (en
blanc).
Voir: Le budtget américain
en détail,
Note: Les données qui permettent de reconstituer
le budget total se trouvent dans le document The
Budget of the President, FY2009,
.
Le plus grand tueur
: le sida,
la tuberculose ou la malaria
? Non !
«Durant
le 20è siècle, l’épidémie mondiale de tabagisme
a tué cent millions de personnes. Au 21e siècle, elle
pourrait en tuer un milliard.» [Cent millions de victimes,
c'est plus qu'en ont faites toutes les guerres du siècle dernier!]
C’est
sur ces affirmations percutantes que s’amorce le premier rapport de l’Organisation
mondiale de la santé faisant le point sur l'«épidémie
de tabagisme» sévissant à l’échelle planétaire.
L’OMS estime que cette année seulement, le tabac tuera plus de cinq
millions de personnes, soit davantage que la tuberculose, le sida et la
malaria réunis. Et comme 55 millions de personnes décèdent
chaque année sur l'ensemble de la planète, c'est dire que
le tabac en tue à lui seul une sur onze.
Seulement
5% de la population mondiale est protégé par des mesures
efficaces contre l’usage du tabac, déplore le rapport. Il
s’agit essentiellement des pays occidentaux, alors que les grandes multinationales
du tabac répandent délibérément leur poison
dans les pays en développement. «C’est là une stratégie
mise de l’avant par les compagnies de tabac qui ciblent les jeunes, tout
particulièrement les jeunes femmes.»
Déplorant
que le tabagisme soit la plus grande cause de mortalité qu’on puisse
aisément prévenir, l’OMS recommande six grandes mesures pour
combattre l’épidémie, dont la plus efficace: l’imposition
de taxes élevées. Dommage qu'elle ne recommande pas
de bannir les compagnies de tabac. Pourquoi pas?
Voir: The
WHO Report on the Global Tobacco Epidemic.
Source: WHO
Report on the Global Tobacco Epidemic, 2008 - The MPOWER package.
.
Conseils
judicieux au gouvernement chinois
Dans un éditorial pince-sans-rire, le New York Times propose
«gracieusement ses bons offices» au gouvernement chinois au
prise avec une crise de relation publique sans précédent.
«Par suite des énormes protestations survenues à Londres
et à Paris, où la flamme olympique s’est arrêtée
dans son parcours vers Pékin, on rapporte que le gouvernement chinois
chercherait à retenir les services d’une firme de relation publique
afin de réparer les dommages causés à l’image de la
Chine avant les Jeux olympiques d’août prochain. Dans un esprit d’idéal
olympique, nous sommes disposés à aider la Chine – sans rien
lui charger»!
«Voici ce qu’il vous faut faire, poursuit-on. Cessez d’emprisonner
les dissidents. Cessez de répandre des faussetés à
propos du dalaï-lama et commencez à dialoguer avec lui au sujet
des libertés religieuses et culturelles au Tibet. Cessez de
soutenir le Soudan dans son génocide au Darfour. En d’autres
mots, commencez à livrer les engagements que vous avez pris envers
le Comité international olympique concernant le respect des droits
de la personne – droits qui incluent, incidemment, celui de s’exprimer
et de s’associer.»
* * *
Dans
Le
Devoir, Christian Rioux écrit: «Si les Chinois peuvent
aujourd'hui goûter les joies de Dior, Gap et Givenchy, cette liberté
ne franchit pas la sphère politique, toujours dominée d'une
main de fer par le Parti communiste chinois. Il n'y a rien d'inévitable
à la démocratisation de la société chinoise,
soutient avec raison le dissident Hu Ping, qui vit aux États-Unis.
Pour l'instant, le boum économique chinois s'est plutôt accompagné
d'une répression accrue. Bref, la Chine est toujours la plus grande
prison du monde, mais elle a maintenant les moyens de ses ambitions...
Rappelons-nous les témoignages des dissidents soviétiques
après la chute du mur de Berlin. Tous ont tourné un doigt
accusateur vers l'Occident, demandant où étaient les grands
esprits de l'Ouest pendant qu'eux croupissaient dans les goulags.»
Source:
«The
Torch and Freedom», The New York Times, 9 avril 2008 et
Christian Rioux, «Les
“voyous” chinois», Le Devoir, 11 avril 2008, p. A3.
.
Flamme
olympique : bel exemple
de
désinformation à la chinoise
Le 8 avril, alors que tous les médias du monde montraient avec quelle
fougue les Parisiens ont protesté lors du passage de la flamme olympique
dans leur ville. voici comment Le
Quotidien du peuple – l’organe du Parti communiste chinois – rapportait
l'événement: «… Jusqu’à ce jour, le relais de
la torche olympique a été accompli avec succès dans
quatre villes étrangères... Partout où la torche
est passée, elle a fait l’objet d’un accueil chaleureux par les
habitants locaux... À l’heure qu’il est, le relais se déroule
sans heurt, selon un plan pré-établi…»
Pour sa part, le China Daily
publiait un article intitulé «Warm
réception in cold London» dans lequel on nous informe
que: «Malgré le temps maussade, la flamme a reçu un
accueil particulièrement chaleureux de la part des foules londoniennes…»
Le mercredi, le Quotidien récidivait avec San
Francisco en fête pour l'arrivée de la flamme olympique.
Curieusement, les mêmes médias ont par la suite adopté
un tout autre ton, dénonçant plutôt le «kidnapping
de la torche olympique par les séparatistes tibétains»:
Des
résidents chinois en France racontent le relais de la torche olympique
à Paris. Le quotidien y allait même de virulentes
attaques contre le Tibet et le Daiaï-lama. dénonçant
La
mascarade sur le Tibet en publiant un
télégramme de soutien envoyé par le Dalai lama à
Mao en 1951 ainsi que des archives
historiques montrant que le Tibet est une partie inaliénable du
pays…
«Combien de temps encore les médias vont continuer cette désinformation
rituelle et périodique?» se demandait avec justesse le Quotidien
du peuple!
Voilà des propos qui rappellent un autre exemple de désinformation
largement véhiculé par nos médias: la Chine surclassera
éventuellement les États-Unis, notamment en envoyant des
hommes sur la Lune… Voir à ce sujet Le
mythe de la Chine comme puissance mondiale du 21e siècle.
.
La Chine, puissance
mondiale du 21e siècle ?
L’un
des énoncés les plus répandus au sujet de la Chine
prétend que ce pays deviendra la puissance dominante du 21e siècle.
Pour appuyer cette prétention, on avance souvent qu’elle sera bientôt
une puissance spatiale capable de rivaliser avec les États-Unis.
Toutefois, cette affirmation ne résiste pas à l'analyse des
faits. Voir: Le
mythe de la Chine comme puissance mondiale du 21e siècle.
.
Bush, plus stupide que
jamais !
Le
président américain n’est pas réputé pour son
intelligence, mais plutôt pour son esprit têtu. En entrevue
avec Martha Raddatz, la correspondante à la Maison-Blanche du réseau
ABC, il illustre de façon si éloquente ces caractéristiques
qu’il vaut la peine de le citer mot à mot.
La
journaliste commence par lui dire que depuis des années, la population
américaine considère que la guerre en Irak est une erreur.
Visiblement déstabilisé, Bush répond:
Bush:.... |
Ouais… Eh bien… Regardez…
De toute évidence, j’ai à cœur ce que le peuple américain
pense, car c’est lui qui paie cet effort de guerre. Je pense que…
Je comprends que les gens n’aiment pas la guerre… Moi non plus, je n’aime
pas la guerre… |
Brillant
comme réponse, n’est-ce pas? Et la journaliste d’enchaîner:
Raddatz: |
Concernant l’Afghanistan, les
services de renseignements nous disent que si à quelque part on
est en train de planifier un attentat semblable au 11 septembre, c’est
probablement dans cette région du globe… |
Bush: |
Ouais. |
Raddatz: |
… et non pas en Irak. |
Bush: |
C’est probablement vrai. |
Raddatz: |
Mais alors, pourquoi n’y concentrez-vous
pas plus de ressources? Pourquoi n’êtes-vous pas disposés
à y envoyer davantage de troupes? |
Bush: |
Parce que les [terroristes]
ne sont pas en Afghanistan. S’ils y étaient, ils seraient
balayés. Nous avons assez de puissance de feu pour affronter
n’importe quelle cellule d’Al-Qaeda en Afghanistan. |
Raddatz: |
Mais alors, pourquoi vos chefs
d’État-major sont-ils si inquiets? |
Bush: |
Parce que… Nous sommes
tous inquiets à propos de cette région. C’est la région
où Al-Qaeda s’était autrefois réfugié… |
Encore
là, que de réponses brillantes! Et ce n’est pas fini.
Concernant la possibilité que le président n’assiste pas
aux Jeux olympiques de Pékin. celui-ci répond sans hésiter:
Bush: |
Mes plans n’ont pas changé…
[Les droits de la personne] ne sont pas un nouvel enjeu pour moi.
Chaque fois que je rencontre le président chinois – et je l’ai rencontré
très souvent – je lui parle de liberté religieuse. |
Raddatz: |
Mais votre présence
aux Olympiques signifie quelque chose... |
Bush: |
Oui, que j’encourage nos athlètes.
Voilà ce que cela signifie. Je ne considère pas les
Olympiques comme un événement politique, mais comme un événement
sportif. Et vous savez, j’ai parlé de liberté religieuse
et du Darfour, et de la Birmanie, et du dalaï-lama avant les Olympiques,
pendant les Olympiques et j’en parlerai encore après les Olympiques!
Mes plans n’ont donc pas changé. Non, ils n’ont pas changé… |
Raddatz: |
Rien ne vous fera changer d’idée. |
Bush: |
Mes plans n’ont pas changé… |
Voilà
qui résume parfaitement les huit années de la présidence
de George Bush fils.
Source: ABC News, «Exclusive
Interview with President Bush», 11 avril 2008.
.
Les bienfaits des changements
climatiques
déjà palpables
Yves
Gagnon est un producteur agricole qui pratique le jardinage écologique
dans la région de Lanaudière (au Nord de Montréal)
depuis plus de 25 ans. Il observe aisément les effets concrets
des changements climatiques. «Lorsque nous sommes arrivés
à Saint-Didace,
nous avions une saison sans gel de deux mois et demi environ. Nous
avions la dernière gelée vers le 10 juin et la première
gelée à la fin d'août. Maintenant, le dernier gel survient
autour du 25 mai et le premier gel apparaît souvent en octobre.
On a donc gagné quarante jours sans gel, ce qui nous permet d’obtenir
une production beaucoup plus importante.»
Cet
agriculteur très respectueux de l'environnement n’est pas pour autant
«en faveur des changements climatiques», mais il constate qu’il
y a de réels avantages à bénéficier d’une saison
tempérée «plus longue lorsqu’on vit dans une zone nordique
comme ici». Il souligne en outre que les insectes se reproduisent
eux aussi mieux, un problème qui se contrôle en favorisant
la biodiversité. «Là où nous nous sommes
établis [en 1980], la biodiversité était très
faible, dit-il, ce qui permettait à certains insectes nuisibles
de ravager nos cultures. Mais à force de développer
une biodiversité - en diversifiant nos cultures et en installant
des sections ornementales (les fleurs attirant des insectes bénéfiques
qui créent un équilibre dans le milieu de culture) -, on
arrive à établir un équilibre…»
Yves Gagnon
relate ses 25 années d’expérience dans un ouvrage intitulé
Le
Jardin écologique.
Source: Radio-Canada, Pourquoi
pas dimanche, 13 avril 2008.
.
La faim sévit
maintenant dans 37 pays !
En
début d’année, 2008 paraissait devoir être marquée
par une récession s’amorçant aux États-Unis et qui
pourrait entraîner le reste du monde dans une tourmente économique
plus ou moins sévère. Mais voilà qu’en avril
apparaît une famine d’une ampleur inégalée: 37
pays sont actuellement confrontés à des crises alimentaires,
rapporte l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO). Déjà, on observe des émeutes en Égypte
et à Haïti…
«La
facture des importations céréalières des pays les
plus pauvres du monde devrait augmenter de 56% en 2007/2008, après
une hausse significative de 37% en 2006/2007, écrit-on. Pour
les pays à faible revenu et déficit alimentaire en Afrique,
cette facture devrait augmenter de 74 %.» Fin mars, les prix
du blé et du riz avaient doublé par rapport à ceux
observés un an plus tôt et les prix du maïs avaient augmenté
de plus d'un tiers, selon la FAO. En conséquence, les prix
du pain, du riz, du maïs et de ses dérivés, du lait,
de l'huile, du soja et d'autres produits de base se sont envolés
ces derniers mois dans nombre de pays en développement.
Ces
hausses seraient dues à l'envolée des cours internationaux
des céréales, des tarifs du fret et du prix du baril de pétrole.
Selon la Banque mondiale, l’accroissement de la production de biocarburants
a aussi contribué à la flambée des prix alimentaires.
«L’utilisation de ces nouveaux carburants a entraîné
un surcroît de demande de matières premières telles
que blé, soja, maïs ou huile de palme, précise-t-on.
Mais cette flambée est aussi liée à la hausse des
prix de l’énergie et des engrais, à l’affaiblissement du
dollar et à l’application par certains pays de mesures d’interdiction
des exportations.» Selon l’organisme, la hausse des prix du
blé s’est chiffrée à 181% sur les 36 mois qui ont
précédé février 2008, alors que les prix alimentaires
mondiaux ont au total progressé de 83%.
Aux
yeux de Robert Zoellick, président du Groupe de la Banque mondiale,
la crise alimentaire pourrait se traduire par «sept années
perdues» dans la lutte contre la pauvreté. «Dans certains
pays, les avancées réalisées de haute lutte sur le
front de la réduction de la pauvreté risquent à présent
de s’inverser», dit-il.
«Pendant
que bon nombre de personnes se soucient de faire le plein de leur réservoir,
beaucoup d’autres de par le monde ont du mal à se remplir le ventre,
et la situation devient de plus en plus difficile chaque jour», remarque
M. Zoellick.
Pour
Jean Ziegler, rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation
aux Nations Unies: «Quand le prix du riz flambe de 52% en deux mois,
celui des céréales de 84% en quatre mois, on précipite
deux milliards de personnes sous le seuil de pauvreté… Quand
on lance, aux États-Unis, grâce à 6 milliards de subventions,
une politique de biocarburants qui draine 138 millions de tonnes de maïs
hors du marché alimentaire, on jette les bases d’un crime contre
l’humanité pour sa propre soif de carburant…»
Sources: ONU, «FAO
: la facture céréalière des pays pauvres s'envole»,
11 avril 2008 ; Banque Mondiale, «Selon
M. Zoellick, la flambée des prix alimentaires pourrait se traduire
par “sept années de perdues” dans la lutte contre la pauvreté»,
11 avril 2008 & «La
hausse des prix alimentaires menace la réduction de la pauvreté»,
9 avril 2008 ; C.LO, «Une
hécatombe annoncée», Libération,
14 avril 2008 . Marc Lacey, «Across
Globe, Empty Bellies Bring Rising Ange», The New York Times,
18 avril 2008.
.
Des analystes militaires
« indépendants »...
payés par le Pentagone
!
Dans
un long reportage, le New York Times révèle que plusieurs
des plus réputés analystes militaires – qui passent fréquemment
dans les médias américains - sont «payés»
et «bichonnés» par le Département de la défense
américaine pour propager, mine de rien, la propagande officielle!
Ce reportage sensationnel soulève une grave question: nos propres
analystes militaires sont-ils aussi peu indépendants? À
lire «Behind
Analysts, the Pentagon’s Hidden Hand», par David Barstow, The
New York Times, 20 avril 2008.
.
Troisième crise
de l’année : l’hystérie pétrolière
Après
l’annonce en janvier d’une récession
mondiale, puis de celle en avril d’une famine planétaire
(dont on ne parle déjà plus!), voici qu’en mai, nous sommes
secoués par ce qui pourrait bien être le plus grand choc pétrolier
de tous les temps.
Déjà, le 2 janvier, le prix du baril de pétrole avait
atteint le seuil des 100 dollars américains alors que le 6 mai,
un réputé analyste de la banque d'investissement Goldman
Sachs prédit qu’il pourrait franchir les 200 $ d'ici deux ans!
Ces douze derniers mois, le prix du baril a doublé, passant de 62
à 122 $ (graphique ci-contre).
Selon
certains analystes, une telle prédiction contribue grandement à
la hausse des prix puisqu'elle conditionne autant les consommateurs que
les marchés à d’importantes augmentations à venir.
Pour d’autres, dont l’investisseur de génie George
Soros, les spéculateurs seraient tout aussi à blâmer.
Selon lui, bien que des facteurs comme la faiblesse du dollar américain,
de nouvelles tensions au Moyen-Orient et la demande chinoise en énergie
pourraient expliquer en partie les augmentations, les cours du pétrole
sont fortement influencés parce que les fonds d’investissements
spéculent désormais sur la valeur du baril dans le but d'obtenir
des rendements élevés et rapides. C’est aussi l’avis
d’Antoine
Ayoub, professeur émérite à l’Université
Laval qui jouit d’une renommée internationale en matière
d’économie pétrolière. Celui-ci estime en effet
que le prix du baril est deux fois plus élevé qu’il ne devrait
l'être, précisément à cause de la spéculation.
Mais
toute médaille ayant son revers, M. Soros observe une «bulle
spéculative» qui explosera tôt ou tard. «La
courbe de croissance des prix du baril de pétrole a la forme parabolique
caractéristique d’une bulle», dit-il. Il considère
que cette bulle éclatera lorsque les États-Unis et la Grande-Bretagne
seront en récession – ce qui réduira la demande. Mais,
surtout, il prédit que l’éclatement de la bulle provoquera
en Grande-Bretagne une crise économique d’une ampleur sans précédente.
«L’augmentation des prix du pétrole et des aliments aggravera
d’autant la récession, dit-il. L’effondrement sera plus grave
[que dans les années 1970] parce que s’y ajoutera une baisse de
la valeur des maisons – ce qui n’a pas eu lieu à l’époque.»
Évidemment,
de telles prédictions pourraient bien ne jamais se concrétiser.
Toutefois, ce dont nous avertissent messieurs Soros et Ayoub (et plusieurs
autres), c’est que nous sommes en présence d’une bulle spéculative,
tout comme nous l’étions à la fin des années 1990
dans le domaine des technologies de l‘information et, plus récemment
aux États-Unis, en matière d’hypothèques de maison
à taux insensés. Nous voilà donc prévenus…
Note: |
Dans un éditorial publié
le 7 juillet, The Guardian parle des trois «F-words: food,
fuel and finance» - c’est-à-dire de la crise alimentaire,
de la crise pétrolière et de la crise économique.
«Trois grands problèmes assaillent l’économie mondiale,
écrit-on. Dans les pays riches, ils provoquent de la grogne
et des pressions sur les gouvernements pour qu'ils agissent. Dans
les pays pauvres: émeutes et famines… Et bien sûr, tous
trois sont liés.» Voir: «The
F-words», The Guardian, 7 juillet 2008. |
Sources: Presse Canadienne,
«Le
baril de pétrole bientôt à 200$ ?», 6 mai
2008 ; Edmund Conway, «George
Soros: rocketing oil price is a bubble» & «George
Soros: 'We face the most serious recession of our lifetime'»,
The
Daily Telegraph, 27 mai 2008 ; Martin Bisaillon, «Flambée
du pétrole : une bulle spéculative au bord de l’éclatement»,
Le
Journal de Montréal. mai 2008.
.
«Montréal,
l'une des métropoles les plus sécuritaires»
Selon
le bilan du Service de police de la Ville de Montréal, le taux de
criminalité pour l'année 2007 a baissé de 8%,
positionnant de nouveau Montréal comme l'une des métropoles
les plus sécuritaires au monde. Le nombre d'homicides a chuté
de 2%, les tentatives de meurtres de 32% et les agressions sexuelles de
22%. En outre, les crimes contre la propriété ont également
baissé… Voir les indicateurs précis dans Les
plus récentes données sur la criminalitél.
.
Clinton ou Giuliani
à la présidence ?!
Enfin,
nous savons que le choix du prochain président américain
se fera entre le démocrate Barack
Obama et le républicain John
McCain.
Après une déchirante course à n’en plus finir, Barack
Obama remporte en effet la nomination démocrate aux dépens
d’Hillary
Clinton. Or, avant même que ne débute cette course,
les experts et analystes prédisaient
que la présidence serait en fin de compte convoitée par la
démocrate Hillary Clinton et par le républicain Rudolph
Giuliani (ci-contre). Non seulement la candidature de ce dernier
s’est effondrée dès le départ mais, à l’été
2007, les médias nous avaient rapporté que tout était
déjà perdu pour McCain! (1)
Ce
n’est pas la première fois que nos analystes et experts se trompent
à ce point. Il existe maints précédents dont,
entre autres, en 1984, lors de la désignation du candidat démocrate
à la présidence. Bon nombre d’analystes prédisaient
que le très populaire John
Glenn avait d’excellentes chances de remporter la nomination.
Or, tout comme Giuliani en 2008, la candidature de l’ex-astronaute s’est
rapidement volatilisée. Pire: en 1991, les analystes estimaient
avec tant d’assurance que le président George
Bush père serait à coup sûr réélu
que les principales têtes d’affiche du Parti démocrate ont
préféré attendre l’élection suivante.
Résultat, un certain méconnu a tout de même tenté
sa chance:
Bill Clinton.
On
dit souvent qu’en politique, six mois représentent une éternité.
C’est vrai puisque tout peut parfois changer très rapidement.
Cependant, on devrait aussi se rappeler que les analyses et prédictions
– auxquelles on accorde tant de place dans les médias - s’avèrent
le plus souvent erronées.
En
novembre prochain, qui d’Obama ou de McCain deviendra président?
Méfions-nous des analyses… qui nous indiquent que, pour l’heure,
le premier devancerait légèrement le second.
Note: |
La nomination d'Obama comme
candidat démocrate à la présidence coïncide pratiquement
avec le quarantième anniversaire de l’assassinat de Bobby
Kennedy, lui-même aspirant démocrate aux élections
présidentielles de 1968. Cet anniversaire est passé
sous silence, contrairement à celui de Martin
Luther King deux mois plus tôt. De toute évidence,
tout le monde ressent un profond malaise: et si Obama devait subir le même
sort que Kennedy et Luther King? |
Ressources: Jeff Zeleny, «Obama
Clinches Nomination; First Black Candidate to Lead a Major Party Ticket»,
The
New York Times, 4 juin 2008 & Adam Nagourney, «After
Grueling Battle, Obama Claims Nomination», The New York Times,
4 juin 2008. Voir aussi «Remembering
Our Father»: Lessons
of the Magnolia Tree, par Kerry Kennedy, Taking
'No' for an Answer, par Joseph P. Kennedy II and The
Delta in Our Home, par Kathleen Kennedy Townsend, The New York Times,
5 juin 2008.
.
Vendredi étonnamment
sombre !
En
ce printemps 2008, les nouvelles économiques sont mauvaises.
On parle beaucoup d’une dégradation de l’économie, particulièrement
aux États-Unis, notamment de chômage et de baisses des cours
boursiers, ainsi que de l’augmentation excessive des prix de l’énergie.
On ne parle pas encore de récession – nos dirigeants politiques
faisant tout pour éviter de prononcer ce mot -, mais c’est tout
comme. L’avenir semble très «sombre»… À
preuve, il n’y a qu’à parcourir les quatre manchettes qui ornaient
la une du site web du New York
Times au soir du vendredi 6 juin:
1°) Dow
Slides 394 Points; Oil Surges $10.75,
2°) Oil
Prices Skyrocket, Taking Biggest Jump Ever,
3°) Unemployment
Rate Hits 5.5% as 49,000 Jobs Lost.
4°) Job
Losses and Surge in Oil Spread Gloom on Economy.
.
Une nouvelle vision
de notre îlot cosmique
L’idée
qu’on se fait de l’Univers dans lequel nous vivons vient à nouveau
d’évoluer. Cela s’est produit quelques fois par le passé,
notamment lorsque nous avons pris conscience, il y a quatre siècles,
que nous habitons sur une planète qui gravite autour d’une étoile,
ou encore lorsque nous avons réalisé, il y a un siècle,
qu’on n’habite que l’une des milliards de galaxies qui constituent
l’Univers.
Les astronomes ont d’énormes difficultés à déterminer
à quoi ressemble au juste notre galaxie puisque nous sommes à
l’intérieur. Par conséquent, ils ont imaginé
qu’elle devrait ressembler à la plupart des galaxies: des tourbillons plats
et blanchâtres. Une galaxie est un regroupement de milliards
d'étoiles et de matière interstellaire liés par gravitation.
Chacune constitue un îlot cosmique perdu dans l'immensité
de l'Univers. Baptisée Voie lactée, notre galaxie se
compose de deux à trois cent milliards d'étoiles qui forment
un disque plat mesurant 100 000 années-lumière de diamètre.
Comme l’illustre le dessin ci-contre, les astronomes estimaient qu'elle
devait comporter une demi-douzaine de bras enroulés en spirale autour
du noyau lumineux. Nous nous trouvons en périphérie,
dans l‘un de ces bras (à gauche sur le dessin).
Toutefois,
à la suite de longues années d’observations réalisées
à l’aide des plus puissants télescopes spatiaux, voici que
les astronomes ont révisé leur modèle de l'îlot
cosmique dans lequel nous habitons. La Voie lactée apparaît
plutôt formée de deux grands bras en spirale s’élançant
à partir d’un barreau central (ci-dessous). Qui plus est,
on se trouve désormais entre l’un et l’autre de ces bras (au bas
du dessin).
Cette
«découverte» peut sembler ne relever que de la curiosité
scientifique. Cependant, comme il est rare qu’on assiste à
une révision de la représentation de l’Univers dans lequel
nous vivons, cette illustration mérite d’être contemplée…
Cliquez deux fois dessus pour admirer en détail notre petit coin
d'Univers.
Source: NASA, «Our
Milky Way Gets a Makeover», 6 juin 2008.
.
« Nous détestons
tant Israël que… »
Les «ennemis» d’Israël ne sont pas nécessairement
ceux qu’on croit.
Le
15 mai, dans un discours prononcé devant le parlement israélien.
George Bush a parlé de «l'alliance inaltérable»
entre les États-Unis et l’État juif: «La population
d'Israël n'est peut-être que d'un peu plus de 7 millions, a-t-il
dit, mais lorsque vous faites face à la terreur et au mal, vous
êtes 307 millions parce que l'Amérique est à vos côtés.»
Un mois plus tard, à la veille d’une visite en Israël, Nicolas
Sarkozy déclarait: «Je veux apporter un soutien, une assurance
solennelle à la population israélienne et lui dire que la
France sera toujours aux côtés d'Israël quand son existence
et sa sécurité seront mises en cause.»
Ce
qu’il y a de navrant dans de telles déclarations, c’est que fort
de l’appui inconditionnel des deux puissances, l'État israélien
se sent parfaitement légitimé de ne pas négocier sérieusement
avec l’État palestinien. En effet, comme le démontrent
maints exemples dans l‘histoire, pour que deux parties en viennent à
s’entendre, il faut qu’elles se sentent relativement égales et/ou
qu’elles possèdent des appuis (ou des forces) comparables.
Autrement, tout déséquilibre majeur conduit immanquablement
à l’échec. D’ailleurs, par le passé, Israël
a maintes fois refusé de négocier avec des «faibles»
- notamment avec Yasser Arafat, si affaiblie à la fin de sa vie,
et avec Mahmoud Abbas, l’actuel président de l’Autorité palestinienne.
Ainsi, pour espérer que des négociations de paix aboutissent
au Moyen-Orient, il faudrait plutôt que la pauvre petite Palestine
bénéficie du soutien sans réserve de puissances comme
les États-Unis et la France face à un État israélien
déjà le plus puissant de la région.
Incidemment,
le 17 juin, on annonçait la conclusion d’une trêve entre Israël
et la Bande de Gaza. Or, cette portion de la Palestine est justement
contrôlée par le Hamas, le «mouvement terroriste»
qu’Israël est incapable de mâter. Qui plus est, cet accord
a été négocié sous l’égide de l‘Égypte,
un État arabe (pro Palestinien) qui entretient des liens de paix
avec l’État juif depuis des décennies.
En
renforçant la supériorité absolue que détient
Israël, messieurs Bush et Sarkozy déclarent en quelque sorte:
«Nous détestons tant l’État juif que nous l’encourageons
à se maintenir en guerre».
À lire aussi: «Tough
Love for Israel?», de Nicholas Krisfof, The New York Times,
24 juillet 2008.
Ressources: AFP, «Bush
évoque le nazisme pour assurer à Israël le soutien de
l'Amérique», 15 mai 2008 ; AFP, «La
France sera toujours aux côtés d'Israël pour sa sécurité»,
20 juin 2008 ; AFP, «La
durée de la trêve avec Israël sera de «six mois»,
selon le Hamas», 17 juin 2008 & AFP, «Une
trêve entre le Hamas et Israël en vigueur à Gazas,
19 juin 2008.
.
À l’aube de la
déroute du terrorisme ?
Selon
ce qu’on nous rapporte, la violence tendrait à s’estomper en Irak.
Thomas Friedman, reporter et globe-trotter émérite du New
York Times – il séjourne fréquemment au Moyen-Orient
depuis des années – relate que les Irakiens pourraient avoir pris
leur sort en mains en se débarrassant de leurs extrémistes.
«J’ai toujours considéré qu’il n’y a qu’une seule chose
de bonne à propos des extrémistes, écrit-il, c’est
qu’ils ne savent jamais quand s’arrêter.»
Friedman
rapporte ainsi qu’en Irak, l’organisation terroriste Al-Qaeda a basculé
dans la tuerie des Sunnites qui s’opposaient à elle, décapitant
à qui mieux mieux, imposant des mariages, s’attaquant aux chefs
locaux et assassinant par centaines les rivaux chiites. De l’autre
côté, les extrémistes chiites ont tenté d’imposer
un régime de type taliban à une population pourtant fortement
laïque. Avec le temps, ces oppressions ont suscité de
part et d'autre la révolte - «On ne veut pas de cela ici!»
- qui a mené tant les Sunnites que les Chiites modérés
à bouter leurs extrémistes.
Par
ailleurs, Daniel Kimmage, analyste senior pour Radio Free Europe/Radio
Liberty, relate que si Al-Qaeda a si bien su se servir d’Internet pour
diffuser sa propagande, voilà que l’organisation est désormais
confrontée aux échanges qu’imposent les nouveaux modes de
diffusion comme YouTube.
«Al-Qaeda
a bâti sa renommée grâce au sang et aux pixels, énonce-t-il,
c’est-à-dire en commettant de sanglants attentats et en produisant
un déluge de messages électroniques diffusé par médias
de masse.» L’analyste a par exemple recensé qu’au cours
du seul mois de juillet 2007, Al-Qaeda a publié plus de 450 communiqués,
articles, magazines, livres, enregistrements audio, clips vidéos
et films plus longs. «Toute cette production est disséminée
à travers le monde via un vaste réseau quasi officiel»,
observe-t-il.
Toutefois,
constate Kimmage, si les terroristes contrôlent parfaitement le message
qu’ils diffusent, voilà qu’ils sont de plus en plus contestés
sur YouTube. «Une récente compilation des vidéos
en langue arabe les plus visionnées au sujet d’Al-Qaeda en incluait
une de l’“État islamique d’Irak” comportant des commentaires sarcastiques
et des versets satiriques à l’encontre d’Al-Qaeda. De même,
des discours de bin Laden et de son adjoint, Ayman al-Zawahri, sont désormais
commentés de façon pas toujours élogieuse…»
«Ce
sont là des exemples qui montrent qu’une communauté en mesure
de s’exprimer, particulièrement dans le monde arabo-musulman, pourrait
bien devenir le talon d’Achille d’Al-Qaeda», estime l’analyste.
Ce
qu’il y a de remarquable dans ce que rapportent les deux observateurs,
c’est que le terrorisme des années 2000 pourrait bien subir le même
sort que celui des années 1970. En effet, bon nombre des groupes
terroristes qui sévissaient à l’époque en Europe et
aux Moyen-Orient sont disparus non pas parce que les gouvernements en sont
venus à bout mais lorsque les militants de la base – ceux qui servent
de chair à canon - ont fini par réaliser que leurs sacrifices
ne menaient à rien. (1) Ainsi, le jour
où les candidats au martyr islamique réaliseront que la cause
pour laquelle ils se sacrifient n’a nullement progressé depuis les
attentats du 11 septembre et malgré les milliers d’attentats suicides
– ce qui est bien le cas -, ils cesseront leur combat. C’est ainsi
que le terrorisme que nous subissons s’estompera – et non pas grâce
à la «Guerre au terrorisme» menée de façon
si absurde par nos gouvernements. Friedman et Kimmage nous rapportent
peut-être les premiers signes de cette fin éventuelle.
(1) |
Les raisons qui ont mené à
la disparition des groupes terroristes des années 1970 (Septembre
Noir, ETA, IRA, FLQ, Brigades Rouges, la Bande à Baader, etc.) ont
été admirablement exposées dans une série radio
en dix épisodes intitulée Mécaniques
terroristes diffusée (entre autres) sur les ondes de la Première
chaîne de Radio-Canada à l’automne 2006. |
.
Note |
Un journaliste israélien (Ronen Bergman),
qui suit de près ce qui se passe dans les coulisses des mouvements
islamistes extrémistes (en surveillant notamment ce qui s’écrit
sur les bloques et les chats militants), rapporte qu’on y relate
qu’il est de plus en plus difficile de recruter des volontaires. «Les
jeunes hommes sont réticents ou ont tout simplement peur de s’engager
dans des attentats suicides, écrit-il. Il se pourrait donc
qu’on assiste ainsi au début de la fin du terrorisme par suicide…»
Voir: Ronen Bergman, «Living
to Bomb Another Day», The New York Times, 9 septembre
2008. |
Sources: Thomas L. Friedman,
«Taking
Ownership of Iraq?», The New York Times, 25 juin 2008
& Daniel Kimmage, «Fight
Terror With YouTube», The New York Times, 26 juin 2008.
Voir aussi: Sabrina Tavernise,
«Shiite
Militia in Baghdad Sees Its Power Ebb». The New York Times,
27 juillet 2008.
.
TQS : gare à
la télé-poubelle ?
En accordant à Remstar Diffusion inc. l'autorisation d’acquérir
le réseau de Télévision Quatre-Saisons et d’exploiter
sa licence de diffusion jusqu’en 2015, le CRTC protégerait «la
diversité de l’information», l’objet de tant de débats
ces derniers mois. Toutefois, on a assez peu discuté du contenu
télé que présentera le nouveau Mouton Noir.
Apparemment, les nouveaux propriétaires viseront la clientèle
des jeunes hommes en leur offrant une programmation axée sur l’humour,
le sexy et la violence. Mais en quoi consistera au juste cette programmation?
Avec quelles émissions espèrent-ils intéresser les
jeunes hommes? Quel niveau d’humour leur offrira-t-on? Ces
questions nous concernent tous, car bien que TQS s’adressera à un
certain public, comme télé généraliste, nous
la verrons tous. Peut-être vient-on de créer «un
monstre», une sorte de télé-poubelle dont on dénoncera
l’existence dans quelque temps? Regrettera-t-on un jour d’avoir tant
misé sur la sauvegarde d’une «source d’information différente»
en négligeant de questionner de près les frères Rémillards
sur ce qu'ils feront de TQS?
Note: |
mi-juillet, on nous annonce
que Jeff Fillion, «le roi de la radio-poubelle» de Québec,
pourrait animer une émission matinale à TQS. Est-ce
d’une telle télé dont on rêve? |
Ressource: CRTC, «Le
CRTC impose des conditions strictes à la transaction concernant
TQS et reverra ces conditions en 2011», 26 juin 2008.
Voir aussi: Marc Cassivi, «C'est
mieux d'être bon», La Presse, 30 octobre 2008.
.
Comme si 30 000 meurtres
ne suffisaient pas !
La Cour suprême des États-Unis rend un jugement historique
le 26 juin en se prononçant sur le sacro-saint droit de posséder
des armes à feu – un droit qui toucherait à l'identité
même de la Nation, proclame-t-on. Il s’agissait pour le plus
haut tribunal d’interpréter le fameux deuxième amendement
ajouté à la Constitution américaine en 1789 et qui
stipule que: «Une milice bien organisée étant essentielle
à la sécurité d’un État libre, le droit des
gens de posséder et de porter des armes ne doit pas être entravé.»
Depuis
deux siècles, les juristes se questionnent sur ce que confère
au juste cet amendement - un droit individuel ou collectif de posséder
des armes - ainsi que sur la nature des armes protégées.
Or, pour la première fois, cinq des neuf juges de la Cour suprême
interprètent que cet amendement garantit à tout Américain
le droit de posséder une arme à feu et de s'en servir pour
se défendre. (Curieusement, personne ne relie plus ce «droit»
à la nécessité de disposer de milices pour protéger
l’État – un concept évidemment dépassé.)
Sans
surprise, ce jugement est applaudi par le président Bush, qui considère
même qu’il s’agit «d’un grand jour dans l’histoire des États-Unis».
Il est tout aussi bien accueilli par le candidat républicain à
la présidence, John McCain, qui en profite pour dénigrer
son adversaire: «Contrairement à la vision élitiste
[d’Obama (1)], qui prétend que les Américains
sont attachés à leurs armes par dépit, le jugement
d’aujourd’hui reconnaît que la possession d’armes est un droit fondamental
et sacré, tout comme l'est celui de s’exprimer et de se réunir
librement.» Pour sa part, Barack Obama rapporte que: «J’ai
toujours cru que le deuxième amendement protégeait le droit
des individus de posséder des armes, mais je pense aussi aux communautés
dévastées par la criminalité qui ont besoin de protéger
leurs enfants contre la violence.»
Selon
le Center for Disease Control américain, les États-Unis
sont le pays où on retrouve le plus d’armes en circulation: 200
millions
(pour une population de 220 millions d’adultes âgés de 18
à 65 ans). Pour sa part, le sénateur démocrate
Dick Durbin rappelle qu’à Chicago (ville que représente Obama
au Sénat), pas moins de 20 étudiants ont été
abattus au cours de la présente année scolaire alors qu’en
avril seulement, 48 fusillades ont éclaté en dix jours seulement.
Pour sa part, le maire de Chicago estime que «La seule chose que
fera [ce jugement], ce sera d’augmenter vos impôts ainsi que le nombre
de policiers, d’hospitalisations et de victimes de violence.»
Le
New
York Times renchérit en rappelant que chaque année, 30
000 Américains périssent par armes à feu, soit à
leur travail ou en se rendant à l’école ou au centre d’achat.
C’est plus de 80 par jour! «La Cour suprême vient à
coup sûr de garantir que davantage d’Américains périront
de cette façon», écrit-on. (2)
«Cette
décision, poursuit le quotidien new-yorkais, coûtera la vie
à
d’innombrables innocents et entraînera d’incalculables souffrances
en rendant les États-Unis encore plus dangereux. Elle ternira
davantage notre image à l'étranger en envoyant le message
que nous prévilégions le droit des armes aux droits humains.»
Le quotidien rappelle enfin que le juge Antonin
Scalia (ci-contre), qui a rédigé la décision au
nom de la majorité des juges de la Cour suprême, s’est récemment
opposé à un autre jugement conférant des droits aux
détenus du camp de concentration de Guantánamo. Le
tribunal considère que, selon la Constitution américaine,
ces prisonniers ont le droit de contester leur détention devant
des tribunaux civils américains. Or, Scalia s’est dissocié
de ce jugement, considérant qu’en octroyant des droits quelconques
aux «combattants ennemis» prisonniers à Guantánamo,
davantage d’Américains périront éventuellement. (3)
«Cette affirmation, de conclure le New York Times, s’applique
sans l’ombre d’un doute au jugement que vient de rendre la Cour suprême.»
(1) |
Le 6 avril, constatant qu'il avait du mal
à rallier les électeurs de la classe ouvrière, Obama
avait laissé filer qu’il s’agit de gens économiquement frustrés:
«Il n'est pas surprenant que ceux-ci deviennent amers, qu'ils s'accrochent
à leurs armes, ou à la religion, ou à la haine contre
ceux qui ne sont pas comme eux, ou qu'ils rejettent les immigrants ou le
commerce pour exprimer leur frustration.» Ces propos ont déclenché
une telle controverse que le candidat à la présidence a dû
se rétracter: «Je n'ai pas formulé ma pensée
comme j'aurais dû…» |
(2) |
Adam Liptak, du New York Times, rapporte
que le Département de la justice américaine a calculé
qu’entre 1992 et 1997, une moyenne de 36 000 personnes ont péri
chaque année par balle, soit 51% en se suicidant et 44% comme victimes
de meurtre. Ainsi donc, les détenteurs d’armes à feu
seraient les premiers à périr par leurs armes... alors que
le lobby des armes prétend toujours que celles-ci servent avant
tout à protéger les innocents contre les malfaiteurs. |
(3) |
Plus précisément, le New
York Times rapportait
que le juge Scalia a prédit que cette décision aurait des
«conséquences dévastatrices et désastreuses»,
qu'«Elle entraînera presque assurément que des Américains
seront tués. La Nation finira par regretter ce que la Cour a fait
aujourd’hui…» |
Sources: Linda Greenhouse, «Landmark
Ruling Enshrines Right to Own Guns», The New York Times,
27 juin 2008 ; Editorial, «Lock
and Load»,
The NewYork Times, 27 juin 2008 ; Associated
Press, «Reactions
to the Supreme Court striking down the DC gun ban», The New
York Times, 26 juin 2008. (Ce dernier article cite les réactions
de douze élus américains clairement identifiés comme
républicains ou démocrates. Or, les cinq républicains
cités approuvent la décision de la Cour suprême, alors
que quatre des sept démocrates la désapprouvent (les trois
autres (dont Obama) étant plutôt mitigés). À
lire
leurs propos «édifiants»...
Voir aussi: «Second
Amendment to the United States Constitution» dans Wikipedia.
.
Et si Dieu n’existait
pas...
Et
puis il y a toutes ces religions qui prônent chacune l’amour.
Et qui fabriquent de la haine, des assassins, des terroristes.
Pour telles ou telles croyances, des innocents meurent chaque jour.
Tout ça au nom de dieu [dont] on ne sait même pas s’il
existe !
--
Grand Corps Malade, «Le
Blues de l’instituteur»
.
Où s’en va le
monde :
la Chine… déjà
sur son déclin ?
La Chine accorde une importance incommensurable - démesurée
même - à la tenue des Jeux olympiques dans sa capitale le
mois prochain. Il n’y a qu’à parcourir la presse chinoise
pour réaliser à quel point elle est prête à
déployer toutes ses ressources. (À titre d’exemple,
elle a récemment lancé deux satellites – l’un
météo et l’autre
de communication – expressément pour les olympiades… ce qu’aucun
autre pays hôte n’a fait.) Tout indique que ces jeux sont pour
elle l’occasion de faire valoir sa puissance et sa modernité.
Par conséquent, la Chine ne néglige rien pour parfaire son
image.
Toutefois,
la dernière grande puissance communiste pourrait bien être
sur son déclin. En effet, elle sera frappée de plein
fouet par la récession qui secoue l’Occident ainsi que par l’augmentation
vertigineuse des prix de l’énergie. Si la Chine a connu depuis
quinze ans une croissance phénoménale, c’est bien parce qu’elle
est devenue l’usine qui fabrique une bonne part des gadgets que nous consommons.
Évidemment,
si nous sommes contraints de diminuer nos niveaux de consommation – pour
cause de chômage et d’augmentation du coût des denrées
de base -, les usines chinoises en subiront les contrecoups. Mais,
il y a plus sérieux encore puisque la Chine importe de loin ses
matières premières et les combustibles dont elle a tant besoin,
avant d’exporter au loin sa production. Si donc les cours pétroliers
demeurent élevés, elle sera à jamais désavantagée.
Qui sait, reviendra-t-on un jour à des modes de production plus
proche des marchés de consommation?
C’est
ainsi que le bouleversement économique qui s’annonce changera la
donne. Rappelons-nous que le Japon, qui était dans les années
1970-80 l’usine planétaire, ne s’est jamais remis de la récession
des années 1990 puis de l’entrée en scène de la Chine.
À son tour, cette dernière pourrait ne jamais se remettre
de la récession des années 2000 et de la relocalisation de
la production.
Et si la Chine sauvait
le monde ?
Mais n’allons
pas trop vite: la Chine ne se laissera probablement pas faire. Notamment,
elle dispose d’imposantes réserves de dollars américains.
(On a longtemps craint qu’elle s’en serve un jour pour déstabiliser
l’économie américaine. Mais cette menace est passée
puisque, du coup, la Chine se ruinerait tout autant.) Toutefois,
peut-on imaginer qu'elle sauve l’économie mondiale de la récession…
afin de se préserver elle-même d’un effondrement économique?
Un État communiste à la rescousse du monde capitaliste!
Ce serait le monde à l’envers. Et pourtant…
Quoiqu’il
advienne, l’économie mondiale se transforme à la lumière
des bouleversements que nous connaissons et bien malin qui pourrait prévoir
quels seront les résultats. Ainsi, pour l’heure, tout indique
que la croissance des coûts de l’énergie et la récession
auront des impacts majeurs sur l’économie mondiale – c’est le moins
qu’on puisse dire. Mais s’il s’agissait d’une fausse alerte?
Si, par exemple, dans un an ou deux, tout était redevenu «comme
avant», avec un baril de pétrole à 50-75 $ et selon
une activité économique comparable à celle du début
des années 2000? Impensable, dites-vous? Pourtant, cela
s’est déjà produit, à la suite du choc pétrolier
de 1973 et de la récession qui s'en est suivie. Restera néanmoins
les conséquences des changements climatiques et de l’épuisement
de différentes ressources… Nous vivons à une époque
intéressante.
Com-
men-
taire: |
Combien ont décrié,
dans les années 1990, la mondialisation et la relocalisation de
la production et des emplois vers la Chine? Il est vrai que ces bouleversements
ont fait mal à des centaines de milliers de travailleurs occidentaux
– ce n’est pas rien. Mais, d'un autre côté, en intégrant
la Chine à notre économie, on s’est évité une
nouvelle course aux armes qui aurait pu être désastreuse.
Imaginons simplement que nous nous retrouvions comme dans les années
1950, en pleine guerre froide avec la Chine (comme autrefois avec l’Union
soviétique). Imaginons qu’on soit en train de dépenser
des billions $ en armement de toute sorte, tout en menant différents
conflits avec un État communiste se comportant comme l’URSS d’autrefois.
Non seulement ne serions-nous guère plus avancés sur le plan
économique, mais le monde risquerait de basculer à tout moment
dans une conflagration nucléaire fatale. On a oublié
les terreurs dans lesquelles ont vécu nos parents et grands-parents
dans les années 1950-1970. Les opposants à la mondialisation
ignorent les coûts exorbitants qu’imposent les frontières
fermées et le repli sur soi des États. À n’en
point douter, la mondialisation et la vive concurrence que nous livre la
Chine sont nettement préférables à une guerre froide
entre super-puissances prêtes à tout. |
.
Les biocarburants font
des millions de victimes
Le
quotidien britannique The Guardian révèle que, selon
une étude non publiée par la Banque mondiale, les biocarburants
auraient provoqué une hausse de 75% du prix des denrées alimentaires.
Voilà qui contredit la prétention américaine à
l’effet que la production de carburant à partir de plantes n’aurait
contribué que pour 3% à la flambée des prix des aliments.
L’administration
Bush lie plutôt ces hausses aux besoins alimentaires accrus de la
Chine et de l‘Inde. Or, l’analyse – la plus précise jamais
faite - conclut que: «La croissance des revenus dans les pays en
émergence n’a pas généré une forte augmentation
de la consommation globale des céréales et elle ne constitue
pas un facteur majeur dans les importantes augmentations des prix.»
Le
quotidien avance que cette analyse n’aurait pas été diffusée
afin d’éviter d’embarrasser l’administration Bush: «Elle placerait
la Banque mondiale en conflit avec la Maison Blanche», indique-t-on.
«Nos dirigeants politiques semblent vouloir supprimer et ignorer
toutes indications à l’effet que les biocarburants sont l’un des
principaux facteurs à l’origine des récentes augmentations
des prix de la nourriture, estime Robert Bailey, conseiller politique à
Oxfam. Or, alors que nos politiciens se bornent à satisfaire
les intérêts des lobbies industriels, les populations des
pays pauvres n’ont plus les moyens de se procurer de quoi se nourrir.»
La
Banque mondiale estime d’autre part que l’impact conjugué de la
hausse des prix des produits alimentaires, des carburants et autres produits
de base a provoqué une chute de 3 à 10% du PIB de 41 pays.
Elle calcule même que 100 millions de personnes ont été
précipitées dans la pauvreté. «Nous avons
déjà vu des émeutes de la faim dans plus de 30 pays
et les troubles liés à la cherté des carburants se
multiplient, rapporte Robert Zoellick, président du Groupe de la
Banque mondiale. Ce que nous observons aujourd’hui, ce n’est pas
une catastrophe naturelle, mais une catastrophe d’origine humaine et qui
doit par conséquent être réglée par l’homme.»
Source: Aditya Chakrabortty, «Secret
report: biofuel caused food crisis», The Guardian, 4 juillet
2008 ; Le Groupe de la Banque mondiale, «Selon
le président Zoellick, le G8 se doit d’agir maintenant»,
2 juillet 2008.
.
Que feront les Américains
des crimes
de guerre commis par l’administration
Bush ?
Nicholas
Kristof, chroniqueur au New York Times, lance un formidable débat
en proposant la création éventuelle d’une «Commission
Vérité» pour faire la lumière sur les crimes
de guerre commis par les États-Unis dans la foulée des attentats
du 11 septembre.
Du coup, il relate les propos du major général Antonio Taguba,
de la U.S. Army, qui a enquêté sur les supplices
infligés dans la prison irakienne d’Abou Ghraib en 2003.
Dans un récent rapport,
celui-ci affirme sans ambages: «Il ne fait aucun doute que l’actuelle
administration a commis des crimes de guerre. La seule question qui
se pose maintenant est de savoir si ceux qui ont ordonné l’utilisation
de la torture seront tenus responsables.»
«Le
fait que plus de cent détenus soient morts aux mains d’Américains
en Afghanistan, en Irak et à Guantánamo est une honte nationale»,
commente le journaliste. D’autant plus que plusieurs des détenus
torturés sont innocents. En effet, une équipe de professeurs
de droit et d’étudiants (1) a analysé
517 dossiers de détenus de Guantánamo et trouvé que
seulement 8% d’entre eux pourraient avoir été liés
à Al-Qaeda. Par contre, 55% n’auraient contribué à
aucune activité hostile envers les États-Unis alors que les
autres étaient accusés de «méfaits douteux»…
comme d’avoir fui les bombardements américains! Thomas White,
ex-secrétaire de l’armée américaine, considère
d'ailleurs que, dès l’ouverture du camp de concentration, «il
était évident que le tiers des détenus qui y ont été
envoyés n’aurait jamais dû s’y trouver».
Il
sera fort intéressant de voir ce qui se passera aux États-Unis
à la suite du remplacement de l’administration Bush en janvier prochain.
On a cependant de bonnes raisons de douter qu’une Commission Vérité
soit un jour instituée, ne serait-ce que parce que les dirigeants
politiques en fonction préféreront probablement oublier ces
«années de cauchemars» pour tourner la page et «regarder
vers le futur». Toutefois, les Américains étant
toujours très bavards, on assistera à la publication d’une
foule d’ouvrages dans lesquels des participants, des témoins et
des observateurs livreront ce qui s’est réellement passé
durant ces années d’abus.
C'est même déjà commencé. Ainsi, dans
un récent ouvrage, Bush’s
Law, Eric Lichtblau révèle entre autres que les services
de sécurité intérieure auraient envisagé, dans
les jours suivant les attentats du 11 septembre, de procéder à
l'arrestation de tous les Américains d’origine arabe! Heureusement
que le commissaire à l’immigration et à la naturalisation
de l’époque s’y est vivement opposé: «Messieurs, nous
avons une chose qui s’appelle la Constitution!», aurait-il lancé
lors d'une réunion ministérielle. «En tout cas,
moi, je n'y prendrai pas part.» |
De même, dans The Dark Side: The Inside Story of How the War on
Terror Turned Into a War on American Ideals, Jane Mayer révèle
l’existence du très secret bras droit du vice-président Cheney:
David Addington. «Pour lui, écrit la journaliste, absolument
tout ce que le président voulait faire pour combattre le terrorisme
était acceptable, qu’importe la Constitution, le Congrès
ou les Conventions de Genève. Cela incluait la torture, les
saisies, l’écoute électronique sans mandat, la suspension
de tout droit de contester et quoi d'autres… Cet état d’esprit
nous a donné Abou Ghraib, Guantánamo et les prisons secrètes
de la CIA» (au sujet desquelles on ne sait encore rien). «Lorsque
toutes les contraintes de la loi sont levées par ceux et celles
qui sont au sommet du pouvoir, des choses horribles se produisent, ajoute
le journaliste Bob Herbert. Des prisonniers sont abusés physiquement
et mentalement, jour après jour et mois après mois, jusqu’à
ce qu’ils supplient de les laisser se suicider. D’autres prisonniers
sont battus alors qu’ils sont sur le point de mourir…» (Voir
d'autres révélations aussi glaçantes dans les articles
The
Real-Life ‘24’ of Summer 2008 et Madness
and Shame.)
Il sera tout aussi intéressant de voir comment le peuple américain
- l'Américain moyen - se comportera d'ici quelque temps: assumera-t-il
un blâme collectif ou tombera-t-il dans le déni ou l’oubli?
«C'est pas nous…, c'est pas de notre faute…, c'est à cause
des “autres”…» La publication de l’article de Kristof nous
donne peut-être déjà un avant-goût puisque des
centaines de lecteurs du New York Times ont commenté
l’idée d’une Commission Vérité. À lire:
« |
The
Truth Commission», par Nicholas Kristof, The New York Times,
6 juillet 2008. |
« |
Torture
at Abu Ghraib», par Seymour Hersh, The New Yorker, 10
mai 2004. |
« |
Broken
Laws, Broken Lives: Medical Evidence of US Torture and
Its
Impact», un rapport des Physicians
for Human Rights. |
« |
Secret
tactics dictated treatment of detainees», par Tom Lasseter, The
Seattle Times, 18 juin 2008. |
« |
U.S.
hid suspects from Red Cross, files show», par Warren Strobel,
The
Seattle Times, 18 juin 2008. |
« |
The
General’s Report: How Antonio Taguba, who investigated the Abu Ghraib
scandal, became one of its casualties», par Seymour Hersh, The
New Yorker, 25 juin 2007. |
« |
The
Real-Life ‘24’ of Summer 2008», par Franck Rich, The New York
Times, 13 juillet 2008. |
« |
Madness
and Shame», par Bob Herbert, The New York Times, 22
juillet 2008. |
.
Le G8… si mal compris
Chaque année depuis 1975, la réunion des pays les plus industrialisés
de la planète - ceux qui représentent 60% de l'économie
mondiale - suscite de vives réactions. Certains y voient la
rencontre de comploteurs qui cherchent à imposer une mondialisation
tant décriée, sinon même l‘embryon d’un gouvernement
mondial si redouté. D’autres se questionnent sur l’utilité
d’une telle réunion, faisant valoir le peu de résultats concrets
qui ressort année après année. Quoi qu’il en
soit, le sommet du Groupe des huit est l’occasion pour bon nombre d’organisations
de faire valoir leurs préoccupations à l’égard d’un
monde qui semble nous échapper.
L’un
des aspects les plus remarquables des 34 sommets du groupe est qu’ils ponctuent
l’évolution de la société. Si on dressait la
liste des revendications faites d’un sommet à l’autre depuis 34
ans, on tracerait l’évolution des préoccupations populaires.
En outre, la façon selon laquelle celles-ci ont été
revendiquées a grandement évolué. Jadis, elles
se faisaient lors de grandes manifestations populaires, parfois marquées
par de violents affrontements. Aujourd’hui, elles sont plutôt
énoncées via la publication de communiqués, de rapports
et d’études sur Internet - un formidable outil de mondialisation!
Mais
l’évolution la plus notable de ces sommets réside dans l’appellation
du groupe. À sa création, il s’agissait du G6, les
«six pays les plus industrialisés». Déjà
en 1976, on parlait du G7, avec l’ajout du Canada, avant l’arrivée
en 1998 de la Russie pour former le G8 actuel. Et voilà qu’on
parle d’un éventuel G9, G10 ou même d’un G13 avec l‘inclusion
de la Chine, de l’Inde, du Brésil, du Mexique ou de l'Afrique du
Sud.
À
quoi bon ces sommets?
Si
on dressait la somme des réalisations et engagements pris au fil
des ans en regard des résultats obtenus par la suite, on arriverait
sans doute à un maigre bilan. Et pour cause. La raison
d’être du G8 n’est ni d’annoncer ni de mettre en œuvre de grandes
politiques visant à régler les problèmes de l’heure.
Il s’agit plutôt de discuter et de partager les points
de vue entre chefs d’État ayant une vision commune du monde.
D'ailleurs, au point de départ, le G6 avait été créé
afin de traiter «de façon informelle et décontractée
des questions économiques et financières».
En
fait, il s’agit avant tout de la rencontre des principaux dirigeants de
l’Occident qui partagent une vision de l’organisation sociale, politique
et économique du monde: démocratie, libre circulation des
personnes et des biens, liberté d’expression et mondialisation.
Or, le simple fait qu'ils se côtoient annuellement est important
puisqu’il vaut mieux pour nous que nos dirigeants «se parlent»
plutôt qu’ils s’ignorent les uns les autres.
Plus
important encore: chaque sommet nécessite une préparation,
donc des réunions préalables entre les ministres et responsables
de dossiers en économie et finances, en défense et sécurité
internationale, en éducation, en développement international,
etc. Et comme l’objectif des sommets n’est jamais la publication
d’un communiqué final faisant état d’«ententes historiques»
– comme c’est souvent le cas lors de d’autres sommets internationaux -,
il s’agit encore là de rencontres à caractère personnel
entre hauts responsables.
Curieusement,
certains opposants au G8 semblent craindre que nos dirigeants tissent ainsi
des liens privilégiés, comme si le monde se porterait mieux
autrement. Pourtant, l’histoire montre les conséquences de
mésententes et de la méconnaissance entre dirigeants de puissance,
notamment entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne – qui se sont faits
la guerre durant des siècles mais qui se rencontrent à présent
au sein du G8 - de même qu’entre l’Occident et le bloc communiste
(qu’on est en train d’intégrer à notre monde).
C’est
ainsi que l’une des grandes réalisations du G8 est justement d’avoir
invité la Russie à joindre ses rangs. Au lieu donc
de poursuivre une désastreuse guerre froide, voilà qu’on
fait de l’ennemi d’hier l’un de nos partenaires à part entière.
Le jour approche où on fera de même avec la Chine. Le
Monde se porterait-il mieux autrement?
Le
G8 n’est pas une instance décisionnelle – comme il en existe tant
d’autres –, mais la rencontre des principaux dirigeants de la planète
qui se côtoient simplement pour discuter des affaires courantes.
Loin des oppositions qu’on retrouve si souvent dans d’autres instances
et sans l’obligation de produire des résultats concrets – comme
certains le souhaitent -, ils renforcent nos valeurs communes. Qui
dit mieux?
Ressources: Le G8
selon Wikipédia & Qu’est-ce
que le G8? du Centre
d'information sur le G8 de l'Université de Toronto.
.
Rumeurs, rumeurs...
.
|
Les rumeurs
circulent mieux que la vérité. Vous ne pouvez que nier,
nier et nier… Mais on vous demandera toujours: «Depuis quand
avez-vous cessé de battre votre femme?»
- Un gestionnaire de la firme
Lehman Brothers. |
|
|
|
|
|
Je pense que toute personne
qui déclenche ou propage une rumeur devrait être mise en prison.
Il s’agit d’un crime grave, plus grave qu’un délit d’initier, puisqu'il
peut entraîner la destruction d’un bien ou de la vie de quelqu’un…
- James Dimon, president de
JPMorgan |
|
Source: Andrew Ross Sorkin, «Psst!
Hear the Rumor of the Day?», The New York Times, 8 juillet
2008.
.
De quelle façon
voulez-vous mourir ?!
«Combien d’entre-vous s’attendent à mourir un jour?»,
lançait récemment à un auditoire Joanne
Lynn, une spécialiste de renom qui consacre sa carrière
à aider les personnes au terme de leur vie. Bouche bée,
l'assemblée demeure un temps muet. Puis quelques rires embarrassés
fusent par-ci, par-là. Enfin quelques mains se lèvent
timidement.
«Préféreriez-vous
être âgé lorsque cela surviendra?», de poursuivre
la gérontologue. Cette fois, la réponse est plus tranchée.
Elle
propose ensuite trois scénarios. «Qui préférerait
mourir d’un cancer?», demande-t-elle. Quelques mains se tendent.
«Ou alors: une défaillance cardiaque ou par emphysème?»
D'autres mains se lèvent. «Ainsi donc, pour tous les
autres, vous choisiriez la dégénérescence et la démence?»
La
médecin montre alors un tableau décrivant les trois façons
les plus courantes de mourir chez les gens âgés, ainsi que
le parcours par lequel ils passent et la durée pour chaque cas.
La
mort par cancer, dit-elle, survient souvent aux environs de 65 ans.
Elle se produit généralement au terme de bonnes années
en santé qui se terminent par quelques semaines ou mois en descente
rapide. Un Américain sur cinq décède de cette
façon. [Probablement la même chose chez nous.]
La
mort à la suite de la défaillance d’un organe - généralement
le coeur ou les poumons - se produit vers l’âge de 75 ans.
Elle afflige près d’une personne sur quatre, en lui imposant un
parcours chaotique, la vie étant ponctuée de périodes
de graves ennuis de santé espacées par de bonnes périodes
de «stabilité relative», avant que ne survienne la défaillance
fatale.
Dans
le troisième cas, la mort arrive après un long déclin.
C’est la façon de mourir que nous redoutons le plus, rapporte Joanne
Lynn, puisqu’on subit alors une interminable série de pertes humiliantes.
Environ 40% d’entre nous devrait terminer sa vie de cette façon,
généralement vers l’âge de 85 ans.
Ainsi
donc, vaut-il mieux vivre jusqu’au bout ou être victime d’une mort
plus rapide… mais plus ou moins prématurée? Dilemme,
n’est-ce pas?
Adapté de «‘How
Many of You Expect to Die?’», par Jane Gross, The New York
Times, 8 juillet 2008. (Voir aussi le Palliative
Care Policy Center du Dr Lynn.)
.
Le génocide du
Darfour :
une question de perspective
?
Un génocide est-il une tragédie si horrible?
Nicholas
Kristof, chroniqueur au New York Times, pose cette question provocante
étant donné que la communauté internationale se préoccupe
si peu des massacres qui se perpétuent au Darfour depuis des années.
Face à ce constat choquant, il propose même un raisonnement
peut-être bêtement réaliste.
Certes,
le génocide au Darfour est tragique, écrit-il, mais on se
doit de le mettre en perspective puisqu'il ne s'agit que de l’une des nombreuses
tragédies qui ont court dans le monde. Ce serait même
une tragédie relativement modeste en terme de vies humaines perdues!
En
effet, tous les génocides qui ont été perpétrés
au cours des cent dernières années ont provoqué la
mort de 10 à 12 millions d'êtres humains, rapporte Kristof.
Or, chaque année, autant d’enfants de moins de 5 ans périraient
à cause de maladies et de malnutrition résultant de la pauvreté.
Autre exemple: la guerre civile qui sévit au Congo depuis dix ans
a fait dix fois plus de morts que le génocide du Darfour.
Mais comme on considère ce conflit comme une guerre civile, et non
pas un génocide, on ne s’en préoccupe guère.
Qui plus est, depuis cinq ans, la communauté internationale fait
pression sur le Soudan pour qu’il cesse ses massacres au Darfour, avec
pour résultat que la situation ne s’améliore pas du tout.
Par
contre, puisqu'on sait comment combattre la malaria et la mortalité
infantile, on sauverait davantage de vies dans les pays pauvres si on consacrait
les mêmes efforts qu'il le faudrait au Darfour…
Comme
quoi, tout est parfois si tragiquement relatif.
D’après Nicholas Kristof, «The
Pain of the G-8’s Big Shrug», The New York Times, 10 juillet
2008.
.
Le meilleur moyen de
combattre les talibans :
l’instruction des filles
Dans
un article traitant d’un réseau d’écoles mis sur pied en
Afghanistan par un philanthrope américain, le journaliste Nicholas
Kristof
souligne que chaque missile Tomahawk tiré par les États-Unis
coûte au bat mot 500 000 $. Or, une telle somme permettrait
aux habitants locaux de construire et d’opérer une vingtaine d’écoles
- un moyen plus efficace de combattre les talibans. «Les écoles
produisent un effet nettement plus puissant que tous les missiles et la
chasse aux talibans que nous menons à travers le pays, constate
Greg Mortenson, à l’origine du réseau des 74 écoles
de village. Ces écoles sont principalement destinées
à l’instruction des jeunes filles puisque M. Morterson a constaté
que les (futures) mères instruites sont mieux à même
de dissuader leurs garçons de prendre part à des activités
terroristes. «Je suis persuadé que la solution au terrorisme
en général, et plus particulièrement en Afghanistan,
passe par l’instruction. confirme le lieutenant-colonel Christopher Kolenda,
qui se trouve justement sur le front afghan. Notre guerre ne sera
pas gagnée à l’aide de bombes, dit-il, mais avec des livres…»
Source: Nicholas Kristof, «It
Takes a School, Not Missiles», The New York Times, 13
juillet 2008.
.
Échange de prisonniers
: une ultime leçon de paix ?
Enfin, Israël et le Hezbollah ont procédé à l’échange
de la dépouille des deux soldats capturés en 2006, contre
cinq «terroristes» et 199 autres dépouilles. Toutefois,
cet échange met un peu tout le monde mal à l’aise puisqu’il
rappelle la terrible invasion du Liban à l’été 2006.
Surtout, il confirme la mort des deux soldats, ce qu’on soupçonnait
déjà; il semble même qu’ils étaient décédés
au moment où Israël a entrepris d’attaquer la population libanaise.
Quand
on sait que dans le but de libérer ces soldats, Israël a détruit
les principales infrastructures du Liban, miné son territoire au
moyen de milliers de bombes à fragmentation
interdites, tué
1 300 Libanais et fait plus de 4 000 blessés, sans compter le déplacement
d’un million de réfugiés… Tout ça pour rien!
Pire: non seulement l’État juif n’a-t-il pas récupéré
ses soldats, mais son échec a conféré au Hezbollah
une légitimité et une crédibilité qu’il n’avait
pas auparavant. D’ailleurs, tant l‘État libanais qu’Israël
doivent désormais composer et négocier avec ce mouvement
guerrier (d’où l’échange de prisonniers).
Peut-on
espérer que cet échange – en regard de la veine tentative
de procéder par la force – servira de leçon? Montrera-t-il
une ultime fois qu’on ne résout jamais les problèmes par
la force, mais plutôt par la négociation? D’autres exemples
seront-ils nécessaires, après la multitude d’affrontements
israélo-arabes et l’invasion américaine de l’Irak?
Nous faudra-t-il passer par un nouvel exemple; celui de l’Iran qu’on veut
empêcher de se nucléariser?
... où la politique
du pire à l'israélienne ?
Le
professeur Benny Morris, spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient
à l’Université Ben Gourion, affirme: «Il est presque
assuré qu’Israël s’attaquera aux installations nucléaires
de l’Iran au cours des quatre à sept prochains mois. Et tant
les dirigeants à Washington qu’à Téhéran même
[ainsi qu'à Tel-Aviv?] doivent espérer que l’assaut réussira,
à tout le moins assez pour provoquer un retard significatif dans
l’effort nucléaire iranien, sinon même son anéantissement
total. Parce que si l’attaque échoue, le Moyen-Orient sera
presque à coup sûr confronté à une conflagration
nucléaire, soit lors d’une frappe préventive déclenchée
par les forces nucléaires israéliennes ou dès que
l’Iran possédera l’arme nucléaire.»
L'historien
israélien suggère même que l’assaut pourrait survenir
entre le 5 novembre (le lendemain des élections américaines)
et le 19 janvier (la veille de l’assermentation du nouveau président),
afin justement «de s’assurer qu’Israël bénéficiera
encore de l’appui de l’administration sortante».
(Peut-on imaginer le nouveau président prendre ses fonctions dans
un contexte aussi débile?!)
Comme pour
répondre à ce scénario diabolique, un éditorial
du New York Times applaudit la décision du président
Bush d’envoyer l’un de ces plus éminents émissaires discuter
avec les autorités iraniennes. «Bien qu’il se fasse
tard, nous espérons que cela signifie que M. Bush et sa secrétaire
d’État, Condoleezza Rice, ont tiré les leçons de sept
années d’échecs en politique étrangère basées
essentiellement sur l’isolement (quand ce n’est pas sur l’attaque) des
adversaires des États-Unis. Il y a en vérité
peu de chance de résoudre les crises internationales lorsque notre
pays refuse de s’asseoir à la table de négociation.»
«Nous
espérons aussi que cette décision signifie que le vice-président
Dick Cheney et sa bande ont abandonné leur folle ambition de bombarder
les installations nucléaires iraniennes, ou du moins que le président
Bush leur interdit.»
Ainsi
donc, qui l’emportera entre le scénario suicidaire d’Israël
et un certain bon sens, bien que tardif, de la part des Américains?
Source: Benny Morris, «Using
Bombs to Stave Off War» & «A
Seat at the Table», The New York Times, 18 juillet 2008.
.
Le scandale des subventions
à
l’industrie des biocarburants
C’est
à coup de milliards $ que nos gouvernements subventionnent, année
après année, l’industrie des biocarburants, contribuant de
ce fait à faire augmenter le prix de nos aliments.
C’est
ce que révèle une étude économique publiée
par l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement
économiques qui regroupe les gouvernements de 30 pays «attachés
aux principes de la démocratie et de l’économie de marché».
«Aux
États-Unis, au Canada et dans l’Union européenne, le soutien
public destiné à la fourniture et à la consommation
de biocarburants devrait avoisiner les 25 milliards $ par an à
l’horizon 2015, contre 11 milliards environ en 2006», indique l’Évaluation
Économique des Politiques de Soutien aux Biocarburants de
l’OCDE. À lui seul, le gouvernement canadien attribue 2,2
milliards $ à la production des biocarburants, en plus d’accorder
diverses exemptions de taxes.
Or,
la réduction des émissions de gaz à effet de serre
imputable aux biocarburants de transport - la raison première du
financement public - atteindrait moins de 1% en 2015, estime le rapport.
Par contre, ces subventions feront croître de 5% le prix du blé,
de 7% celui du maïs et de 19% celui des huiles végétales
au cours des dix prochaines années. Autrement dit, parce
que nos gouvernements financent à même nos impôts
l’industrie des biocarburants, voilà que nous payons plus cher nos
aliments.
Ce
rapport, comme plusieurs autres analyses, démontre une fois de plus
l’inefficacité de la production des biocarburants – une industrie
si peu rentable qu’elle se doit d’être subventionnée massivement
année après année.
Et
si on investissait ces milliards dans l‘économie d’énergie
et dans des mesures d’efficacité énergétique?, suggère-t-on.
Source: OCDE, «Un
rapport souligne le coût élevé et le manque d’efficacité
des politiques de soutien aux biocarburants dans les pays de l’OCDE»
& Economic
Assessment of Biofuel Support Policies, 16 juillet 2008.
.
Sommes-nous en récession
?
«Officiellement
non», répond le journaliste Peter Goodman dans un reportage
qui explique avec brio la situation économique aux États-Unis.
«L’économie
n’est pas en récession tant que ne le décrèteront
pas les analystes du National Bureau
of Economic Research, un institut privé américain,
explique-t-il. Par contre, plusieurs économistes considèrent
que la récession s’est amorcée il y a six ou sept mois déjà,
malgré le fait que l’économie continue de croître (bien
que très lentement).»
Plusieurs
pensent que tant que l’économie croît, on ne peut être
en récession, poursuit-il. C’est faux puisqu’une récession
est définie par le Bureau comme étant «un déclin
significatif de l’activité économique durant au moins quelques
mois».
Or,
puisque 485 000 Américains ont perdu leur emploi au cours des six
derniers mois, puisque les usines réduisent leur production, puisque
les ventes des magasins diminuent et puisque les consommateurs ont de moins
en moins d’argent à dépenser à cause de l’augmentation
des prix de l’essence et des aliments, les États-Unis sont probablement
en récession.
«La
question qui se pose vraiment est de savoir si on aura à traverser
quelques années difficiles ou si ça durera toute une décennie»,
considère Kenneth Rogoff, ex-économiste en chef du Fond monétaire
international et maintenant professeur à Harvard. Autrement
dit, les économistes se demandent plutôt si la crise actuelle
– récession ou pas – sera aussi sévère que celles
des années 1970-80, ou plus légère, comme dans les
années 1990-2000.
Dans
son long article, Goodman fournit quantité de notions économiques
éclairantes. Par exemple, il explique que ce sont les spéculateurs
qui sont à l’origine de la crise aux États-Unis en ayant
fait doubler le prix des maisons entre 2000 et 2005. Une façon
juste d’apprécier le prix d’une maison est de se baser sur sa valeur
locative. Ainsi, entre 1985 et 2002, la maison américaine
moyenne se vendait 14 fois sa valeur de location. Par exemple, une
maison qui pourrait se louer 2 500 $/mois - soit 30 000 $ par année
- se vendait aux environs de 420 000 $. Par contre, en 2006. elle
se vendait 25 fois sa valeur locative, soit 750 000 $. (Aujourd’hui,
elle se vent aux environs de 20 fois sa valeur, soit quelques 600 000 $.)
Comme
bien d’autres analystes et observateurs, le journaliste fait remonter les
causes de la crise aux taux d’intérêt très bas maintenus
par la Réserve fédérale (américaine).
Ainsi, afin de faire face à la crise financière qui a secoué
les marchés financiers à la suite de l’éclatement
de la bulle technologique des années 1990, la banque centrale américaine
a baissé ses taux d’intérêt. Elle a fait de même
au lendemain des attentats du 11 septembre, pour ensuite laisser faire
les marchés. Ce faisant, elle les a inondés de capitaux
bon marché. Résultat: les banques se sont mises à
prêter à quiconque désirait se procurer une maison:
«Plus besoin de faire une mise de fonds, ni même d’avoir un
emploi stable, disait-on. Nous vous prêterons volontiers!»
Évidemment, les institutions et agents de prêts hypothécaires
étant payés à commissions et aux rendements – et les
capîtaux étant abondants -, il devenait tentant de prêter
sans trop d’égards… Mais l’emballement du marché immobilier
ne pouvait se poursuivre éternellement et, comme toute bulle spéculative,
le tout s’est effondré l’an dernier. Cela a provoqué
des pertes financières atteignant aujourd'hui les 300 milliards
$ - et probablement le billion $ d'ici un an - tout en précipitant
des millions d’Américains dans l’abîme.
Pour
comprendre ce qui se passe aux États-Unis, lire:
« |
Uncomfortable
Answers to Economic Questions», par Peter S. Goodman, The
New York Times, 19 juillet 2008, |
« |
Given
a Shovel, Americans Dig Deeper Into Debt», par Gretchen Morgenson,
The
New York Times, 20 juillet 2008, |
« |
Too
Big to Fail?», par Peter S. Goodman, The New York Times,
19 juillet 2008, |
« |
Borrowers
and Bankers: A Great Divide», par Gretchen Morgenson, The
New York Times, 20 juillet 2008, |
« |
The
Culture of Debt», par David Brooks, The New York Times,
22 juillet 2008, |
« |
The
Education of Ben Bernanke», par Roger Lowenstein, The New
York Times, 20 janvier 2008. |
.
Et si le Québec
participait à l’ambitieux
programme d’Al Gore ?
«Lorsqu’une
personne est accro à la cocaïne, son problème n’est
pas le prix élevé de sa dope. C’est sa dépendance
et tout ce qu’elle lui fait subir, énonce Thomas
Friedman. Par conséquent, la solution à son problème
n'est pas de diminuer le prix de la cocaïne – puisque ça ne
ferait que perpétuer la dépendance et tout ce qui va avec
-, mais bien d’y mettre un terme.»
Or,
de même, nous sommes si accro aux carburants fossiles qu’on peut
difficilement imaginer pouvoir s’en passer. «La solution n’est
donc pas d’abaisser le prix de l’essence, mais plutôt de recourir
à des sources d’énergie propres, poursuit le journaliste.
Une partie de la solution consiste même à maintenir élevé
le prix de l’essence et du charbon – nos dopes – afin de nous forcer à
briser notre dépendance ainsi qu'à encourager la recherche
d'alternatives écologiques.»
Justement,
dans le plus récent volet de sa croisade pour protéger l’environnement,
Al
Gore propose aux Américains d’«abandonner la production
d’électricité à partir de carburant fossile pour recourir
à l’énergie solaire, éolienne ou à toute autre
forme d'énergie acceptable». Qui plus est, à
la manière de John F. Kennedy qui avait, en 1961, lancé le
défi d'envoyer des hommes sur la Lune «avant la fin de la
décennie», Gore déclare: «Aujourd’hui, je mets
au défi notre nation de s’engager à produire, d’ici 10 ans,
100% de notre électricité à partir de ressources renouvelables,
propres et exemptes de tout carbone.»
Et si on faisait notre
part ?
Le Québec
pourrait contribuer de façon remarquable à cet effort en
fournissant de l’énergie produite proprement. Par chance,
nous possédons un formidable potentiel hydro-électrique non
développé. Nous pourrions donc facilement alimenter
l’Ontario et le Nord-Est des États-Unis en leur vendant une énergie
aussi propre que celle produite dans les parcs de centrales solaires et
éoliennes dont rêve Al Gore.
En
prenant les devants - avant que les Américains ne le fassent -,
nous pourrions améliorer grandement notre bien-être économique
grâce aux milliers d’emplois créés lors de la construction
des barrages. Par la suite, les profits générés
par l’exportation de notre électricité - des centaines de
millions, voir des millards $ - s’ajouteraient année après
année aux revenus du gouvernement. (À quoi donc pourrions-nous
utiliser ces sommes additionnelles?!)
Bien
sûr, pour ce faire, il faudrait d'abord cesser de s’opposer à
tout développement hydro-électrique sous prétexte
qu'on tient absolument à préserver notre environnement.
Il faudrait plutôt faire la part des choses: ne pas autoriser n'importe
quel projet, mais ne pas non plus s'opposer à tout développement
quel qu'il soit.
On
reproche souvent à l’administration Bush et au gouvernement Harper
leur entêtement à ne rien faire tant et aussi longtemps que
la Chine et l’Inde n’agiront pas. Mais n’est-ce pas la même
chose lorsqu’on refuse toute exportation d'électricité sous
prétexte que «c’est aux Américains et aux Ontariens
de régler leurs problèmes énergétiques»?
Ne
devrions-nous pas prendre conscience qu’en développant l’hydro-électricité
québécoise, nous contribuerions directement à diminuer
la pollution produite par les centrales au charbon et au mazout ontariennes
et américaines? Refuser d’exporter nos surplus d’électricité,
n’est-ce pas refuser de faire notre part pour préserver l’environnement?
Ressources: Thomas L. Friedman, «9/11
and 4/11», The New York Times, 20 juillet 2008, David
Stout, «Gore
Calls for Carbon-Free Electric Power», The New York Times,
18 juillet 2008 & Al Gore, «A
Generational Challenge to Repower America». 17 juillet 2008.
.
Les « émeutes
de Montréal Nord » :
13 meurtres cette année
à Montréal !
Les
médias ont fait grand état de l’«émeute»
survenue le 10 août à Montréal Nord au lendemain d’une
bavure policière qui a coûté la vie à un jeune
résident de ce quartier. À en croire certains, ce secteur
de la ville serait sur le point d’éclater, sinon même d’être
mis «à feu et à sang».
Pour
sa part, Yvan Delorme, directeur du Service de police de la Ville de Montréal,
a fait ressortir que: «Cette année, on recense 13 meurtres
sur le territoire de Montréal. On n'a jamais vu un si petit
nombre.» Il s’agit en effet de moins de la moitié
du nombre de meurtres qu’on enregistre normalement à ce stade de
l’année (près de 30).
Non
seulement Montréal détient-elle le record absolu du bas taux
d’homicide pour une grande ville nord-américaine (moins de 45 par
année), mais si on devait réduire celui-ci de moitié
cette année, on atteindrait des niveaux inimaginables. (Des villes
comparables en taille à Montréal, comme Chicago et Philadelphie,
enregistrent 250 meurtres au cours des huit premiers mois d'une année,
et 400 au total.)
Que
se serait-il donc passé si le nombre de meurtres avait plutôt
doublé
par rapport aux années passées? Parions que certains
médias auraient clanché de grands reportages et émissions
spéciales sur la criminalité terrifiante de Montréal.
Mais comme on enregistre deux fois moins de meurtres que d'ordinaire,
personne n’en fait grand cas… Et si l’an prochain tout revenait à
la normale – c’est-à-dire avec un taux d'homicide «deux fois
plus élevé qu'en 2008»-, certains «crieront-ils
au meurtre»?! À voir…
Voir: Les
plus récentes données sur la criminalité
.
Une campagne électorale
fait-elle une différence ?
Six
semaines de campagne électorale influencent–elles les résultats
d’une élection?
Tout
à fait, si on en juge par ce qui s’est passé la fois précédente,
lors des élections fédérales de l’hiver 2005-6.
Ainsi,
d’après un sondage Ekos-La Presse-Toronto Star réalisé
juste avant le début de la campagne, le Parti libéral de
Paul Martin recueillait 38,7% des intentions de vote, contre 29,5% pour
le Parti conservateur de Stephen Harper, 16,9% pour le Nouveau parti démocratique
de Jack Layton et 10,6% pour le Bloc québécois de Gilles
Duceppe.
Or,
six semaines plus tard, le PC obtenait 36,2% du vote, le PLC 30.2%, le
NPD 17,5% et le BQ 10,5%. Tout compte fait, les Libéraux et les
Conservateurs avaient «changé de place», alors que les
Néodémocrates et les Bloquistes avaient conservé leurs
votes. En conséquence, le PC obtenait 124 sièges, le PLC
103 sièges, le NPD 29 sièges et le Bloc 51 sièges.
En
ce début de campagne électorale, un sondage Segma
publié par La Presse rapporte que 43% des électeurs
s’apprêteraient à voter pour le Parti conservateur, le Parti
libéral recueillant 25% des intentions de vote, le NPD 15% et le
Bloc 8%. Un tel vote, estiment les sondeurs, produirait un gouvernement
majoritaire conservateur (183 sièges), alors que les Libéraux
ne récolteraient que 62 sièges, le Bloc 46 et le NPD 16 seulement.
Évidemment,
rien n’est joué. À suivre donc… le
14 octobre!
.
Mensonges bien balancés
Comment
se fait-il qu'un politicien nous mente en pleine face, sachant fort bien
que nous saurons qu’il nous ment?, pose Paul Krugman, chroniqueur du New
York Times.
C’est
parce que les médias se font un devoir de rapporter une information
«bien balancée», dit-il. Ainsi, si quelqu’un affirme
que blanc c’est noir, ils ne diront pas qu’il se trompe. Non.
Ils rapporteront plutôt que des «adversaires» disent
qu’il a tort. Ou bien ils accoleront à ce grotesque mensonge
un propos quelconque d’un adversaire afin de donner l’impression que tant
l’un que l’autre dit n’importe quoi.
Source: Paul Krugman, «Bilzzard
of Lies», The New York Times, 11 septembre 2008.
.
Sarah Palin : présidente
à la Dick Cheney ?
Un chroniqueur du New York Times (Franck Rich) énonce un
scénario qui donne froid dans le dos: et si les Républicains
complotaient pour placer au côté d’un président faible
une vice-présidente forte, comme ils l’ont fait en plaçant
Dick Cheney derrière George Bush?
«L’une
des choses que nous a clairement montrée la convention républicaine
et ses suites, c’est bien que John McCain est trop faible pour diriger
la nation», écrit-il. McCain nous a en effet montré
qu’il peut être déclassé par n’importe qui, nommément
par une gouverneure inexpérimentée, inconnue et venue d’un
État lointain. C’est ainsi que son élection «amorcerait
plutôt la présidence de Palin, McCain servant d’un paravent
encore plus faible que Bush.» Selon l’observateur, «L’ambitieuse
Palin et les forces belliqueuses qu’elle représente en ont parfaitement
conscience. Vous pouvez déjà les voir piaffer d’impatience
en se léchant les babines!»
Qui
plus est, Palin ne sera qu’à «un battement de cœur»
de la présidence détenue par un homme de 72 ans. Nul
besoin d’un sécnario de complot pour imaginer une suite...
Ainsi,
les fameux faucons néo-conservateurs, qui ont tant dominé
l’administration Bush et à qui on doit (entre autres) la désastreuse
invasion de l’Irak, s’apprêteraient-ils à revenir en force?!
Source: Franck Rich, «The
Palin-Whatshisname Ticket», The New York Times, 13 septembre
2008.
À lire aussi: Thomas Friedman,«Making
America Stupid», The New York Times, 13 septembre 2008.
.
Israël se serait
préparé à attaquer l’Iran !
Le
journaliste Jonathan Steele, du quotidien britannique The Guardian,
révèle qu’au printemps dernier, Israël aurait sérieusement
envisagé aller bombarder les installations nucléaires d’Iran!
Citant une source diplomatique européenne «de haut rang»,
il précise que le premier ministre Ehud Olmert aurait profité
de la visite de George Bush en Israël,
le 14 mai, pour lui faire part de ses plans. Le président
américain aurait répondu qu’il ne supporterait pas une telle
attaque. «Le premier ministre Olmert aurait compris que le
président Bush ne changerait pas d’idée d’ici la fin de son
mandat», ajoute le journaliste. Espérons-le.
Source: Jonathan Steele, «Israel
asked US for green light to bomb nuclear sites in Iran», The
Guardian, 25 septembre 2008.
Voiraussi: David E. Sanger, «U.S.
Rejected Aid for Israeli Raid on Iranian Nuclear Site», The New
York Tmnes, 10 Janvier 2009.
.
Qui de McCain ou d'Obama
:
choisir entre force et nuances
?
Le
premier débat entre les deux candidats à la présidence
des États-Unis, le 26 septembre, n’a pas permis de faire «un
gagnant», ni de dégager lequel des deux ferait le meilleur
président.
Ce qui ressort à première vue, c’est qu’il s’agit d’hommes
brillants qui veulent faire les choses différemment. Qui plus
est, ils se disent souvent en accord l’un avec l’autre. Lequel des
deux choisir?!
Cependant,
lorsqu'on y regarde de plus près, ce qui se dégage du débat,
c’est la personnalité de chacun, particulièrement celle de
John McCain. Ce qui frappe en premier lieu, c’est le mépris
que manifeste souvent celui-ci, notamment envers les Républicains
et George Bush, mais aussi envers son adversaire. Un bel exemple:
«Nous, les Républicains, avons pris le pouvoir pour changer
le gouvernement, mais c’est le gouvernement qui nous a changé»
de dire McCain en rappelant que plusieurs membres du Congrès (pour
la plupart républicains) croupissent en geole pour avoir abusé
de leurs privilèges! (Que penseront les électeurs républicains
de tels rappels de la part de l'un des leurs?) Quant à son
adversaire, plusieurs fois McCain s'est adressé à lui sur
un ton condescendant, lui disant qu'il ne comprend pas telle ou telle chose...
«Je ne crois pas que le sénateur Obama possède les
connaissances et l’expérience» nécessaires pour être
président. Lui qui a pourtant appuyé l'invasion de
l'Irak, croyant fermement à l'existence d'armes de destruction massive
et que l'intervention serait de courte durée, a soutenu qu'Obama
«a fait preuve d’un jugement erroné dans plusieurs dossiers…
Vous savez, c’est le même genre d’entêtement qu''on retrouve
dans l’administration actuelle», a lancé McCain!
Maintes
et maintes fois aussi, il a répété: «Je sais
ce que je ferai… J’ai de l’expérience puisque j’ai été
au coeur des décisions qui ont été prises à
Washington ces 25 dernières années»… sans nous dire
ce qu’il ferait au juste. (Obama semble avoir été trop
respectueux pour lui rétorquer: «Justement, sénateur
McCain, ce sont les décisions auxquelles vous avez participées
depuis 25 ans qui nous plongent à présent dans la tourmente.»)
McCain ressort aussi comme quelqu’un d’entêté qui collabore
difficilement avec les autres. Il se vente d’ailleurs de sa dissidence
constante au Congrès, se présentant fièrement comme
un «maverick» qui fait sans cesse cavalier seul. «Je
ne me suis pas fait beaucoup d’amis» auprès de ses alliés
naturels, se vente-t-il également (on comprend pourquoi).
Par conséquent, il risque d’être un président isolé…
comme l’est désormais George Bush.
Plusieurs
fois aussi montre-t-il qu’il mésinterprète les faits, notamment
les propos de son adversaire. Or, Obama a eu beau lui expliquer clairement
qu’il se trompe, McCain persiste. Un exemple parmi d'autres: McCain
indique que jamais il ne discutera, de quelque façon que ce soit,
avec les dirigeants de pays qui menacent les États-Unis, particulièrement
ceux d’Iran. Du coup, il fustige Obama pour son ouverture au dialogue.
«En invitant le président Ahmadinejad à la Maison-Blanche,
vous lui conférerez une crédibilité qu’il ne mérite
pas», a-t-il lancé à Obama. Or, ce dernier a
indiqué qu’il n’a jamais été question d’inviter le
président iranien à la Maison-Blanche - «Ça
n’a pas de bon sens, voyons! Personne ne suggère une telle
chose…» Obama préconise plutôt des pourparlers
à des échelons diplomatiques – au lieu d'une confrontation
à la McCain - comme le fait justement depuis peu l’administration
Bush vis-à-vis l’Iran et la Corée du Nord. Non seulement
est-il ressorti de cet échange que McCain rapporte mal les propos
d’Obama, mais qu’il demeurera tout aussi fermé au dialogue que Bush
l’a été durant l'essentiel de sa présidence.
Ainsi, sur une lancée qui rappelle le George Bush de 2002-2003,
McCain a déclaré: «La Russie est fondamentalement un
État gouverné par le KGB. Lorsque je regarde dans les yeux
de M. Poutine, j’y vois trois lettres: K, G et B.» Voilà
qui promet si un jour le président McCain devait rencontrer ledit
leader russe.
Quant
à Barack Obama, Il semble quelqu’un plus réservé,
plus à l’écoute, plus sensible et plus nuancé, ce
qui ne sont pas nécessairement des traits appréciés
par les électeurs. Alors que McCain se montre nettement porté
à la confrontation – notamment envers l’Irak, l’Afghanistan et l’Iran
- «On poursuivra la guerre au terrorisme jusqu’à la Victoire
finale!», dit-il fermement -, Obama vise plutôt la recherche
de solutions négociées en partenariat avec la communauté
internationale. «Il faut envisager toutes les solutions possibles»
dit-il en substance. Hélas, de tels propos résonnent
moins que la fermeté de McCain.
Par
ailleurs, la semaine qui s’achève illustre à merveille la
différence entre les deux hommes. Dès le départ,
le candidat démocrate s’est montré disposé à
s’asseoir avec le président républicain pour résoudre
la crise bancaire qui secoue Wall Street (et qui menace l’économie
mondiale), alors que le candidat républicain entrave le processus
pour des raisons idéologiques («Le gouvernement ne doit
pas intervenir dans l’économie de marché - c'est du socialisme!»).
Souvent,
Obama propose une vision plus nuancée de la réalité
que McCain et préconise des solutions moins drastiques. Ainsi,
en fin de débat, en regard du gouffre financier que laissera Bush,
McCain a suggéré de geler toutes les dépenses gouvernementales
- sauf les militaires -, alors qu’Obama préconise une révision
programme par programme. «Il y a de bons programmes, notamment
en éducation auprès des jeunes enfants, qui méritent
d’être augmentés…», dit-il. Évidemment,
il est plus facile de comprendre «qu’on gèle tout sauf la
Défense» que: «On réfléchit à ce
qu’on fera au lieu d’agir promptement.»
Bref,
ce débat semble faire ressortir qu’avec John McCain, on risque de
se retrouver avec un président plutôt méprisant, qui
écoute peu pour n’en faire qu’à sa tête. D'ailleurs,
tout son parcours et tout ce qu’il nous dit indiquent clairement que McCain
n’est pas un homme d’équipe. Par contre, si Barack Obama devenait
président, on risque d’avoir affaire à un homme porté
sur l’analyse, la consultation et le travail en équipe… mais qui
paraîtra ainsi comme un leader indécis. De quoi a-t-on
le plus besoin?
Ressource: Transcript
of presidential debate, Election Center 2008.
• |
Michael Cooper and Elisabeth Bumiller, «Candidates
Clash on Economy and Iraq », The New York Times, 26 septembre
2008 |
• |
Gail Collins, «McCain:
Bearish on Debates», The New York Times, 27 septembre
2008 |
• |
Nicholas D. Kristof, «Impulsive,
Impetuous, Impatient», The New York Times, 27 septembre
2008 |
.
Crise financière
: le désastre Bush
Éditorial de Jean-Robert Sansfaçon,
Le
Devoir, 30 septembre 2008, p. a8
Le
rejet du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars par la Chambre des
représentants américains est un échec personnel du
président George W. Bush qui avait mis tout son poids dans la balance
pour rallier une majorité de républicains à sa cause.
C'est
par un résultat de 228, dont 133 républicains, contre 205
que s'est terminé le vote qui devait permettre aux banques de vendre
à perte leurs plus mauvaises créances pour éviter
les faillites en cascade. Les républicains n'ont pas été
les seuls à voter contre le plan qui avait fait l'objet d'une entente
bipartite, puisque 95 démocrates ont aussi voté contre. Mais
ce sont les républicains qui doivent assumer la responsabilité
du résultat négatif à cause de leur opposition majoritaire
à un plan concocté par leur propre président.
Il
fallait entendre le leader républicain John Boehner accuser la présidente
de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, d'être responsable
de l'échec à cause de son discours «partisan».
Qu'a-t-elle dit de si grave, Mme Pelosi? Que cette crise était la
conséquence des mauvaises politiques de l'administration Bush. Partisan
peut-être, mais vrai! De toute façon, est-ce une raison suffisante
pour voter contre une loi d'une telle importance? La vraie raison, c'est
que les représentants républicains craignent comme la peste
de payer le prix de cette crise lors des prochaines élections, en
novembre. Car eux aussi feront face au jugement de l'électorat,
et s'il est un personnage auquel ils ne veulent plus être associés,
c'est bien George Bush!
Main
Street en a ras le bol des patrons de Wall Street qui se remplissent
les poches beau temps mauvais temps, et qui ont quand même le culot
de demander la charité publique quand ça va mal. Le hic,
c'est que sans une intervention massive de l'État américain
dans les circonstances actuelles, c'est tout le système financier
mondial qui menace de s'effondrer.
Le
temps presse. Le crédit se fait de plus en plus rare, et les liquidités
manquent à tous les échelons de la pyramide puisque tous
les joueurs sont devenus extrêmement méfiants. Aujourd'hui
encore, une autre grande banque, Wachovia, s'est laissé acheter
par Citigroup qui fait pourtant partie des banques à problèmes.
En Asie, les gouvernements comme celui de la Chine craignent pour la stabilité
de leur économie et, depuis quelques jours, ceux d'Europe ont dû
intervenir tour à tour pour nationaliser des établissements
en faillite technique. Tout indique que la situation ira en s'aggravant
si aucun plan d'ensemble n'est mis en place rapidement pour stopper l'hémorragie.
Demain
est jour de fête aux États-Unis. Il faudra donc attendre à
plus tard cette semaine pour que démocrates et républicains
s'entendent sur un nouveau plan de sauvetage de dernier recours. Cette
fois doit être la bonne. Mais même si un plan est adopté,
les problèmes seront loin d'être réglés puisque
personne ne connaît la profondeur du gouffre dans lequel le système
financier américain vient d'entraîner le reste de la planète.
Décidément,
l'administration républicaine du président George W. Bush
s'apprête à laisser l'héritage le plus désastreux
de l'histoire contemporaine des États-Unis d'Amérique.
Texte reproduit avec la permission de Le
Devoir.
.
Question au premier
ministre du Canada
M. Harper, nous savons que si
vous aviez été premier ministre en 2003, nos forces armées
seraient allées en Irak, au côté des Américains.
Advenant que John McCain soit élu président des États-Unis
et qu’il décide d’attaquer l’Iran – comme il le laisse entendre
-, devons-nous nous attendre à participer à cette nouvelle
offensive?
.
SurInflation législative
Nos
dirigeants politiques et économiques nous disent que l’une des choses
qu’ils redoutent le plus – et qu’ils combattent énergiquement depuis
des décennies - c’est l’inflation. Selon les circonstances,
ils n’hésitent pas à ralentir l'activité économique,
quitte à provoquer un peu de chômage, pourvu que l’inflation
ne dépasse pas quelques pour cents par année.
Il
n’en est toutefois pas de même lorsque vient le temps pour eux d’élaborer
un projet de loi. Ainsi, le 20 septembre, le secrétaire au
Trésor américain, Henry Paulson, a déposé un
premier projet de loi proposant que son gouvernement «vienne en aide
à Wall Steet» en débloquant une somme de 700 milliards
$. Ce projet de loi tenait sur 3 pages.
Ce
sauvetage des grands financiers américains a donné lieu à
de vifs débats - c’est le moins qu’on puisse dire – durant deux
semaines. Résultat: une xième version du projet de
loi a finalement été adoptée par le Congrès
américain le 3 octobre. Il s’agit de l’Emergency
Economic Stabilization Act of 2008… qui tient sur 450 pages!
Les
médias rapportent que ces 450 pages dissimulent des millions $ d’«aide»
à divers lobby – le fameux «petit lard» que cache tout
projet de loi américain. Comme quoi, même en pleine
débandade économique, certains ne peuvent se retenir pour
se graisser la patte…
Ressource: Emergency
Economic Stabilization Act of 2008, House Comittee on Financial Service;
David M. Herszenhor, «Bailout
Plan Wins Approval; Democrats Vow Tighter Rules». The New
York Times, 3 octobre 2008.
.
Élections américaines
: si la tendance se maintient…
Ce
n’est pas le pourcentage des votes exprimés qui désigne le
nouveau président des États-Unis. mais le nombre de «votes
électoraux» (démocrates ou républicains) remporté
État par État. Le gagnant doit remporter au moins 270
des 538 votes de ce collège
électoral.* C’est dire que ce qui importe de savoir n’est
pas tant qui mène dans les sondages, mais quels États remportera
Barack Obama et John McCain le jour du scrutin.
Or, à un mois de l’élection, un décompte réalisé
par le New York Times évalue qu’Obama mènerait dans
des États représentant 189 votes électoraux et serait
en bonne position dans des États comptant pour 71, pour un total
de 260. Quant à John McCain, il mènerait dans des États
totalisant 160 votes électoraux et serait bien positionné
dans d’autres valant 40, pour un total de 200. Enfin, six États,
représentant 78 votes électoraux, demeurent chaudement disputés.
* |
Ici non plus, ce n’est pas le pourcentage
des votes exprimés qui compte, mais le nombre de circonscriptions
électorales remportées. Au Canada, un parti politique
doit remporter une majorité des 308 circonscriptions électorales
pour être élu majoritairement (donc au moins 155), sinon,
le parti qui a remporté le plus de circonscriptions gouverne minoritairement.
Au Québec, il faut remporter une majorité des 125 circonscriptions
(au moins 63). Ainsi, tant aux États-Unis qu’ici, un candidat
ou un parti politique peut remporter plus de votes qu’un adversaire, mais
terminer second (selon le décompte des votes électoraux ou
des circonscriptions). |
Source: Adam Nagourney & Jeff Zeleny,
«Economic
Unrest Shifts Electoral Battlegrounds», The New York Times,
4 octobre 2008.
Voir: Collège
électoral des États-Unis d'Amérique, Wikipédia.
Voir aussi: Adam Nagourney, «Changes
Shift Toward Obama in Electoral Map», The New York Times,
10 octobre 2008.
.
Pas de course automobile
à Montréal en 2009 :
une si mauvaise affaire
?
«Coup
de théâtre»: Montréal pourrait ne pas être
l’hôte de l’une des épreuves de Formule 1 en 2009. Va-t-on
revivre le «psychodrame» de la perte des Expos de Montréal?
(Il y a vingt ans, ce club de baseball demandait à ce qu’on débourse
des millions pour lui construire un stade au centre-ville… sans quoi Montréal
allait perdre son «statut de grande ville du monde».)
Or,
face au réchauffement climatique, à la nécessité
de préserver l’environnement, à celles d’économiser
l’énergie et d’éviter le gaspillage de carburants fossiles,
les courses d'automobiles ne sont-elles pas devenues totalement dépassées,
anachroniques, sinon même le symbole d’un mode de vie à rejeter?
On
peut aussi se demander quels impacts a cette course annuelle sur la faune
de l’île Notre-Dame, l’un des très rares territoires d'envergure
proches de Montréal laissés à l’état sauvage
le reste de l’année. A-t-on déjà étudié
les effets de l’épouvantable vrombissement des Formules 1 sur les
milliers de petits animaux qui peuplent ce sanctuaire? Quelles conséquences
peuvent avoir les 130 décibels émis par ces machines infernales
- qu'on entend à des kilomètres à la ronde - sur les
animaux qui ne s’en trouvent qu'à quelques centaines de mètres
seulement?
La
disparition de l’épreuve automobile écorcherait une fois
de plus la réputation de Montréal. dit-on. Mais, lorsqu’on
regarde les villes qui font parti du calendrier de la Formule 1, on n’y
voit pas les grands de ce monde (New York, Los Angles, Londres, Paris),
ni même Toronto. Et pour cause puisqu'aucune grande ville ne
se distingue par un club de baseball ni par une course automobile.
Au contraire même. Ce qui fait la réputation d’une ville,
c’est toute autre chose: par exemple, Montréal s’est bâti
la réputation d’une ville de festivités populaires tout au
long de l’été, une ville sécuritaire, accueillante
et respectueuse de tous et où il fait bon vivre.
Si
le cirque de la Formule 1 inaugure la saison des festivals montréalais,
il ne cadre cependant en rien avec l‘image qu’on s’est justement donné.
On pourrait même se demander comment les valeurs véhiculées
- vitesse, vacarme, clinquant et consommation – concordent avec la réputation
recherchée par notre ville.
Dans
les années 1990, on nous a fait subir un chantage éhonté
avec le départ des Expos de Montréal. Le club de baseball
est parti pour Washington et puis après? Nous portons-nous
plus mal pour autant?
Aucunement.
Bien au contraire.
Rappelons-nous
qu’à l'époque, Montréal subissait un important déclin
économique, son centre-ville étant en train d’être
déserté. Or, aujourd’hui, à la suite d’une série
d’initiatives de revitalisation, la ville est plus vivante que jamais.
Qu’en aurait-il été si on avait plutôt investi énergie
et millions $ dans la construction d’un stade de baseball au centre-ville?
(On pourrait faire le même parallèle avec Québec, qui
a perdu ses Nordiques et qui n’a pas eu les jeux olympiques d’hiver.
N’a-t-elle pas mieux fait de se consacrer aux célébrations
de son 400e et de se refaire une beauté (durable) pour l’occasion?)
Le
fait est que les véritable perdants du départ des Expos –
et de la perte éventuelle de la Formule 1 – sont les médias
pour qui les sports professionnels représentent de bons coups (et
revenus) publicitaires.
Mais
qu’en est-il de nous, citoyens, contribuables, travailleurs et résidents
de la région montréalaise? Quels impacts les Expos
et la Formule 1 ont-ils sur notre qualité de vie (économique
et sociale)? Qu’a-t-on perdu avec le départ des Expos?
Et en laissant filer la Formule 1, ne ferait-on pas un bon coup aux bénéfices
de l‘environnement - de notre environnement comme de celui des habitants
de l’île Notre-Dame?
Payer ses impôts, se
payer «la civilisation»
«J’ai
grandi dans une famille de classe moyenne, dans une banlieue très
classe moyenne de Minneapolis, où mes parents m’ont enseigné
que payer ses impôts – bien que ce ne soit pas nécessairement
plaisant -, c’est la façon de défrayer la police et l’armée,
les universités et les écoles publiques, la recherche scientifique
et les soins de santé aux personnes âgées… Personne
ne l’a mieux dit que le juge Oliver Wendell Holmes: “J’aime payer des impôts,
parce que je me paie ainsi la civilisation”.»
- Thomas Friedman, «Palin’s
Kind of Patriotism», The New York Times, 7 octobre 2008.
.
Des sommes affolantes
Depuis
le début de l’année, le gouvernement américain a englouti
30 milliards $ pour sauver de la faillite la banque d’investissements Bear
Stearns, puis 85 milliards $ pour préserver l’assureur A.I.G., ainsi
que prêté des centaines de milliards à différentes
banques, rapporte David Leonhardt, du New York Times. «En
tout et pour tout, la Réserve fédérale a injecté
800 milliards $ dans le système financier américain, ce qui
n’inclut pas d’importantes sommes qu’elle prévoit utiliser pour
racheter les dettes à court terme d’entreprises en difficulté»,
écrit-il. À cela s’ajoutent les sommes que le Trésor
américain mettra de l’avant, dont les fameux 700
milliards pour secourir Wall Street, ainsi que les 200 milliards qui
ont été injectés dans les géants des prêts
hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac.
«En
14 mois de crise, le gouvernement fédéral - c’est-à-dire
vous et moi – a avancé de prodigieuses sommes», poursuit-il.
[Sommes qui atteignent les 2 000 milliards $, soit 2 billions $.]
À titre de comparaison, le budget fédéral
annuel des États-Unis est de 3 billions $.» Bref,
en 2008, l’administration Bush aura généré le plus
grand déficit budgétaire de tous les temps et laissera derrière
elle la plus importante dette nationale jamais contractée (et qu’on
ne peut chiffrer pour l’instant).
Et pourtant, certains
n’ont rien compris !
On rapporte
par ailleurs qu’une semaine après que le gouvernement américain
soit venu à la rescousse d’A.I.G. - en y injectant 85 milliards
de l’argent des contribuables -, les dirigeants de l’entreprise se sont
payés une semaine de retraite dorée au St. Regis Resort,
en Californie! Ils y ont englouti 442 000$, dont 150 000$ en nourriture
et 23 000$ en spa…
Sources: David Leonhardt, «Ignoring
Reality Has a Price» & Michael J. de la Merced & Sharon
Otterman, «A.I.G.
Takes Its Session in Hot Seat», The New York Times, 7
octobre 2008.
.
«Folie boursière»
: l’exemple du Dow Jones
Le graphique ci-contre illustre l’effondrement «de la bourse».
En moins de dix jours, la valeur de l’indice Dow Jones est passée
de 10 480 à 8 540 $ américains. Il y a très
exactement un an (le 9 octobre), cette valaur atteignait pourtant un sommet
de 14 165 $. C’est dire que cet indice - qui reflète les cours
de la bourse - a perdu 40% de sa valeur depuis un an, dont 20% ces dix
derniers jours!
Toutefois,
pour cerner ce qui se passe réellement, il convient de considérer
la situation sur un terme plus long. Imaginons par exemple qu’au
début de 2007, vous ayez acheté une part de l’indice
Dow Jones.
Le
3 janvier 2007, vous auriez payé cette part 12 450$. Six mois plus
tard, celle-ci valait déjà mille dollars de plus (13 500$),
alors qu’au début d’octobre, elle dépassait les 14 000$.
C’est dire qu’en l’espace de dix mois seulement, votre placement se serait
apprécié de plus de 12%. Pas si mal, n’est-ce pas?
Par
contre, le 2 janvier 2008 – un an jour pour jour après votre achat
-, le 12,450$ initial ne valait plus que 13 050 $ (soit 5% de plus qu’au
départ). Pire, au 1er juillet, il avait chuté à
11 380$ (soit -8½%). Mais vous auriez néanmoins dû
vous consolez puisqu’au 1er octobre, votre mise de fond ne valait plus
que 10 800$ (-13%)… et seulement 8 540$ ce 9 octobre 2008 (-31%).
Néanmoins,
un observateur à plus long terme pourrait proposer le scénario
suivant. Supposons que vous aviez acheté une part du Dow Jones
en… janvier 1980. Vous l’auriez payée 850$ seulement.
Dix
ans plus tard, votre part valait déjà 2 800$ (un bond de
230%), alors qu’une décennie plus tard (janvier 2000), elle atteignait
les 11 000$ (pour un rendement de 1200%)!
Somme toute, si vous aviez investi 850$ dans le Dow Jones en 1980, votre
placement ne «vaudrait plus que» 8 500$ aujourd'hui…
Vous auriez néanmoins bénéficié d’un rendement
de 900% (sur 29 ans).
Vous
pouvez faire vos propres calculs et scénarios à partir des
données fournies par le Dow
Jones Industrial Average Index. (Ci-contre, l'évoluion de l'indice
Dow Jones depuis 1900; on voit que la tendance générale est
nettement à la hausse, malgré un certain nombre de crash
boursiers.)
.
Où s’en va l’économie,
selon Warren Buffett
«Dans
cinq ou dix ans, nous regarderons l’époque actuelle en se disant
qu’on aurait pu faire des achats extraordinaires [de titres boursiers]…
Je n’ai aucune idée de ce que la bourse fera d’ici un mois ou dans
six mois. Ce que je sais, c’est que l’économie américaine
fera très bien à la longue et que ceux qui en posséderont
une portion se porteront bien aussi.»
- L’investisseur Warren Buffett,
24 septembre 2008 sur les ondes de CNBC.
(Buffett vient d'investir 5 milliards $ dans la banque d’investissement
Goldman Sachs.)
.
Pourquoi la crise est-elle
planétaire ?
Pourquoi
la crise qui secoue Wall Street affecte-t-elle l’ensemble de l’économie
mondiale? Et pourquoi, malgré toutes les mesures et plans
de sauvetage mis de l’avant par les gouvernements, les marchés financiers
continuent-ils de s’effondrer? Le chroniquer du New York Times
Thomas Friedman propose l’explication suivante.
À
la suite de la chute du Mur de Berlin, pratiquement toutes les économies
de la planète se sont converties au capitalisme. Cela a fait
entrer sur le marché d’importants capitaux qui ne demandaient qu’à
être placés. Il n’a pas fallu grand temps pour que de
«petits génies de la finance» trouvent le moyen de convertir
des hypothèques résidentielles et des prêts commerciaux
- des transactions qui se font d'ordinaire entre un client et une banque
locale, ou entre une entreprise et un groupe de banques – en des produits
financiers abstraits et morcelés. Ces produits ont été
vendus à des grossistes qui les ont dissiminés partout à
travers le monde.
Malheureusement,
lorsque certains prêts n’ont pu être remboursés – comme
cela arrive inévitablement -, c’est tout le système financier
qui s’est trouvé infecté par ces créances devenues
toxiques. Éventuellement, tout le monde a cessé de
prêter à tout le monde, personne ne sachant trop ce que vaut
l’autre. «Si les banques indiquaient honnêtement dans
leur bilan comptable la somme totale de leurs créances toxiques,
plusieurs d’entre elles feraient faillite». rapporte Thomas Friedman.
Les
gouvernements ont beau tenter de sauver le système, les marchés
financiers réagissent en intimant les grandes banques: «Nous
pensons que vous possédez de grandes quantités de créances
toxiques, et si vous ne les dévaluez pas à leur juste valeur,
nous, nous allons vous réévaluer…» Et c’est ce
qui se passe actuellement.
«Le
monde vient de se payer la plus formidable fête à crédit
de tous les temps, écrit Friedman, et nous en payons le prix maintenant.
En conséquence, une part importante de notre richesse va s’évaporer.
C’est ce à quoi nous assistons: à un marché financier
qui réévalue et rétablit sans ménagement la
valeur de chacun des biens à travers le monde, considérant
chaque action, chaque bond ou chaque traite selon ce qu’il vaut réellement
en ce lendemain de folles dépenses à crédit.»
Source: Thomas Friedman, «The
Post-Binge World», The New York Times, 11 octobre 2008.
.
La crise boursière
: une spirale infernale
La
crise actuelle s’est amorcée à l’été de 2007
avec l’éclatement de la bulle immobilière, qui a provoqué
l'incapacité pour bon nombre d'emprunteurs de rembourser leur prêt
hypothécaire, entraînant d’importantes pertes pour de nombreuses
institutions financières. Cette cascade s'est trouvée
amplifiée par divers facteurs secondaires, dont une réduction
de la disponibilité des capitaux qui a contraint les banques à
resserrer le crédit, accentuant par le fait même la baisse
de la valeur des biens, provoquant davantage de pertes, et ainsi de suite.
Voilà qu'on se retrouve dans un cercle vicieux de «dévalorisation
généralisée». L’absence de confiance dans
les banques - y compris entre elles-mêmes - alimente encore plus
ce cercle infernal…
D'après: Paul Krugman,
«Moment
of Truth», The New York Times, 9 octobre 2008. (le 13
octobre, M. Krugman se
voyait décerner le prix Nobel d'économie.)
.
Faire les bons, ou les
mauvais, choix
«Ceux
qui ont élu George W. Bush ont donné au Parti républicain
le contrôle presque absolu du gouvernement américain, relate
Bob Herbert, du New York Times. Mais maintenant que les marchés
financiers sont sens dessus dessous, que nos dirigeants politiques et nos
chefs d’entreprise sont sur le point de paniquer et que les experts dépoussièrent
les traités qui analysent les causes de la Grande dépression,
il est temps de réaliser que pour qui on vote a de l’importance,
qu’il y a de réelles conséquences lorsque, dans l’isoloir,
on coche son bulletin de vote.»
On
pourrait ajouter aux propos du chroniqueur que si en 2000, les Américains
avaient élu Al Gore, plutôt que George Bush fils, les suites
des événements du 11 septembre n’auraient pas été
les mêmes. Et que si seulement ils avaient élu John
Kerry en 2004, «on» ne serait probablement plus en Irak.
De même, on pourrait tout aussi bien dire que si les Américains
choisissent Obama plutôt que McCain, notre monde ne sera pas le même…
Même
chose ici: reporter au pouvoir Steven Harper ou élire Stéphane
Dion, ce n’est pas faire le mëme choix. De même, choisir
entre Jean Charest, Pauline Marois ou Mario Dumont ne revient pas au même.
On dit souvent que «nos politiciens sont tous pareils», qu’on
n’a pas de choix réel. C’est faux. Peut-être ne
peut-on pas voter pour le candidat dont on rêve mais, comme le démontre
ce qui se passe aux États-Unis, au Canada comme au Québec,
le choix qu’on fait lors d’une élection entraîne d’énormes
différences… Comme le dit l’un de nos chefs politiques: «Allez
voter, car c’est précieux!»
Sources: Bob Herbert, «The
Mask Slips», The New York Times, 10 octobre 2008.
.
Les sondages nous disent
que…
Selon
les sondages publiés quatre jours avant les élections fédérales
du 14 octobre, le Parti conservateur devrait être réélu,
mais minoritairement.
D'après
un sondage pancanadien mené par la firme Segma
pour le compte de
La Presse, les conservateurs obtiendraient 34,6%
des intentions de vote, les libéraux 23%, le NPD 20,5% et le Parti
vert 10%. Au Québec, le Bloc québécois obtiendrait
42% des intentions de vote, contre 20% au Parti conservateur, 18% au Parti
libéral, 13% au NPD et 6% au Parti vert.
Les
Conservateurs mènent dans toutes les provinces à l'exception
du Québec, alors que la force du NPD et l'appui que récolte
le Parti vert risquent de faire perdre des sièges aux libéraux,
notamment en Ontario et en Colombie-Britannique. Selon un autre sondage,
réalisé par Léger Marketing pour Le Journal de
Montréal, le Parti conservateur pourrait perdre cinq de ses
onze sièges au Québec.
Enfin,
70% des Canadiens interrogés croient que le Parti conservateur formera
le prochain gouvernement, alors que 14% pensent qu'il s'agira plutôt
du Parti libéral.
Sources: Joël-Denis Bellavance, «Exclusif:
vers un autre gouvernement conservateur minoritaire», La Presse,
& Mathieu Bélanger, «Harper
en chute libre», Journal de Montréal, 10 octobre
2008.
.
Les résultats du 14
octobre: le Parti conservateur a récolté 37,6% des votes,
le Parti libéral 26,2%, le NPD 18,2% et le Bloc québécois
38,1% (au Québec) et le Parti vert 6,8%. Le PC a ainsi remporté
143 sièges (12 de moins que la majorité), le PL 76 sièges,
le NPD 37 sièges et Bloc 50 sièges. Notons que les
conservateurs ont remporté 10 sièges au Québec, les
libéraux 13 sièges et les néo-démocrates 1
siège (et 1 indépendant), alors que 59.1% des électeurs
inscrits se sont rendus voter.
Comparaison des résultats
des élections et des sondages
.
.
|
Pourcentage du vote
PC |
Lib. |
Bloc* |
NPD |
Vert |
36,2 |
30,2 |
42,1 |
17,5 |
|
43,0 |
25,0 |
35,0 |
15,0 |
7,0 |
34,6 |
22,9 |
42,0 |
20,0 |
10,2 |
37,8 |
26,2 |
38,1 |
18,2 |
6,8 |
|
Nombre de sièges
PC |
Lib. |
Bloc |
NPD |
Ind. |
124 |
103 |
51 |
29 |
1 |
183 |
62 |
46 |
16 |
1 |
140 |
60 |
57 |
50 |
1 |
143 |
76 |
50 |
37 |
1 |
|
* Pourcentage du vote obtenue au Québec par le Bloc québécois.
Sources: Élections
Canada et Uni Marketing.
.
Les suites d’un effondrement
boursier :
l’exemple du crash de 1987
Lors du
précédent crash boursier, il y a très exactement 21
ans, la valeur du Dow Jones est passée d’un sommet de 2641 (le 2
octobre 1987) à 1739 (le 19 octobre), soit une chute de 35%.
Il a par la suite fallu attendre deux ans pour que les cours boursiers
reviennent à leur niveau antérieur (tel que l'illustre le
graphique ci-dessus).
Toutefois,
pour les investisseurs qui ont eu la patience d’attendre – en ne vendant
pas leurs titres dévalués -, la valeur du Dow Jones avait
atteint les 3000 deux ans plus tard (octobre 1991), 7400 en octobre 1997
(dix ans après le crash) et les 13 600 vingt ans plus tard (octobre
2007)…
.
C’est l’temps de la
récession…
«Cette
semaine, nous avons appris que les ventes au détail dégringolent,
tout comme la production industrielle, rapporte Paul Krugman, chroniqueur
au New York Times (et le Nobel d’économie décerné
cette semaine). Déjà, le chômage est au niveau
d’une récession alors que l’index manufacturier subit sa chute la
plus rapide des vingt dernières années. Tous les indicateurs
pointent vers une crise économique qui sera terrible, brutale… et
longue.
À
quel point terrible? Le taux de chômage [américain]
dépasse déjà les 6% (alors que d’autres indicateurs
plus globaux sont dans les deux chiffres). Il est pratiquement assuré
qu'il dépassera les 7%, sinon même très probablement
les 8%, ce qui annonce la plus grave récession du dernier quart
de siècle.
Pour
combien de temps? Pour très longtemps…»
Sources: Paul Krugman, «Let’s
Get Fiscal», The New York Times, 16 octobre 2008.
.
… le bon temps d’investir
!
Dans un commentaire intitulé «Achetez américain, comme
moi», l’investisseur émérite Warren
Buffett énonce que la crise économique qui s’amorce représente
justement le bon moment d’acheter des titres boursiers.
«Le
monde financier est en crise, tant aux États-Unis qu’à l’étranger,
écrit-il, ce qui commence à affecter l‘économie globale.
À court terme, le chômage diminuera, l’activité commerciale
s’affaiblira et les nouvelles continueront de faire peur.
C’est
pourquoi… j’achète des titres américains. Si les prix
continuent d’être aussi attrayants, mon portefeuille sera bientôt
composé à 100% de titres américains.
Pourquoi?
Une
règle simple guide tous mes achats: craignez lorsque les autres
en profite, et profitez-en lorsque les autres craingnent. («Be fearful
when others are greedy, and be greedy when others are fearful.»)
À
n’en point douter, la peur se répand, même chez les investisseurs
chevronnés. Bien sûr qu’il faut fuir les valeurs hautement
spéculatives. Mais craindre les titres d’entreprises américaines
viables n’a pas de sens. Ces entreprises souffriront sans doute de
pertes, comme c’est la coutume, mais la plupart d’entre elles réaliseront
des profits records au cours des cinq, dix et vingt prochaines années.
Soyons
clairs: je suis absolument incapable de prédire où s’en va
la bourse à court terme. Je n’ai pas la moindre idée
si les cours boursiers seront plus élevés ou plus bas dans
un mois ou dans un an. Ce qui est vraisemblable, toutefois, c’est
que le marché croîtra, peut-être même considérablement,
et ce, bien avant que les perceptions et l’économie ne s’amélioreront.
C’est
ce que nous enseigne l’histoire.
Ainsi,
durant la Dépression, le Dow Jones a atteint son plancher le 8 juillet
1932. Les conditions économiques ont continué de se
détériorer jusqu'à ce que Franklin D. Roosevelt accède
à la présidence, en mars 1933. Or, à cette date,
le marché avait déjà regagné 30% de sa valeur.
Au début de la Seconde guerre mondiale, les choses allaient très
mal pour les États-Unis en Europe comme sur le front du Pacifique.
Les marchés ont atteint leur creux en avril 1942. soit bien avant
que la situation ne se retourne en faveur des Alliés. Même
chose dans les années 1980, alors que l’inflation sévissait
et que l’économie coulait à pic… Bref, les mauvaises
nouvelles sont le meilleur ami des investisseurs puisqu’elles permettent
d’acheter à bas prix une parcelle de l’avenir des États-Unis.
De
toute façon, les nouvelles sont rarement bonnes pour la bourse.
Ainsi, au cours du 20e siècle, on a traversé deux guerres
mondiales et plusieurs autres conflits aussi terribles que coûteux,
la Dépression, une douzaine de récessions et de paniques
boursières, des chocs pétroliers, une épidémie
de grippe et la démission d’un président tombé en
disgrâce. Pourtant, durant ce siècle, le Dow Jones est
passé de 66 à 11 497 points!
On
pourrait penser que devant une appréciation aussi extraordinaire
des marchés, il a dû être quasiment impossible pour
un investisseur de perdre de l’argent. Et pourtant, certains en ont
perdu. Comment? En achetant des titres lorsqu’ils se sentaient
en sécurité de le faire, pour les revendre lorsque les nouvelles
étaient mauvaises…»
Sources: Warren Buffett, «Buy
American. I Am», The New York Times, 16 octobre 2008.
Voir aussi: Nicholas Kristof, «The
Downturn’s Upside», The New York Times, 18 octobre 2008.
.
Et si Obama était
musulman ?
À deux semaines de l’élection présidentielle américaine,
Colin
Powell, républicain et ancien chef de la diplomatie sous George
Bush fils, surprend tout le monde en annonçant qu’il votera pour
Barack Obama. Il porte ainsi un dur coup à John McCain.
Dans le cadre d’une entrevue accordée à Tom Brokaw, Powell
trace avec brio les forces et faiblesses des deux candidats à la
Maison-Blanche. «L’un comme l’autre feraient un excellent président»,
commence-t-il par dire avant de dénoncer avec force et à
propos les dérives de son parti. Pour Powell, les républicains
se ferment de plus en plus, alors que les démocrates d’Obama tentent
d’unir la nation. «Or, c’est de cela dont on a le plus besoin en
ce moment», dit-il.
Powell,
perçu comme un héros pour s’être opposé, de
l’intérieur même de l’administration Bush, à l’invasion
de l’Irak, dit aussi ne pas comprendre pourquoi les républicains
associent Obama au terrorisme. «C’est totalement faux, dit-il
en substance, et on n’a pas besoin de cela non plus.»
Il
dénonce enfin la tentative de faire croire qu’Obama serait de confession
musulmane. «M. Obama est depuis toujours chrétien, et non
musulman, rappelle-t-il. Et quand bien même il le serait, est-ce
inacceptable d’être musulman dans ce pays? Bien sûr que
non, répond-il immédiatement, car ce n’est pas ça
être américain.»
À l’appui de ses dires, il cite l’exemple de Kareem
Rashad Sultan Khan. «J’ai découvert son existence en voyant
la photo
de sa mère sur sa pierre tombale…», indique Powell (ci-contre).
Il s’agit d’un soldat américain dûment décoré,
un musulman né aux États-Unis, qui avait 14 ans au moment
des attentats du 11 septembre et «qui a donné sa vie pour
l’Amérique en combattant en Irak». Pour Powell, voilà
ce que doit être l’Amérique - et non pas la nation divisée
entre «bons et méchants», entre «eux et nous»
que préconisent les républicains.
À
écouter le brillant exposé
de Colin Powell sur les ondes de MSNBC.
Sources: «Powell
endorses Obama for president», MSNBC, «More
on the Soldier Kareem R. Khan», The New York Times, 19
octobre 2008, Maureen Dows, «Moved
by a Crescent», The New York Times, 21 octobre 2008.
.
Le mythe de l’équilibre
budgétaire
Contrairement
à ce qu’on rapporte, il est faux de dire que le budget du gouvernement
du Québec est équilibré et qu’il n’y a plus de déficit.
C’est faux puisque, année après année, le gouvernement
dépense plus qu’il ne reçoit. Ainsi, d’après
les données publiées le 13 mars dernier à l’occasion
de son énoncé budgétaire, la ministre des Finances
Monique Jérôme-Forget prévoit que la dette du Québec
augmentera de plus de 3,3 milliards $ cette année et d’autant l’an
prochain.
Le
gouvernement évalue sa dette de la façon suivante:
|
31 mars 2007 |
31 mars 2008 |
31 mars 2009 |
31 mars 2010 |
Dette directe consolidée |
108,6 milliards |
114,9 milliards |
122,5 milliards |
128,9 milliards |
Plus : Passif net au titre des régimes de retraite |
+32,8 milliards |
+30,4 milliards |
+27,6 milliards |
+25,6 milliards |
Plus : Passif net au titre des avantages sociaux futurs |
+0,8 milliards |
0'8 milliards |
+0,1 milliards |
- |
Moins : Fonds des générations |
-0,6 milliards |
-1,2 milliards |
-1,9 milliards |
-2,7 milliards |
Dette brute |
141,6 milliards |
144,9 milliards |
148,2 milliards |
151,7 milliards |
Déficit: |
|
3,3 milliards |
3,3 milliards |
3,6 milliards |
|
Toutefois,
pour parvenir à prétendre qu’il n’y a quand même pas
de déficit, le gouvernement y soustrait des «actifs financiers
et non financiers» tout en ajoutant un «solde de la réserve
budgétaire». Il obtient par conséquent les chiffres
suivants:
|
31 mars 2007 |
31 mars 2008 |
31 mars 2009 |
31 mars 2010 |
Moins: Actifs financiers, nets des autres éléments
de passif |
-19,4 milliards |
-21,9 milliards |
-21,6 milliards |
-22,0 milliards |
Moins: Actifs non financiers |
-26,4 milliards |
-28,4 milliards |
-31,3 milliards |
-34,8 milliards |
Plus: Solde de la réserve budgétaire |
+1,3 milliards |
+1,8 milliards |
+0,4 milliards |
- |
Dette résultante: |
97,1 milliards |
96,4 milliards |
95,7 milliards |
94,9 milliards |
|
Source: Tableau
D.2, Dette du gouvernement du Québec au 31 mars (page #123)
Cette
façon de voir les choses pourrait s’assimiler à celle d’un
individu qui dépense plus qu’il ne gagne, mais qui est en même
temps propriétaire d’une maison. Supposons que cette personne
gagne 60 000$ par année, mais qu’elle en dépense 63 000$.
Elle encourt donc un déficit annuel de 3 000$. Toutefois,
comme elle considère que sa propriété augmente de
valeur chaque année - disons de 3 000$ -, elle peut prétendre
avoir des finances équilibrées. C’est à toutes
fins utiles le raisonnement que fait le gouvernement du Québec depuis
une douzaine d’années et qui lui permet de clamer un «déficit
zéro»
N’empêche
que notre dette publique croît année après année,
comme l’illustre le graphique suivant:
Source des données:
«Principaux facteurs de croissance de la dette totale du gouvernement»,
Le
Dette du gouvernement du Québec, Gouvernement du Québec,
décembre 2007, page #33.
Source: Gouvernement du Québec, «Budget
2008-2009 Plan budgétaire», 13 mars 2008.
Voir aussi: Martin Vallières, «“Déficit
zéro”...vraiment?», La Presse, 31 octobre 2008.
.
De moins en moins de
meurtres chez nous
Statistique
Canada rapporte que de moins en moins de meurtres sont commis au Canada,
alors que le Québec se classe une fois de plus parmi les régions
les plus sécuritaires au monde.
En
2007, 594 homicides ont été perpétrés au Canada,
soit 12 de moins qu'en 2006. Le taux d'homicides continue ainsi de
baisser d’année en année, comme il le fait depuis le milieu
des années 1970.
Dans
80% des cas, les meurtres ont été commis par une personne
connue de la victime. Il y a cependant une différence entre
les hommes et les femmes tués. Les femmes sont plus souvent
assassinées par leur conjoint (actuel ou passé) ou par un
membre de leur famille. Quant aux hommes, ils sont surtout victimes
de quelqu'un qu'ils connaissent et souvent lié à une activé
criminelle, ou par un étranger.
Les régions les
plus et les moins sécuritaires
Étant
donné que le nombre de personnes qui résident dans les différentes
provinces et villes n'est pas le même, pour faire des comparaisons,
on utilise ce qu’on appelle le taux d’homicides, c'est-à-dire le
nombre de meurtres par 100 000 habitants. Ainsi, au Québec,
où sont survenus 90 meurtres en 2007, le taux d’homicides est de
1,17 meurtre par 100 000 habitants, alors que les 59 homicides* survenus
à Montréal donnent un taux de 1,58. Soulignons que
ce sont là les taux les plus bas enregistrés en plus de quarante
ans.
C’est
dans les provinces de l'Ouest que les taux d'homicides sont les plus élevés
au pays: Manitoba (5,22), Saskatchewan (3,1), Alberta (2,53) et Colombie-Britannique
(2,01). Par contre, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve
enregistrent les taux les plus faibles (0,00 et 0,59) alors que l’Ontario
affiche un taux de 1,57 (comparé à 1,17 au Québec).
Parmi
les grandes villes canadiennes, Winnipeg, Edmonton et Calgary affichent
les taux d'homicides les plus élevés (3,55, 3,28 et 3,14).
Toronto, avec 111 meurtres en 2007, a un taux d’homicides de 2,01 (contre
1,58 à Montréal).
Tel que l’illustre le tableau de gauche, le Québec
se classe au quatrième rang des provinces ayant le plus bas taux
d’homicides au Canada. À droite, Montréal se classe
au quatrième rang des villes canadiennes pour le plus bas taux d’homicides.
Source: Statistique Canada, «Homicides
2007», Le Quotidien, 23 octobre 2008.
Voir aussi: Les
plus récentes données sur la criminalité.
* |
Selon le Service de police de la Ville de
Montréal, il y a eu 42 meurtres à Montréal en 2007,
alors que Statistique Canada parle plutôt de 59. «Qui dit vrai?»
En fait, il y a eu 42 meurtres sur l’île de Montréal
et 59 dans la région métropolitaine (qui englobe les
banlieux).
Notons que jusqu’à présent cette
année, 18 meurtres ont été commis sur l’île
de Montréal. À ce rythme, 22 ou 23 homicides surviendront
en 2008, ce qui sera une performance absolument remarquable. |
.
L’héritage républicain
Jusqu’où
s’abaisseront les républicains?, est-on tenté de se demander
à dix jours des élections présidentielles.
Même
certains partisans semblent dégoûtés, comme le relate
Gail Collins, chroniqueuse au New York Times. C’est ainsi
qu’un travailleur d’élection républicain, Ted Zoromski, s’apprêtait
à appeler d’éventuels électeurs pour leur dire: «Savez-vous
que Barack Obama a beaucoup travaillé avec le terroriste Bill Ayers,
dont l’organisation a tenté de faire sauter le Capitole, le Pentagone,
la résidence d’un juge et tué des Américains?»
Dégoûté par des propos aussi mensongers, Zoromski a
tout bonnement claqué la porte.
Par
ailleurs, dans un éditorial appuyant la candidature d’Obama, le
New
York Times relate que: «Après huit années de mauvaise
direction par le président Bush, les États-Unis sont en mauvais
état et à la dérive. Le président Bush
laissera à son successeur deux guerres, une réputation planétaire
ruinée et un État qui s’est systématiquement dépouillé
de ses capacités à protéger et à aider ses
citoyens - autant ceux qui ont dû fuir les inondations provoquées
par un ouragan que ceux qui recherchent des soins de santé abordables,
ou qui luttent pour conserver leur maison, leur emploi, leurs économies
et leurs fonds de pension à travers une crise économique
prévisible et qu’on aurait pu éviter.
Pour
sa part, John McCain se campe de plus en plus à l’extrémité
du spectre politique en favorisant la partisanerie et la division, de même
que la lutte des classes, avec un soupçon de racisme. Ses
visions politiques et du monde sont ancrées dans le passé.
Et son choix d’une colistière si peu apte à devenir président
est l'ultime preuve d'opportunisme et de mauvais jugements qui efface tout
ce qu’il a pu accomplir ces 25 dernières années.
M.
McCain propose de poursuivre l’idéologie républicaine du
chacun-pour-soi qui nous a mené à la déconfiture de
Wall Street et du système bancaire américain.»
Ironiquement,
Nicholas Kristof rapporte qu’Al Qaeda favoriserait l’élection de
John McCain pour la bonne et simple raison que le réseau terroriste
estime que la poursuite des politiques de l’administration Bush favorise
nettement le recrutement de nouveaux terroristes. «Un président
américain qui maintiendra indéfiniment des troupes en Irak,
qui est obsédé par le terrorisme islamique, qui est davantage
porté vers les solutions militaires et qui se met à dos les
autres États est un excellent outil de mobilisation pour Al Qaeda,
écrit le journaliste. Par contre, un président afro-américain
dont le grand-père est musulman et qui cherche à bâtir
des ponts, au lieu de les faire exploser, rendra plus difficile le recrutement
de terroristes… Quatre années additionnelles de politiques
aveugles et sans nuances en regard du monde musulman sera une tragédie
pour les États-Unis et pour le reste du monde, mais une bénédiction
pour les groupes radicaux à la recherche de candidats au suicide.»
Sources: Gail Collins, «Confessions
of a Phone Solicitor», The New York Times, 22 octobre
2008, «Barack
Obama for President», The New York Times, 22 octobre 2008.
Nicholas Kristof, «The
Endorsement From Hell», The New York Times, 25 octobre
2008.
.
L’assurance santé
à l’américaine
Certains
rêvent de pouvoir se procurer une assurance privée qui leur
donnerait un accès rapide à des soins lorsqu'ils en ont besoin,
comme cela se fait comremment aux États-Unis. En entrevue
avec Michel Desautels, un Américain de classe moyenne donne son
exemple. Norm Lebel, agent immobilier résidant en Floride,
raconte: «J’ai 52 ans, mon épouse a 41 ans et nous avons une
fille de 7 ans… [Notre assurance santé privée] me coûte
2 058$ par mois, donc 25 000 par année.» De plus, il
doit débourser 15$ chaque fois qu'il consulte un omnipraticien et
35$ lorsqu’il s’agit d'un spécialiste…
Michel Desautels, «Présidentielles
américaines: le point de vue d'un militant démocrate»,
Première chaîne de Radio-Canaaa, 24 octobre 2008.
.
Résultats des
présidentielles américaines de 2000 et 2004
.
.
Candidats |
. |
George Bush Jr. |
Al Gore / John Kerry |
Ralph Nader |
Autres** |
. |
Total des votes |
Participation* |
|
Élections 2000
Nbre votes |
% du vote |
. |
|
50 456 002 |
47.87 % |
50 999 897 |
48.38 % |
2 882 955 |
2.74 % |
1 066 246 |
1,01 % |
. |
|
105 405 100 |
(100 %) |
205 815 000 |
51.21 % |
|
Élections 2004
Nbre votes |
% du vote |
. |
|
62 040 610 |
50.73 % |
59 028 444 |
48.27 % |
465 650 |
0.38 % |
760 641 |
0,62 % |
. |
|
122 295 345 |
(100 %) |
215 694 000 |
56.70 % |
|
* |
Le taux de participation aux elections présidentielles
est calculé en comparant le nombre de votes exprémés
au total de la population en âge de voter. |
** |
Les 15 autres candidats à l’élection
présidentielle de 2000 étaient: Patrick J. Buchanan (Reform/Independent,
448 895 votes), Harry Browne (Libertarian, 384 431 votes), Howard Phillips
(Constitution, 98 020 votes), John S. Hagelin (Natural Law/Reform/Independent,
83 714 votes), Write-In Miscellaneous, 20,767 votes), James E. Harris,
Jr. (Socialist Workers, 7 378 votes), L. Neil Smith (Libertarian, 5 775
votes), David McReynolds (Socialist, 5 602 votes), Monica Moorehead (Workers
World, 4 795 votes), Cathy Gordon Brown (Independent, 1,606 votes), Denny
Lane (Vermont Grassroots, 1 044 votes), Randall Venson (Independent, 535
votes), Earl F. Dodge (Prohibition, 208 votes) et Louie G. Youngkeit (Independent,
161 votes.
Les 17 autres candidats pour l’élection
présidentielle de 2004 étaient: Michael Badnarik (Libertarian,
397 265 votes), Michael Anthony Peroutka (Constitution, 143 630 votes),
David Cobb (Green, 119 859 votes), Write-In (Miscellaneous, 37 240 votes),
Leonard Peltier (Peace and Freedom, 27 607 votes), Walter F. Brown (Socialist/Natural
Law, 10 837 votes), James Harris (Socialist Workers, 7 102 votes), Róger
Calero (Socialist Workers, 3 689 votes), Thomas J. Harens (Christian Freedom,
2,387 votes), Gene Amondson (Concerns of People/Prohibition, 1944 votes),
Bill Van Auken (Socialist Equality, 1 857 votes), John Parker (Workers
World/Liberty Union, 1 646 votes), Charles Jay (Personal Choice, 946 votes),
Stanford E. (Andy) Andress (Unaffiliated, 804 votes) et Earl F. Dodge (Prohibition,
140 votes). |
Sources: Federal
Elections 2000 & Federal
Elections 2004, U.S. Federal Election Commission.
.
Peut-on y croire… ?
À
une semaine des élections américaines, tout indique que Barack
Obama devrait l’emporter. L’ensemble des sondages lui donne en effet
une avance de 7 à 8% dans les intentions de vote sur John McCain.
Pourtant,
on ressent tous une certaine appréhension; se pourrait-il que malgré
des sondages aussi favorables, Obama perde quand même? Tout
à fait, puisque non seulement existe-t-il des précédents
mais, surtout, ce qui compte avant tout, c'est le nombre de votes au collège
électoral que chacun des candidats peut espérer remporter
État par État. Or, même là, certaines
analyses indiquent qu’Obama pourrait obtenir jusqu’à 350 votes électoraux
(alors qu’il n’en faut que 270 pour devenir président).
Cependant,
il suffit de n’avoir que quelques votes d'électeurs de plus que
son adversaire pour remporter tous les votes électoraux d’un État.
Il s’agirait donc que les démocrates votent relativement moins nombreux
que les républicains pour que McCain l'emporte. C’est ce qui
est arrivé à Al Gore en 2000. Celui-ci a obtenu 48,38%
du vote populaire, contre 47,87% pour George Bush, mais il n’a obtenu que
266 votes électoraux, contre 271 pour Bush.
Quatre
ans plus tard, en 2004, les observateurs s’attendaient à ce que
John Kerry remporte la présidence si, le jour du scrutin, un pourcentage
élevé d’électeurs se rendait aux urnes. Une
bonne participation des électeurs indiquerait, estimait-on, que
les démocrates s’étaient rendus massivement voter.
Or, par rapport à 2000, 17 millions d’électeurs de plus se
sont rendus voter en 2004 (soit 5,5%). Hélas pour Kerry, ce
sont surtout les républicains qui sont allés voter, bon nombre
de démocrates s'étant abstenus… (Voir tableau ci-dessous.)
De
surcroît, Obama pourrait être victime de l’effet
Bradley, c’est-à-dire que davantage d’électeurs affirment,
lorsqu’on les sonde, qu’ils voteront pour ce candidat noir… qu’ils le feront
réellement une fois rendus dans l’isoloir!
C’est
donc dire que, tout compte fait, même si les sondages confèrent
une belle avance à Obama, la victoire est loin de lui être
acquise. Voilà pourquoi il importe que tout électeur américain
aille voter puisqu'avec 7 à 8% de plus de votes, le candidat démocrate
l’emportera.
Historiquement,
davantage d’électeurs démocrates que républicains
ne vont pas voter. La majorité des analystes considèrent
que si environ 70% de tous les électeurs américains allaient
voter, jamais les républicains ne remporteraient une élection
présidentielle. N’y a-t-il pas là de quoi réfléchir…
pour nous aussi?
.
Que nous réservent
les élections québécoises ?
Le
quotidien Le Soleil rapporte que le plus récent sondage CROP-La
Presse donne, après répartition des indécis, 38% des
votes au PLQ, 32% au PQ et 17% à l'ADQ. Le Parti vert et Québec
solidaire obtiennent 7% et 5% respectivement. Fait à noter,
le Parti libéral n'obtient que 30% du vote francophone, contre 39%
pour le Parti québécois. Selon Claude Gauthier, vice-président
chez CROP, on ne peut affirmer avec certitude qu'on se dirige vers un gouvernement
libéral majoritaire. «Je serais porté à croire
qu'ils auraient une majorité avec des chiffres comme ceux-là,
mais de justesse», dit-il.
Par
contre, lorsqu'on compare les résultats de ce sondage à ceux
des trois dernières élections, on pourrait aussi déduire
qu'on risque fort d'orbenir un gouvernement minoraire libéral.
.
. |
Élections de 1998 |
Élections de 2003 |
Élections de 2007 |
Sondages 2008 |
|
Pourcentage de vote
PLQ |
PQ |
ADQ |
43,55 |
42,87 |
11,81 |
45,99 |
33,27 |
18,18 |
33,08 |
28,35 |
30,38 |
38 |
32 |
17 |
|
Sièges remportés
PLQ |
PQ |
ADQ |
48 |
76 |
1 |
76 |
45 |
4 |
48 |
36 |
41 |
~54? |
~44? |
~27? |
|
Partici-
pation |
78.32% |
70,42% |
71,23% |
|
|
Ce qui
semble le plus vraisemblable, c'est que le Parti québécois
redeviendra l'opposition officielle (avec même une mince possibilité
pour qu'il forme un gouvernement minoriaire). À suivre…
Sources: Directeur
des élections du Québec, Répartition
des sièges ; Jean-François Cliche, «Sondage
Crop-Le Soleil-La Presse: l'avance libérale fond», Le
Soleil, 28 octobre 2008.
.
Pourquoi prend-on (parfois)
de mauvaises décisions ?
En
général, lorsqu’on prend une décision, on le fait
en suivant quatre étapes, écrit David Brooks, chroniqueur
au New York Times. Premièrement, on perçoit
la situation. Ensuite, on pense aux possibilités qui s’offrent
à nous. Puis on évalue laquelle de celles-ci est la
plus avantageuse et, enfin, on passe à l’action.
L’auteur
poursuit en expliquant que ceux qui étudient nos comportements et
ce qui se passe sur les marchés financiers s’intéressent
surtout à la troisième étape du processus: qu’est-ce
qui fait qu’on choisit une solution plutôt qu’une autre? Ils
s’entendent généralement pour dire qu’on soupèse rationnellement
les possibilités pour retenir celle qui nous semble la plus dans
notre intérêt. Cependant, en temps de crise, la prise
de décision rationnelle ferait souvent place à des réactions
émotives (comme on l'observe ces temps-ci à l’échelle
planétaire).
Confondre puissance
et solidité
Peut-être,
poursuit Brooks, faudrait-il davantage s’intéresser à la
première étape du processus décisionnel: les perceptions
qu’on a du monde qui nous entoure. «La perception d’une situation
semble a priori quelque chose d'assez simple, écrit-il. On regarde
autour de nous… Or, cette étape est beaucoup plus complexe,
puisque ce qui se passe réellement nous échappe souvent.»
Nos
perceptions sont même fréquemment erronées, notamment
en matière d’économie. David Brooks cite les travaux
de Nassim Nicholas
Taleb, un universitaire qui se consacre aux procédés
d’évaluation des connaissances. Il s’agit entre autres de
l’auteur de livres à succès, dont Le
Hasard sauvage et Le
Cygne noir. Dans ce dernier ouvrage, Taleb relate que les
grandes institutions financières sont souvent perçues comme
solides en raison de leur importance, alors qu’elles sont au contraire
vulnérables justement à cause de leur taille.
Il avait
d’ailleurs prévenu que l'émergence des grandes banques d’affaires
donnerait l’impression d'une certaine stabilité alors qu’au contraire,
cela augmentait le risque d’un effondrement en cascade. «Lorsque
l’une d'elles tombera, les autres suivront», avait-il écrit…
comme on l’observe ces derniers mois. De même, pour lui, la
mondialisation génère de la fragilité puisque tout
est désormais interrelié… comme on le voit si clairement
ces temps-ci.
Comme autre
exemple d’une institution nous donnant l’impression de force, on pourrait
citer le cas du groupe Québécor,
qui rassemble à lui seul: Vidéotron (géant des communications),
le Réseau TVA (le plus important télédiffuseur privé
de langue française en Amérique du Nord), Publications TVA
(le numéro un des éditeurs de magazines au Québec),
Groupe Livre Quebecor Media (le plus important éditeur québécois),
les magasins Archambault (le plus grand réseau de disquaires de
l'est du Canada), Select (le plus important distributeur indépendant
de musique et de vidéos du Canada), etc., etc. Si ce vaste
éventail confère à Quebecor une puissance indéniable,
qu’arriverait-il si cet empire médiatique devait un jour s’effondrer
ou être racheté par des intérêts étrangers?
Quel impact cela aurait sur le Québec et sur notre culture? (De
même, qu’arriverait-il si Microsoft – dont les logiciels font fonctionner
tous les ordinateurs de la planète – venait à disparaître?)
Autrement
dit, souligne Taleb, ce qu’on perçoit souvent comme fort et gage
de stabilité ne l’est pas nécessairement.
Le quart des Américains
soutient encore Bush
Or, le
fait d’entretenir des perceptions erronées du monde pourrait expliquer
pourquoi on applique parfois de mauvaises solutions mais, surtout peut-être,
pourquoi on persiste. Ce serait le cas, par exemple, des joueurs
de jeux de hasard qui persévèrent – convaincus de posséder
une vision juste des probabilités ou croyant maîtriser le
hasard (quand ce n'est pas niant tout simplement son existence) – malgré
le fait indéniable qu’ils courent tout droit à leur perte.
De
même, la perception erronée du monde pourrait expliquer pourquoi,
aujourd’hui encore, l’administration Bush persiste à demeurer en
Iraq et à maintenir en fonction le camp de concentration de Guantánamo…
et pourquoi le quart des Américains considère encore malgré
tout que le président Bush «fait du bon travail».
Dans quel
monde vivent-ils, est-on tenté de se demander. Dans un monde
de perceptions erronées. Or, dès l’instant où
on a la certitude de bien percevoir les choses – que ce soit vis-à-vis
le hasard, en matière de croyances religieuses ou autres, ou en
politique -, notre processus décisionnel est à jamais corrompu
et, par conséquent, défaillant.
La première
étape de toute prise de décision - la plus critique – doit
être celle d’obtenir la vision la plus juste possible de la réalité.
Ensuite seulement peut-on enclencher une prise de décision.
Or, souvent, on néglige tout d'abord de bien s'informer.
Pour illustrer
une vision erronée du monde, mais très convaincante, Taleb
donne l’exemple d’une dinde dans The Black Swan. «Durant
des jours et des jours et des jours, la dinde est bien nourrie, ce qui
la convainc que l'espèce humaine est bonne pour elle. Tout
se passe bien jusqu’à ce que, quelques jours avant l’Action de grâce…,
elle découvre qu’il n’en est rien!» La dinde possédait
une vision incomplète du monde dans lequel elle vivait, conclut
l’auteur. (L’exemple de la dinde n’est pas si farfelu puisque c’est
exactement de cette façon que les arnaqueurs en tout genre – les
beaux parleurs, les gourous, les maîtres à pensé… sur
Internet comme en croissance personnelle, etc. - s’y prennent pour détrousser
leurs victimes.) Et Taleb d'ajouter: «Nous préférons
vivre selon une explication du monde - n’importe laquelle, même erronée
-, plutôt que de ne pas en avoir une…»
Note: |
Pour un bel exemple d’une «vision
erronée du monde», lire la chronique de Paul Krugman, «The
Republican Rump», qui résume comment les républicains
américains voient leur monde politique. C'est l'exemple de la vision
manichéenne du «eux» et du «nous» si répandue
ces jours-ci… |
D’après David Brooks, «The
Behavioral Revolution», The New York Times, 27 octobre
2008 ; Sreven Dubner, «Straight
From the Black Swan’s Mouth», Freakonomics, 21 mai 2007.
.
Les fadaises d’un séducteur
de foule
Clotaire
Rapaille se présente comme un «gourou du marketing»
et séduit souvent les foules. Pourtant, Clotaire Rapaille
lance fréquemment des fadaises. Le plus récent exemple?
Sur les ondes de Radio-Canada, il a d’abord laissé entendre que
l’administration Bush pourrait attaquer la Syrie [et non l'Iran] afin de
favoriser l’élection de John McCain! Il s’est cependant vite
fait rabrouer par Christiane Charette qui a souligné, à juste
titre, qu’on n'est tout de même qu’à cinq jours des élections.
Rapaille
a néanmoins récidivé: «Il y a quelque chose
de très important pour moi: c’est qu’on est en train de préparer
2012. En 2012, qu’est-ce qui va se passer? McCain sera mort
(il est trop vieux) et Obama ne sera plus là pour x raisons…
On va retrouver Hillary [Clinton] et Sarah [Palin]. On va avoir,
pour la première fois, une bagarre entre deux femmes pour devenir
présidente des États-Unis.»
Or,
pour quiconque suit la politique américaine, c’est là un
scénario absolument invraisemblable. D’une part, si les républicains
subissent la raclée qu’on annonce, nul doute que Palin sera rejetée
avec force par son parti. D'autre part. en 2012, Hillary Clinton
et son mari feront parti du passé politique des Américains
(comme l’est aujourd’hui Al Gore). Plus vraisemblable, l’élection
opposera Obama (ou son successeur Biden) à un tout autre candidat
républicain.
Rappelons-nous
seulement qu’il y a un an, personne n’avait imaginé que nous assisterions
à une course présidentielle entre Obama et McCain, la grande
majorité des observateurs annonçant
un duel entre Hillary Clinton et Rudolph Giuliani. De là,
donc, à prédire sérieusement quatre ans à
l’avance une confrontation Clinton-Palin…
Source: Christiane Charette, «Clotaire
Rapaille, sondeur de l'inconscient culturel», Première
Chaîne de Radi0-Canada, 30 octobre 2008.
Note: |
pour apprécier les techniques de séduction
- de manipulation - de Rapaille, il convient d’écouter
les propos charmants que celui-ci tenait à notre égard à
l’émission de Christiane Charette il y a deux ans. |
.
Barack Obama : un vent
d’espoir ?
Je réalise à chaque jour que je ne suis pas un homme parfait...
Et je ne serai pas un président parfait.
Je puis cependant vous promettre ceci:
Je vais toujours vous dire ce que je pense et où j'en suis.
Je serai toujours honnête avec vous au sujet des défis
auxquels nous sommes confrontés.
Je vous écouterai lorsque nous ne serons pas d’accord.
Et, le plus important, je vais rouvrir les portes du gouvernement et
vous demander de participer à nouveau à la démocratie
qui est vôtre.
-
Barack Obama. le 29
octobre 2008.
.
Ce qu’on pense tous,
en attendant…
À
la veille de l’Élection, Paul Krugman résume l’impression
généralement répandue: «Peut-être que
tous les sondages se trompent et que John McCain s'apprête à
causer la plus grande surprise électorale de l’histoire des États-Unis.
Mais il semble bien que les démocrates soient sur le point de remporter
autant la Maison-Blanche que d’augmenter considérablement leurs
majorités dans les deux chambres du Congrès.»
C’est ce qu’on verra demain…
Source: Paul Krugman, «The
Republican Rump», The New York Times, 3 novembre 2008.
.
4 novembre 2008
En
ce jour d'élections américaines, n’avons-nous pas tous l’impression
de vivre une «journée historique», une journée
dont on se souviendra longtemps de ce qu'on faisait ou où on était?
Il me semble qu’il flotte une atmosphère d’effervescence semblable
à celle du 15 novembre 1976…
* * *
Lorsqu’à
23 h., les médias américains ont officialisé la victoire
de Barack Obama, nous avons soudainement eu l’impression de se retrouver
au soir du 15 novembre 1976, avec partout des foules en liesse… Tout
le monde évoque un tournant historique rempli d’espoir et le rejet
des politiques du passé (comme on l’évoquait, il y a 32 ans,
au Québec). Tous saluent la venue d’un leader inspirant.
Souhaitons
au président Obama qu’il s’entoure d’une équipe aussi compétente,
dynamique et capable de faire bouger les choses, comme celle de René
Lévesque en 1976. Et souhaitons-nous que cette équipe
apporte des changements aussi fondamentaux que ceux qui sont survenus chez
nous dans les deux-trois années qui ont suivi. (Néanmoins,
même l’équipe la plus dynamique ne sera pas en mesure de régler
tous les problèmes, loin de là, comme nous l'avons constaté.)
Bonne
chance, président Obama !
Note: |
Résultats préliminaires: Barack
Obama a remporté (au moins) 349 des 540 votes du collège
électoral (65%) alors que John McCain n'en a que 162. Au moins
119 millions d’Américains ont voté, 53% pour Obama et 47%
pour John McCain. |
.
(Bannière ornant le site
officiel de Barack Obama le 5 novembre 2008.)
.
Les défis du prochain
président
Éditorial
du New York Times du 5 novembre 2008:
C'est
l’un des moments dans l’histoire où il vaut la peine de s’arrêter
pour réfléchir à la réalité des faits:
Un
Américain du nom de Barack Hussein Obama, fils d’une blanche et
d’un Africain qu’il a peu connu, élevé par ses grands-parents
loin du pouvoir et de la richesse américaine, vient d’être
élu 44e président des États-Unis.
Faisant
preuve d’une exceptionnelle capacité de concentration et de sang
froid, M. Obama a traversé les uns après les autres tous
les obstacles politiques qui se dressaient devant lui, à commencer
par Hillary Clinton, qui désirait tant la présidence qu’elle
en a perdu son aplomb, et ensuite John McCain, qui a abandonné ses
idéaux pour mener une campagne de haine et de peur.
Le
triomphe d'Obama ne fait aucun doute, puisqu’il a su cerner ce qui ne va
pas aux États-Unis: l’incontestable faillite du gouvernement à
protéger ses citoyens. Quant à lui, il propose un gouvernement
qui ne tentera pas de résoudre tous les problèmes mais qui
appuiera ce que peut faire le citoyen ordinaire en encadrant une économie
équitable, un environnement propre et une alimentation sécuritaire,
en s’assurant que les personnes malades aient accès à des
soins de santé, et en favorisant l’instruction des enfants qui auront
à compétitionner dans un monde globalisé.
M.
Obama traitera honnêtement les mauvaises politiques économiques
républicaines qui promettaient d’améliorer le sort de tous
les Américains mais qui en ont laissé pour compte des millions.
Il s’est engagé à mettre fin aux guerres sanglantes et inutiles.
Il a promis de restaurer nos libertés civiles ainsi que la mauvaise
réputation des États-Unis à l’étranger.
À force d’espoir et de compétence, il a su attirer une foule
d’électeurs dénigrés et ballonnés. Les
scènes de réjouissance de mardi soir entre jeunes, hommes
et femmes, blancs et noirs qui pleuraient et festoyaient ont de quoi émouvoir
et inspirer.
M.
Obama hérite d’un terrible fardeau. Notre nation s'est embourbée
dans deux guerres, l’une nécessaire et l’autre pure folie.
Son défi sera d’organiser un retrait ordonné d’Irak, en évitant
de générer un nouveau conflit, afin que le Pentagone concentre
ses ressources en Afghanistan, le véritable front de la guerre au
terrorisme.
La
course présidentielle s’est amorcée sur le thème de
la guerre mais, au jour de l’élection, les Américains s’inquiètent
essentiellement de leur avenir et de l’incapacité de leur gouvernement
à gérer la crise économique qui repose sur la cupidité
et la déréglementation à outrance. M. Obama
devra agir promptement afin de mettre de l‘ordre, de la cohérence,
de la transparence et de la justice dans le programme de sauvetage improvisé
par l’administration Bush.
Sa
présidence devra aussi identifier toutes les façons en vertu
desquelles nos droits civils et nos valeurs fondamentales ont été
bafouées afin de les rétablir au grand jour. Les bouleversements
climatiques constituent une menace globale et, après des années
de déni et d’inaction, notre pays se doit de prendre la direction
des mesures destinées à les combattre. Notre nation
doit développer de nouvelles technologies propres afin de réduire
les gaz à effet de serre ainsi que notre dépendance au pétrole
étranger.
M.
Obama devra aussi réformer les politiques d’immigration conformément
aux valeurs d’une nation bâtie par des immigrants et des réfugiés.
Une
multitude d’autres problèmes urgents devront être abordée.
Entre autres, des dizaines de millions d’Américains n’ont pas d’assurance-santé,
dont certains de nos citoyens les plus vulnérables: les enfants
des travailleurs démunis. D’autres, à peine plus fortunés,
peuvent tout juste défrayer leurs assurances ou sont sur le point
de les perdre en même temps que leur emploi. Tous doivent être
protégés.
M.
Obama aura besoin de l’appui de nous tous…
* * *
Barack
Obama fera-t-il un «grand président»?, se demande avec
justesse Thomas Friedman. Sera-t-il le président dont on rève
tous? Il en aura la chance, écrit-il, puisque certains des
plus grands présidents sont entrés en fonction alors que
les Etats-Unis traversaient les pires moments de leur histoire ou qu'ils
se trouvaient au plus bas. «Devenir président en pleine crise
ne garantit pas votre stature, estime Michael Sandel, penseur politique
à l‘Université Harvard, mais ce peut être une bonne
occasion.» Ce fut notamment le cas d’Abraham
Lincoln, de Franklin
Roosevelt et de Harry
Truman.
Par ailleurs, Friedman évoque une réflexion de Warren
Buffet qui estime que ceux qui sont aujourd’hui riches ou qui ont bien
réussi ont au départ la chance de vivre aux États-Unis.
Pour cette raison, ils ne devraient jamais l’oublier et, comme tout le
monde, ils se doivent de faire leur part pour rebâtir la société
américaine… (N'est-ce pas tout aussi vrai ici?)
Sources: Editorial, «The
Next President» & Thomas Friedman, «Finishing
Our Work», The new York Times, 5 novembre 2008.
.
Et si Obama avait perdu
?
Partout
à travers le monde comme aux États-Unis, on célèbre
l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis.
On parle d’un jour historique, sinon même d’un tournant pour les
Etats-Unis et pour la planète tout entière. Certains
vont même jusqu’à évoquer que le 21e siècle
pourrait débuter avec la venue d’Obama!
Pourtant,
il s’en est fallu de peu - de quelques pourcentages de votes - pour que
John McCain remporte la présidence. Curieux tout de même
qu’on ait failli passer à côté d’un si grand événement
parce que seulement 53% des Américains ont voté pour Obama
(contre 46% pour McCain). Qu’en aurait-il été si ce
dernier avait gagné?
En vérité, la victoire d’Obama ne tient qu’à peu de
choses et le véritable «tournant historique» reste à
venir. Pour l’heure, tout n’est qu’espoir… Réjouissons-nous
et espérons!
.
S’en rappellera-t-on
dans cinq semaines ?
Jean
Charest déclenche des élections hâtives malgré
l’impression généralisée que cela n’a aucune raison
d’être. Personne ne désire une campagne électorale
alors même qu’on est sur le point de subir les effets de la crise
économique américaine. Qui plus est, de l’avis de maints
analystes, les trois principaux partis politiques préconisent des
mesures économiques semblables et souvent complémentaires,
de sorte qu’ils auraient très bien pu travailler ensemble pour contrer
le choc économique qui s’en vient. Or, au lieu de cela, nos
députés parcourront le Québec dans le but de se faire
élire. Pourquoi donc une campagne électorale aussi
inutile? Jean Charest parie-t-il qu’au jour du scrutin, le 8 décembre,
on aura oublié qu’il nous a entraînés dans un débat
stérile? Lui en tiendra-t-on encore rigueur dans cinq semaines?
Note: |
Selon un sondage Léger Marketing réalisé
début novembre, 75% des Québécois s'opposaient au
déclenchement des élections. Par conséquent,
la décision de Jean Charest a fait baisser le taux de satisfaction
à l'égard de son gouvernement de 7%, rapporte-t-on.
Néanmoins,
selon ce sondage, si des élections avaient eu lieu entre le 7 et
le 9 novembre, le Parti libéral aurait gardé le pouvoir avec
41% des votes contre 35% pour le Parti québécois, alors que
l'ADQ ne récolterait que 14% des intentions de vote. «Les
libéraux ont besoin de 7 points d'avance pour espérer former
une majorité, estime Christian Bourque, analyste chez Léger
Marketing. En bas de cela, tous les scénarios deviennent possibles.»
Source: Sondge
Léger Marketing pour Le Journal de Montréal et
TVA, 11 novembre 2008. |
A lire: André Pratte, «Une
majorité pour qui?», La Presse, 6 novembre 2008,
Bernard Descôteaux, «À contretemps», Le Devoir,
6 novembre 2008.
.
Que nous cachent encore
«les républicains» ?
Fox
News, le réseau d'information inféodé aux républicains,
révèle que l’entourage de John McCain s’est aperçu
avec effroi de l’ampleur de l’ignorance de Sarah Palin. «J’aurais
aimé pouvoir vous en dire plus auparavant, mais tout était
sous embargo pour après les élections», confie d'abord
le reporter de Fox.
Il
poursuit: «Dans le camp McCain, on s’inquiétait énormément
de ce que Sarah Palin ne possède pas les connaissances minimales
pour se retrouver à un battement de cœur de la présidence.
On nous dit qu’elle ignorait quels pays faisaient parti de l’Accord de
libre échange des Amériques (l’ALENA), à savoir: le
Canada, les États-Unis et le Mexique. Elle ignorait aussi
que l’Afrique est un continent, non un pays. On s’inquiétait
de quantité d’autres carences dans ses connaissances…»
Le
reporter va même jusqu’à annoncer qu’on devrait assister,
au cours des prochains jours, «à une avalanche de révélations
– histoires par-dessus histoires – concernant les failles de Sarah Palin.»
Ainsi
donc, si McCain avait remporté l’élection, la vice-présidente
Palin aurait été «à un battement de cœur»
de diriger un jour la politique américaine qui a tant d’impact sur
nos vies et sur le devenir de la planète. Elle aurait entre
autres eu le pouvoir de déclencher des guerres tout en ayant «le
doigt» sur le déclenchement d’une riposte nucléaire!
Que comprendre de McCain qui reprochait tant à Obama de n’être
pas assez compétent pour devenir commandant en chef des forces armées
américaines?
Deux
questions s’imposent. 1°) N’est-il pas proprement scandaleux
qu’on nous ait caché jusqu'après les élection les
graves lacunes de Palin? 2°) Combien d’autres informations aussi
pertinentes au sujet de l’incurie des républicains le réseau
Fox cache-t-il encore?
Voir la Vidéo
de Fox News.
.
Dur, dur de comprendre
«la bourse»
Vendredi,
7 novembre, les médias rapportent la perte de 240 000 emplois aux
États-Unis en octobre, ce qui fait grimper le taux de chômage
à 6,5%, un sommet en 14 ans. Pour sa part, le constructeur
automobile GM annonce des pertes
records de 2,5 milliards $ au troisième trimestre et annonce la
mise à pied de 3 600 travailleurs. On parle aussi d’un effondrement
des ventes au détail, les consommateurs américains limitant
leurs achats en cette saison cruciale pour tout marchand. Devant
d’aussi mauvaises nouvelles, on s’attendrait à ce que la bourse
s’effondre à nouveau. Or, l’indice Dow Jones a augmenté
de 250 points! C’est a n'y rien comprendre…
À lire: Peter Goodman, «Jobless
Rate at 14-Year High After October Losses» & «G.M.
Suspends Merger Talks With Chrysler», The New York Times,
7 novembre 2008 ; David Leonhardt, «Buying
Binge Slams to Halt», The New York Times, 11 novembre
2008.
.
« Faites ce que
je prêche,
surtout pas ce que je fais
! »
Les
médias rapportent que le leader de la droite autrichiene, Jörg
Haider, qui s’est récemment tué en automobile, était
homosexuel. Marié et père de deux enfants, il se présentait
comme un ardent défenseur des valeurs familiales. Il a pourtant
toujours refusé d'aborder les rumeurs relatives à son orientation
sexuelle et à la présence de nombreux jeunes hommes dans
son entourage…
Ce
serait là le plus récent exemple des contradictions flagrantes,
pour ne pas dire choquantes, qu’on observe chez plusieurs de ceux qui se
drapent de vertus. Souvent, ces gens de la droite «bien pensante»
dénoncent avec vigueur l’homosexualité, l’éducation
sexuelle, l’utilisation de moyens contraceptifs, le droit à l’avortement
et au mariage gai… Bref, ils prêchent contre la liberté
des autres pour imposer leurs valeurs morales strictes.
Le
cas Haider rappelle une longue ligné de dirigeants américains
prêchant de hautes valeurs morales mais qui se comportent tout autrement,
à commencer par les télé-évangélistes
Jim
Bakker, Jimmy
Swaggart et Ted
Haggard, les républicains Tom
DeLay, Mark Foley,
Randy
Cunningham et Newt
Gingrich, sans oublier des animateurs radio ultraconservateurs comme
Rush
Limbaugh.
Le
cas Gingrich est tout particulièrement choquant. En 1994,
comme président de la Chambre des représentants, il était
le second en ligne à la présidence des États-Unis
(derrière le vice-président Al Gore). En bon républicain
de droite, il s’est acharné sur Bill Clinton à propos de
ses histoires extraconjugales… alors même qu'il en vivait une lui-même!
Malgré cela, aujourd’hui encore, l'hypocrite leader républicain
jouit d’une grande popularité au sein de la droite, tout comme certains
télé-évangélistes et prêcheurs qui continuent
de sévir.
Incidemment,
on observe souvent chez les tenants de la «moralité»
qu’ils acceptent des comportements dans leurs rangs qu’ils démonisent
chez les autres. Ainsi, le cas de Sarah Palin est parlant; imaginons simplement
qu’elle ait été démocrate, jamais les républicains
n’auraient toléré une candidate aussi imcompétente
et «peu morale» à la vice-présidence. Mais
comme elle est des leurs… «Deux poids, deux mesures…», dit-on.
À lire: AP, «Gingrich
Says He Cheated on His Wife», The New York Times, 9 mars
2007, David Stout, «DeLay
Is Indicted and Forced to Step Down as Majority Leader». The
New York Times, 28 Septembre 2005,
Intelligeance en nombre insuffissant
Dans les
années 1950, Adlai
Stevenson, candidat démocrate à la présidence
des États-Unis, passait pour un homme brillant. On rapporte
qu’à la suite d’un discours éloquent, l’un de ses admirateurs
aurait crié quelque chose comme: «Tous les hommes intelligents
devraient voter pour vous!» Stevenson aurait répondu:
«Ce n’est pas suffisant… j’ai besoin d’une majorité!»
Source: NIcholas Kristof, «Obama
and the War on Brains», The New York Times, 9 novembre
2008.
.
La liberté des
uns, la liberté des autres…
Face
au cours Éthique et culture religieuse, qui remplace depuis septembre
les cours de religion et de morale dans nos écoles, la Coalition
pour la liberté en éducation réclame «le
droit de choisir» comme liberté fondamentale dont on devrait
tous bénéficier. Plus spécifiquement, la CLÉ
réclame:
• |
que soit redonnée aux
parents la liberté de choisir pour leurs enfants un enseignement
moral ou religieux à l’école, en accord avec leurs croyances
et leurs convictions; |
• |
que tout cours d’éthique
et de culture religieuse soit optionnel; |
• |
que les écoles privées
ne soient pas contraintes de donner des enseignements religieux ou moraux,
ou d’éthique et de culture religieuse, qui vont à l’encontre
de leur orientation confessionnelle; |
• |
que les enseignants recouvrent
leur liberté de conscience. |
Comme
le relate Bernard Descôteaux, directeur du quotidien Le Devoir,«Ce
que réclame cette coalition, qui rallie les parents catholiques,
ou ultracatholiques comme les Bérets blancs, avec l'appui de l'archevêque
ultramontain de Québec, le cardinal Marc Ouellet. c'est le retour
des cours de religion à l'école.»
Que
se serait-il passé si une telle coalition avait existé dans
les années 1950? Ces catholiques auraient-ils été
excommuniés par leur Église toute puissante pour réclamer
la liberté de choisir?
Et
aujourd'hui, cette coalition permettrait-elle que soient enseignés
de véritables cours d'éducation sexuelle? Est-elle
tout aussi bien disposée envers le droit de choisir en matière
de liberté sexuelle: type d'union, contraception, avortement, mariage
gai, etc.?
Réf.: Bernard Descôteaux, «Action
démocratique du Québec - À droite toute», 11
novembre 2008.
.
À contre-courant
des changements climatiques
Bjørn
Lomborg, professeur à l’École des Hautes Études
commerciales de Copenhague, conteste énergiquement le discours catastrophique
des environnementalistes et, surtout, les solutions préconisées
pour faire face aux changements climatiques. Il est bien connu pour
deux de ses ouvrages: L'Environnementaliste sceptique et Cool
It: The Sceptical Environmentalist's Guide to Global Warming.
«Soyons
clairs, écrivait-il récemment, je ne conteste pas l’existence
du réchauffement de la planète. Ce serait stupide étant
donné les rapports incontestables du Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat. Les températures de la Terre
vont probablement augmenter de 1,6 à 3,8 degrés Celsius d’ici
la fin du siècle et, selon William
Nordhaus de l’Université Yale, cela entraînera des déboursés
additionnels de 15 billions $.»
«Cependant,
nous devons rester calmes – Cool it! -, puisque les coûts
du réchauffement de la planète ne représenteront qu’un
demi de 1% de la valeur de toute la richesse qui sera créée
au cours du siècle. Toute panique risque, au contraire, de
nous amener à prendre de mauvaises décisions ou à
appliquer des politiques extrêmement coûteuses qui feront plus
de mal que de bien.»
Concentrons-nous sur
les vrais problèmes
Pour illustrer
son propos, M. Lomborg parle de la faim dans le monde. On rapporte
que la mise en œuvre des accords de Kyoto pourrait coûter 180 milliards
$ par année et préserverait de la famine 2 millions de personnes
d’ici la fin du siècle. Cependant, les Nations Unies estiment
qu’en consacrant 10 milliards $ par année, on épargnerait
230 millions de vies!
Même
chose en ce qui a trait aux conséquences des inondations, des vagues
de chaleur, des ouragans, des maladies et des pénuries d’eau potable.
»Les Nations Unies estiment qu’avec 70 milliards $ par année,
on procurerait à tous les habitants de la Terre de l’eau potable,
des installations sanitaires, de l’instruction de base et des soins de
santé. Tandis que là, on dépense des fortunes pour
très peu de résultats.»
En
outre, poursuit Lomborg, même si tous les pays appliquaient les accords
de Kyoto (y compris les États-Unis), cela n’atténuerait la
hausse des températures globales que de 0,15 C. «Il
est nettement plus efficace de mettre en oeuvre des politiques qui s’attaquent
directement aux problèmes plutôt que de chercher à
réduire nos émissions de gaz carbonique», préconise-t-il.
«Et
même si on pouvait stopper totalement les changements climatiques
– ce qui est évidemment impossible –, 97% des problèmes de
famine persisterait, puisque seulement 3% résulte du réchauffement
planétaire.» Qui plus est, le réchauffement climatique
a aussi ses bons côtés: si on estime que 400 000 personnes
périront à cause de la chaleur, 1,8 million d’autres ne mourront
plus de froid.
Les bonnes priorités
Que doit-on
faire alors? Rien? Non, répond Lomborg. On doit
avant tout établir les bonnes priorités d’action. Entre
autres, on devrait concentrer nos programmes d’aide Internationale à
nourrir, vacciner et développer l’agriculture chez les populations
des pays les plus démunis. Parallèlement, on devrait
s’attaquer au problème des changements climatiques de façon
plus réfléchie, notamment en investissant dans la création
de nouvelles technologies propres, au lieu de chercher à diminuer
à grands frais nos émissions de CO2.
«Le
jour où le coût des énergies renouvelables sera inférieur
à celui des énergies fossiles, tout le monde, y compris la
Chine et l’Inde, se mettra à utiliser ces alternatives écologiques»,
conclut Bjørn Lomborg.
D’après: Bjørn Lomborg, «Global
warming: why cut one 3,000th of a degree?», The Times,
30 September 2008 ; «Let
the data speak for itself», The Guardian, 14 October 2008
& «A
New Dawn», The Wall Street Journal, 8 November 2008.
.
200 milliards de dettes
et ça continue…
Selon
le plus récent rapport du vérificateur général
du Québec, notre dette nationale – qu’il appelle «l’endettement
du secteur public du Québec» - dépasse maintenant les
200 milliards $. Qui plus est, cette dette a augmenté de 7
milliards il y a deux ans et de 3½ milliards $ l’an dernier, comme
l’indique le tableau suivant:
Endettement total du secteur
public du Québec
|
31 mars 06 |
31 mars 07 |
31 mars 08 |
Dette du gouvernement |
151 milliards $ |
156 milliards $ |
159 milliards $ |
Dette des entreprises commerciales |
34 milliards $ |
34 milliards $ |
34 milliards $ |
Dette des villes et universités |
13 milliards $ |
14 milliards $ |
15 milliards $ |
. |
|
|
|
Endettement total |
198 milliards $ |
205 milliards $ |
208 milliards $ |
|
Source: Tableau 5 du Rapport
spécial du Vérificateur général du Québec,
octobre 2008, p. #35.
L’endettement
total, tel que calculé par le vérificateur, se compose de
la dette directement supportée par le gouvernement, de la dette
des entreprises dans lesquelles le gouvernement à une participation,
et de la dette assumée par les secteurs municipal et universitaire.
Notons
que le vérificateur général est apolitique, qu’il
ne prend donc pas parti pour personne, y compris pour le gouvernement en
place. Son rôle consiste à vérifier si ce dernier
respecte les lois comptables qu’il s’est lui-même données.
À cette fin, le vérificateur peut très bien conclure
que, selon
les lois que le gouvernement a votées, il respecte
ses politiques de déficit zéro… même si la dette continue
d’augmenter. Comme relaté dans le rapport: tout est question
de définitions!
Toutefois,
le fait est qu’à elle seule, la dette du gouvernement du Québec,
qui dépasse les 150 milliards $, augmente de 3 à 4 milliards
par année. Il est donc faux de dire que le gouvernement réalise
des budgets équilibrés et qu’il n’y a plus de déficit.
C’est faux!
Source: Rapport
spécial du Vérificateur général du Québec,
octobre 2008, lire à partir de la page #33.
.
À quand le tsunami
?
Les
trois grands constructeurs automobiles américains sont au bord du
gouffre. GM serait sur le point de manquer de fonds pour payer ses
factures et le salaire de ses employés, et donc acculé à
la faillite. Ford et Chrysler ne seraient guère en meilleure
posture, dit-on. Leur situation s’aggrave d’autant qu’en cette période
de récession – la plus grave depuis des décennies -, bon
nombre d’acheteurs n’ont plus les moyens de changer de voiture. (Et ceux
qui les ont achètent des produits japonais.) Les ventes d’auto
sont donc en chute libre…
Le
problème fondamental des trois grands de l'auto est qu’ils ne fabriquent
pas le genre de véhicules dont ont désormais besoin les consommateurs:
de petites voitures qui consomment le moins possible d’essence. Au
lieu de cela, ils offrent des véhicules utilitaires sports, des
camionnettes et autres chars d’assaut… ni plus ni moins que des dinosaures
énergivores.
Le
gouvernement peut-il sauver ces entreprises?, se demandent les analystes.
Il semble bien que non puisque d’aucune façon il ne pourrait les
soutenir à bout de bras le temps qu’elles renouvellent leur gamme
de voitures, c’est-à-dire durant au moins une année ou deux,
si ce n'est de trois à cinq ans. Qui plus est, entre temps,
combien de consommateurs se risqueraient à acheter des véhicules
inutilitaires
auprès d’entreprises qui risquent de disparaître à
tout moment? (Autant se procurer des autos japonaises nettement mieux
adaptées aux temps modernes.)
De
toute façon, il est trop tard, puisqu’on se trouve déjà
en synergie autodestructrice: étant donné les mauvaises nouvelles
qui s’accumulent, moins de gens achètent des voitures américaines,
et puisque moins le font, la situation s’aggrave d’autant… Les ventes
chutant de plus en plus rapidement, c’est peine perdue.
Tout
indique donc qu’on devrait assister sous peu – possiblement d’ici la fin
de l’année - à un véritable séisme: la disparition
d'au moins l'un des trois fabricants de voitures américaines (sinon
même les trois!), ce qui provoquerait la disparition de 2 millions
d’emplois! Ce sera un véritable tsunami économique.
(Deux millions d'emplois équivaut à la moitié de tous
ceux et celles qui travaillent
au Québec!)
Peut-être
le seul espoir qu’on puisse avoir est que, pour une raison qu’on ne voit
pas, l’impact de la catastrophe sera moindre que prévu. Déjà,
d'aileurs, David
Brooks en parle comme d'une «destruction créative»
à l'oeuvre.
Comment
donc se préparer au tsunami qui s'en vient?
À lire: Micheline Maynard, «G.M.’s
Troubles Stir Question of Bankruptcy vs. a Bailout» & Thomas
Friedman, «How
to Fix a Flat», The New York Times, 12 novembre 2008 ;
David Herszenhorn, «Chances
Dwindle on Bailout Plan for Automakers» & David Brooks, «Bailout
to Nowhere», The New York Times, 13 novembre 2008 ; Editorial,
«Saving
Detroit From Itself», The New York Times, 15 novembre
2008. Mitt Romney, «Let
Detroit Go Bankrupt», The New York Times, 18 novembre
2008.
.
|
Ça
y est. Selon l'Organisation de coopération et de développement
économiques, nous sommes officiellement en récession.
L’OCDE regroupe les gouvernements de 30 pays, dont ceux des États-Unis,
du Japon, de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et du Canada (mais
pas encore ceux de la Chine, de la Russie, de l’Inde et du Brésil).
«Nous
sommes en mesure de dire que les pays de l’OCDE sont, dans leur ensemble,
en récessions et qu’ils le demeureront vraisemblablement un bon
bout de temps», a déclaré en conférence de presse
Jorgen Elmeskov, directeur des études de politique économique
à l’OCDE.
«Nous
projetons une reprise économique graduelle à partir du milieu
de 2009 et un retour à la normale dans la seconde moitié
de 2010, a-t-il poursuivi. Ce n’est qu’à ce moment-là
que l’économie sera revenue à la normale. Entre temps,
le chômage augmentera de façon notable pour ne commencer à
diminuer qu’à partir de la seconde moitié de l’an prochain.»
L’OCDE prévoit que le taux de chômage pour l'ensemble de ses
membres devrait augmenter de 1% l’an prochain et encore un peu plus en
2010.
M.
Elmeskov insiste pour dire que ces projections sont hautement incertaines:
«Tout dépend de l’ampleur et de la durée de la crise
financière [qui secoue Wall Street] qui provoque la récession
actuelle.»
Source: OCDE, «L’OCDE
prévoit un ralentissement économique prolongé aux
États-Unis, au Japon et dans la zone euro», 13 novembre
2008. (Visionnez la conférence
de presse de Jorgen Elmeskov.), David Jolly, «Tough
Times Seen for Big Economies», The New York Times, 13
novembre 2008.
.
À nous de faire
l'Histoire ?
L’année
2008 a commencé avec l’idée qu’on allait célébrer
la mythique année 1968 durant laquelle la révolution sociale
des baby-boomers s’est amorcée.* On a cependant été
rattrapé par l’actualité pressante: l’éclatement de
la bulle immobilière aux États-Unis a provoqué une
crise financière à Wall Street qui nous précipite
à présent dans une récession mondiale. La nostalgie
du passé a vite été remplacée par un avenir
inquiétant.
Il
se pourrait par contre que 2008 soit une année tout aussi significative
que 1968, si elle devait marquer le début d'une période de
changements fondamentaux.
2008
pourrait ainsi passer à l’histoire comme l’année où
«ils» ont tué leur poule aux œufs d’or? De qui
s’agit-il? Des spéculateurs qui sont à l’origine des
bulles spéculatives comme la bulle techno des années 1990,
celle des prêts hypothécaires et de la flambée des
prix de l’essence.
Notons
que les spéculateurs ne sont pas des investisseurs qui cherchent
à développer un secteur d’activité, mais à
maximiser leur profit le plus rapidement possible. L’argent qu’ils
empochent se fait au dépend de d’autres, l’exemple de la bulle hypothécaire
illustrant bien les conséquences de leurs agissements.
Le ras-le-bol des consommateurs
L’un des événements marquants de 2008 pourrait bien être
la volatilité des prix du baril de pétrole. Rappelons
qu’en l’espace de cinq mois seulement (de février à juin),
celui-ci est passé de 88 à 145$, du jamais vu! (Graphique
ci-contre.) Selon plusieurs analystes, une bonne part de cette flambée
serait due à des spéculateurs qui ont parié que les
prix de l’énergie allaient atteindre des sommets inégalés
(possiblement 200 $ le baril d’ici 2010). Résultat: les prix
de l’essence à la pompe se sont envolés… au grand dam des
automobilistes. (Un autre exemple de qui paient pour les profits que cherchent
à encaisser les spéculateurs.)
Toutefois,
ce que ces spéculateurs n’avaient pas prévu, c’est qu’à
l’été, l’augmentation des prix de l’essence s’est combinée
à l’effondrement du marché immobilier américain, étranglant
les consommateurs. Au fur et à mesure que la crise s’amplifie,
ceux-ci n’ont d’autres choix que de réduire leurs dépenses,
précipitant tout le monde en récession.
Qui plus est, non seulement s’est-on mis à moins consommer d’essence,
mais on a aussi cessé d’acheter les grosses voitures américaines.
C’est ainsi que le prix du baril de pétrole s’est mis à dégringoler
de façon encore plus spectaculaire: ces quatre derniers mois, sa
valeur chutant à moins de 60$! (Graphique ci-contre).
Tout
se passe comme si les consommateurs en avaient marre et se disaient: «Assez!
On n’en a ras-le-bol des prix excessifs de l’essence. Nous sommes
forcés de changer nos comportements. Nous nous passerons de
nos voitures s’il le faut!» De fait, tous les automobilistes
ont l’impression d’être manipulés par les pétrolières
qui augmentent sans vergogne leurs prix aux moments opportuns - sous n’importe
quel prétexte - pour ensuite tarder à les réduire
lorsque le prix du baril baisse.
Pour ajouter au ras-le-bol généralisé, les pétrolières
enregistrent des profits records. Par exemple, les profits d'Exxon
Mobil
sont passés, entre 2002 et 2007 de: 11 à 21 à 25 à
36 à 39 et à 41 MILLIARDS $. Ils dépassent
déjà les 37 milliards pour les neuf premiers mois de 2008!**
De toute évidence, les pétrolières sont les seules
à profiter de la situation, quoiqu’il arrive.
Et si on changeait nos
valeurs ?
La conséquence
la plus frappante du revers des spéculateurs pourrait bien être
la disparition des voitures énergivores
produites par les Américains. Qui sait, peut-être vient-on
de franchir un seuil, un point tournant, un changement dans l’insouciance
des consommateurs face aux manipulations des marchés auxquels s’adonnent
les pétrolières, l’industrie de l‘automobile et les spéculateurs
financiers?
En
ce sens, 2008 pourrait passer à l’histoire comme étant l’année
où ceux-ci ont fini par tuer leur poule aux œufs d’or. À
force d’en vouloir toujours plus et de faire preuve d'une cupidité
dévorante, peut-être ont-ils franchi un point de non-retour?
Mais
peut-être aussi qu’après une récession semblable à
celle qui a suivi le choc pétrolier de 1973, tout rentrera dans
l’ordre? Peut-être reprendrons-nous nos habitudes de surconsommation,
comme on l’a fait à partir des années 1980?
Compte
tenu des événements que nous vivons en ce moment, de ce que
nous savons à présent et de ce que nous traverserons au cours
des prochains mois, pourrions-nous commencer à faire les choses
différemment? Y aurait-il moyen d’adopter de nouvelles façons
de faire, un nouveau mode de vie et de nouvelles valeurs? (C’est
ce qu’ont fait les baby-boomers à la suite de 1968, en se débarrassant
du joug des religions et en libéralisant les mœurs sociales et sexuelles.)
Si
seulement la crise économique que nous subissons pouvait servir
à changer les choses, à établir de nouvelles valeurs,
elle n’aura alors pas été vaine.
De
la sorte, 2008 deviendrait une année aussi significative que 1968.
À nous de faire l'Histoire!
* |
Il est à vrai dire étonnant
qu’on se rappelle avec tant de nostalgie l’année 1968 comme d'une
belle époque. En réalité, ce fut une année
atroce,
avec les assassinats de Martin Luther King et de Bobby Kennedy, marquée
par une multitude de révoltes sanglantes un peu partout à
travers le monde, hantée par les terribles images de la guerre du
Vietnam,
par la répression soviétique en Tchécoslovaquie…
Le Monde était littéralement en train d'exploser! Pour
ceux et celles qui vivaient ces moments-là, il n’y avait pas de
quoi se réjouir… Mais maintenant que 1968 fait partie d’un
passé folklorisé, on se rappelle plutôt du «bon
vieux temps» des hippies… |
** |
Voir: Clifford Krauss, «Exxon
Sets Record on Annual Profits», The New York Times, 1er
février 2007 ; Clifford Krauss, «Exxon
and Shell Report Record Profits for 2006 », The New York Times,
2 février 2007 ; Jad Mouawad, «Exxon
Mobil Profit Sets Record Again», The New York Times, 1er
février 2008 ; Clifford Krauss, «Exxon’s
Second-Quarter Earnings Set a Record», The New York Times,
1er août 2008 ; Jad Mouawad, «Exxon’s
Profit Jumped to a Record in Quarter», The New York Times,
30 octobre 2008 ; et «Exxon
Mobil Corporation Announces Estimated Third Quarter 2008 Results+,
Exxon Mobil Corp, 30 octobre 2008. |
Ce graphique montre qu'au début
de l’année, le baril de pétrole se vendait 100$ américains.
Après être descendu sous la barre des 90$ début février,
il a amorcé une monté vertigineuse pour atteindre 145$ au
début de juillet. Par la suite, ce prix a entrepris une descente
vertigineuse, jusqu’à moins de 50$ fin novembre. (Source: «Crude
Oil Spot Price: Texas Intermediate Crude Oil Prices»)
À lire: David Brooks, «The
Formerly Middle Class», The New York Times, 17 novembre
2008.
.
Dans la tête du
futur président
Dans
deux mois, Barack Obama
deviendra à 47 ans le 44e président des États-Unis,
l’homme le plus puissant de la planète, celui qui «changera
le monde» au cours des quatre prochaines années.
Que
penserait-on si on était à sa place? Comment se préparerait-on
à jouer ce rôle? C’est ce que lui a demandé Steve
Kroft, reporter à l’émission 60 minutes présentée
par la chaîne CBS le 16 novembre. Le président-élu
et son épouse Michelle en ont parlé à cœur ouvert
au cours d’une entrevue très touchante.
C’est ainsi que Kroft a demandé: «Quand avez-vous réalisé
que vous deviendriez président?» «Oh…, je ne suis pas
sûr de le réaliser encore!», a commencé par dire
Obama. Et son épouse d’enchaîner: «Nous regardions
la télé [au soir du 4 novembre] lorsqu’est apparue l’image
de Barack sur laquelle était écrit: “Président-élu:
Barack Obama”. Je l’ai regardé et lui ai dit: “Tu es le 44e
président des États-Unis. Dans quel merveilleux pays
vit-on!”» «Et tu m’as demandé si j’allais reconduire
les filles demain à l’école», d’ajouter le nouveau
président. «Non, je n’ai pas dit ça!» Et
tout le monde s’est éclaté de rire.
Obama
a raconté s’être entretenu avec ses prédécesseurs.
«Tous ont été vraiment cordiaux à mon endroit,
dit-il. Ils savent qu’il y a une certaine solitude rattachée
à la fonction. On vous donne des tas d'avis et d’opinions
mais, ultimement, vous êtes celui qui prenez les décisions.
Et je pense que je ressens déjà cette solitude…»
Le
reporter lui a ensuite demandé comment il se préparait à
sa fonction, ce qu’il lisait pour ce faire. «Oh, des tas de notes
d’information!», a d’abord lancé Obama. Il a ensuite
expliqué qu’il consacre beaucoup de son temps de lecture aux écrits
d’Abraham Lincoln,
le 16e président des États-Unis qui, entre 1861 et 1865,
a combattu l’esclavage. «J’y puise une sagesse et beaucoup d’humilité
dans sa façon de gouverner. Ses écrits me sont très
précieux.» Il s’inspire aussi de Franklin
Delano Roosevelt (FDR), le 32e président qui, dans les années
1930, a remis sur pied les États-Unis grâce aux premiers programmes
d’assistance sociale. «Ce que je vois dans FDR et que j’espère
qui inspirera mon équipe, c’est qu’on ne fera pas toujours les bonnes
choses, mais qu’on doit avoir la confiance et la volonté d’essayer
des choses et d’expérimenter afin de remettre tout le monde au travail.»
[Peut-on s'imaginer un instant à la place d’Obama, destiné
à faire parti de la lignée des Lincoln, Roosevelt, Kennedy…?!]
Le
futur président estime d’ailleurs qu’on ne s’attend pas de lui qu’il
fasse des miracles. «Je pense que si vous parliez au citoyen moyen,
il vous dirait qu’il ne s’attend pas à ce que le nouveau président
claque des doigts pour que tous les problèmes soient résolus
d'un coup. Il s’attend plutôt à ce que le gars soit
franc avec lui, qu’il travaille très fort pour lui. Il s’attend
à ce qu’il pense à l'Américain moyen et non plus aux
riches et puissants. Il s’attend aussi à ce que si une chose
ne fonctionne pas, on en essaie une autre jusqu’à ce qu’on trouve
la bonne… C’est le gros bon sens que j’ai l’intention d’appliquer
lorsque je serai en fonction.»
Le
futur président a aussi indiqué que l’un des premiers gestes
qu’il posera après le 20 janvier, ce sera d’ordonner la fermeture
du camp de concentration de Guantánamo ainsi que la fin des interrogatoires-torture.
«Comme je l’ai souvent dit durant la campagne, aux États-Unis,
on ne torture pas et je vais m’assurer que nous ne torturerons plus.
Ce sont là des gestes qui visent à rétablir la réputation
des États-Unis à l'étranger.»
Le
président Obama convoquera en outre son chef d’État major
et son équipe de sécurité nationale afin d’entreprendre
le retrait de ses troupes d’Iraq pour se concentrer sur l’Afghanistan,
«là où la situation ne fait qu'empirer, dit-il.
Nous nous devons d'y soutenir nos efforts. Je pense que notre priorité
sera d’éliminer une fois pour toutes Al-Qaeda et il me semble que
capturer ou tuer Ben Laden doit faire parti des priorités dans ce
combat pour éradiquer Al-Qaeda.»
Enfin,
Barack Obama a confié que l’une des choses auxquelles il a le plus
de difficulté à renoncer, c’est de pouvoir faire de la marche
à pieds. «J’aimerais tant aller marcher, dit-il. Je
pense que jamais je ne m’habituerai à ne plus pouvoir le faire et
à n'avoir plus d'anonymat. Je ne m’en plein pas, car ça
fait parti de ce dans quoi je me suis engagé, mais ne plus marcher
dans le voisinage…»
De
même, Il ne lui est plus possible d’aller chez le coiffeur. «Désormais,
c’est lui qui vient me voir, dans un endroit gardé secret, pour
me couper les cheveux!, dit-il en riant. Plusieurs petites choses
du genre qui vous gardent les pieds sur Terre ne sont plus possibles…
Faire en sorte de demeurer normal, comme tout le monde, voilà qui
sera, je crois, notre plus grand défi!»
D'après: Steve Kroft, Obama
Interview, 60 minutes, 16 novembre 2008.
.
Un appel au bon sens
«Le
vérificateur général nous avise que nos finances publiques
sont déjà dans le rouge. Notre déficit zéro
est une illusion, écrit Joseph Facal, ancien ministre et maintenant
chroniqueur au Journal de Montréal. [Dans le cadre de la
présente campagne électorale], nous avons pourtant droit
à l’avalanche de promesses la plus extravagante dont je me souvienne.
Un
nouveau Colisée, des rallongements de quais, de l’Internet sans
fil, des trains de banlieue, la relance des industries malades, des embauches
de professeurs, des primes aux infirmières, des traitements de fécondité,
et j’en passe. On nous promet même d’agrandir une montagne pour de
futurs Jeux Olympiques. Évidemment, tout cela sans hausser aucun
tarif, sans couper des services, et sans hypothéquer l’avenir. Par
quel prodigieux tour de magie fera-t-on cela?
Dans
le contexte actuel, était-ce trop demander de moins promettre et
de se garder une petite gêne? Évidemment que c’est irresponsable
et farfelu, me direz-vous, ce sont des politiciens.
C’est
ici que je vous attendais mes amis. Oui, ce sont des politiciens. Et nous,
nous sommes des électeurs. Vous pensez connaître les politiciens,
mais je vous assure qu’eux vous connaissent encore mieux. Et ça
donne ce que ça donne.
Les électeurs
disent vouloir la vérité. Mais seule une infime minorité
la veut vraiment. La majorité veut entendre de la musique d’ascenseur
ou se faire chanter la romance. Les gens ne votent pas pour un parti qui
dit la vérité. Et si un parti propose de nous serrer la ceinture,
les partis adverses feront croire que ce n’est pas nécessaire. Entre
celui qui promet de la rigueur et celui qui promet toujours plus, ou qui
prétend qu’il y a des solutions sans douleur, devinez qui va gagner?
Beaucoup
d’entre nous dirons qu’on pourrait s’éviter les sacrifices si le
gouvernement cessait de «gaspiller», sans faire de différence
entre des millions et des milliards. Ou alors, si sacrifice il faut, qu’il
débute chez les «autres»: les gras durs, les profiteurs,
les gros. Jamais nous-mêmes… ou si rarement.
J’ai
beau chercher, je ne me rappelle d’aucune élection remportée
par un appel au sacrifice.»
D'après Joseph Facal, «Une
galaxie toute proche», Journal de Montréal, 19
novembre 2008.
.
Encore le mythe de l'«assisté
social
qui se pogne le cul
!»
La campagne électorale de Mario Dumont va si mal que le chef de
l’Action démocratique a cru bon ressortir les préjugés
de l'«assisté social» qui, comme il le dit lui-même,
«se croise les bras et attend le chèque dans sa boîte
aux lettres.»
Il
annonce donc que, si l'ADQ devait être portée au pouvoir,
il obligerait les prestataires d’aide sociale aptes au travail à
réintégrer le marché de l'emploi. «Il
ne faut pas être gêné de regarder tous les Québécois
dans les yeux et de leur dire que l'aide sociale, comme mode de vie,
c'est fini!», dit-il. Chaque prestataire jugé apte devrait
par conséquent suivre une formation pour décrocher un emploi.
Selon Dumont, en quatre ans, 70 000 prestataires pourraient ainsi quitter
l’aide sociale, dont 10 000 la première année.
Or,
il faut savoir qu'un «assisté social» reçoit
en moyenne 702$ par mois (soit 8 424$ par année). Tout un
«mode de vie», surtout lorsqu’on considère que, puisqu'il
s’agit d’une moyenne, les personnes aptes au travail reçoivent moins
que 702 $/mois. (Quel «mode de vie» obtient-on avec moins
de 8 500$ par année?)
En
outre, des 136 000 prestataires jugés en condition de travailler:
• |
la moitié ont plus de
40 ans (et seulement 14% ont entre 18 et 25 ans), |
• |
environ 60% ont un cinquième
secondaire ou moins (et 5% ont un diplôme d’études collégiales
et autant un diplôme universitaire), |
• |
65% vivent seuls alors que
13% sont chefs de famille monoparentale. |
Autrement
dit, Mario Dumont promet de remettre au travail la moitié d’un groupe
de personnes âgées de 40 ans et plus et ne possédant
guère mieux qu'un diplôme de secondaire V… alors même
que s’amorce une grave crise économique.
En l’espace de 12 années, le nombre de
prestataires de l’aide sociale a diminué de 40%, passant de 794
000 en 1997 à 478 000 en 2008. Alors que le nombre d’adultes
(en gris) a diminué du tiers, celui des enfants dont les parents
reçoivent de l’aide (blanc) a chuté de plus de la moitié.
Il
faut aussi savoir que le nombre de prestataires ne cesse de diminuer depuis
au moins douze ans (graphique). Ainsi, au cours des douze derniers
mois seulement, ce sont 9 700 prestataires qui ont quitté l’aide
sociale – soit presqu'autant que ce que nous promet Dumont!
Le
chef de l’ADQ est-il si désespéré qu’il recherche
à s’attirer le vote des «honnêtes travailleurs qui se
sentent exploités par le système» en s’attaquant aux
plus démunis de notre société?
Sources: Martin Croteau, «Dumont
veut mettre fin à l'aide sociale “comme mode de vie”».
La
Presse, 21 novembre 2008 ; Emploi et Solidarité sociale Québec,
«Rapport
statistique sur la clientèle des programmes d'assistance sociale
- Septembre 2008».
La valeur des cours boursiers
américains
.
Depuis
octobre 2008, les indices boursiers qui représentent la valeur des
entreprises, subissent l’une des dépréciations les plus importantes,
comme l’illustrent ces deux graphiques. L’Indice Dow
Jones (ci-dessus), qui représente la valeur de 30 entreprises
d'importance, est passé de 12 000 à 8 000 points. Quant à
l’indice Standard &
Poor's 500 (S&P 500), plus représentatif du marché
boursier américain puisque composé de 500 grandes sociétés,
est passe de 1200 à 700 ponts (ci-dessous).
|
Peut-on espérer que
l’«histoire» se répète ?
«Tout
le monde évoque, et pour cause, du New Deal - la série
de programmes sociaux instaurée par le président Roosevelt
afin de faire face à la Grande dépression des années
1930. En 2008, comme en 1932, l’ère de la politique américaine
dominée par les républicains a pris fin avec une débandade
économique et financière qui, aux yeux des électeurs,
a discrédité autant leur idéologie du libre marché
que leur prétention à gouverner. Et pour ceux qui se
trouvent du côté des forces progressives en politique, c’est
un temps d'espoir…»
(Á
l’époque de la Dépression, les républicains ont été
chassés de la Maison-Blanche pour 20 ans. Peut-on espérer
la même chose cette fois-ci?!)
D'après Paul Krugman, «The
Lame-Duck Economy», The New York Times, 21 novembre 2008.
.
Une équipe du
tonnerre !
David
Brooks, chroniqueur au New York Times, présente le futur
président Obama et son équipe comme étant un groupe
d’hommes et de femmes bardés de diplômes provenant des plus
prestigieuses universités américaines (Harvard, Yale, Princeton,
MIT, etc.). «Plus que toute autre administration précédente,
celle-ci sera dirigée par des gens qui ont terminé premiers
de leur classe», écrit-il. Ils ont autant une bonne
expérience politique - plusieurs ayant fait leurs armes dans l’administration
Clinton ou comme sénateur ou gouverneur d’État – que du secteur
privé.
Ils
sont astucieux et représentent un bel évantail du spectre
politique, poursuit-il. Ils connaissent fort bien les rouages de
Washington, plusieurs figurant parmi les meilleurs insiders de la
capitale américaine. «Résultat: l’équipe
Obama est plus impressionnante que toute autre dont on se souvient»,
évalue Brooks.
Pour
lui, Il s’agit en premier lieu d’individus à l'esprit ouvert qui
acceptent la réalité telle qu'elle est. Deuxièmement,
ils sont admirés par leurs pairs, tant démocrates que républicains.
Troisièmement, ils ne sont pas partisans à outrance.
Quatrièmement, ce ne sont pas des idéologues. Et, finalement,
plusieurs d’entre eux sont très innovateurs.
Quel
contraste d'avec les néo-conservateurs qui entourent George Bush,
pour la plupart des idéologues qui ne voient le monde qu'à
travers leurs convictions.
Source: David Brooks, «The
Insider’s Crusade» The New York Times, 21 novembre 2008.
.
Être président,
selon John F. Kennedy
En décembre 1962, alors qu’il était président des
États-Unis depuis deux ans, John F. Kennedy a relaté la difficulté
d’exercer cette fonction. Ses propos, émis il y a 46 ans,
semblent tout à fait pertinents pour Barack Obama, qui s’apprête
à faire de même.
«Je
dirais que les problèmes sont plus complexes que ce que j’imaginais,
constatait Kennedy. La responsabilité qui incombe aux États-Unis
est plus grande que ce que j’imaginais. Et il y a davantage de contraintes
que j’imaginais pour parvenir à obtenir des résultats positifs.
«Je
pense que c’est ce que constate quiconque devient président parce
qu’il y a une grande différence entre ceux qui conseillent, qui
discourent ou qui légifèrent et celui qui doit choisir entre
différentes possibilités et déterminer ce que sera
la politique des États-Unis. Il est nettement plus facile
de faire des discours que de faire le choix final.
«Le
président Eisenhower m’avait dit qu’il n’y a jamais de questions
faciles qui parviennent jusqu’au président parce que lorsque c’est
facile, ça se règle à des échelons inférieurs.
Donc, lorsqu’une question arrive jusqu’au président américain,
c’est toujours quelque chose de difficile, une question qui comporte d’importantes
ramifications.
«Je
puis dire, après deux années à la présidence,
et maintenant que j’en ai l’expérience, que rien ne peut vous préparer
adéquatement à exercer cette fonction… »
Onze
mois plus tard, Kennedy était assassiné…
Source: MSNBC, «JFK Reflects on Challenges
of Presidency», Nithgtly
News, 22 noVembre 2008.
.
La récession
: un an déjà…
Le
Bureau
national de recherche économique américain annonce que
la récession s’est amorcée aux États-Unis en décembre
2007 - il y a donc un an déjà.
Cet
organisme indépendant, qui analyse différents indicateurs
économiques pertinents pour en arriver à cette conclusion,
constate que la période de croissance économique qui s’est
amorcée en novembre 2001 a pris fin en novembre 2007, soit après
6 années d’expansion. Depuis décembre
2007, on assiste à une contraction de l’économie
américaine. (La récession prédécente
a duré 8 mois, voir ci-dessous.)
L’organisme de recherche précise que, par définition: «Une
récession est un déclin significatif d’une série d’activités
économiques, qui s’étend sur plusieurs mois et qui s’observe
normalement dans la production, l’emploi, le revenu net et autres indicateurs.
Une récession s’amorce après que l’économie ait atteint
un sommet d’activités et se termine après qu’elle ait franchi
un creux.» Inversement, d’un creux à un sommet d’activités,
l’économie est dite en expansion.
Au
cours des cinquante dernières années, on a ainsi connu les
8 récessions suivantes:
1) |
d’avril 1960 à février 1961
(10 mois), suivie d’une expansion qui a duré 8,8 ans; |
2) |
de décembre 1969 à novembre
1970 (11 mois), suivie d’une expansion qui a duré 3 ans; |
3) |
de novembre 1973 à mars 1975 (16 mois),
suivie d’une expansion qui a duré 4,8 ans; |
4) |
de janvier à juillet 1980 (6 mois),
suivie d’une expansion qui a duré 1 an; |
5) |
de juillet 1981 à septembre 1982 (16
mois), suivie d’une expansion qui a duré 7,7 ans; |
6) |
de juillet 1990 à mars 1991 (8 mois),
suivie d’une expansion qui a duré 10 ans; |
7) |
de mars à novembre 2001 (8 mois),
suivie d’une expansion qui a duré 6 ans, et |
8) |
de décembre 2007 à (au moins)
décembre 2008 (>12 mois)…. |
D’après les données
du Bureau, la fameuse récession des années 1930 – qui a donné
lieu à la Grande dépression – a duré 3½ ans
(d’août 1929 à mars 1933). La crise actuelle pourrait
possiblement s’en rapprocher…
Source: National Bureau of Economic Research,
«Business Cycle
Dating Committee, National Bureau of Economic Research» &
«Business Cycle Expansions
and Contractions», 1er décembre 2008.
.
Chronologie de la crise
historique
au Parlement canadien
La fin de l’année 2008 est marquée par un autre «événement
historique»: une crise politique comme on n’en a jamais vu au Parlement
du Canada. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, tout juste réélu
(minoritairement) risque fort d’être renversé par l’oppostion
avant d’avoir pu siéger. (Décidément, 2008
n’a pas fini de nous étonner!)
Qui plus est, cette crise politique sans précédent se déroule
si rapidement qu’on risque fort d’oublier certains des faits qui permettent
de comprendre ce qui se passe. C’est pourquoi nous publions une chronologie
des faits marquants.
.
Mercredi,
26 novembre: |
• |
Le réseau
TVA révèle que le gouvernement conservateur annoncera demain
que, pour «donner l'exemple» en période économique
difficile, il coupera les vivres aux partis politiques en abolissant les
compensations versées par l'État (une économie d'environ
27 millions $). |
Jeudi,
27 novembre: |
• |
Comme prévu, le gouvernement
conservateur annonce l'abolition de l'allocation de 1,95$ versée
aux partis politiques. Qui plus est, dans son énoncé
économique, le ministre Jim Flaherty ne propose aucune mesure immédiates
pour soutenir l'économie. Il annonce par contre la suspension du
droit de grève dans la fonction publique jusqu'en 2011 ainsi que
la fin des contestations judiciaires qui ont trait à l'équité
salariale.
Ainsi,
contrairement aux autres économies occidentales, le gouvernement
canadien surprend parce qu'il ne ressent pas l'urgence de présenter
un plan de relance de l'économie, comme le font ls autres à
coups de centaines de milliards $. Il s'en tient à son échéancier
initial consistant à attendre le prochain budget annuel pour décider
s'il agira ou non. Le dépôt du budget, qui a d'ordinaire lieu
la dernière semaine de février, sera toutefois devancé
quelque peu, probablement vers le début de février. |
|
• |
Pour les trois partis d'opposition,
le gouvernement est trop «idéologique» en ces temps
de crise financière. «Les conservateurs sont allés
beaucoup trop loin!», dit-on. Par conséquent, l''opposition
n'a pas de qualificatifs assez forts pour décrier la décision
«mesquine» de Stephen Harper de sabrer le financement des partis
politiques. Tous voteront contre cette initiative, quitte à renverser
le gouvernement.
Toutefois,
plusieurs estiment que la gouverneure générale, Michaëlle
Jean, n'accepterait pas la tenue d'un autre élection en moins de
six mois. Elle pourrait donc demander à l'opposition de former un
gouvernement de coalition. Stéphane Dion pourrait peut-être
ainsi devenir premier ministre du Canada, du moins jusqu'à ce que
le Parti libéral se choisisse un nouveau chef en mai 2009. |
|
• |
Précisons que l’abolition
de l'allocation versée aux partis politiques privera le Parti libéral
de 60% de son financement, de 58% pour le Bloc québécois
et de 55% pour le NPD, mais de seulement 38% pour le Parti conservateur.
(En chiffres absolus, le Parti conservateur serait le plus touché,
perdant des revenus de 10,4 millions $, contre 7,1 millions pour le Parti
libéral, 4,9 millions pour le NPD et 2,9 millions pour le Bloc québécois.) |
Vendredi,
28 novembre: |
• |
L'impasse entre le gouvernement
et les partis d'opposition est totale, au point que le renversement possible
du gouvernement conservateur d'ici dix jours amène les partis d'opposition
à préparer sérieusement l'arrivée au pouvoir
d'un gouvernement de coalition formé du Parti libéral et
du NPD, avec l'appui du Bloc québécois.
La
raison de la crise: l'austérité économique prônée
par les conservateurs, qui refusent de modifier leur énoncé
économique dévoilé jeudi pour y ajouter des mesures
visant à stimuler la croissance et soutenir l'économie. L'opposition
estime que le Canada doit dépenser pour aider la population à
traverser la crise, et non couper dans les budgets du gouvernement pour
maintenir l'équilibre budgétaire.
Le
Parti libéral envisage par conséquent déposer une
motion de censure pour défaire le gouvernement sur cet enjeu. Le
texte de la motion mentionne clairement la volonté de former un
gouvernement de remplacement. |
|
• |
Sur l’heure du souper, Stephen
Harper annoncequ'il repousse tous les votes de confiance qui devaient se
tenir la semaine prochaine. Lors d’une allocution-surprise de cinq minutes,
il soutient qu'un gouvernement de coalition PLC-NPD n'aurait aucune légitimité.
«Ils veulent s'accaparer le pouvoir, pas le gagner, dit-il. Ils veulent
mettre en place un gouvernement dirigé par un parti qui a reçu
sa plus petite part des suffrages depuis la confédération.
Ils veulent mettre en place un premier ministre, le premier ministre Dion,
qui a été rejeté par la population il y a six semaines…
Jack Layton et Stéphane Dion veulent y arriver avec le soutien d'un
parti qui veut détruire le pays… Le gouvernement du Canada
doit être choisi par les Canadiens… On doit tous défendre
le droit de la population à choisir son propre gouvernement.»
Le
premier vote qui engage la confiance de la Chambre aura donc lieu le lundi
8 décembre. Le premier ministre espère que, d'ici là,
le Parti libéral renoncera à sa motion de défiance
et que les citoyens feront part de leur mécontentement. |
|
• |
Mais il serait trop tard puisque
certains libéraux parlent déjà d'un gouvernement de
coalition comme d'une réalité: «Les discussions
entre les partis vont bon train», a dit la députée
libérale Marlene Jennings, après l'allocution de Stephen
Harper. «Si tout va comme prévu, on va former un gouvernement
viable quelques jours après la défaite du gouvernement. Et
on va rapidement déposer un plan économique pour aider les
gens». Des rencontres entre les partis d'opposition doivent
se tenir toute la fin de semaine pour «mettre la mécanique
en place», selon une source néo-démocrate. |
|
• |
Selon le directeur des communications
de Stephen Harper, Kory Teneycke, les partis d'opposition utilisent l'absence
de stimulants économiques comme un prétexte. «La vérité,
c'est qu'ils veulent garder les subventions qui proviennent des contribuables.
Ils croient avoir le droit à cet argent public. Ce n'est rien d'autre,
puisque les stimulants économiques vont être là dans
quelques semaines à peine, lors du prochain budget», dit-il.
Mais
les trois partis d'opposition affirment que le financement des partis est
«secondaire» dans leur opposition à l'énoncé
économique: «Nous avons dit que nous allions voter contre
pour plusieurs raisons, affirme le député libéral
John McCallum, porte-parole de son parti en matière de finances.
Et la première raison, c'est qu'il n'y a rien qui pourrait aider
l'économie canadienne dans un moment de crise.» |
Samedi,
29 novembre: |
• |
Devant l'ultimatum posé
par les partis de l'opposition, le gouvernement Harper fait volte-face
et renonce à l'idée d'abolir les subventions versées
aux partis politiques. «Nous ne croyons tout simplement pas que ça
vaut la peine de déclencher des élections à ce sujet»,
indique le ministre des Transports, John Baird, confirmant le changement
de cap de son parti.
Or,
il semble que ce recul n'aura pas l'effet escompté, le Parti libéral,
le NPD et le Bloc québécois ont tous trois indiqué
qu'il n'aura aucun effet sur les négociations en cours en vue de
former un gouvernement de coalition. «À un moment où
tous les pays occidentaux industrialisés vont de l'avant avec des
plans visant à stimuler leur économie, tout ce que le premier
ministre a proposé, c'est de faire des coupes idéologiques
et de s'en prendre aux droits des Canadiens. Rien pour aider notre économie»,
déclare Ralph Goodale, leader libéral à la Chambre
des communes. |
Dimanche,
30 novembre: |
• |
Le Parti conservateur diffuse
une conférence téléphonique privée des néo-démocrates,
qu’il a écouté à l'insu du NPD. L'enregistrement fait
entendre Jack Layton se targuer auprès de son caucus d'avoir élaboré
des plans pour défaire le gouvernement avec l'aide du Bloc québécois,
et ce, avant que les conservateurs ne publient leur plus récente
mise à jour économique. Ces discussions à huis clos
ont eu lieu hier et un enregistrement de la rencontre a été
remis aux médias aujourd'hui par le personnel du premier ministre.
Le
député néo-démocrate Thomas Mulcair réagit
en déclarant que son parti examine la possibilité d'intenter
une poursuite au criminel. «Soyons clairs, dit-il, les conservateurs
faisaient de l'écoute d'une conversation à laquelle ils n'avaient
absolument aucun droit de participer…»
Un
porte-parole du premier ministre soutient pour sa part qu'il n'était
pas contraire à l'éthique d'écouter à la dérobée,
d'enregistrer et de diffuser aux médias des délibérations
privées du NPD. |
Lundi,
1er décembre: |
• |
Les trois chefs de l’opposition
procédent à la signature officielle d’un accord les liant,
jusqu'au 30 juin 2011 dans le cas des libéraux et des néo-démocrates,
un an plus tôt dans le cas des bloquistes. Les trois partis s'engagent
à offrir un gouvernement tout en économie, dont le chef sera
Stéphane Dion (jusqu’au 2 mai 2009).
Celui-ci
déclare solonnellement: «Aujourd'hui, mes chers concitoyens,
j'ai informé son excellence la gouverneure générale
du Canada, la très honorable Michaëlle Jean, de l'accord entre
les partis d'opposition. Compte tenu des difficultés économiques
auxquelles les concitoyens sont confrontés et du fait que l'élection
a eu lieu il y a deux mois, j'ai respectueusement recommandé à
son excellence qu'elle devrait à la première occasion exercer
son pouvoir constitutionnel et inviter le chef de l'opposition officielle
à former un gouvernement de collaboration avec l'appui des deux
autres partis d'opposition.»
Pendant
la première année, le chef du Bloc québécois
s'engage à ne pas déposer de motion de censure et à
ne pas appuyer celles qu'une opposition conservatrice serait susceptible
de présenter. Le Bloc québécois s'engage aussi à
voter en faveur des budgets et des discours du Trône du gouvernement
pendant la période visée. L'accord pourra être prolongé.
En outre, comme la formation souverainiste ne fait pas partie du gouvernement
de coalition, un mécanisme permanent de consultation sera mis sur
pied.
La
coalition s'engage à accélérer les investissements
en infrastructures, à offrir de nouveaux crédits pour des
projets municipaux, comme le transport en commun ou l'eau potable, à
construire de nouveaux logements, à investir dans les secteurs manufacturier,
forestier et automobile. Elle s'engage aussi à modifier la loi sur
l'assurance-emploi de manière à créer une caisse
autonome s'autofinançant. Les deux semaines de carence imposées
aux chômeurs seront aussi abolies, un gain pour le Bloc. La
coalition n'annulera pas les réductions d'impôt aux entreprises
que Jack Layton avait prises en grippe pendant la campagne électorale.
Enfin,
la coalition s'engage à restaurer les fonds des agences de développement
économique régional et les 45 millions de dollars supprimés
en culture et renoue avec le protocole de Kyoto. Un système d'échange
de crédits d'émission de gaz à effet de serre sera
mis en place et 1990 sera utilisée comme année de référence
aux fins de calcul des réductions. M. Dion n'ira pas de l'avant
avec sa taxe sur le carbone. |
|
• |
De son côté, le
premier ministre Stephen Harper plaide pour un sursis. Il invite les trois
partis d'opposition à attendre le dépôt du budget avant
de renverser son gouvernement minoritaire. |
|
• |
Quant aux trois candidats au
leadership libéral (Michael Ignatieff, Bob Rae et Dominic LeBlanc),
ils se sont présentés devant la presse ensemble, souriants,
pour annoncer que le caucus appuyait unanimement leur chef Stéphane
Dion tandis que la course suivra son cours normal. Si le plan fonctionne,
alors M. Dion sera premier ministre jusqu'au 2 mai 2009, quand un successeur
lui sera choisi. |
Note 1 |
• |
Stéphane Dion. que personne
ne veut comme premier ministre du Canada, pourrait bien le devenir envers
et contre tout! Quel destin étonnant pour cet homme si mal-aimé. |
Note 2 |
• |
Est-ce à dire que le
sort du Canada (anglais) reposera entre les mains d’une gouverneure générale
francophone issue du Québec, qui pourrait désigner un premier
ministre provenant du Québec (francophone) et qui a l’appui du parti
souverainiste du Québec?! Ô combien doivent être
frustrés les Canadiens de l’Ouest qui se sont battus contre la souveraineté
du Québec… |
Mardi,
2 décembre: |
• |
Les conservateurs passnet «à
l'offensive» en jouant à fond la carte de l'unité nationale.
Dans une Chamdre des communes survoltée, Stephen Harper déclare:
«Cette entente que le chef du Parti libéral a conclue avec
les séparatistes est une trahison des électeurs, une trahison
des meilleurs intérêts de notre économie, une trahison
des intérêts supérieurs de notre pays. Nous allons
la combattre avec tous les moyens que nous avons à notre disposition.»
Les
conservateurs lancent ainsi une offensive publicitaire sur les ondes des
stations de radio pour dénoncer l'accord conclu entre les trois
partis d’oppistion. De sucroît, M. Harper ne laissé planer
aucun doute sur son intention de proroger la session parlementait avant
le vote de confiance prévu lundi prochain sur une motion de censure.
Il aurait aussi l’intention d’expliquer cette décision dans un discours
devant la nation qu'il pourrait prononcer d'ici la fin de semaine. |
Mercredi,
3 décembre: |
• |
Les conservateurs font parvenir
à leurs partisans amateurs d'armes à feu une missive dans
laquelle ils les invitent à s'opposer farouchement à la coalition
de partis d'opposition qui menace de prendre le pouvoir dès la semaine
prochaine. La lettre qualifie cet éventuel gouvernement de «pire
nouvelle possible» pour ceux qui souhaitent l'abolition du registre
des armes à feu. Cette missive fait partie de l'offensive tous azimuts
des conservateurs pour éviter de perdre le pouvoir. |
|
• |
À 19h00, le premier
ministre Harper s’adresse en toute urgence à la nation pour, simplement,
réitérer ses arguments à l’effet que les partis de
l'opposition ne peuvent prendre le pouvoir sans la tenue d'élections
et qu'il est impensable que les souverainistes (les «séparatists»
en anglais) fassent partie d'un gouvernement du Canada. Après
avoir dit qu'il prendrait «tous les moyens légaux» pour
éviter que les partis d'opposition prennent le pouvoir, il argumente:
«Notre gouvernement au Canada ne peut pas former une coalition à
Ottawa avec des souverainistes/separatists… Une coalition
avec les souverainistes/separatists ne peut pas aider le Canada…»
Jamais le chef conservateur ne mentionne ce qu'il a l'intention de faire,
pas même qu’il demandera le lendemain à la gouverneure générale
de suspendre les travaux du Parlement jusqu'au 26 janvier. (Ce discours
vide de toute annonce surprend tous les observateurs.) |
Jeudi,
4 décembre: |
• |
Tel que prévu, vers
9h30, le premier ministre Harper se présente à la résidence
officielle de la gouverneure générale. Au terme d’une
rencontre de deux heures et demie, celle-ci accepte sa demande de suspendre
les travaux du Parlement jusqu'au 26 janvier.
Les
trois chefs de l’opposition accusent aussitôt Stephen Harper de «fuir
le Parlement» pour éviter la défaite de son gouvernement.
Ce
sursis de sept semaines devrait permettre au premier ministre de préparer
un nouveau discours du Trône, qui sera présenté le
26 janvier, puis un budget qui sera déposé le lendemain.
De toute évidence, M. Harper compte sur l'implosion de la coalition
au cours des prochaines semaines pour éviter la chute de son gouvernement
lorsque les travaux de la Chambre des communes reprendront. |
.
D'apres: Hélène Buzzetti, «Harper
asphyxie ses adversaires», Le Devoir, 27 novembre 2008 ; Hélène
Buzzetti, «L'opposition songe à défaire Harper»,
Le
Devoir, 28 novembre 2008 ; Alec Castonguay, «Le Canada en crise»,
Le
Devoir, 29 novembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance & Hugo De
Grandpré, «La Crise politique s'accentue»,
La Presse,
29 novembre 2008 ; Violaine Ballivy & Joël-Denis Bellavance, «Le
gouvernement Harper en pér9il», La Presse, 30 novembre
2008 ; Bruce Cheadle, «Le
NPD songe à poursuivre les conservateurs», Presse canadienne,
30 novemre 2008 ; Hélène Buzzetti, «La coalition fonce
vers le pouvoir», Le Devoir, 2 décembre 2008 ; Joël-Denis
Bellavance, «Harper
passe à l'offensive», La Presse, 2 décembre
2008 ; Alec Castonguay & Hélène Buzzetti, «Harper
lance la contre-attaque», Le Devoir, 3 décembre 2008
; Karine Fortin, «Les
conservateurs appellent en renfort les détenteurs d'armes à
feu», Presse canadienne, 3 décembre 2008 ; Malorie
Beauchemin, «Discours
à la nation: Harper refuse une coalition non élue»,
La
Presse, 3 décembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance, «Harper
choisit la prorogation», La Presse, 4 décembre
2008 ; Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, «Le
Parlement est prorogé dans la polémique» La
Presse, 4 décembre 2008.
.
Pourquoi ne parle-t-on
plus de sida ?
Avez-vous
remarqué que le 1er décembre - Journée internationale
du sida - est passé presque inaperçu? Pourquoi, pensez-vous?
Parce
que les nouvelles «sont bonnes»!
Par
exemple, on n’a recensé que 651 nouveaux cas de sida au Québec
en 2007. Par comparaison, 47 940 personnes ont été
victimes d’un accident de la route, dont 608 ont perdu la vie et 2 866
autres ont été gravement blessées. De même,
en 2008, en enregistre 40 500 nouveaux cas de cancer et 19 400 décès
(dont 6 000 nouveaux cas de cancer du sein chez la femme et 1300 décès)…
Surtout, le nombre de nouveaux cas de sida ne cesse de diminuer depuis
2003 (graphique de gauche). Ainsi, alors qu’on comptait 723 nouveaux
cas en 2006, ce nombre a chuté de 9,5% en 2007 (651 nouveaux cas).
On observe la même tandance au Canada, comme l’illustre le graphique
de droite, qui montre l’évolution du nombre des nouveaux cas de
sida de 1979 à 2002.
Dans
son plus récent rapport, le Laboratoire de santé publique
du Québec précise aussi que: «Comparativement à
2006, le nombre de nouveaux diagnostics diminue de 30,9% chez les femmes
et de 25,4% chez les hommes… Les cas de 2007 sont majoritairement
de sexe masculin (79,3%), et sont âgés en moyenne de 41,3
ans pour les hommes et de 39,2 ans pour les femmes.» 61% des
nouveaux cas de sida se retrouvent chez des hommes ayant des rapports sexuels
avec d’autres hommes, 15% chez les personnes provenant de pays où
le VIH est endémique, 15% des cas sont reliés à des
relations hétérosexuelles non protégées et
13% chez des personnes s’injectant des drogues. Le rapport indique
aussi que, selon l’Agence de santé publique du Canada, entre 13
300 et 19 600 personnes vivaient avec le VIH au Québec en 2005.
Enfin,
comme le signale Maria Cheng de l’Agence France Presse, certains experts
considèrent que le sida accapare désormais des fonds qui
devraient servir à d'autres besoins plus pressants. «Le sida
est une terrible tragédie humanitaire, mais il n'est que l'une des
nombreuses terribles tragédies humanitaires», résume
Jeremy Shiffman, qui étudie les dépenses en santé
à l'Université de Syracuse, aux États-Unis.
La journaliste rapporte aussi les propos de Roger England, membre du groupe
Health Systems Workshop de la Grenade, qui estime qu'on a maintenant affaire
à une «industrie mondiale du sida» et qu’on devrait
plutôt mettre la clé dans la porte d'ONUSIDA, «ce qui
dégagerait 200 millions $ - le budget annuel de cette agence de
l’ONU - afin de lutter contre d'autres problèmes de santé
comme la pneumonie, qui tue plus d'enfants chaque année que le sida,
le paludisme et la rougeole réunis.»
Somme
toute, la propagation du sida semble jugulée presque partout sur
la planète, sauf en Afrique.
Sources: «Programme
de surveillance de l’infection par le virus de l’immunodéficience
humaine (VIH) au Québec. Cas cumulatifs 2002 – 2007» ;
«Victimes
d'accidents de véhicules routiers selon la nature des blessures
et le mois Québec, 2003 à 2008» ; «Données
d'incidence et de mortalité pour les principaux sièges de
cancer au Québec. Projections 2008» ; «Troisième
décennie de l'épidémie du sida : ne baissons pas la
garde!» ; Maria Cheng, «Le
sida accapare des fonds au détriment d'autres maux, accusent des
experts», Agence France-Presse, 1er décembre 2008.
Voir ausi: Et
si le sida avait augmenté de 16 % ?, Le Carnet du 20
novembre 2007.
.
Quelle soirée
électorale !
Le 8 décembre,
contre toute attente, le dévoilement des résultats de l’élection
québécoise s’avère nettement plus palpitant qu’on
s'y attendait.
En début
de soirée, on s’attendait à ce que le Parti libéral
remporte assez aisément la majorité des 125 sièges
de l’Assemblée nationale. Les grandes interrogations résidaient
plutôt à l’endroit du Parti québécois (allait-il
parvenir a faire élire une trentaine de députés?)
et, surtout, concernant l'avenir de l’Action démocratique (les résultats
seront-ils aussi désastreux que les sondages l’indiquent).
Or, tout au long
de la soirée, le dépouillement du scrutin montre que le PLQ
parviendra à peine à faire élire une soixantaine de
députés (alors qu’il lui en faut au moins 63 pour gouverner
majoritairement). L’autre surprise, c’est la tenue exceptionnelle
du PQ, qui semble devoir faire élire une bonne quarantaine de députés.
Quant à l’ADQ, les résultats sont pires que ce qu’on pouvait
s’attendre, avec une dizaine d’élus tout au plus.
Le résultat
final réconforte cependant le PLQ, qui obtient 66 députés,
alors que le PQ ressort avec une étonnante «victoire morale»
de 51 députés. Quant à l’ADQ, avec seulement
7 députés, c’est un échec terrassant. (Autre
surprise: l’élection du premier député de Québec
solidaire.) Cette soirée culmine lorsque Mario Dumont surprend
tout le monde en annonçant sa démission comme chef de l’ADQ.
Quelle soirée…
d’autant plus surprenante que personne ne voulait de cette élection.
(Conséquence, seulement 57.5% des électeurs inscrits sont
allés voter, contre 71% la fois précédente.)
Jean Charest remporte néanmoins son pari d’obtenir un gouvenement
majoritaire, une troisième victoire électorale de suite qui
lui confère 4 à 5 années additionnelles à la
tête du Québec.
Résultats officiels des élections 2007
et 2008
|
Pourcentage
du vote |
Nombre de
députés élus |
.
. |
|
. |
|
• |
Parti libéral |
• |
Parti québécois |
• |
Action démocratique |
• |
Québec solidaire |
• |
Parti vert |
. |
|
|
Taux de participation |
|
Élections
2007 |
Élections
2008 |
. |
|
33,08 % |
48,08 % |
28,35 % |
35,17 % |
30,84 % |
16,37 % |
3,64 % |
3,78 % |
3,85 % |
2,17 % |
. |
|
71,23 % |
57,43 % |
|
Élections
2007 |
Élections
2008 |
. |
|
48 |
66 |
36 |
51 |
41 |
7 |
0 |
1 |
0 |
0 |
|
Source: Directeur général des élections
du Québec,
Élections
générales.
.
Madoff : le monde financier
en un seul homme !
Bernard Madoff, à
la tête de l'une des principales sociétés d'investissements
de Wall Street, est arrêté le 11 décembre pour avoir
présumément réalisé la plus grande fraude de
tous les temps: 50 milliards $! Ancien président du
NASDAQ et très actif auprès des organismes de réglementation
des marchés financiers, Madoff jouissait par conséquent de
la confiance du milieu. Depuis une quinzaine d’années, il
aurait profité de sa notoriété pour élaborer
une «chaîne de Ponzi», un système pyramidal garantissant
des rendements élevés, mais financés par l'afflux
incessant de nouveaux capitaux. (Ce style de chaîne pyramidale
tient son nom de Charles Ponzi, célèbre pour avoir mis en
place une telle fraude dans les années 1920.)
L’arrestation de
Madoff ne peut pas plus mal tomber puisqu’elle éclabousse la finance
américaine dont la réputation est déjà ruinée
par suite des excès de Wall Street mis en lumière ces derniers
mois. Madoff symboliserait à lui seul la décadence
des financiers américains. Quelle fin d’année incroyable!
Ressources: Diana Henriques
& Zachery Kouwe, «Prominent
Trader Accused of Defrauding Clients», The New York Times,
11 décembre 2008 ; Bernard
Madoff, Wikipédia.
Voir aussi: Julie Creswell &
Landon Thomas Jr., «The
Talented Mr. Madoff», The New York Times, 24 janvier 2009.
.
Doit-on «sauver»
l’industrie
de l'automobile américaine
?
Que faire des
trois grands constructeurs d’automobiles américains sur le point
de faire faillite? Nos gouvernements (américain, canadien
et ontarien) devraient-ils les soutenir à coup de dizaines de milliards
$ provenant de nos impôts et de nos taxes?
C’est l’épineuse
question devant laquelle on se retrouve étant donné la baisse
spectaculaire des ventes de voitures fabriquées par GM, Ford et
Chrysler. On serait tenté de dire: «au diable ces dinosaures
qui n’ont pas su s’adapter à l’évolution du marché»
(comme l’ont pourtant fait les constructeurs japonais). D’un autre
côté, leur disparition produira des millions de chômeurs
et dévastera des communautés entières partout en Amérique
du Nord, ce qui aggraverait considérablement la crise économique
qui s’annonce déjà dévastatrice.
L’effondrement des
ventes d’autos américaines est le résultat de deux facteurs.
D’une part, les banques, qui restreignent toute forme de crédit,
se refusent à financer l’achat de voitures (particulièrement
risqué en temps de crise). D’autre part, les grosses énergivores
américaines ne répondent plus aux besoins des consommateurs.
(On pourrait dire que la voracité des pétrolières
a fini par tuer cette poule aux œufs d’or.)
Le simple fait d’évoquer
la faillite possible de l’un ou l’autre des constructeurs (particulièrement
de GM) aggrave encore plus la situation. En effet, si vous en avez
les moyens et le besoin, achèteriez-vous une voiture américaine
ne sachant pas si son fabricant existera lorsque vous aurez besoin de pièces
de rechange? Et quelle sera la valeur de revente de votre voiture?
Tout indique donc
qu’il est déjà trop tard pour préserver l’industrie
de l’auto américaine. Les «trois grands de l'auto»
demandent pourtant l’aide pressante des gouvernements pour soi-disant leur
permettre de se restructurer et de mettre en marché de nouveaux
modèles. (En réalité, ils cherchent tout bonnement
à éviter la faillite.) Or, non seulement des années
seraient nécessaires pour lancer de nouveaux modèles, mais
l’incompétence dont ont fait preuve les fabricants américains
laisse plutôt présager l’échec d’une telle opération.
En conséquence,
doit-on les laisser périr au cours des prochains mois? Ou
s’engager à les soutenir à coups de dizaines de milliards
$ par année? À moins de les accompagner dans un déclin
contrôlé en essayant d’absorber tant bien que mal les millions
de chômeurs qui proviendront de leur disparition?
C’est vraisemblablement
dans ce dernier scénario que s’engagent nos gouvernements, n’ayant
en fait aucun autre choix.
Ressources: Kendra Marr, «U.S.
Auto Sales Fell 36% in December», Washington Post, 6 janvier
2009.
Nick Bunkley, «G.M.
Loses $9.6 Billion as Its Struggles Continue», The New York
Times, 26 février 2009.
.
Une photo qui changea
le monde
Le 24 décembre 1968 - il y a 40 ans -, les trois premiers astronautes
qui se sont rendus jusqu’à la Lune ont pris ce magnifique cliché
montrant la Terre vue depuis l’orbite lunaire. Cette vue, ainsi que
les témoignages que nous ont rapportés les astronautes d’Apollo
8, ont à tout jamais changé la perspective de notre monde.
En effet, c’est
à cette occasion que nous avons pris conscience de la fragilité
de la Terre, que nous l'avons perçue comme un minuscule petit oasis
bleu perdu dans le noir profond de l’espace. C’est de fait à
la suite de la diffusion de ce cliché que notre conscience écologique
est née et qu’on s’est mis à prendre soin de l’environnement
en cessant de polluer sans retenu l’air, l’eau et la terre.
À ceux qui se demandent
à quoi ont servi les milliards $ dépensés pour envoyer
un homme sur la Lune, cette photo est la réponse: en se rendant
jusqu’à la Lune, nous avons découvert la Terre telle la petite
planète bleue qu’on a désormais tous à l’esprit.
Ci-dessous,
les six pages du magazine Times de décembre 1968 qui étalent,
pour la première fois, les clichés sensationnels rapportés
par l‘équipage d’Apollo 8.
Fin du Carnet 2008
Suite avec le Carnet 2009
|
|