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Le Carnet 2008

Un regard sur le temps qui passe…

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Le Carnet 2007 Le Carnet 2009
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Table des matières
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2 janvier : La criminalité la plus faible depuis les années 1960
3 janvier : Les enjeux de la course présidentielle
6 janvier : La politique à l’italienne, quand on se compare…
7 janvier : Les démocrates s’apprêtent-ils à commettre la même erreur que nous?
11 janvier : L’événement de 2008 : la récession ?
14 janvier : L’étonnant parcours démographique des Québécois
14 janvier : Mortalité : on vit davantage ici qu’ailleurs dans le monde
17 janvier : Sommes-nous riches ou pauvres ?
19 janvier : Croissance inégale au Canada
23 janvier : Devoir de mémoire : les mensonges de l’administration Bush
27 janvier : Le monde dans huit ans
 28 janvier : Bush : encore les «leçons d’Irak» mal appliquées?
29 janvier : Un monde qui aurait pu être si différent…
31 janvier : Montréal, toujours aussi sécuritaire
4 février : Comment pensait-on, en 1950, qu’on vivrait en l’an 2000 ?
5 février : Huit années d’administration républicaine
5 février : Le lourd héritage de George Bush
6 février : Le marché du travail au Québec
8 février : Si seulement on savait…
17 février : Kosovo : naissance d’un nouvel État
 18 février : La prédation sur Internet: pas ce qu’on nous en dit...
 18 février : Petit exercice d’estime de soi
19 février : Le « vrai » budget américain : un tout autre portrait de la réalité
19 février : Le plus grand tueur : le sida, la tuberculose ou la malaria ? Non !
9 avril : Conseils judicieux au gouvernement chinois
 9 avril : Flamme olympique : bel exemple de désinformation à la chinoise
10 avril : Le mythe de la Chine comme puissance mondiale du 21è siècle
 11 avril : Bush, plus stupide que jamais !
13 avril : Les bienfaits des changements climatiques déjà palpables
 14 avril : La faim sévit maintenant dans 37 pays !
 28 avril : Des analystes militaires «indépendants»... payés par le Pentagone !
6 mai : Troisième crise de l’année : l’hystérie pétrolière
14 mai : «Montréal, l'une des métropoles les plus sécuritaires»
4 juin : Clinton ou Giuliani à la présidence ?!
6 juin : Vendredi étonnamment sombre !
8 juin : Une nouvelle vision de notre îlot cosmique
17 juin : « Nous détestons tant Israël que… »
26 juin : À l’aube de la déroute du terrorisme ?
 26 juin : TQS : gare à la télé-poubelle ?
26 juin : Comme si 30 000 meurtres ne suffisaient pas !
1er juillet : Et si Dieu n’existait pas...
 2 juillet : Où s’en va le monde :  la Chine… déjà sur son déclin ?
4 juillet : Les biocarburants font des millions de victimes
 6 juillet : Que feront les Américains des crimes  de guerre commis par l’administration Bush ?
7 juillet : Le G8… si mal compris
8 juillet : Rumeurs, rumeurs...
8 juillet : De quelle façon voulez-vous mourir ?!
10 juillet : Le génocide du Darfour : une question de perspective?
13 juillet : Le meilleur moyen de combattre les talibans : l’instruction des filles
 16 juillet : Échange de prisonniers : une autre leçon de paix ?
17 juillet : Le scandale des subventions à l’industrie des biocarburants
19 juillet : Sommes-nous en récession ?
20 juillet : Et si le Québec participait à l’ambitieux programme d’Al Gore ?
20 août : Les «émeutes de Montréal Nord»: 13 meurtres cette année à Montréal!
  7 septembre : Une campagne fait-elle une différence ?
11 septembre : Mensonges bien balancés
13 septembre : Sarah Palin : présidente à la Dick Cheney ?
25 septembre : Israël se serait préparé à attaquer l’Iran !
17 septembre : Qui de McCain ou d'Obama : choisir entre force et nuances ?
30 septembre : Crise financière : le désastre Bush
3 octobre : SurInflation législative
4 octobre : Élections américaines : si la tendance se maintient…
7 octobre : Pas de course automobile à Montréal en 2009: une si mauvaise affaire?
8 octobre : Des sommes affolantes
9 octobre : « Folie boursière » : l’exemple du Dow Jones
9 octobre : La crise boursière : une spirale infernale
11 octobre Pourquoi la crise est-elle planétaire ?
10 octobre : Faire les bons, ou les mauvais, choix
10 octobre : Les sondages nous disent que…
17 octobre : … le bon temps d’investir !
 17 octobre : C’est l’temps de la récession…
19 octobre : Les suites d’un effondrement boursier : l’exemple du crash de 1987
20 octobre : Et si Obama était musulman ?
22 octobre : Le mythe de l’équilibre budgétaire
23 octobre : De moins en moins de meurtres chez nous
24 octobre : L’héritage républicain
24 octobre : L’assurance santé à l’américaine
25 octobre : Peut-on y croire… ?
28 octobre : Que nous réservent les élections québécoises ?
28 octobre : Pourquoi prend-on (parfois) de mauvaises décisions?
29 octobre : Barack Obama : un vent d’espoir ?
 30 octobre : Les fadaises d’un séducteur de foule
3 novembre : Ce qu’on pense tous, en attendant…
4 novembre : 4 novembre 2008
5 novembre : Les défis du prochain président
5 novembre : Et si Obama avait perdu ?
5 novembre : S’en rappellera-t-on dans cinq semaines ?
6 novembre : Que nous cachent encore «les républicains» ?
7 novembre : Dur, dur de comprendre «la bourse»
8 novembre : « Faites ce que je prêche, surtout pas ce que je fais !»
10 novembre : La liberté des uns, la liberté des autres…
11 novembre : À contre-courant des changements climatiques
12 novembre : 200 milliards de dettes et ça continue d’augmenter
13 novembre : À quand le tsunami ?
13 novembre : Récession
15 novembre : À nous de faire l'Histoire ?
18 novembre : Dans la tête du futur président
19 novembre : Un appel au bon sens
21 novembre : Encore le mythe de l'«assisté social qui se pogne le cul
21 novembre : Une équipe du tonnerre !
22 novembre : Être président, selon John F. Kennedy
1er décembre : La récession : un an déjà…
26 novvembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 26 novembre
27 novembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 27 novembre
28 novembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 28 novembre
29 novembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 29 novembre
30 novembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 30 novembre
1er décembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 1er décmbre
2 décembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 2 décembre
3 décembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 3 décembre
4 décembre : Chronologie de la crise au Parlement canadien : 4 décembre
4 décembre : Pourquoi ne parle-t-on plus de sida ?
9 décembre : Quelle soirée électorale !
 12 décembre : Madoff : le monde financier en un seul homme !
17 décembre : Doit-on «sauver» l’industrie de l'automobile américaine ?
24 décembre Une photo qui changea le monde
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La criminalité la plus faible 
depuis les années 1960

     En 2007, 41 meurtres ont été commis à Montréal, alors qu’il y en a eu 52 en 2006.  Il faut remonter au début des années 1960 pour retrouver un aussi petit nombre d’homicides.  De même, aucun meurtre n’est survenu à Québec depuis octobre 2006, une performance qui ne s'est pas vue depuis 1962.  On observe également des baisses un peu partout en Amérique du Nord, Toronto ayant connu 82 meurtres en 2007 (contre 93 en 2006), alors que New York n’a pas franchi le cap des 500 homicides. Du jamais vu en cinquante ans!


Depuis vingt ans, le nombre de meurtres décroît à Montréal, passant de 125 à 41.

Source: Catherine Handfield (AP), 41 meurtres à Montréal, Aucun homicide à Québec en 2007, Cyberpresse, 30 décembre 2007 ; Statistique Canada, Homicides et taux d'homicide, par province et territoire, 2007.
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Les enjeux de la course présidentielle

     Alors que s'amorce la campagne pour élire le quarante-quatrième président des États-Unis, Le Figaro résume bien la situation: «Après deux mandats de George W. Bush qui ont profondément affecté le statut des États-Unis dans le monde, les enjeux de cette élection ne pourraient être plus grands. Guerre en Irak, lutte antiterroriste, tensions internationales (Pakistan, Iran, Proche-Orient), crainte d'une récession économique, impact de la globalisation sur l'emploi, crise du système de santé, réchauffement climatique, maîtrise de l'immigration sont quelques-uns des sujets sur lesquels les candidats doivent convaincre, car le prochain président ne pourra les esquiver. Dans les sondages, 68% des Américains se déclarent mécontents des orientations prises par leur pays. L'élection présidentielle promet le changement. Mais quel type de changement veulent exactement les électeurs?»
     Ce n'est que dans un an seulement (fin janvier 2009), et après une course folle, que le nouveau président prendra les rênes des États-Unis...

Source: Philippe Gelie, «Le petit État de l'Iowa donne le signal de départ de la course présidentielle américaine», Le Figaro, 3 janvier 2008.
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La politique à l’italienne, quand on se compare…

     En Italie, les politiciens «n’arrêtent pas de s’entretuer», rapporte Ariel Dumont, correspondante à Rome pour Radio-Canada. «Ce qui se passe, dit-elle, c’est que, depuis que le centre-gauche a gagné les élections (il y a maintenant quasiment deux ans), l’opposition ne fait pas son travail.  Elle passe son temps à dire: “Ils vont tomber. Vous allez voir, dans quinze jours, ils ne seront plus là…  On s’est déjà trompé par le passé mais, cette fois, vous verrez: dans une semaine, ils ne seront plus là…”  Du côté de la majorité, une multitude de partis passent leur temps à s’entretuer et à dire: “Eh bien voilà, moi je ne suis pas content et je quitte la majorité. Je m’en vais et fais exploser le gouvernement.”  Et ça fait deux ans que ça dure!  Les Italiens sont donc fatigués.  Ils en ont assez: assez de leurs politiciens, assez d’une classe qui est incapable de prendre des décisions ou de les appliquer et qui passe son temps à se chamailler.»
     Ainsi donc, même lorsqu'on assiste à des querelles navrantes ou stériles entre partis minoritaires tant à l’Assemblée nationale du Québec qu'à la Chambre des communes d’Ottawa, y’a de quoi se consoler.

Source : Radio-Canada, Pourquoi pas dimanche?, 6 janvier 2008.
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Les démocrates s’apprêtent-ils à commettre 
la même erreur que nous ?

     En ce début des primaires électorales américaines, un soudain vent d’enthousiasme semble souffler en faveur de Barack Obama, au détriment de la candidate d’expérience qu'est Hillary Clinton.  Cela rappelle l’enthousiasme qui a fait que les militants du Parti québécois ont jadis préféré un jeune homme d’allure moderne à une femme d’expérience.  De même, les militants du Parti libéral du Canada ont choisi, contre toute attente, Stéphane Dion au lieu de Michael Ignatieff.  Dans les deux cas, une fois l’enthousiasme retombé, on a assisté à la déconvenue des deux nouveaux chefs.  La question se pose donc: en novembre prochain, les Américains seront-ils disposés à élire un candidat noir à la présidence?  Se pourrait-il que, après huit années de régime républicain désastreux, on assiste à une course serrée entre un républicain (possiblement fervent religieux) et un démocrate vulnérable?  Se pourrait-il que les démocrates – et le reste du monde – regrettent amèrement un choix fait dans l’enthousiasme du moment? 
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L’événement de 2008 : la récession ?

     Le fait marquant de 2008 – dont on parle encore très peu – pourrait bien être le début d’une récession économique mondiale.  Jeudi, 10 janvier, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, annonce une «dégradation récente des perspectives de croissance pour 2008» en rapportant une augmentation du chômage aux États-Unis. Se gardant bien de parler de récession, il évoque néanmoins «les récents changements de perspectives économiques et des risques pour la croissance…» 
     Quelques semaines plus tôt, David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, avait constaté que: «Les difficultés qu'éprouvent les marchés financiers mondiaux, liées notamment aux pertes anticipées sur les prêts hypothécaires à risque aux États-Unis, se sont aggravées depuis la mi-octobre.  Ces difficultés devraient persister plus longtemps qu'on ne l'avait d'abord prévu…»  Comme pour lui donner raison, Statistique Canada rapporte qu’après avoir enregistré sept hausses mensuelles d'affilées, l'emploi au Canada a légèrement fléchi en décembre, enregistrant 19,000 pertes. 
     Ainsi donc, après quinze années de croissance économique, nous pourrions assister à la première véritable récession planétaire, étant donné que les grandes économies sont à présent imbriquées les unes aux autres.  En particulier, la Chine, qui fabrique une bonne part de ce que nous consommons, pourrait être frappée de plein fouet. Alors qu’elle s’apprête à briller de tous ses feux à l’occasion des jeux olympiques d’été, elle pourrait se retrouver confrontée à une gigantesque crise économique et sociale. 
     Ironiquement, la récession précédente est survenue à la fin du premier mandat présidentiel de George Bush père – mettant fin à sa réélection quasi-assurée –, alors que la présente pourrait ternir davantage la présidence de son fils. En novembre prochain, les républicains subiront-ils une défaite électorale semblable à celle de 1992?
     Par définition, une économie entre en récession lorsque la croissance de son produit intérieur brut (PIB) est négative pendant au moins deux trimestres consécutifs. Il faudra donc attendre au printemps pour avoir l’heure juste concernant l’état de l’économie.  Néanmoins, les grandes firmes d'investissement Goldman Sachs et Merrill Lynch considèrent que les États-Unis sont déjà en récession.

Sources: Louis Ochitelle & Michael M. Grynbaum, «Fed Chief Signals Further Rate Cut», The New York Times, 11 janvier 2008 ; Statistique Canada, Enquête sur la population active, 11 janvier 2008 ; Michael Barbaro & Louis Uchitelle, Americans Cut Back Sharply on Spending, The New York Times, 14 janvier 2008.

Voir aussi: Roger Lowenstein, «The Education of Ben Bernanke», The New York Times, 20 janvier 2008.
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L’étonnant parcours démographique des Québécois

     En soixante ans, la population du Québec a doublé.  Ce faisant, elle a connu une évolution démographique surprenante, passant d’une structure pyramidale normale (en 1950) à un babyboom spectaculaire (fin des années 1950), avant de connaître une forte dénatalité (années 1980-1990)… qui tend peut-être à s’estomper.  Comme un peu partout en Occident, on assiste à une transformation radicale de la société. Que se passe-t-il donc?  C’est ce que nous regardons dans la série de tableaux intitulée L’étonnant parcours démographique des Québécois.
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Mortalité : on vit davantage ici 
qu’ailleurs dans le monde

     En 2005, 55,787 personnes sont décédées au Québec, selon les plus récentes données de Statistique Canada.  Cela représente 7,3 décès par mille habitants.  Comparativement, 230,132 personnes sont décédées au Canada, dont 85,591 en Ontario, ce qui représente des taux de mortalité de 7,1 et de 6,8 décès par mille habitants. 
     Comme l’illustre le tableau ci-dessous, de tels niveaux figurent parmi les plus bas au monde, puisque des pays comme les États-Unis, la France et l’Angleterre enregistrent de 8 à 10 décès par mille habitants.

     Statistique Canada précise que l’âge moyen des personnes décédées se situait, en 2005, à 74,0 ans au Québec, à 74,5 ans en Ontario et à 74,2 ans pour l’ensemble du Canada.  Au Québec, les hommes décèdent en moyenne vers l'âge de 70,6 ans et les femmes vers 77,4 ans.  L'écart entre les hommes et les femmes tend à se rétrécir depuis 1990 alors que l'âge moyen au décès augmente régulièrement, l'accroissement étant de 3,5 ans pour les hommes et de 3,2 ans pour les femmes.

Sources: Statistique Canada, Décès 2005, 14 janvier 2008 ; United Nations Secretariat, World Population Prospects: Death rate per 1,000 population (Medium variant), 2000-2005.
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Sommes-nous riches ou pauvres ?

     SI le Québec était un pays, il se classerait au 17e rang des pays les plus riches de la planète.  Par contre, au classement des 50 États américains et des dix provinces canadiennes, il tombe au 52e rang.  Comment expliquer un tel paradoxe?  C’est la question à laquelle répond l’économiste Pierre Fortin dans l’article Économie québécoise : on est «riche» ou «pauvre» selon...
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Croissance inégale au Canada

     La population du Canada a plus que doublé en 55 ans, passant de 14,0 millions de personnes en 1951 à 32,6 en 2006.  Toutefois, comme l’illustrent les graphiques ci-dessous, cette croissance est principalement survenue en Ontario, puisque la population de cette province a triplé (passant de 4,6 à 12,7 millions de personnes).


La croissance démographique du Canada est représentée ici selon les 4 régions du pays: les Maritimes sont en vert, le Québec en bleu, l'Ontario en gris et l'Ouest en rouge.

     Pendant ce temps, la population du Québec a presque doublé (de 4,1 à 7,7 millions de personnes), alors que celle des provinces maritimes n’a cru que d’un maigre ¾ de million de personnes (de 1,6 à 2,3).  Quant aux provinces de l’Ouest (incluant la Colombie-Britannique), leur population est passée de 3,7 à 9,9 millions d’individus.


Évolution, sur 55 ans, du poids relatif des quatre régions du Canada.

     En termes de pourcentage, les disparités régionales sont encore plus manifestes.  Ainsi, les Maritimes ont chuté de 11,6 à 7,1% de la population du Canada, alors que le Québec est tombé de 29,0 à 23,4%.  Pendant ce temps, le poids de l’Ontario a bondi de 32,8 à 38,9%, alors que celui de l’Ouest a cru de 26,5 à 30,2%.

Source: Institut de la statistique du Québec, Population, Canada et provinces, 15 janvier 2008.
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Devoir de mémoire : 
les mensonges de l’administration Bush

     Pour justifier l'invasion de l'Irak en 2003, l’administration de George Bush fils a volontairement proclamé 935 faussetés.  C’est ce que révèle une étude réalisée par deux organisations journalistiques indépendantes qui ont passé au crible les déclarations publiques du président et de ses proches collaborateurs dans les deux années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001. «Des liens avec Al-Qaeda et l'existence d'un arsenal d'armes de destruction massive en Irak, qui se sont révélées introuvables, ont été mis de l’avant pour justifier l'intervention américaine», indiquent les auteurs de l'étude, qui sont membres du Center for Public Integrity et du Fund for Independence in Journalism. 
     Intitulée False Pretenses, cette étude montre surtout que «ces déclarations ont fait partie d'une campagne orchestrée qui a effectivement galvanisé l'opinion publique et conduit le pays à la guerre sur la base de raisons résolument fausses.» Les auteurs ont analysé l'ensemble des déclarations publiques de George Bush ainsi que du vice-président Dick Cheney, de Condoleezza Rice, alors conseillère à la sécurité, de Colin Powell, secrétaire d'État à l'époque, de l'ex-secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld et des porte-parole de la Maison Blanche. 
      Or, contrairement à ce que déclare aujourd'hui la porte-parole du président, Dana Perino - qui prétend que cette étude ne vaut pas «la peine qu'on s'arrête dessus» -, il importe qu’on se rappelle à tout jamais que l'administration républicaine toute entière nous a menti sur ce sujet… comme sans doute sur bien d’autres.

Voir l'étude False Pretenses du Center for Public Integrity.

Source: Center for Public Integrity, 935 False Statements By Top Administration Officials To Justify Iraq War, 23 janvier 2008.
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Le monde dans huit ans

     Nous sommes en l’an 2016, propose Parag Khanna, chercheur émérite en géopolitique américaine à la New America Foundation. Qu’il s’agisse d’Hillary Clinton, de John McCain ou de Barack Obama, l’administration présidentielle d'alors termine son second mandat. «Les États-Unis se sont retirés d’Irak mais ils conservent 20,000 soldats dans le nouvel État indépendant du Kurdistan, de même que des forces navales à Bahrein et des escadrilles aériennes au Qatar.  L’Afghanistan est stable, l’Iran s’est nucléarisé.  La Chine a absorbé Taïwan et elle accroît sans cesse sa présence navale dans le Pacifique, notamment à partir du port pakistanais de Gwadar, en mer d’Arabie.  L’Union européenne compte plus de 30 États et bénéficie d’approvisionnements réguliers en pétrole et en gaz provenant d’Afrique du Nord, de Russie et de la mer Caspienne.  Elle recourt aussi abondamment à l’énergie nucléaire. La prépondérance américaine sur le reste du monde ne cesse de décliner, qu’importe ce qu’aurait pu faire Clinton, McCain ou Obama.  Le nouvel ordre mondial s’est imposé…»
     Selon ce géostratège, en effet, l’équilibre des pouvoirs sur la scène internationale a déjà basculé durant le règne de George Bush fils. «Les coups de force des États-Unis ont donné lieu à des mouvements de blocage [contre toute initiative américaine] ainsi qu’à la naissance d'un nouvel ordre mondial», écrit-il. En conséquence, la géopolitique mondiale se joue désormais à trois: la Chine et l’Europe (en plein essor) et les États-Unis (sur leur déclin). 
     Pour la première fois de l’histoire, nous assisterons à une «bataille multipolaire et multi-civisationnelle» au centre de laquelle se retrouvera l’Europe, celle-ci «arbitrant» les conflits entre la Chine et les États-Unis.  L’Union européenne serait même le territoire de l’avenir, estime Parag Khanna, puisqu'il s'agit du plus grand marché au monde, alors que les technologies européennes fixent de plus en plus les normes internationales et que l’euro s’impose dans les transactions planétaires. «Et si jamais les Américains et les Chinois en venaient à se faire la guerre, le reste de la planète placerait ses économies en lieu sûr dans les banques européennes.»  Enfin, constate le spécialiste, les populations du globe ne rêvent plus du modèle américain, mais de celui des Européens.

Source: Parag Khanna, «Waving Goodbye to Hegemony», The New York Times Magazine, 27 janvier 2008.
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Bush : encore les «leçons d’Irak» mal appliquées?

     L’un des passages les plus percutants du discours sur l’état de l’Union prononcé par George Bush concerne l’Iran.
     «Nous nous opposons aux forces extrémistes que représente le régime de Téhéran, a-t-il dit.  Les dirigeants iraniens oppressent le bon peuple d’Iran. Et qu’importe où progresse la liberté au Moyen-Orient, il semble que le régime iranien soit là pour s’y opposer.
     L’Iran finance et entraîne les milices en Irak, supporte les terroristes du Hezbollah au Liban, soutient les efforts du Hamas pour contrer la paix en Terre Sainte.  Téhéran est aussi à concevoir des missiles balistiques de portée toujours plus grande et continue de développer ses capacités pour enrichir l’uranium utilisé dans la fabrication des bombes atomiques. 
     Notre message à l’endroit du peuple iranien est simple: nous n’avons rien contre vous.  Nous respectons vos traditions et vos coutumes.  Nous anticipons même le jour où vous serez libres. 
     Notre message à l’intention des dirigeants d’Iran est aussi simple: mettez fin, de façon vérifiable, à l’enrichissement atomique afin que des négociations puissent commencer.  Pour réintégrer la communauté des nations, dévoilez clairement vos intentions nucléaires ainsi que vos actions du passé.  Cessez d’opprimer votre peuple et cessez de supporter le terrorisme à l’étranger.  Mais, surtout, sachez ceci: l’Amérique s'opposera à ceux qui menacent ses troupes, elle demeurera au côté de ses alliés et défendra ses intérêts vitaux n’importe où dans le Golfe persique.»
     Or, à quelques nuances près, cette rhétorique guerrière s’assimile à celle prononcée par Bush dans les mois précédant l‘invasion de l‘Irak.  Étonnant tout de même lorsqu’on sait les 935 mensonges que l’administration Bush a volontairement conté à l’époque pour justifier l’invasion de l’Irak et en regard du récent rapport des 16 agences américaines du renseignement qui stipule que l'Iran aurait stoppé tout développement d'armes atomiques en 2003.  Et dire que la classe politique réunie pour entendre ce discours a chaleureusement applaudi Bush! 

Source: The New York Times, «Text of the State of the Union Address», 28 janvier 2008.
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Un monde qui aurait pu être si différent

     Dans un éditorial, le New York Times trace le bilan suivant: «Il y a six ans, le président Bush a amorcé son discours sur l’état de l’Union par deux phrases chocs: “Alors que nous sommes réunis ici ce soir, notre pays est en guerre, notre économie est en récession et le monde civilisé est confronté à des menaces sans précédentes. Pourtant, notre union n’a jamais été aussi forte.”
     Après six années de promesses non tenues ou faites malhonnêtement et d’erreurs magistrales, les États-Unis se retrouvent engagés dans deux guerres, l’économie glisse vers la récession et le monde civilisé est toujours confronté à d’intenses menaces – alors qu’il y a nettement moins d’empathie et de respect envers les États-Unis. 
     Le pays est divisé au sujet de la guerre en Irak, déchiré par la politique partisane, apeuré par des tourments économiques et confronté à d’innombrables débats sur pratiquement tous les enjeux auxquels faisait face M. Bush en 2002.  Le mieux que puisse offrir le président est de faire appel à l’initiative des individus – une noble idée, certes, mais qui dans les mains de M. Bush n’est qu’un prétexte pour abdiquer les responsabilités du gouvernement.
     Son discours nous a fait songer à un tout autre qu’il aurait pu prononcer si seulement il avait capitalisé sur la vague de solidarité qui a déferlé au lendemain des attentats du 11 septembre pour unir la nation plutôt que pour s’arroger davantage de pouvoir et pour nous précipiter dans une mésaventure en Irak.  Combien les choses auraient pu être différentes si seulement M. Bush avait mis en pratique le conservatisme de compassion qu’il prônait ou s’il avait appliqué la discipline fiscale à la base du conservatisme.  Combien tout aurait été différent s’il avait fait de réels efforts pour favoriser les politiques de consensus comme il l’avait pourtant promis en 2002 et si souvent répété par la suite…»

Source: The New York Times, «The State of the Union», 29 janvier 2008. 
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Montréal, toujours aussi sécuritaire

     Montréal demeure l'une des villes les plus sécuritaires au monde, selon les plus récentes données du Service de police de la Ville de Montréal.  Ainsi, en 2007, les crimes contre la personne ont diminué de 5,7% et ceux contre la propriété de 10%.  Il y a eu 41 homicides en 2007 (contre 42 en 2006) et 99 tentatives de meurtres (136 en 2006)...

Voir les Faits saillants sur la criminalité 2007.
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Comment pensait-on, en 1950, 
qu’on vivrait en l’an 2000 ?

     Est-il possible d’imaginer comment nous vivrons dans cinquante ans?  L’exercice est périlleux, si on en juge par la pléthore de prédictions erronées qui ont été faites ces cinquante dernières années.  Pourant, il y a une belle réussite: une équipe de spécialistes a sü fort bien voir, dès 1950, ce que serait le monde de l’an 2000.  Non seulement leurs prédictions sont-elles agréables à découvrir, mais elles permettent de tirer quelques leçons sur ce que pourrait réserver l’avenir.

À lire: Comment des spécialistes de 1950 pensaient que nous vivrions en l’an 2000.
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Huit années d’administration républicaine

     Durant les huit années qu’aura passé George Bush fils à la Maison Blanche, les dépenses gouvernementales ont cru de 69% (passant de 1,835 à 3,107 milliards $), alors que les revenus n’ont augmenté que de 34% (2,019 à 2,700 milliards $).*  Résultat: le surplus budgétaire de 184 milliards $ que lui avait légué Bill Clinton s’est transformé en déficits annuels dépassant les 400 milliards $. (Voir tableaux Huit ans d’administration Bush.)
     La croissance des dépenses vient en très grande partie de l’augmentation des dépenses militaires, celles-ci étant passées de 314 à 598 milliards $ (une croissance de 91%).  Par comparaison, les dépenses reliées aux programmes sociaux ont grimpé de 128 à 176 milliards $ (37%), celles reliées au fonctionnement du gouvernement de 61 à 82 milliards $ (35%) et celles des différentes agences fédérales de 107 à 131 milliards (14% seulement). Conséquemment, durant cette administration, la dette nationale s’est accrue de 3,000 milliards - passant de 5,700 à 8,700 milliards $ - soit une augmentation de 52%!
     Qui plus est, dans son dernier énoncé budgétaire, en 2001, le président Clinton avait prévu que les dix prochains budgets seraient en surplus. (Tableau ci-dessous.) Si son successeur avait donc suivi les grandes lignes de cette planification, les surplus accumulés auraient totalisé 2,500 milliards $, effaçant du coup près de la moitié de la dette nationale.  Or, au lieu de cela, les budgets de George Bush prévoient l’accumulation de 2,500 milliards $ en déficit d’ici 2012.
 
Surplus bugétaires prévus par Clinton comparés aux déficits de Bush
(en milliards $) 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2002 Total
Budget Clinton +184 +186 +185 +195 +215 +256 +292 +314 +329 +363 +2519
Budgets Bush +128 -158 -378 -413 -318 -248 -162 -410 -407 -160 -95 +48 -2573

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     Ce graphique met côte à côte l’évolution des dépenses militaires depuis l’an 2000 (en noir) et celle des déficits annuels (en rouge).  On observe qu’au début de la décennie (sous l’administration Clinton), le budget américain était en surplus (en bleu).
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* Notons que nous comparons ici le budget déposé par Bill Clinton en février 2000 avec celui déposé par George Bush en février 2008.
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Le lourd héritage de George Bush

     George Bush dévoile son dernier budget en tant que président des États-Unis, budget qui couvre l’année 2009 commençant le 1er octobre prochain.  Ce budget, qui totalise 3,107 milliards $, met toujours autant l’accent sur la «lutte au terrorisme».  Ainsi, la Défense nationale reçoit 515 milliards $ - 36 milliards $ de plus que cette année –, la plus importante somme accordée depuis la Seconde guerre mondiale.  De surcroît, l’agence responsable de la sécurité du territoire recevra 38 milliards $ (en hausse de 3 milliards), alors que 70 milliards $ sont budgétés pour la poursuite des guerres en Irak et en Afghanistan.
     Une fois de plus, Bush sabre dans les programmes sociaux tout en proposant des réductions d'impôts de 145 milliards $. Tout compte fait, le président prévoit un déficit de 407 milliards $ pour l’année 2009, auquel pourraient s’ajouter des dizaines de milliards pour couvrir des dépenses de guerre imprévues.  Le président envisage néanmoins un retour à l'équilibre budgétaire pour 2012. 
Voir le budget en détail
     «Ce qui restera des années Bush, commente le New York Times, ce seront de gigantesques déficits, des forces armées décimées par la guerre et qui nécessiteront des centaines de milliards pour être remises en état, ainsi que des programmes sociaux réduits au minimum afin de financer les mésaventures militaires et les malencontreuses réductions d’impôts pour les plus riches.»
     «Le budget 2009 est un terrible ramassis de mauvaises priorités, de politiques fiscales erronées et de legs désastreux que M. Bush laissera à son successeur», poursuit le quotidien. On constate entre autres que l’équilibre budgétaire annoncé pour 2012 ne prévoit aucun fond pour la poursuite de la guerre au-delà de 2009.  Cet équilibre suppose aussi d’importantes coupures dans les programmes Medicare et autres pour les pauvres.
     «M. Bush a hérité d’un surplus budgétaire de l’administration Clinton, rappelle le journal new-yorkais, qu’il a bien sûr converti en réductions d’impôts.  Il a ensuite continué de couper les impôts, même lorsqu’il a entrepris sa guerre en Irak - guerre qui a coûté jusqu’ici 600 milliards $.  Et loin de se repentir, il s’emploie désormais à rendre permanentes ses baisses d’impôts, alors même que l’économie ralentit et que les revenus diminuent - une véritable castastrophe fiscale.»

Source: U.S. Office of Management and Budget, U.S. FY 2009 Budget Request, 4 février 2008 ; Éditorial, «Lame-Duck Budget», The New York Times, 5 février 2008 ; Éditorial, «Final Spin on the Budget», The New York Times, 8 février 2008 ; Thom Shanker, «Pentagon Seeks Record Level in 2009 Budget», The New York Times, 3 février 2008.

Voir aussi: Richard W. Stevenson, «The President's Budget Proposal: Clinton's Budget Stresses Surplus And Having It All», The New York Times, 8 février 2000.
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Le marché du travail au Québec

     Selon Statistique Canada, en janvier 2008, il y avait 6,345,400 Québécois et Québécoises âgés de 15 ans et plus.
     De ce nombre, 4,176,200 constituent la «population active» disponible sur le marché du travail.  Cela représente un «taux d’activité» de 65,8% pour les 15 ans et plus.
     De ce nombre, 3,891,500 personnes travaillent et 284,700 sont au chômage. C’est dire que 61,3% de la population des 15 ans et plus est au travail alors 6,8% des travailleurs sont en chômage. 
     Enfin, de tous ceux et celles qui travaillent, 3,173,300 le font à temps plein et 718,200 à temps partiel.  C’est dire que 93% des travailleurs québécois sont à temps plein et 7% à temps partiel.

Comparaisons des quatre principales provinces canadiennes
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Québec Ontario Alberta Colombie-
Britannique
Taux d'activité 65,8 % 67,9 % 74,5 % 66,6 %
Taux de chômage 6,8 % 6,3 % 3,2 % 4,1 %
Taux d'emploi 61,3 % 63,6 % 72,1 % 63,9 %
Les données de ce tableau montrent que le marché du travail au Québec et en Ontario se compare - l’Ontario performent un peu mieux que le Québec -, alors que la situation est plus favorable dans l’Ouest, particulièrement en Alberta (comme on doit s’y attendre).

Source : Statistique Canada, «Enquête sur la population active, janvier 2008», Le Quotidien, 8 février 2008.

Pour connaître les définitions précise et savoir de quoi on parle exactement, consultez l'Information sur la population active.
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Si seulement on savait…

     En éditorial, le New York Times condamne les entreprises de charité qui s’en mettent plein les poches.  À titre d’exemple, on y dénonce Roger Chapin, qui dirige la Coalition to Salute America’s Heroes et la Help Hospitalized Veterans qui collectent des millions $ mais dont 70 à 80% sont engloutis en «frais d’opération»!  Évidemment, souligne-t-on, aucun des donateurs, qui croient venir en aide aux vétérans des guerres d’Irak et d’Afghanistan, n’imaginent que les trois quarts de ce qu’ils contribuent servent à n'enrichir que quelques-uns.
     Devrait-on obliger la divulgation des frais d’opération de ces entreprises de charité?, s’est récemment demandé Henry Waxman, représentant au Congrès américain qui enquête sur le sujet.  «Si nous le faisions, lui aurait répondu Chapin, ce serait la fin de notre business. Plus personne ne ferait des dons»!

Source: Éditorial, «An Intolerable Fraud», The New York Times, 8 février 2008.
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Kosovo : naissance d’un nouvel État

     Le 18 février 2008, le président du parlement du Kosovo proclame: «Le Kosovo est une république, un État indépendant, démocratique et souverain.» Proclamant son indépendance de la Serbie, il devient le 193è État de la planète.  «À partir d'aujourd'hui, le Kosovo est fier, indépendant et libre!, avait déclaré le premier ministre Hashim Thaci avant le vote à l'unanimité. Nous n'avons jamais perdu foi dans le rêve qu'un jour, nous compterions parmi les nations libres du monde.»  Le drapeau du pays (ci-haut) présente une carte du Kosovo dorée sur fond bleu clair avec six étoiles - une pour chacun des six principaux groupes ethniques formant l’État.
     Le Kosovo faisant environ 150 kilomètres d"Est en Ouest et autant du Nord au Sud (carte ci-contre), il s’agit d’un État de taille modeste, équivalent à la région métropolitaine du Grand Montréal.  Placé au cœur du Québec, il occuperait l’espace compris entre les villes de Saint-Jean-sur-Richelieu et de Ste-Agathe et de Vaudreuil-Dorion à Drummondville. Ses 2,2 millions d’habitants correspondent à la population de Montréal et de Laval. 

Pour en savoir plus: le Kosovo selon Wikipédia.
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La prédation sur Internet: pas ce qu’on nous en dit…

     «Les médias laissent entendre que ces crimes sont violents, que les agresseurs bernent des enfants très jeunes, mais ce n’est vraiment pas le cas», affirme Janis Wolak, une sociologue du Centre de recherche sur la criminalité contre les enfants de l'Université du New Hamsphire qui étudie la prédation sur Internet depuis des années. Au contraire, a-t-elle constaté, ces agresseurs sont très ouverts, ils ne cachent à personne qu’ils sont des adultes, et cachent rarement leur intérêt sexuel.»
     De fait, le scénario qu’on nous rapporte si fréquemment - un pédophile se faisant passer pour un enfant pour en leurrer d’autres - relève plutôt de la légende urbaine.  Se basant sur les trois mille entretiens qu’elle a réalisés avec des internautes âgés de 10 à 17 ans et sur 612 entrevues avec des policiers, Mme Wolak constate que les agresseurs sexuels opèrent bien souvent à visage découvert. Dans bien des cas, ils échangeront longuement avec leur victime afin de gagner leur confiance. 
     «Cette étude nous montre exactement ce à quoi nous avons affaire depuis des années». confirme Xavier Von Erck, fondateur de Perverted Justice. un groupe créé en 2003 afin de pourchasser les pédophiles. 
     Les résultats de l’enquête menée par Janis Wolak sont publies dans la revue American Psychologist de février 2008.

Source: Martin Croteau, «Le nouveau visage des cyberprédateurs», La Presse, 18 février 2008.

Voir aussi: University of New Hamsphire, «Youth Online Exposed to More Porn but Fewer Sexual Solicitations, according to New Study», 9 août 2006.
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Petit exercice d’estime de soi

     Selon un sondage réalisé par les Producteurs laitiers du Canada auprès de trois mille femmes, 50% d’entre elles dont le poids est «santé» veulent néanmoins perdre du poids, de même que 22% de celles qui sont sous leur poids santé. «Neuf femmes sur dix disent qu’elles auraient une meilleure opinion d’elle-même si elles perdaient du poids», rapporte Fannie Dagenais, diététiste et directrice du groupe d’action sur le poids ÉquiLibre
     «Mais pensez aux gens que vous appréciez le plus autour de vous, suggère-t-elle.  Pensez aux gens que vous aimez le plus… Et pensez maintenant aux raisons qui font que vous les appréciez tant?»
     «Ce n’est certainement pas leur poids ou leur apparence qui vous viennent en tête de liste!  Vous pensez sans doute davantage à leurs forces, à leurs qualités, à ce qu’ils ont réalisé dans le passé, à la façon qu’ils ont de vous parler, de vous remonter le moral le jour où ça va moins bien…»

Source: Émission Christiane Charette, «Une table ronde sur l'obsession du poids», Société Radio-Canada, 18 février 2008. 
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Le « vrai » budget américain : 
un tout autre portrait de la réalité 

     Il y a un phénomène vraiment étonnant lorsque le président des États-Unis dévoile le budget du gouvernement (comme l’a récemment fait George Bush fils): on ne nous parle que de la portion discrétionnaire du budget. Or, celle-ci ne représente que le tiers de toutes les dépenses: 1,212 milliards $ sur les 3,107 milliards $ prévus pour l'année 2009.  L’autre portion, dite mandataire, est complètement passée sous silence.  (Notons, au passage, que ce n’est pas là une «cachotterie» de l’administration Bush puisque de tout temps les présidents américains comme les médias ne font état que du budget discrétionnaire.)  À quoi donc serviront les 1,895 milliards $ prévus au budget mandataire du gouvernement américain?
     Pour le savoir, il faut scruter à la loupe les données budgétaires, puisque nulle part on nous présente clairement la portion congrue du budget.  À croire qu’on cherche à nous cacher quelque chose…
     De fait, lorsqu’on repère ces sommes, on obtient un tout autre portrait des priorités financières du gouvernement américain.  Ainsi, lorsqu’on ne tient compte que de la portion discrétionnaire, on observe que les sommes consacrées aux activités miliaires (598 milliards $) accaparent 59% du budget, alors que les programmes sociaux ne comptent que pour 17%.  Par contre, lorsqu’on tient compte du budget total, on découvre que les dépenses militaires ne représentent plus que 26% et que les programmes sociaux grimpent à 51%! 
     Comment expliquer un tel renversement?  C’est que la portion mandataire du budget se compose en grande partie de fonds à caractère social, dont le financement des programmes Midicare (408 milliards $), Medicaid (224 milliards $) et d’aide sociale (644 milliards $)… ainsi que les frais d’intérêt sur la dette nationale (260 milliards $).  Le gouvernement américain serait donc beaucoup plus «social» et moins «militariste» qu’on nous le rapporte couramment.  Étonnant, n’est-ce pas?
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Ces deux graphiques montrent la proportion des crédits alloués aux différentes fonctions du gouvernement américain pour l’année 2009, selon qu’on ne tienne compte que du budget discrétionnaire (à gauche) ou du budget total (à droite).  On constate entre autres que si les budgets militaires (en noir et gris) accaparent la majorité du budget discrétionnaire, il en est autrement du budget total, puisque c’est plutôt le cas de la santé (en bleu) et de la sécurité sociale (en blanc).

Voir: Le budtget américain en détail,

Note: Les données qui permettent de reconstituer le budget total se trouvent dans le document The Budget of the President, FY2009
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Le plus grand tueur : le sida, 
la tuberculose ou la malaria ? Non ! 

     «Durant le 20è siècle, l’épidémie mondiale de tabagisme a tué cent millions de personnes.  Au 21e siècle, elle pourrait en tuer un milliard.»  [Cent millions de victimes, c'est plus qu'en ont faites toutes les guerres du siècle dernier!]
     C’est sur ces affirmations percutantes que s’amorce le premier rapport de l’Organisation mondiale de la santé faisant le point sur l'«épidémie de tabagisme» sévissant à l’échelle planétaire. L’OMS estime que cette année seulement, le tabac tuera plus de cinq millions de personnes, soit davantage que la tuberculose, le sida et la malaria réunis.  Et comme 55 millions de personnes décèdent chaque année sur l'ensemble de la planète, c'est dire que le tabac en tue à lui seul une sur onze. 
     Seulement 5% de la population mondiale est protégé par des mesures efficaces contre l’usage du tabac, déplore le rapport.  Il s’agit essentiellement des pays occidentaux, alors que les grandes multinationales du tabac répandent délibérément leur poison dans les pays en développement. «C’est là une stratégie mise de l’avant par les compagnies de tabac qui ciblent les jeunes, tout particulièrement les jeunes femmes.»
     Déplorant que le tabagisme soit la plus grande cause de mortalité qu’on puisse aisément prévenir, l’OMS recommande six grandes mesures pour combattre l’épidémie, dont la plus efficace: l’imposition de taxes élevées.  Dommage qu'elle ne recommande pas de bannir les compagnies de tabac. Pourquoi pas?

Voir: The WHO Report on the Global Tobacco Epidemic.

Source: WHO Report on the Global Tobacco Epidemic, 2008 - The MPOWER package.
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Conseils judicieux au gouvernement chinois

     Dans un éditorial pince-sans-rire, le New York Times propose «gracieusement ses bons offices» au gouvernement chinois au prise avec une crise de relation publique sans précédent. «Par suite des énormes protestations survenues à Londres et à Paris, où la flamme olympique s’est arrêtée dans son parcours vers Pékin, on rapporte que le gouvernement chinois chercherait à retenir les services d’une firme de relation publique afin de réparer les dommages causés à l’image de la Chine avant les Jeux olympiques d’août prochain. Dans un esprit d’idéal olympique, nous sommes disposés à aider la Chine – sans rien lui charger»!
    «Voici ce qu’il vous faut faire, poursuit-on.  Cessez d’emprisonner les dissidents.  Cessez de répandre des faussetés à propos du dalaï-lama et commencez à dialoguer avec lui au sujet des libertés religieuses et culturelles au Tibet.  Cessez de soutenir le Soudan dans son génocide au Darfour.  En d’autres mots, commencez à livrer les engagements que vous avez pris envers le Comité international olympique concernant le respect des droits de la personne – droits qui incluent, incidemment, celui de s’exprimer et de s’associer.» 

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     Dans Le Devoir, Christian Rioux écrit: «Si les Chinois peuvent aujourd'hui goûter les joies de Dior, Gap et Givenchy, cette liberté ne franchit pas la sphère politique, toujours dominée d'une main de fer par le Parti communiste chinois. Il n'y a rien d'inévitable à la démocratisation de la société chinoise, soutient avec raison le dissident Hu Ping, qui vit aux États-Unis. Pour l'instant, le boum économique chinois s'est plutôt accompagné d'une répression accrue. Bref, la Chine est toujours la plus grande prison du monde, mais elle a maintenant les moyens de ses ambitions... 
        Rappelons-nous les témoignages des dissidents soviétiques après la chute du mur de Berlin. Tous ont tourné un doigt accusateur vers l'Occident, demandant où étaient les grands esprits de l'Ouest pendant qu'eux croupissaient dans les goulags.»

Source: «The Torch and Freedom», The New York Times, 9 avril 2008 et Christian Rioux, «Les “voyous” chinois», Le Devoir, 11 avril 2008, p. A3.
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Flamme olympique : bel exemple 
de désinformation à la chinoise 

     Le 8 avril, alors que tous les médias du monde montraient avec quelle fougue les Parisiens ont protesté lors du passage de la flamme olympique dans leur ville. voici comment Le Quotidien du peuple – l’organe du Parti communiste chinois – rapportait l'événement: «… Jusqu’à ce jour, le relais de la torche olympique a été accompli avec succès dans quatre villes étrangères...  Partout où la torche est passée, elle a fait l’objet d’un accueil chaleureux par les habitants locaux...  À l’heure qu’il est, le relais se déroule sans heurt, selon un plan pré-établi…» 
     Pour sa part, le China Daily publiait un article intitulé «Warm réception in cold London» dans lequel on nous informe que: «Malgré le temps maussade, la flamme a reçu un accueil particulièrement chaleureux de la part des foules londoniennes…»  Le mercredi, le Quotidien récidivait avec San Francisco en fête pour l'arrivée de la flamme olympique.
     Curieusement, les mêmes médias ont par la suite adopté un tout autre ton, dénonçant plutôt le «kidnapping de la torche olympique par les séparatistes tibétains»: Des résidents chinois en France racontent le relais de la torche olympique à Paris.  Le quotidien y allait même de virulentes attaques contre le Tibet et le Daiaï-lama. dénonçant La mascarade sur le Tibet en publiant un télégramme de soutien envoyé par le Dalai lama à Mao en 1951 ainsi que des archives historiques montrant que le Tibet est une partie inaliénable du pays
     «Combien de temps encore les médias vont continuer cette désinformation rituelle et périodique?» se demandait avec justesse le Quotidien du peuple!
     Voilà des propos qui rappellent un autre exemple de désinformation largement véhiculé par nos médias: la Chine surclassera éventuellement les États-Unis, notamment en envoyant des hommes sur la Lune… Voir à ce sujet Le mythe de la Chine comme puissance mondiale du 21e siècle.
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La Chine, puissance mondiale du 21e siècle ?

     L’un des énoncés les plus répandus au sujet de la Chine prétend que ce pays deviendra la puissance dominante du 21e siècle.  Pour appuyer cette prétention, on avance souvent qu’elle sera bientôt une puissance spatiale capable de rivaliser avec les États-Unis.  Toutefois, cette affirmation ne résiste pas à l'analyse des faits. Voir: Le mythe de la Chine comme puissance mondiale du 21e siècle.
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Bush, plus stupide que jamais !

     Le président américain n’est pas réputé pour son intelligence, mais plutôt pour son esprit têtu.  En entrevue avec Martha Raddatz, la correspondante à la Maison-Blanche du réseau ABC, il illustre de façon si éloquente ces caractéristiques qu’il vaut la peine de le citer mot à mot.
     La journaliste commence par lui dire que depuis des années, la population américaine considère que la guerre en Irak est une erreur.  Visiblement déstabilisé, Bush répond:
Bush:.... Ouais… Eh bien… Regardez…  De toute évidence, j’ai à cœur ce que le peuple américain pense, car c’est lui qui paie cet effort de guerre.  Je pense que…  Je comprends que les gens n’aiment pas la guerre… Moi non plus, je n’aime pas la guerre… 
     Brillant comme réponse, n’est-ce pas?  Et la journaliste d’enchaîner:
Raddatz: Concernant l’Afghanistan, les services de renseignements nous disent que si à quelque part on est en train de planifier un attentat semblable au 11 septembre, c’est probablement dans cette région du globe…
Bush: Ouais.
Raddatz: … et non pas en Irak.
Bush: C’est probablement vrai.
Raddatz: Mais alors, pourquoi n’y concentrez-vous pas plus de ressources?  Pourquoi n’êtes-vous pas disposés à y envoyer davantage de troupes?
Bush: Parce que les [terroristes] ne sont pas en Afghanistan.  S’ils y étaient, ils seraient balayés.  Nous avons assez de puissance de feu pour affronter n’importe quelle cellule d’Al-Qaeda en Afghanistan.
Raddatz: Mais alors, pourquoi vos chefs d’État-major sont-ils si inquiets?
Bush: Parce que…  Nous sommes tous inquiets à propos de cette région.  C’est la région où Al-Qaeda s’était autrefois réfugié…
     Encore là, que de réponses brillantes!  Et ce n’est pas fini. Concernant la possibilité que le président n’assiste pas aux Jeux olympiques de Pékin. celui-ci répond sans hésiter:
Bush: Mes plans n’ont pas changé… [Les droits de la personne] ne sont pas un nouvel enjeu pour moi.  Chaque fois que je rencontre le président chinois – et je l’ai rencontré très souvent – je lui parle de liberté religieuse.
Raddatz: Mais votre présence aux Olympiques signifie quelque chose...
Bush: Oui, que j’encourage nos athlètes.  Voilà ce que cela signifie.  Je ne considère pas les Olympiques comme un événement politique, mais comme un événement sportif.  Et vous savez, j’ai parlé de liberté religieuse et du Darfour, et de la Birmanie, et du dalaï-lama avant les Olympiques, pendant les Olympiques et j’en parlerai encore après les Olympiques!  Mes plans n’ont donc pas changé.  Non, ils n’ont pas changé…
Raddatz: Rien ne vous fera changer d’idée.
Bush: Mes plans n’ont pas changé…
     Voilà qui résume parfaitement les huit années de la présidence de George Bush fils. 

Source: ABC News, «Exclusive Interview with President Bush», 11 avril 2008.
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Les bienfaits des changements climatiques 
déjà palpables

     Yves Gagnon est un producteur agricole qui pratique le jardinage écologique dans la région de Lanaudière (au Nord de Montréal) depuis plus de 25 ans.  Il observe aisément les effets concrets des changements climatiques.  «Lorsque nous sommes arrivés à Saint-Didace, nous avions une saison sans gel de deux mois et demi environ.  Nous avions la dernière gelée vers le 10 juin et la première gelée à la fin d'août. Maintenant, le dernier gel survient autour du 25 mai et le premier gel apparaît souvent en octobre.  On a donc gagné quarante jours sans gel, ce qui nous permet d’obtenir une production beaucoup plus importante.»
     Cet agriculteur très respectueux de l'environnement n’est pas pour autant «en faveur des changements climatiques», mais il constate qu’il y a de réels avantages à bénéficier d’une saison tempérée «plus longue lorsqu’on vit dans une zone nordique comme ici». Il souligne en outre que les insectes se reproduisent eux aussi mieux, un problème qui se contrôle en favorisant la biodiversité.  «Là où nous nous sommes établis [en 1980], la biodiversité était très faible, dit-il, ce qui permettait à certains insectes nuisibles de ravager nos cultures.  Mais à force de développer une biodiversité - en diversifiant nos cultures et en installant des sections ornementales (les fleurs attirant des insectes bénéfiques qui créent un équilibre dans le milieu de culture) -, on arrive à établir un équilibre…»
    Yves Gagnon relate ses 25 années d’expérience dans un ouvrage intitulé Le Jardin écologique.

Source: Radio-Canada, Pourquoi pas dimanche, 13 avril 2008.
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La faim sévit maintenant dans 37 pays !

     En début d’année, 2008 paraissait devoir être marquée par une récession s’amorçant aux États-Unis et qui pourrait entraîner le reste du monde dans une tourmente économique plus ou moins sévère.  Mais voilà qu’en avril apparaît une famine d’une ampleur inégalée: 37 pays sont actuellement confrontés à des crises alimentaires, rapporte l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).  Déjà, on observe des émeutes en Égypte et à Haïti…
     «La facture des importations céréalières des pays les plus pauvres du monde devrait augmenter de 56% en 2007/2008, après une hausse significative de 37% en 2006/2007, écrit-on.  Pour les pays à faible revenu et déficit alimentaire en Afrique, cette facture devrait augmenter de 74 %.»  Fin mars, les prix du blé et du riz avaient doublé par rapport à ceux observés un an plus tôt et les prix du maïs avaient augmenté de plus d'un tiers, selon la FAO.  En conséquence, les prix du pain, du riz, du maïs et de ses dérivés, du lait, de l'huile, du soja et d'autres produits de base se sont envolés ces derniers mois dans nombre de pays en développement. 
     Ces hausses seraient dues à l'envolée des cours internationaux des céréales, des tarifs du fret et du prix du baril de pétrole. Selon la Banque mondiale, l’accroissement de la production de biocarburants a aussi contribué à la flambée des prix alimentaires. «L’utilisation de ces nouveaux carburants a entraîné un surcroît de demande de matières premières telles que blé, soja, maïs ou huile de palme, précise-t-on. Mais cette flambée est aussi liée à la hausse des prix de l’énergie et des engrais, à l’affaiblissement du dollar et à l’application par certains pays de mesures d’interdiction des exportations.»  Selon l’organisme, la hausse des prix du blé s’est chiffrée à 181% sur les 36 mois qui ont précédé février 2008, alors que les prix alimentaires mondiaux ont au total progressé de 83%.
     Aux yeux de Robert Zoellick, président du Groupe de la Banque mondiale, la crise alimentaire pourrait se traduire par «sept années perdues» dans la lutte contre la pauvreté. «Dans certains pays, les avancées réalisées de haute lutte sur le front de la réduction de la pauvreté risquent à présent de s’inverser», dit-il. 
     «Pendant que bon nombre de personnes se soucient de faire le plein de leur réservoir, beaucoup d’autres de par le monde ont du mal à se remplir le ventre, et la situation devient de plus en plus difficile chaque jour», remarque M. Zoellick.
     Pour Jean Ziegler, rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation aux Nations Unies: «Quand le prix du riz flambe de 52% en deux mois, celui des céréales de 84% en quatre mois, on précipite deux milliards de personnes sous le seuil de pauvreté…  Quand on lance, aux États-Unis, grâce à 6 milliards de subventions, une politique de biocarburants qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d’un crime contre l’humanité pour sa propre soif de carburant…»

Sources: ONU, «FAO : la facture céréalière des pays pauvres s'envole», 11 avril 2008 ; Banque Mondiale, «Selon M. Zoellick, la flambée des prix alimentaires pourrait se traduire par “sept années de perdues” dans la lutte contre la pauvreté», 11 avril 2008 & «La hausse des prix alimentaires menace la réduction de la pauvreté», 9 avril 2008 ; C.LO, «Une hécatombe annoncée», Libération, 14 avril 2008 . Marc Lacey, «Across Globe, Empty Bellies Bring Rising Ange», The New York Times, 18 avril 2008.
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Des analystes militaires « indépendants »... 
payés par le Pentagone !

     Dans un long reportage, le New York Times révèle que plusieurs des plus réputés analystes militaires – qui passent fréquemment dans les médias américains - sont «payés» et «bichonnés» par le Département de la défense américaine pour propager, mine de rien, la propagande officielle!  Ce reportage sensationnel soulève une grave question: nos propres analystes militaires sont-ils aussi peu indépendants?  À lire «Behind Analysts, the Pentagon’s Hidden Hand», par David Barstow, The New York Times, 20 avril 2008.
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Troisième crise de l’année : l’hystérie pétrolière

     Après l’annonce en janvier d’une récession mondiale, puis de celle en avril d’une famine planétaire (dont on ne parle déjà plus!), voici qu’en mai, nous sommes secoués par ce qui pourrait bien être le plus grand choc pétrolier de tous les temps.
     Déjà, le 2 janvier, le prix du baril de pétrole avait atteint le seuil des 100 dollars américains alors que le 6 mai, un réputé analyste de la banque d'investissement Goldman Sachs prédit qu’il pourrait franchir les 200 $ d'ici deux ans!  Ces douze derniers mois, le prix du baril a doublé, passant de 62 à 122 $ (graphique ci-contre).
     Selon certains analystes, une telle prédiction contribue grandement à la hausse des prix puisqu'elle conditionne autant les consommateurs que les marchés à d’importantes augmentations à venir.  Pour d’autres, dont l’investisseur de génie George Soros, les spéculateurs seraient tout aussi à blâmer.  Selon lui, bien que des facteurs comme la faiblesse du dollar américain, de nouvelles tensions au Moyen-Orient et la demande chinoise en énergie pourraient expliquer en partie les augmentations, les cours du pétrole sont fortement influencés parce que les fonds d’investissements spéculent désormais sur la valeur du baril dans le but d'obtenir des rendements élevés et rapides.  C’est aussi l’avis d’Antoine Ayoub, professeur émérite à l’Université Laval qui jouit d’une renommée internationale en matière d’économie pétrolière.  Celui-ci estime en effet que le prix du baril est deux fois plus élevé qu’il ne devrait l'être, précisément à cause de la spéculation. 
     Mais toute médaille ayant son revers, M. Soros observe une «bulle spéculative» qui explosera tôt ou tard.  «La courbe de croissance des prix du baril de pétrole a la forme parabolique caractéristique d’une bulle», dit-il.  Il considère que cette bulle éclatera lorsque les États-Unis et la Grande-Bretagne seront en récession – ce qui réduira la demande.  Mais, surtout, il prédit que l’éclatement de la bulle provoquera en Grande-Bretagne une crise économique d’une ampleur sans précédente.  «L’augmentation des prix du pétrole et des aliments aggravera d’autant la récession, dit-il.  L’effondrement sera plus grave [que dans les années 1970] parce que s’y ajoutera une baisse de la valeur des maisons – ce qui n’a pas eu lieu à l’époque.»
     Évidemment, de telles prédictions pourraient bien ne jamais se concrétiser.  Toutefois, ce dont nous avertissent messieurs Soros et Ayoub (et plusieurs autres), c’est que nous sommes en présence d’une bulle spéculative, tout comme nous l’étions à la fin des années 1990 dans le domaine des technologies de l‘information et, plus récemment aux États-Unis, en matière d’hypothèques de maison à taux insensés.  Nous voilà donc prévenus…
 
Note: Dans un éditorial publié le 7 juillet, The Guardian parle des trois «F-words: food, fuel and finance» - c’est-à-dire de la crise alimentaire, de la crise pétrolière et de la crise économique.  «Trois grands problèmes assaillent l’économie mondiale, écrit-on.  Dans les pays riches, ils provoquent de la grogne et des pressions sur les gouvernements pour qu'ils agissent.  Dans les pays pauvres: émeutes et famines…  Et bien sûr, tous trois sont liés.»  Voir: «The F-words», The Guardian, 7 juillet 2008. 

Sources: Presse Canadienne, «Le baril de pétrole bientôt à 200$ ?», 6 mai 2008 ; Edmund Conway, «George Soros: rocketing oil price is a bubble» & «George Soros: 'We face the most serious recession of our lifetime'», The Daily Telegraph, 27 mai 2008 ; Martin Bisaillon, «Flambée du pétrole : une bulle spéculative au bord de l’éclatement», Le Journal de Montréal. mai 2008.
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«Montréal, l'une des métropoles les plus sécuritaires»

     Selon le bilan du Service de police de la Ville de Montréal, le taux de criminalité pour l'année 2007 a baissé de 8%, positionnant de nouveau Montréal comme l'une des métropoles les plus sécuritaires au monde.  Le nombre d'homicides a chuté de 2%, les tentatives de meurtres de 32% et les agressions sexuelles de 22%.  En outre, les crimes contre la propriété ont également baissé…  Voir les indicateurs précis dans Les plus récentes données sur la criminalitél.
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Clinton ou Giuliani à la présidence ?!

     Enfin, nous savons que le choix du prochain président américain se fera entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain.
     Après une déchirante course à n’en plus finir, Barack Obama remporte en effet la nomination démocrate aux dépens d’Hillary Clinton.  Or, avant même que ne débute cette course, les experts et analystes prédisaient que la présidence serait en fin de compte convoitée par la démocrate Hillary Clinton et par le républicain Rudolph Giuliani (ci-contre).  Non seulement la candidature de ce dernier s’est effondrée dès le départ mais, à l’été 2007, les médias nous avaient rapporté que tout était déjà perdu pour McCain! (1)
     Ce n’est pas la première fois que nos analystes et experts se trompent à ce point.  Il existe maints précédents dont, entre autres, en 1984, lors de la désignation du candidat démocrate à la présidence.  Bon nombre d’analystes prédisaient que le très populaire John Glenn avait d’excellentes chances de remporter la nomination.  Or, tout comme Giuliani en 2008, la candidature de l’ex-astronaute s’est rapidement volatilisée.  Pire: en 1991, les analystes estimaient avec tant d’assurance que le président George Bush père serait à coup sûr réélu que les principales têtes d’affiche du Parti démocrate ont préféré attendre l’élection suivante.  Résultat, un certain méconnu a tout de même tenté sa chance: Bill Clinton
     On dit souvent qu’en politique, six mois représentent une éternité.  C’est vrai puisque tout peut parfois changer très rapidement.  Cependant, on devrait aussi se rappeler que les analyses et prédictions – auxquelles on accorde tant de place dans les médias - s’avèrent le plus souvent erronées.
     En novembre prochain, qui d’Obama ou de McCain deviendra président?  Méfions-nous des analyses… qui nous indiquent que, pour l’heure, le premier devancerait légèrement le second.
 
Note:  La nomination d'Obama comme candidat démocrate à la présidence coïncide pratiquement avec le quarantième anniversaire de l’assassinat de Bobby Kennedy, lui-même aspirant démocrate aux élections présidentielles de 1968.  Cet anniversaire est passé sous silence, contrairement à celui de Martin Luther King deux mois plus tôt.  De toute évidence, tout le monde ressent un profond malaise: et si Obama devait subir le même sort que Kennedy et Luther King?
(1) Voir: Carl Hulse and Adam Nagourney, «Short on Money, McCain Campaign Dismisses Dozens», The New York Times, 3 juillet 2007.

Ressources: Jeff Zeleny, «Obama Clinches Nomination; First Black Candidate to Lead a Major Party Ticket», The New York Times, 4 juin 2008 & Adam Nagourney, «After Grueling Battle, Obama Claims Nomination», The New York Times, 4 juin 2008. Voir aussi «Remembering Our Father»: Lessons of the Magnolia Tree, par Kerry Kennedy, Taking 'No' for an Answer, par Joseph P. Kennedy II and The Delta in Our Home, par Kathleen Kennedy Townsend, The New York Times, 5 juin 2008.
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Vendredi étonnamment sombre !

     En ce printemps 2008, les nouvelles économiques sont mauvaises.  On parle beaucoup d’une dégradation de l’économie, particulièrement aux États-Unis, notamment de chômage et de baisses des cours boursiers, ainsi que de l’augmentation excessive des prix de l’énergie.  On ne parle pas encore de récession – nos dirigeants politiques faisant tout pour éviter de prononcer ce mot -, mais c’est tout comme.  L’avenir semble très «sombre»…  À preuve, il n’y a qu’à parcourir les quatre manchettes qui ornaient la une du site web du New York Times au soir du vendredi 6 juin: 

1°) Dow Slides 394 Points; Oil Surges $10.75

2°) Oil Prices Skyrocket, Taking Biggest Jump Ever

3°) Unemployment Rate Hits 5.5% as 49,000 Jobs Lost.

4°) Job Losses and Surge in Oil Spread Gloom on Economy.
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Une nouvelle vision de notre îlot cosmique

     L’idée qu’on se fait de l’Univers dans lequel nous vivons vient à nouveau d’évoluer.  Cela s’est produit quelques fois par le passé, notamment lorsque nous avons pris conscience, il y a quatre siècles, que nous habitons sur une planète qui gravite autour d’une étoile, ou encore lorsque nous avons réalisé, il y a un siècle, qu’on n’habite que l’une des milliards de galaxies qui constituent l’Univers. 
      Les astronomes ont d’énormes difficultés à déterminer à quoi ressemble au juste notre galaxie puisque nous sommes à l’intérieur.  Par conséquent, ils ont imaginé qu’elle devrait ressembler à la plupart des galaxies: des tourbillons plats et blanchâtres.  Une galaxie est un regroupement de milliards d'étoiles et de matière interstellaire liés par gravitation.  Chacune constitue un îlot cosmique perdu dans l'immensité de l'Univers.  Baptisée Voie lactée, notre galaxie se compose de deux à trois cent milliards d'étoiles qui forment un disque plat mesurant 100 000 années-lumière de diamètre.  Comme l’illustre le dessin ci-contre, les astronomes estimaient qu'elle devait comporter une demi-douzaine de bras enroulés en spirale autour du noyau lumineux.  Nous nous trouvons en périphérie, dans l‘un de ces bras (à gauche sur le dessin).
     Toutefois, à la suite de longues années d’observations réalisées à l’aide des plus puissants télescopes spatiaux, voici que les astronomes ont révisé leur modèle de l'îlot cosmique dans lequel nous habitons.  La Voie lactée apparaît plutôt formée de deux grands bras en spirale s’élançant à partir d’un barreau central (ci-dessous).  Qui plus est, on se trouve désormais entre l’un et l’autre de ces bras (au bas du dessin). 

     Cette «découverte» peut sembler ne relever que de la curiosité scientifique.  Cependant, comme il est rare qu’on assiste à une révision de la représentation de l’Univers dans lequel nous vivons, cette illustration mérite d’être contemplée…  Cliquez deux fois dessus pour admirer en détail notre petit coin d'Univers.

Source: NASA, «Our Milky Way Gets a Makeover», 6 juin 2008.
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« Nous détestons tant Israël que… »

     Les «ennemis» d’Israël ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit.
     Le 15 mai, dans un discours prononcé devant le parlement israélien. George Bush a parlé de «l'alliance inaltérable» entre les États-Unis et l’État juif: «La population d'Israël n'est peut-être que d'un peu plus de 7 millions, a-t-il dit, mais lorsque vous faites face à la terreur et au mal, vous êtes 307 millions parce que l'Amérique est à vos côtés.»  Un mois plus tard, à la veille d’une visite en Israël, Nicolas Sarkozy déclarait: «Je veux apporter un soutien, une assurance solennelle à la population israélienne et lui dire que la France sera toujours aux côtés d'Israël quand son existence et sa sécurité seront mises en cause.»
     Ce qu’il y a de navrant dans de telles déclarations, c’est que fort de l’appui inconditionnel des deux puissances, l'État israélien se sent parfaitement légitimé de ne pas négocier sérieusement avec l’État palestinien.  En effet, comme le démontrent maints exemples dans l‘histoire, pour que deux parties en viennent à s’entendre, il faut qu’elles se sentent relativement égales et/ou qu’elles possèdent des appuis (ou des forces) comparables.  Autrement, tout déséquilibre majeur conduit immanquablement à l’échec.  D’ailleurs, par le passé, Israël a maintes fois refusé de négocier avec des «faibles» - notamment avec Yasser Arafat, si affaiblie à la fin de sa vie, et avec Mahmoud Abbas, l’actuel président de l’Autorité palestinienne.  Ainsi, pour espérer que des négociations de paix aboutissent au Moyen-Orient, il faudrait plutôt que la pauvre petite Palestine bénéficie du soutien sans réserve de puissances comme les États-Unis et la France face à un État israélien déjà le plus puissant de la région.
     Incidemment, le 17 juin, on annonçait la conclusion d’une trêve entre Israël et la Bande de Gaza.  Or, cette portion de la Palestine est justement contrôlée par le Hamas, le «mouvement terroriste» qu’Israël est incapable de mâter.  Qui plus est, cet accord a été négocié sous l’égide de l‘Égypte, un État arabe (pro Palestinien) qui entretient des liens de paix avec l’État juif depuis des décennies.
     En renforçant la supériorité absolue que détient Israël, messieurs Bush et Sarkozy déclarent en quelque sorte: «Nous détestons tant l’État juif que nous l’encourageons à se maintenir en guerre».

À lire aussi: «Tough Love for Israel?», de Nicholas Krisfof, The New York Times, 24 juillet 2008.

Ressources: AFP, «Bush évoque le nazisme pour assurer à Israël le soutien de l'Amérique», 15 mai 2008 ; AFP, «La France sera toujours aux côtés d'Israël pour sa sécurité», 20 juin 2008 ; AFP, «La durée de la trêve avec Israël sera de «six mois», selon le Hamas», 17 juin 2008 & AFP, «Une trêve entre le Hamas et Israël en vigueur à Gazas, 19 juin 2008.
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À l’aube de la déroute du terrorisme ?

     Selon ce qu’on nous rapporte, la violence tendrait à s’estomper en Irak.  Thomas Friedman, reporter et globe-trotter émérite du New York Times – il séjourne fréquemment au Moyen-Orient depuis des années – relate que les Irakiens pourraient avoir pris leur sort en mains en se débarrassant de leurs extrémistes.  «J’ai toujours considéré qu’il n’y a qu’une seule chose de bonne à propos des extrémistes, écrit-il, c’est qu’ils ne savent jamais quand s’arrêter.» 
     Friedman rapporte ainsi qu’en Irak, l’organisation terroriste Al-Qaeda a basculé dans la tuerie des Sunnites qui s’opposaient à elle, décapitant à qui mieux mieux, imposant des mariages, s’attaquant aux chefs locaux et assassinant par centaines les rivaux chiites.  De l’autre côté, les extrémistes chiites ont tenté d’imposer un régime de type taliban à une population pourtant fortement laïque.  Avec le temps, ces oppressions ont suscité de part et d'autre la révolte - «On ne veut pas de cela ici!» - qui a mené tant les Sunnites que les Chiites modérés à bouter leurs extrémistes.
     Par ailleurs, Daniel Kimmage, analyste senior pour Radio Free Europe/Radio Liberty, relate que si Al-Qaeda a si bien su se servir d’Internet pour diffuser sa propagande, voilà que l’organisation est désormais confrontée aux échanges qu’imposent les nouveaux modes de diffusion comme YouTube. 
     «Al-Qaeda a bâti sa renommée grâce au sang et aux pixels, énonce-t-il, c’est-à-dire en commettant de sanglants attentats et en produisant un déluge de messages électroniques diffusé par médias de masse.»  L’analyste a par exemple recensé qu’au cours du seul mois de juillet 2007, Al-Qaeda a publié plus de 450 communiqués, articles, magazines, livres, enregistrements audio, clips vidéos et films plus longs.  «Toute cette production est disséminée à travers le monde via un vaste réseau quasi officiel», observe-t-il. 
     Toutefois, constate Kimmage, si les terroristes contrôlent parfaitement le message qu’ils diffusent, voilà qu’ils sont de plus en plus contestés sur YouTube.  «Une récente compilation des vidéos en langue arabe les plus visionnées au sujet d’Al-Qaeda en incluait une de l’“État islamique d’Irak” comportant des commentaires sarcastiques et des versets satiriques à l’encontre d’Al-Qaeda.  De même, des discours de bin Laden et de son adjoint, Ayman al-Zawahri, sont désormais commentés de façon pas toujours élogieuse…» 
     «Ce sont là des exemples qui montrent qu’une communauté en mesure de s’exprimer, particulièrement dans le monde arabo-musulman, pourrait bien devenir le talon d’Achille d’Al-Qaeda», estime l’analyste. 
     Ce qu’il y a de remarquable dans ce que rapportent les deux observateurs, c’est que le terrorisme des années 2000 pourrait bien subir le même sort que celui des années 1970.  En effet, bon nombre des groupes terroristes qui sévissaient à l’époque en Europe et aux Moyen-Orient sont disparus non pas parce que les gouvernements en sont venus à bout mais lorsque les militants de la base – ceux qui servent de chair à canon - ont fini par réaliser que leurs sacrifices ne menaient à rien. (1)  Ainsi, le jour où les candidats au martyr islamique réaliseront que la cause pour laquelle ils se sacrifient n’a nullement progressé depuis les attentats du 11 septembre et malgré les milliers d’attentats suicides – ce qui est bien le cas -, ils cesseront leur combat.  C’est ainsi que le terrorisme que nous subissons s’estompera – et non pas grâce à la «Guerre au terrorisme» menée de façon si absurde par nos gouvernements.  Friedman et Kimmage nous rapportent peut-être les premiers signes de cette fin éventuelle.
 
(1) Les raisons qui ont mené à la disparition des groupes terroristes des années 1970 (Septembre Noir, ETA, IRA, FLQ, Brigades Rouges, la Bande à Baader, etc.) ont été admirablement exposées dans une série radio en dix épisodes intitulée Mécaniques terroristes diffusée (entre autres) sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada à l’automne 2006.
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Note Un journaliste israélien (Ronen Bergman), qui suit de près ce qui se passe dans les coulisses des mouvements islamistes extrémistes (en surveillant notamment ce qui s’écrit sur les bloques et les chats militants), rapporte qu’on y relate qu’il est de plus en plus difficile de recruter des volontaires. «Les jeunes hommes sont réticents ou ont tout simplement peur de s’engager dans des attentats suicides, écrit-il.  Il se pourrait donc qu’on assiste ainsi au début de la fin du terrorisme par suicide…»  Voir: Ronen Bergman, «Living to Bomb Another Day», The New York Times, 9 septembre 2008.

Sources: Thomas L. Friedman, «Taking Ownership of Iraq?», The New York Times, 25 juin 2008 & Daniel Kimmage, «Fight Terror With YouTube», The New York Times, 26 juin 2008.
Voir aussi: Sabrina Tavernise, «Shiite Militia in Baghdad Sees Its Power Ebb». The New York Times, 27 juillet 2008.
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TQS : gare à la télé-poubelle ?

     En accordant à Remstar Diffusion inc. l'autorisation d’acquérir le réseau de Télévision Quatre-Saisons et d’exploiter sa licence de diffusion jusqu’en 2015, le CRTC protégerait «la diversité de l’information», l’objet de tant de débats ces derniers mois.  Toutefois, on a assez peu discuté du contenu télé que présentera le nouveau Mouton Noir.  Apparemment, les nouveaux propriétaires viseront la clientèle des jeunes hommes en leur offrant une programmation axée sur l’humour, le sexy et la violence.  Mais en quoi consistera au juste cette programmation?  Avec quelles émissions espèrent-ils intéresser les jeunes hommes?  Quel niveau d’humour leur offrira-t-on?  Ces questions nous concernent tous, car bien que TQS s’adressera à un certain public, comme télé généraliste, nous la verrons tous.  Peut-être vient-on de créer «un monstre», une sorte de télé-poubelle dont on dénoncera l’existence dans quelque temps?  Regrettera-t-on un jour d’avoir tant misé sur la sauvegarde d’une «source d’information différente» en négligeant de questionner de près les frères Rémillards sur ce qu'ils feront de TQS?
 
Note: mi-juillet, on nous annonce que Jeff Fillion, «le roi de la radio-poubelle» de Québec, pourrait animer une émission matinale à TQS.  Est-ce d’une telle télé dont on rêve?

Ressource: CRTC, «Le CRTC impose des conditions strictes à la transaction concernant TQS et reverra ces conditions en 2011», 26 juin 2008.
Voir aussi: Marc Cassivi, «C'est mieux d'être bon», La Presse, 30 octobre 2008.
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Comme si 30 000 meurtres ne suffisaient pas !

     La Cour suprême des États-Unis rend un jugement historique le 26 juin en se prononçant sur le sacro-saint droit de posséder des armes à feu – un droit qui toucherait à l'identité même de la Nation, proclame-t-on.  Il s’agissait pour le plus haut tribunal d’interpréter le fameux deuxième amendement ajouté à la Constitution américaine en 1789 et qui stipule que: «Une milice bien organisée étant essentielle à la sécurité d’un État libre, le droit des gens de posséder et de porter des armes ne doit pas être entravé.» 
     Depuis deux siècles, les juristes se questionnent sur ce que confère au juste cet amendement - un droit individuel ou collectif de posséder des armes - ainsi que sur la nature des armes protégées.  Or, pour la première fois, cinq des neuf juges de la Cour suprême interprètent que cet amendement garantit à tout Américain le droit de posséder une arme à feu et de s'en servir pour se défendre.  (Curieusement, personne ne relie plus ce «droit» à la nécessité de disposer de milices pour protéger l’État – un concept évidemment dépassé.)
     Sans surprise, ce jugement est applaudi par le président Bush, qui considère même qu’il s’agit «d’un grand jour dans l’histoire des États-Unis».  Il est tout aussi bien accueilli par le candidat républicain à la présidence, John McCain, qui en profite pour dénigrer son adversaire: «Contrairement à la vision élitiste [d’Obama (1)], qui prétend que les Américains sont attachés à leurs armes par dépit, le jugement d’aujourd’hui reconnaît que la possession d’armes est un droit fondamental et sacré, tout comme l'est celui de s’exprimer et de se réunir librement.»  Pour sa part, Barack Obama rapporte que: «J’ai toujours cru que le deuxième amendement protégeait le droit des individus de posséder des armes, mais je pense aussi aux communautés dévastées par la criminalité qui ont besoin de protéger leurs enfants contre la violence.»
     Selon le Center for Disease Control américain, les États-Unis sont le pays où on retrouve le plus d’armes en circulation: 200 millions (pour une population de 220 millions d’adultes âgés de 18 à 65 ans).  Pour sa part, le sénateur démocrate Dick Durbin rappelle qu’à Chicago (ville que représente Obama au Sénat), pas moins de 20 étudiants ont été abattus au cours de la présente année scolaire alors qu’en avril seulement, 48 fusillades ont éclaté en dix jours seulement.  Pour sa part, le maire de Chicago estime que «La seule chose que fera [ce jugement], ce sera d’augmenter vos impôts ainsi que le nombre de policiers, d’hospitalisations et de victimes de violence.»
     Le New York Times renchérit en rappelant que chaque année, 30 000 Américains périssent par armes à feu, soit à leur travail ou en se rendant à l’école ou au centre d’achat.  C’est plus de 80 par jour!  «La Cour suprême vient à coup sûr de garantir que davantage d’Américains périront de cette façon», écrit-on. (2)
     «Cette décision, poursuit le quotidien new-yorkais, coûtera la vie à d’innombrables innocents et entraînera d’incalculables souffrances en rendant les États-Unis encore plus dangereux.  Elle ternira davantage notre image à l'étranger en envoyant le message que nous prévilégions le droit des armes aux droits humains.»
     Le quotidien rappelle enfin que le juge Antonin Scalia (ci-contre), qui a rédigé la décision au nom de la majorité des juges de la Cour suprême, s’est récemment opposé à un autre jugement conférant des droits aux détenus du camp de concentration de Guantánamo.  Le tribunal considère que, selon la Constitution américaine, ces prisonniers ont le droit de contester leur détention devant des tribunaux civils américains.  Or, Scalia s’est dissocié de ce jugement, considérant qu’en octroyant des droits quelconques aux «combattants ennemis» prisonniers à Guantánamo, davantage d’Américains périront éventuellement. (3) «Cette affirmation, de conclure le New York Times, s’applique sans l’ombre d’un doute au jugement que vient de rendre la Cour suprême.»
 
(1) Le 6 avril, constatant qu'il avait du mal à rallier les électeurs de la classe ouvrière, Obama avait laissé filer qu’il s’agit de gens économiquement frustrés: «Il n'est pas surprenant que ceux-ci deviennent amers, qu'ils s'accrochent à leurs armes, ou à la religion, ou à la haine contre ceux qui ne sont pas comme eux, ou qu'ils rejettent les immigrants ou le commerce pour exprimer leur frustration.»  Ces propos ont déclenché une telle controverse que le candidat à la présidence a dû se rétracter: «Je n'ai pas formulé ma pensée comme j'aurais dû…»
(2) Adam Liptak, du New York Times, rapporte que le Département de la justice américaine a calculé qu’entre 1992 et 1997, une moyenne de 36 000 personnes ont péri chaque année par balle, soit 51% en se suicidant et 44% comme victimes de meurtre.  Ainsi donc, les détenteurs d’armes à feu seraient les premiers à périr par leurs armes... alors que le lobby des armes prétend toujours que celles-ci servent avant tout à protéger les innocents contre les malfaiteurs.
(3) Plus précisément, le New York Times rapportait que le juge Scalia a prédit que cette décision aurait des «conséquences dévastatrices et désastreuses», qu'«Elle entraînera presque assurément que des Américains seront tués. La Nation finira par regretter ce que la Cour a fait aujourd’hui…»

Sources: Linda Greenhouse, «Landmark Ruling Enshrines Right to Own Guns», The New York Times, 27 juin 2008 ; Editorial, «Lock and Load», The NewYork Times, 27 juin 2008 ; Associated Press, «Reactions to the Supreme Court striking down the DC gun ban», The New York Times, 26 juin 2008. (Ce dernier article cite les réactions de douze élus américains clairement identifiés comme républicains ou démocrates.  Or, les cinq républicains cités approuvent la décision de la Cour suprême, alors que quatre des sept démocrates la désapprouvent (les trois autres (dont Obama) étant plutôt mitigés).  À lire leurs propos «édifiants»...
Voir aussi: «Second Amendment to the United States Constitution» dans Wikipedia.
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Et si Dieu n’existait pas...

     Et puis il y a toutes ces religions qui prônent chacune l’amour. 
     Et qui fabriquent de la haine, des assassins, des terroristes.
     Pour telles ou telles croyances, des innocents meurent chaque jour.
     Tout ça au nom de dieu [dont] on ne sait même pas s’il existe ! 

     -- Grand Corps Malade, «Le Blues de l’instituteur»
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Où s’en va le monde : 
la Chine… déjà sur son déclin ?

     La Chine accorde une importance incommensurable - démesurée même - à la tenue des Jeux olympiques dans sa capitale le mois prochain.  Il n’y a qu’à parcourir la presse chinoise pour réaliser à quel point elle est prête à déployer toutes ses ressources.  (À titre d’exemple, elle a récemment lancé deux satellites – l’un météo et l’autre de communication – expressément pour les olympiades… ce qu’aucun autre pays hôte n’a fait.)  Tout indique que ces jeux sont pour elle l’occasion de faire valoir sa puissance et sa modernité.  Par conséquent, la Chine ne néglige rien pour parfaire son image.
     Toutefois, la dernière grande puissance communiste pourrait bien être sur son déclin.  En effet, elle sera frappée de plein fouet par la récession qui secoue l’Occident ainsi que par l’augmentation vertigineuse des prix de l’énergie.  Si la Chine a connu depuis quinze ans une croissance phénoménale, c’est bien parce qu’elle est devenue l’usine qui fabrique une bonne part des gadgets que nous consommons.
     Évidemment, si nous sommes contraints de diminuer nos niveaux de consommation – pour cause de chômage et d’augmentation du coût des denrées de base -, les usines chinoises en subiront les contrecoups.  Mais, il y a plus sérieux encore puisque la Chine importe de loin ses matières premières et les combustibles dont elle a tant besoin, avant d’exporter au loin sa production.  Si donc les cours pétroliers demeurent élevés, elle sera à jamais désavantagée.  Qui sait, reviendra-t-on un jour à des modes de production plus proche des marchés de consommation?
     C’est ainsi que le bouleversement économique qui s’annonce changera la donne.  Rappelons-nous que le Japon, qui était dans les années 1970-80 l’usine planétaire, ne s’est jamais remis de la récession des années 1990 puis de l’entrée en scène de la Chine. À son tour, cette dernière pourrait ne jamais se remettre de la récession des années 2000 et de la relocalisation de la production.

Et si la Chine sauvait le monde ?
     Mais n’allons pas trop vite: la Chine ne se laissera probablement pas faire.  Notamment, elle dispose d’imposantes réserves de dollars américains.  (On a longtemps craint qu’elle s’en serve un jour pour déstabiliser l’économie américaine.  Mais cette menace est passée puisque, du coup, la Chine se ruinerait tout autant.)  Toutefois, peut-on imaginer qu'elle sauve l’économie mondiale de la récession… afin de se préserver elle-même d’un effondrement économique?  Un État communiste à la rescousse du monde capitaliste!  Ce serait le monde à l’envers.  Et pourtant…
     Quoiqu’il advienne, l’économie mondiale se transforme à la lumière des bouleversements que nous connaissons et bien malin qui pourrait prévoir quels seront les résultats.  Ainsi, pour l’heure, tout indique que la croissance des coûts de l’énergie et la récession auront des impacts majeurs sur l’économie mondiale – c’est le moins qu’on puisse dire.  Mais s’il s’agissait d’une fausse alerte?  Si, par exemple, dans un an ou deux, tout était redevenu «comme avant», avec un baril de pétrole à 50-75 $ et selon une activité économique comparable à celle du début des années 2000?  Impensable, dites-vous?  Pourtant, cela s’est déjà produit, à la suite du choc pétrolier de 1973 et de la récession qui s'en est suivie.  Restera néanmoins les conséquences des changements climatiques et de l’épuisement de différentes ressources…  Nous vivons à une époque intéressante.
 
Com-
men-
taire: 
Combien ont décrié, dans les années 1990, la mondialisation et la relocalisation de la production et des emplois vers la Chine?  Il est vrai que ces bouleversements ont fait mal à des centaines de milliers de travailleurs occidentaux – ce n’est pas rien.  Mais, d'un autre côté, en intégrant la Chine à notre économie, on s’est évité une nouvelle course aux armes qui aurait pu être désastreuse.  Imaginons simplement que nous nous retrouvions comme dans les années 1950, en pleine guerre froide avec la Chine (comme autrefois avec l’Union soviétique).  Imaginons qu’on soit en train de dépenser des billions $ en armement de toute sorte, tout en menant différents conflits avec un État communiste se comportant comme l’URSS d’autrefois.  Non seulement ne serions-nous guère plus avancés sur le plan économique, mais le monde risquerait de basculer à tout moment dans une conflagration nucléaire fatale.  On a oublié les terreurs dans lesquelles ont vécu nos parents et grands-parents dans les années 1950-1970.  Les opposants à la mondialisation ignorent les coûts exorbitants qu’imposent les frontières fermées et le repli sur soi des États.  À n’en point douter, la mondialisation et la vive concurrence que nous livre la Chine sont nettement préférables à une guerre froide entre super-puissances prêtes à tout.
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Les biocarburants font des millions de victimes

     Le quotidien britannique The Guardian révèle que, selon une étude non publiée par la Banque mondiale, les biocarburants auraient provoqué une hausse de 75% du prix des denrées alimentaires.  Voilà qui contredit la prétention américaine à l’effet que la production de carburant à partir de plantes n’aurait contribué que pour 3% à la flambée des prix des aliments. 
     L’administration Bush lie plutôt ces hausses aux besoins alimentaires accrus de la Chine et de l‘Inde.  Or, l’analyse – la plus précise jamais faite - conclut que: «La croissance des revenus dans les pays en émergence n’a pas généré une forte augmentation de la consommation globale des céréales et elle ne constitue pas un facteur majeur dans les importantes augmentations des prix.» 
     Le quotidien avance que cette analyse n’aurait pas été diffusée afin d’éviter d’embarrasser l’administration Bush: «Elle placerait la Banque mondiale en conflit avec la Maison Blanche», indique-t-on. «Nos dirigeants politiques semblent vouloir supprimer et ignorer toutes indications à l’effet que les biocarburants sont l’un des principaux facteurs à l’origine des récentes augmentations des prix de la nourriture, estime Robert Bailey, conseiller politique à Oxfam.  Or, alors que nos politiciens se bornent à satisfaire les intérêts des lobbies industriels, les populations des pays pauvres n’ont plus les moyens de se procurer de quoi se nourrir.» 
     La Banque mondiale estime d’autre part que l’impact conjugué de la hausse des prix des produits alimentaires, des carburants et autres produits de base a provoqué une chute de 3 à 10% du PIB de 41 pays.  Elle calcule même que 100 millions de personnes ont été précipitées dans la pauvreté.  «Nous avons déjà vu des émeutes de la faim dans plus de 30 pays et les troubles liés à la cherté des carburants se multiplient, rapporte Robert Zoellick, président du Groupe de la Banque mondiale.  Ce que nous observons aujourd’hui, ce n’est pas une catastrophe naturelle, mais une catastrophe d’origine humaine et qui doit par conséquent être réglée par l’homme.»

Source: Aditya Chakrabortty, «Secret report: biofuel caused food crisis», The Guardian, 4 juillet 2008 ; Le Groupe de la Banque mondiale, «Selon le président Zoellick, le G8 se doit d’agir maintenant», 2 juillet 2008.
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Que feront les Américains des crimes 
de guerre commis par l’administration Bush ?

     Nicholas Kristof, chroniqueur au New York Times, lance un formidable débat en proposant la création éventuelle d’une «Commission Vérité» pour faire la lumière sur les crimes de guerre commis par les États-Unis dans la foulée des attentats du 11 septembre.
     Du coup, il relate les propos du major général Antonio Taguba, de la U.S. Army, qui a enquêté sur les supplices infligés dans la prison irakienne d’Abou Ghraib en 2003.  Dans un récent rapport, celui-ci affirme sans ambages: «Il ne fait aucun doute que l’actuelle administration a commis des crimes de guerre.  La seule question qui se pose maintenant est de savoir si ceux qui ont ordonné l’utilisation de la torture seront tenus responsables.»
     «Le fait que plus de cent détenus soient morts aux mains d’Américains en Afghanistan, en Irak et à Guantánamo est une honte nationale», commente le journaliste.  D’autant plus que plusieurs des détenus torturés sont innocents.  En effet, une équipe de professeurs de droit et d’étudiants (1) a analysé 517 dossiers de détenus de Guantánamo et trouvé que seulement 8% d’entre eux pourraient avoir été liés à Al-Qaeda.  Par contre, 55% n’auraient contribué à aucune activité hostile envers les États-Unis alors que les autres étaient accusés de «méfaits douteux»… comme d’avoir fui les bombardements américains!  Thomas White, ex-secrétaire de l’armée américaine, considère d'ailleurs que, dès l’ouverture du camp de concentration, «il était évident que le tiers des détenus qui y ont été envoyés n’aurait jamais dû s’y trouver».
     Il sera fort intéressant de voir ce qui se passera aux États-Unis à la suite du remplacement de l’administration Bush en janvier prochain.  On a cependant de bonnes raisons de douter qu’une Commission Vérité soit un jour instituée, ne serait-ce que parce que les dirigeants politiques en fonction préféreront probablement oublier ces «années de cauchemars» pour tourner la page et «regarder vers le futur».  Toutefois, les Américains étant toujours très bavards, on assistera à la publication d’une foule d’ouvrages dans lesquels des participants, des témoins et des observateurs livreront ce qui s’est réellement passé durant ces années d’abus.
     C'est même déjà commencé.  Ainsi, dans un récent ouvrage, Bush’s Law, Eric Lichtblau révèle entre autres que les services de sécurité intérieure auraient envisagé, dans les jours suivant les attentats du 11 septembre, de procéder à l'arrestation de tous les Américains d’origine arabe!  Heureusement que le commissaire à l’immigration et à la naturalisation de l’époque s’y est vivement opposé: «Messieurs, nous avons une chose qui s’appelle la Constitution!», aurait-il lancé lors d'une réunion ministérielle.  «En tout cas, moi, je n'y prendrai pas part.»
     De même, dans The Dark Side: The Inside Story of How the War on Terror Turned Into a War on American Ideals, Jane Mayer révèle l’existence du très secret bras droit du vice-président Cheney: David Addington.  «Pour lui, écrit la journaliste, absolument tout ce que le président voulait faire pour combattre le terrorisme était acceptable, qu’importe la Constitution, le Congrès ou les Conventions de Genève.  Cela incluait la torture, les saisies, l’écoute électronique sans mandat, la suspension de tout droit de contester et quoi d'autres…  Cet état d’esprit nous a donné Abou Ghraib, Guantánamo et les prisons secrètes de la CIA» (au sujet desquelles on ne sait encore rien). «Lorsque toutes les contraintes de la loi sont levées par ceux et celles qui sont au sommet du pouvoir, des choses horribles se produisent, ajoute le journaliste Bob Herbert.  Des prisonniers sont abusés physiquement et mentalement, jour après jour et mois après mois, jusqu’à ce qu’ils supplient de les laisser se suicider.  D’autres prisonniers sont battus alors qu’ils sont sur le point de mourir…»  (Voir d'autres révélations aussi glaçantes dans les articles The Real-Life ‘24’ of Summer 2008 et Madness and Shame.)

      Il sera tout aussi intéressant de voir comment le peuple américain - l'Américain moyen - se comportera d'ici quelque temps: assumera-t-il un blâme collectif ou tombera-t-il dans le déni ou l’oubli?  «C'est pas nous…, c'est pas de notre faute…, c'est à cause des “autres”…»  La publication de l’article de Kristof nous donne peut-être déjà un avant-goût puisque des centaines de lecteurs du New York Times ont commenté l’idée d’une Commission Vérité.  À lire: 
« The Truth Commission», par Nicholas Kristof, The New York Times, 6 juillet 2008.
« Torture at Abu Ghraib», par Seymour Hersh, The New Yorker, 10 mai 2004. 
« Broken Laws, Broken Lives: Medical Evidence of US Torture and 
Its Impact», un rapport des Physicians for Human Rights.
« Secret tactics dictated treatment of detainees», par Tom Lasseter, The Seattle Times, 18 juin 2008.
« U.S. hid suspects from Red Cross, files show», par Warren Strobel, The Seattle Times, 18 juin 2008.
« The General’s Report: How Antonio Taguba, who investigated the Abu Ghraib scandal, became one of its casualties», par Seymour Hersh, The New Yorker, 25 juin 2007. 
« The Real-Life ‘24’ of Summer 2008», par Franck Rich, The New York Times, 13 juillet 2008.
« Madness and Shame», par Bob Herbert, The New York Times, 22 juillet 2008.
(1) Mark Denbeaux, Joshua Denbeaux & students, «Report On Guantanamo Detainees: A Profile of 517 Detainees through Analysis of Department of Defense Data», Seton Hall University School of Law.
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Le G8… si mal compris

    Chaque année depuis 1975, la réunion des pays les plus industrialisés de la planète - ceux qui représentent 60% de l'économie mondiale - suscite de vives réactions.  Certains y voient la rencontre de comploteurs qui cherchent à imposer une mondialisation tant décriée, sinon même l‘embryon d’un gouvernement mondial si redouté.  D’autres se questionnent sur l’utilité d’une telle réunion, faisant valoir le peu de résultats concrets qui ressort année après année.  Quoi qu’il en soit, le sommet du Groupe des huit est l’occasion pour bon nombre d’organisations de faire valoir leurs préoccupations à l’égard d’un monde qui semble nous échapper.
     L’un des aspects les plus remarquables des 34 sommets du groupe est qu’ils ponctuent l’évolution de la société.  Si on dressait la liste des revendications faites d’un sommet à l’autre depuis 34 ans, on tracerait l’évolution des préoccupations populaires.  En outre, la façon selon laquelle celles-ci ont été revendiquées a grandement évolué.  Jadis, elles se faisaient lors de grandes manifestations populaires, parfois marquées par de violents affrontements.  Aujourd’hui, elles sont plutôt énoncées via la publication de communiqués, de rapports et d’études sur Internet - un formidable outil de mondialisation!
     Mais l’évolution la plus notable de ces sommets réside dans l’appellation du groupe.  À sa création, il s’agissait du G6, les «six pays les plus industrialisés».  Déjà en 1976, on parlait du G7, avec l’ajout du Canada, avant l’arrivée en 1998 de la Russie pour former le G8 actuel.  Et voilà qu’on parle d’un éventuel G9, G10 ou même d’un G13 avec l‘inclusion de la Chine, de l’Inde, du Brésil, du Mexique ou de l'Afrique du Sud.
     À quoi bon ces sommets? 
     Si on dressait la somme des réalisations et engagements pris au fil des ans en regard des résultats obtenus par la suite, on arriverait sans doute à un maigre bilan.  Et pour cause.  La raison d’être du G8 n’est ni d’annoncer ni de mettre en œuvre de grandes politiques visant à régler les problèmes de l’heure.  Il s’agit plutôt de discuter et de partager les points de vue entre chefs d’État ayant une vision commune du monde.  D'ailleurs, au point de départ, le G6 avait été créé afin de traiter «de façon informelle et décontractée des questions économiques et financières».
     En fait, il s’agit avant tout de la rencontre des principaux dirigeants de l’Occident qui partagent une vision de l’organisation sociale, politique et économique du monde: démocratie, libre circulation des personnes et des biens, liberté d’expression et mondialisation.  Or, le simple fait qu'ils se côtoient annuellement est important puisqu’il vaut mieux pour nous que nos dirigeants «se parlent» plutôt qu’ils s’ignorent les uns les autres.
     Plus important encore: chaque sommet nécessite une préparation, donc des réunions préalables entre les ministres et responsables de dossiers en économie et finances, en défense et sécurité internationale, en éducation, en développement international, etc.  Et comme l’objectif des sommets n’est jamais la publication d’un communiqué final faisant état d’«ententes historiques» – comme c’est souvent le cas lors de d’autres sommets internationaux -, il s’agit encore là de rencontres à caractère personnel entre hauts responsables.
     Curieusement, certains opposants au G8 semblent craindre que nos dirigeants tissent ainsi des liens privilégiés, comme si le monde se porterait mieux autrement.  Pourtant, l’histoire montre les conséquences de mésententes et de la méconnaissance entre dirigeants de puissance, notamment entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne – qui se sont faits la guerre durant des siècles mais qui se rencontrent à présent au sein du G8 - de même qu’entre l’Occident et le bloc communiste (qu’on est en train d’intégrer à notre monde).
     C’est ainsi que l’une des grandes réalisations du G8 est justement d’avoir invité la Russie à joindre ses rangs.  Au lieu donc de poursuivre une désastreuse guerre froide, voilà qu’on fait de l’ennemi d’hier l’un de nos partenaires à part entière.  Le jour approche où on fera de même avec la Chine.  Le Monde se porterait-il mieux autrement?
     Le G8 n’est pas une instance décisionnelle – comme il en existe tant d’autres –, mais la rencontre des principaux dirigeants de la planète qui se côtoient simplement pour discuter des affaires courantes.  Loin des oppositions qu’on retrouve si souvent dans d’autres instances et sans l’obligation de produire des résultats concrets – comme certains le souhaitent -, ils renforcent nos valeurs communes.  Qui dit mieux?

Ressources: Le G8 selon Wikipédia & Qu’est-ce que le G8? du Centre d'information sur le G8 de l'Université de Toronto.
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Rumeurs, rumeurs...
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Les rumeurs circulent mieux que la vérité.  Vous ne pouvez que nier, nier et nier…  Mais on vous demandera toujours: «Depuis quand avez-vous cessé de battre votre femme?»
- Un gestionnaire de la firme Lehman Brothers.
Je pense que toute personne qui déclenche ou propage une rumeur devrait être mise en prison.  Il s’agit d’un crime grave, plus grave qu’un délit d’initier, puisqu'il peut entraîner la destruction d’un bien ou de la vie de quelqu’un…
- James Dimon, president de JPMorgan
Source: Andrew Ross Sorkin, «Psst! Hear the Rumor of the Day?», The New York Times, 8 juillet 2008.
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De quelle façon voulez-vous mourir ?!

     «Combien d’entre-vous s’attendent à mourir un jour?», lançait récemment à un auditoire Joanne Lynn, une spécialiste de renom qui consacre sa carrière à aider les personnes au terme de leur vie.  Bouche bée, l'assemblée demeure un temps muet.  Puis quelques rires embarrassés fusent par-ci, par-là.  Enfin quelques mains se lèvent timidement.
     «Préféreriez-vous être âgé lorsque cela surviendra?», de poursuivre la gérontologue.  Cette fois, la réponse est plus tranchée.
     Elle propose ensuite trois scénarios.  «Qui préférerait mourir d’un cancer?», demande-t-elle.  Quelques mains se tendent.  «Ou alors: une défaillance cardiaque ou par emphysème?»  D'autres mains se lèvent.  «Ainsi donc, pour tous les autres, vous choisiriez la dégénérescence et la démence?»
     La médecin montre alors un tableau décrivant les trois façons les plus courantes de mourir chez les gens âgés, ainsi que le parcours par lequel ils passent et la durée pour chaque cas.
     La mort par cancer, dit-elle, survient souvent aux environs de 65 ans.  Elle se produit généralement au terme de bonnes années en santé qui se terminent par quelques semaines ou mois en descente rapide.  Un Américain sur cinq décède de cette façon.  [Probablement la même chose chez nous.]
     La mort à la suite de la défaillance d’un organe - généralement le coeur ou les poumons - se produit vers l’âge de 75 ans.  Elle afflige près d’une personne sur quatre, en lui imposant un parcours chaotique, la vie étant ponctuée de périodes de graves ennuis de santé espacées par de bonnes périodes de «stabilité relative», avant que ne survienne la défaillance fatale. 
     Dans le troisième cas, la mort arrive après un long déclin.  C’est la façon de mourir que nous redoutons le plus, rapporte Joanne Lynn, puisqu’on subit alors une interminable série de pertes humiliantes.  Environ 40% d’entre nous devrait terminer sa vie de cette façon, généralement vers l’âge de 85 ans.
     Ainsi donc, vaut-il mieux vivre jusqu’au bout ou être victime d’une mort plus rapide… mais plus ou moins prématurée?  Dilemme, n’est-ce pas?

Adapté de «‘How Many of You Expect to Die?’», par Jane Gross, The New York Times, 8 juillet 2008. (Voir aussi le Palliative Care Policy Center du Dr Lynn.)
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Le génocide du Darfour : 
une question de perspective ?

     Un génocide est-il une tragédie si horrible?

     Nicholas Kristof, chroniqueur au New York Times, pose cette question provocante étant donné que la communauté internationale se préoccupe si peu des massacres qui se perpétuent au Darfour depuis des années.  Face à ce constat choquant, il propose même un raisonnement peut-être bêtement réaliste.
     Certes, le génocide au Darfour est tragique, écrit-il, mais on se doit de le mettre en perspective puisqu'il ne s'agit que de l’une des nombreuses tragédies qui ont court dans le monde.  Ce serait même une tragédie relativement modeste en terme de vies humaines perdues!
     En effet, tous les génocides qui ont été perpétrés au cours des cent dernières années ont provoqué la mort de 10 à 12 millions d'êtres humains, rapporte Kristof.  Or, chaque année, autant d’enfants de moins de 5 ans périraient à cause de maladies et de malnutrition résultant de la pauvreté.  Autre exemple: la guerre civile qui sévit au Congo depuis dix ans a fait dix fois plus de morts que le génocide du Darfour.  Mais comme on considère ce conflit comme une guerre civile, et non pas un génocide, on ne s’en préoccupe guère.  Qui plus est, depuis cinq ans, la communauté internationale fait pression sur le Soudan pour qu’il cesse ses massacres au Darfour, avec pour résultat que la situation ne s’améliore pas du tout.
     Par contre, puisqu'on sait comment combattre la malaria et la mortalité infantile, on sauverait davantage de vies dans les pays pauvres si on consacrait les mêmes efforts qu'il le faudrait au Darfour…
     Comme quoi, tout est parfois si tragiquement relatif.

D’après Nicholas Kristof, «The Pain of the G-8’s Big Shrug», The New York Times, 10 juillet 2008.
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Le meilleur moyen de combattre les talibans :
l’instruction des filles

     Dans un article traitant d’un réseau d’écoles mis sur pied en Afghanistan par un philanthrope américain, le journaliste Nicholas Kristof souligne que chaque missile Tomahawk tiré par les États-Unis coûte au bat mot 500 000 $.  Or, une telle somme permettrait aux habitants locaux de construire et d’opérer une vingtaine d’écoles - un moyen plus efficace de combattre les talibans. «Les écoles produisent un effet nettement plus puissant que tous les missiles et la chasse aux talibans que nous menons à travers le pays, constate Greg Mortenson, à l’origine du réseau des 74 écoles de village.  Ces écoles sont principalement destinées à l’instruction des jeunes filles puisque M. Morterson a constaté que les (futures) mères instruites sont mieux à même de dissuader leurs garçons de prendre part à des activités terroristes.  «Je suis persuadé que la solution au terrorisme en général, et plus particulièrement en Afghanistan, passe par l’instruction. confirme le lieutenant-colonel Christopher Kolenda, qui se trouve justement sur le front afghan.  Notre guerre ne sera pas gagnée à l’aide de bombes, dit-il, mais avec des livres…»

Source: Nicholas Kristof, «It Takes a School, Not Missiles», The New York Times, 13 juillet 2008. 
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Échange de prisonniers : une ultime leçon de paix ?

     Enfin, Israël et le Hezbollah ont procédé à l’échange de la dépouille des deux soldats capturés en 2006, contre cinq «terroristes» et 199 autres dépouilles.  Toutefois, cet échange met un peu tout le monde mal à l’aise puisqu’il rappelle la terrible invasion du Liban à l’été 2006.  Surtout, il confirme la mort des deux soldats, ce qu’on soupçonnait déjà; il semble même qu’ils étaient décédés au moment où Israël a entrepris d’attaquer la population libanaise.
     Quand on sait que dans le but de libérer ces soldats, Israël a détruit les principales infrastructures du Liban, miné son territoire au moyen de milliers de bombes à fragmentation interdites, tué 1 300 Libanais et fait plus de 4 000 blessés, sans compter le déplacement d’un million de réfugiés…  Tout ça pour rien!  Pire: non seulement l’État juif n’a-t-il pas récupéré ses soldats, mais son échec a conféré au Hezbollah une légitimité et une crédibilité qu’il n’avait pas auparavant.  D’ailleurs, tant l‘État libanais qu’Israël doivent désormais composer et négocier avec ce mouvement guerrier (d’où l’échange de prisonniers).

     Peut-on espérer que cet échange – en regard de la veine tentative de procéder par la force – servira de leçon?  Montrera-t-il une ultime fois qu’on ne résout jamais les problèmes par la force, mais plutôt par la négociation?  D’autres exemples seront-ils nécessaires, après la multitude d’affrontements israélo-arabes et l’invasion américaine de l’Irak?  Nous faudra-t-il passer par un nouvel exemple; celui de l’Iran qu’on veut empêcher de se nucléariser?

... où la politique du pire à l'israélienne ?

     Le professeur Benny Morris, spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient à l’Université Ben Gourion, affirme: «Il est presque assuré qu’Israël s’attaquera aux installations nucléaires de l’Iran au cours des quatre à sept prochains mois.  Et tant les dirigeants à Washington qu’à Téhéran même [ainsi qu'à Tel-Aviv?] doivent espérer que l’assaut réussira, à tout le moins assez pour provoquer un retard significatif dans l’effort nucléaire iranien, sinon même son anéantissement total.  Parce que si l’attaque échoue, le Moyen-Orient sera presque à coup sûr confronté à une conflagration nucléaire, soit lors d’une frappe préventive déclenchée par les forces nucléaires israéliennes ou dès que l’Iran possédera l’arme nucléaire.»
     L'historien israélien suggère même que l’assaut pourrait survenir entre le 5 novembre (le lendemain des élections américaines) et le 19 janvier (la veille de l’assermentation du nouveau président), afin justement «de s’assurer qu’Israël bénéficiera encore de l’appui de l’administration sortante».  (Peut-on imaginer le nouveau président prendre ses fonctions dans un contexte aussi débile?!)

    Comme pour répondre à ce scénario diabolique, un éditorial du New York Times applaudit la décision du président Bush d’envoyer l’un de ces plus éminents émissaires discuter avec les autorités iraniennes.  «Bien qu’il se fasse tard, nous espérons que cela signifie que M. Bush et sa secrétaire d’État, Condoleezza Rice, ont tiré les leçons de sept années d’échecs en politique étrangère basées essentiellement sur l’isolement (quand ce n’est pas sur l’attaque) des adversaires des États-Unis.  Il y a en vérité peu de chance de résoudre les crises internationales lorsque notre pays refuse de s’asseoir à la table de négociation.»
     «Nous espérons aussi que cette décision signifie que le vice-président Dick Cheney et sa bande ont abandonné leur folle ambition de bombarder les installations nucléaires iraniennes, ou du moins que le président Bush leur interdit.» 
     Ainsi donc, qui l’emportera entre le scénario suicidaire d’Israël et un certain bon sens, bien que tardif, de la part des Américains?

Source: Benny Morris, «Using Bombs to Stave Off War» & «A Seat at the Table», The New York Times, 18 juillet 2008.
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Le scandale des subventions à 
l’industrie des biocarburants 

     C’est à coup de milliards $ que nos gouvernements subventionnent, année après année, l’industrie des biocarburants, contribuant de ce fait à faire augmenter le prix de nos aliments.
     C’est ce que révèle une étude économique publiée par l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques qui regroupe les gouvernements de 30 pays «attachés aux principes de la démocratie et de l’économie de marché».
     «Aux États-Unis, au Canada et dans l’Union européenne, le soutien public destiné à la fourniture et à la consommation de biocarburants devrait avoisiner les 25 milliards $ par an à l’horizon 2015, contre 11 milliards environ en 2006», indique l’Évaluation Économique des Politiques de Soutien aux Biocarburants de l’OCDE.  À lui seul, le gouvernement canadien attribue 2,2 milliards $ à la production des biocarburants, en plus d’accorder diverses exemptions de taxes. 
     Or, la réduction des émissions de gaz à effet de serre imputable aux biocarburants de transport - la raison première du financement public - atteindrait moins de 1% en 2015, estime le rapport.  Par contre, ces subventions feront croître de 5% le prix du blé, de 7% celui du maïs et de 19% celui des huiles végétales au cours des dix prochaines années.  Autrement dit, parce que nos gouvernements financent à même nos impôts l’industrie des biocarburants, voilà que nous payons plus cher nos aliments.
     Ce rapport, comme plusieurs autres analyses, démontre une fois de plus l’inefficacité de la production des biocarburants – une industrie si peu rentable qu’elle se doit d’être subventionnée massivement année après année. 
     Et si on investissait ces milliards dans l‘économie d’énergie et dans des mesures d’efficacité énergétique?, suggère-t-on.

Source: OCDE, «Un rapport souligne le coût élevé et le manque d’efficacité des politiques de soutien aux biocarburants dans les pays de l’OCDE» & Economic Assessment of Biofuel Support Policies, 16 juillet 2008.
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Sommes-nous en récession ?

     «Officiellement non», répond le journaliste Peter Goodman dans un reportage qui explique avec brio la situation économique aux États-Unis. 
     «L’économie n’est pas en récession tant que ne le décrèteront pas les analystes du National Bureau of Economic Research, un institut privé américain, explique-t-il.  Par contre, plusieurs économistes considèrent que la récession s’est amorcée il y a six ou sept mois déjà, malgré le fait que l’économie continue de croître (bien que très lentement).» 
     Plusieurs pensent que tant que l’économie croît, on ne peut être en récession, poursuit-il.  C’est faux puisqu’une récession est définie par le Bureau comme étant «un déclin significatif de l’activité économique durant au moins quelques mois».
     Or, puisque 485 000 Américains ont perdu leur emploi au cours des six derniers mois, puisque les usines réduisent leur production, puisque les ventes des magasins diminuent et puisque les consommateurs ont de moins en moins d’argent à dépenser à cause de l’augmentation des prix de l’essence et des aliments, les États-Unis sont probablement en récession. 
    «La question qui se pose vraiment est de savoir si on aura à traverser quelques années difficiles ou si ça durera toute une décennie», considère Kenneth Rogoff, ex-économiste en chef du Fond monétaire international et maintenant professeur à Harvard.  Autrement dit, les économistes se demandent plutôt si la crise actuelle – récession ou pas – sera aussi sévère que celles des années 1970-80, ou plus légère, comme dans les années 1990-2000.
     Dans son long article, Goodman fournit quantité de notions économiques éclairantes.  Par exemple, il explique que ce sont les spéculateurs qui sont à l’origine de la crise aux États-Unis en ayant fait doubler le prix des maisons entre 2000 et 2005.  Une façon juste d’apprécier le prix d’une maison est de se baser sur sa valeur locative.  Ainsi, entre 1985 et 2002, la maison américaine moyenne se vendait 14 fois sa valeur de location.  Par exemple, une maison qui pourrait se louer 2 500 $/mois - soit 30 000 $ par année - se vendait aux environs de 420 000 $.  Par contre, en 2006. elle se vendait 25 fois sa valeur locative, soit 750 000 $.  (Aujourd’hui, elle se vent aux environs de 20 fois sa valeur, soit quelques 600 000 $.)
     Comme bien d’autres analystes et observateurs, le journaliste fait remonter les causes de la crise aux taux d’intérêt très bas maintenus par la Réserve fédérale (américaine).  Ainsi, afin de faire face à la crise financière qui a secoué les marchés financiers à la suite de l’éclatement de la bulle technologique des années 1990, la banque centrale américaine a baissé ses taux d’intérêt.  Elle a fait de même au lendemain des attentats du 11 septembre, pour ensuite laisser faire les marchés.  Ce faisant, elle les a inondés de capitaux bon marché.  Résultat: les banques se sont mises à prêter à quiconque désirait se procurer une maison: «Plus besoin de faire une mise de fonds, ni même d’avoir un emploi stable, disait-on.  Nous vous prêterons volontiers!»  Évidemment, les institutions et agents de prêts hypothécaires étant payés à commissions et aux rendements – et les capîtaux étant abondants -, il devenait tentant de prêter sans trop d’égards…  Mais l’emballement du marché immobilier ne pouvait se poursuivre éternellement et, comme toute bulle spéculative, le tout s’est effondré l’an dernier.  Cela a provoqué des pertes financières atteignant aujourd'hui les 300 milliards $ - et probablement le billion $ d'ici un an - tout en précipitant des millions d’Américains dans l’abîme.
     Pour comprendre ce qui se passe aux États-Unis, lire: 
« Uncomfortable Answers to Economic Questions», par Peter S. Goodman, The New York Times, 19 juillet 2008,
« Given a Shovel, Americans Dig Deeper Into Debt», par Gretchen Morgenson, The New York Times, 20 juillet 2008,
« Too Big to Fail?», par Peter S. Goodman, The New York Times, 19 juillet 2008,
« Borrowers and Bankers: A Great Divide», par Gretchen Morgenson, The New York Times, 20 juillet 2008,
« The Culture of Debt», par David Brooks, The New York Times, 22 juillet 2008,
« The Education of Ben Bernanke», par Roger Lowenstein, The New York Times, 20 janvier 2008. 
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Et si le Québec participait à l’ambitieux 
programme d’Al Gore ?

     «Lorsqu’une personne est accro à la cocaïne, son problème n’est pas le prix élevé de sa dope.  C’est sa dépendance et tout ce qu’elle lui fait subir, énonce Thomas Friedman.  Par conséquent, la solution à son problème n'est pas de diminuer le prix de la cocaïne – puisque ça ne ferait que perpétuer la dépendance et tout ce qui va avec -, mais bien d’y mettre un terme.»
     Or, de même, nous sommes si accro aux carburants fossiles qu’on peut difficilement imaginer pouvoir s’en passer.  «La solution n’est donc pas d’abaisser le prix de l’essence, mais plutôt de recourir à des sources d’énergie propres, poursuit le journaliste.  Une partie de la solution consiste même à maintenir élevé le prix de l’essence et du charbon – nos dopes – afin de nous forcer à briser notre dépendance ainsi qu'à encourager la recherche d'alternatives écologiques.»
     Justement, dans le plus récent volet de sa croisade pour protéger l’environnement, Al Gore propose aux Américains d’«abandonner la production d’électricité à partir de carburant fossile pour recourir à l’énergie solaire, éolienne ou à toute autre forme d'énergie acceptable».  Qui plus est, à la manière de John F. Kennedy qui avait, en 1961, lancé le défi d'envoyer des hommes sur la Lune «avant la fin de la décennie», Gore déclare: «Aujourd’hui, je mets au défi notre nation de s’engager à produire, d’ici 10 ans, 100% de notre électricité à partir de ressources renouvelables, propres et exemptes de tout carbone.»

Et si on faisait notre part ?
     Le Québec pourrait contribuer de façon remarquable à cet effort en fournissant de l’énergie produite proprement.  Par chance, nous possédons un formidable potentiel hydro-électrique non développé.  Nous pourrions donc facilement alimenter l’Ontario et le Nord-Est des États-Unis en leur vendant une énergie aussi propre que celle produite dans les parcs de centrales solaires et éoliennes dont rêve Al Gore. 
     En prenant les devants - avant que les Américains ne le fassent -, nous pourrions améliorer grandement notre bien-être économique grâce aux milliers d’emplois créés lors de la construction des barrages.  Par la suite, les profits générés par l’exportation de notre électricité - des centaines de millions, voir des millards $ - s’ajouteraient année après année aux revenus du gouvernement.  (À quoi donc pourrions-nous utiliser ces sommes additionnelles?!)
     Bien sûr, pour ce faire, il faudrait d'abord cesser de s’opposer à tout développement hydro-électrique sous prétexte qu'on tient absolument à préserver notre environnement. Il faudrait plutôt faire la part des choses: ne pas autoriser n'importe quel projet, mais ne pas non plus s'opposer à tout développement quel qu'il soit.
     On reproche souvent à l’administration Bush et au gouvernement Harper leur entêtement à ne rien faire tant et aussi longtemps que la Chine et l’Inde n’agiront pas.  Mais n’est-ce pas la même chose lorsqu’on refuse toute exportation d'électricité sous prétexte que «c’est aux Américains et aux Ontariens de régler leurs problèmes énergétiques»?
     Ne devrions-nous pas prendre conscience qu’en développant l’hydro-électricité québécoise, nous contribuerions directement à diminuer la pollution produite par les centrales au charbon et au mazout ontariennes et américaines?  Refuser d’exporter nos surplus d’électricité, n’est-ce pas refuser de faire notre part pour préserver l’environnement?

Ressources: Thomas L. Friedman, «9/11 and 4/11», The New York Times, 20 juillet 2008, David Stout, «Gore Calls for Carbon-Free Electric Power», The New York Times, 18 juillet 2008 & Al Gore, «A Generational Challenge to Repower America». 17 juillet 2008.
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Les « émeutes de Montréal Nord » :
13 meurtres cette année à Montréal !

     Les médias ont fait grand état de l’«émeute» survenue le 10 août à Montréal Nord au lendemain d’une bavure policière qui a coûté la vie à un jeune résident de ce quartier.  À en croire certains, ce secteur de la ville serait sur le point d’éclater, sinon même d’être mis «à feu et à sang».
     Pour sa part, Yvan Delorme, directeur du Service de police de la Ville de Montréal, a fait ressortir que: «Cette année, on recense 13 meurtres sur le territoire de Montréal.  On n'a jamais vu un si petit nombre.»  Il s’agit en effet de moins de la moitié du nombre de meurtres qu’on enregistre normalement à ce stade de l’année (près de 30). 
     Non seulement Montréal détient-elle le record absolu du bas taux d’homicide pour une grande ville nord-américaine (moins de 45 par année), mais si on devait réduire celui-ci de moitié cette année, on atteindrait des niveaux inimaginables. (Des villes comparables en taille à Montréal, comme Chicago et Philadelphie, enregistrent 250 meurtres au cours des huit premiers mois d'une année, et 400 au total.)
     Que se serait-il donc passé si le nombre de meurtres avait plutôt doublé par rapport aux années passées?  Parions que certains médias auraient clanché de grands reportages et émissions spéciales sur la criminalité terrifiante de Montréal.  Mais comme on enregistre deux fois moins de meurtres que d'ordinaire, personne n’en fait grand cas…  Et si l’an prochain tout revenait à la normale – c’est-à-dire avec un taux d'homicide «deux fois plus élevé qu'en 2008»-, certains «crieront-ils au meurtre»?!  À voir…

Voir: Les plus récentes données sur la criminalité
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Une campagne électorale fait-elle une différence ?

     Six semaines de campagne électorale influencent–elles les résultats d’une élection?
     Tout à fait, si on en juge par ce qui s’est passé la fois précédente, lors des élections fédérales de l’hiver 2005-6. 
     Ainsi, d’après un sondage Ekos-La Presse-Toronto Star réalisé juste avant le début de la campagne, le Parti libéral de Paul Martin recueillait 38,7% des intentions de vote, contre 29,5% pour le Parti conservateur de Stephen Harper, 16,9% pour le Nouveau parti démocratique de Jack Layton et 10,6% pour le Bloc québécois de Gilles Duceppe.
     Or, six semaines plus tard, le PC obtenait 36,2% du vote, le PLC 30.2%, le NPD 17,5% et le BQ 10,5%. Tout compte fait, les Libéraux et les Conservateurs avaient «changé de place», alors que les Néodémocrates et les Bloquistes avaient conservé leurs votes. En conséquence, le PC obtenait 124 sièges, le PLC 103 sièges, le NPD 29 sièges et le Bloc 51 sièges.
     En ce début de campagne électorale, un sondage Segma publié par La Presse rapporte que 43% des électeurs s’apprêteraient à voter pour le Parti conservateur, le Parti libéral recueillant 25% des intentions de vote, le NPD 15% et le Bloc 8%.  Un tel vote, estiment les sondeurs, produirait un gouvernement majoritaire conservateur (183 sièges), alors que les Libéraux ne récolteraient que 62 sièges, le Bloc 46 et le NPD 16 seulement. 
     Évidemment, rien n’est joué.  À suivre donc… le 14 octobre!
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Mensonges bien balancés

     Comment se fait-il qu'un politicien nous mente en pleine face, sachant fort bien que nous saurons qu’il nous ment?, pose Paul Krugman, chroniqueur du New York Times
     C’est parce que les médias se font un devoir de rapporter une information «bien balancée», dit-il.  Ainsi, si quelqu’un affirme que blanc c’est noir, ils ne diront pas qu’il se trompe.  Non.  Ils rapporteront plutôt que des «adversaires» disent qu’il a tort.  Ou bien ils accoleront à ce grotesque mensonge un propos quelconque d’un adversaire afin de donner l’impression que tant l’un que l’autre dit n’importe quoi.

Source: Paul Krugman, «Bilzzard of Lies», The New York Times, 11 septembre 2008.
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Sarah Palin : présidente à la Dick Cheney ?

      Un chroniqueur du New York Times (Franck Rich) énonce un scénario qui donne froid dans le dos: et si les Républicains complotaient pour placer au côté d’un président faible une vice-présidente forte, comme ils l’ont fait en plaçant Dick Cheney derrière George Bush?
     «L’une des choses que nous a clairement montrée la convention républicaine et ses suites, c’est bien que John McCain est trop faible pour diriger la nation», écrit-il.  McCain nous a en effet montré qu’il peut être déclassé par n’importe qui, nommément par une gouverneure inexpérimentée, inconnue et venue d’un État lointain.  C’est ainsi que son élection «amorcerait plutôt la présidence de Palin, McCain servant d’un paravent encore plus faible que Bush.»  Selon l’observateur, «L’ambitieuse Palin et les forces belliqueuses qu’elle représente en ont parfaitement conscience. Vous pouvez déjà les voir piaffer d’impatience en se léchant les babines!» 
     Qui plus est, Palin ne sera qu’à «un battement de cœur» de la présidence détenue par un homme de 72 ans.  Nul besoin d’un sécnario de complot pour imaginer une suite...
     Ainsi, les fameux faucons néo-conservateurs, qui ont tant dominé l’administration Bush et à qui on doit (entre autres) la désastreuse invasion de l’Irak, s’apprêteraient-ils à revenir en force?! 

Source: Franck Rich, «The Palin-Whatshisname Ticket», The New York Times, 13 septembre 2008.
À lire aussi: Thomas Friedman,«Making America Stupid», The New York Times, 13 septembre 2008.
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Israël se serait préparé à attaquer l’Iran !

     Le journaliste Jonathan Steele, du quotidien britannique The Guardian, révèle qu’au printemps dernier, Israël aurait sérieusement envisagé aller bombarder les installations nucléaires d’Iran!  Citant une source diplomatique européenne «de haut rang», il précise que le premier ministre Ehud Olmert aurait profité de la visite de George Bush en Israël, le 14 mai, pour lui faire part de ses plans.  Le président américain aurait répondu qu’il ne supporterait pas une telle attaque.  «Le premier ministre Olmert aurait compris que le président Bush ne changerait pas d’idée d’ici la fin de son mandat», ajoute le journaliste.  Espérons-le.

Source: Jonathan Steele, «Israel asked US for green light to bomb nuclear sites in Iran», The Guardian, 25 septembre 2008.
Voiraussi: David E. Sanger, «U.S. Rejected Aid for Israeli Raid on Iranian Nuclear Site», The New York Tmnes, 10 Janvier 2009. 
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Qui de McCain ou d'Obama : 
choisir entre force et nuances ?

     Le premier débat entre les deux candidats à la présidence des États-Unis, le 26 septembre, n’a pas permis de faire «un gagnant», ni de dégager lequel des deux ferait le meilleur président.  Ce qui ressort à première vue, c’est qu’il s’agit d’hommes brillants qui veulent faire les choses différemment.  Qui plus est, ils se disent souvent en accord l’un avec l’autre.  Lequel des deux choisir?!
     Cependant, lorsqu'on y regarde de plus près, ce qui se dégage du débat, c’est la personnalité de chacun, particulièrement celle de John McCain.  Ce qui frappe en premier lieu, c’est le mépris que manifeste souvent celui-ci, notamment envers les Républicains et George Bush, mais aussi envers son adversaire.  Un bel exemple: «Nous, les Républicains, avons pris le pouvoir pour changer le gouvernement, mais c’est le gouvernement qui nous a changé» de dire McCain en rappelant que plusieurs membres du Congrès (pour la plupart républicains) croupissent en geole pour avoir abusé de leurs privilèges!  (Que penseront les électeurs républicains de tels rappels de la part de l'un des leurs?)  Quant à son adversaire, plusieurs fois McCain s'est adressé à lui sur un ton condescendant, lui disant qu'il ne comprend pas telle ou telle chose... «Je ne crois pas que le sénateur Obama possède les connaissances et l’expérience» nécessaires pour être président.  Lui qui a pourtant appuyé l'invasion de l'Irak, croyant fermement à l'existence d'armes de destruction massive et que l'intervention serait de courte durée, a soutenu qu'Obama «a fait preuve d’un jugement erroné dans plusieurs dossiers…  Vous savez, c’est le même genre d’entêtement qu''on retrouve dans l’administration actuelle», a lancé McCain!
    Maintes et maintes fois aussi, il a répété: «Je sais ce que je ferai… J’ai de l’expérience puisque j’ai été au coeur des décisions qui ont été prises à Washington ces 25 dernières années»… sans nous dire ce qu’il ferait au juste.  (Obama semble avoir été trop respectueux pour lui rétorquer: «Justement, sénateur McCain, ce sont les décisions auxquelles vous avez participées depuis 25 ans qui nous plongent à présent dans la tourmente.»)  McCain ressort aussi comme quelqu’un d’entêté qui collabore difficilement avec les autres.  Il se vente d’ailleurs de sa dissidence constante au Congrès, se présentant fièrement comme un «maverick» qui fait sans cesse cavalier seul.  «Je ne me suis pas fait beaucoup d’amis» auprès de ses alliés naturels, se vente-t-il également (on comprend pourquoi).  Par conséquent, il risque d’être un président isolé… comme l’est désormais George Bush.
     Plusieurs fois aussi montre-t-il qu’il mésinterprète les faits, notamment les propos de son adversaire.  Or, Obama a eu beau lui expliquer clairement qu’il se trompe, McCain persiste.  Un exemple parmi d'autres: McCain indique que jamais il ne discutera, de quelque façon que ce soit, avec les dirigeants de pays qui menacent les États-Unis, particulièrement ceux d’Iran.  Du coup, il fustige Obama pour son ouverture au dialogue.  «En invitant le président Ahmadinejad à la Maison-Blanche, vous lui conférerez une crédibilité qu’il ne mérite pas», a-t-il lancé à Obama.  Or, ce dernier a indiqué qu’il n’a jamais été question d’inviter le président iranien à la Maison-Blanche - «Ça n’a pas de bon sens, voyons!  Personne ne suggère une telle chose…»  Obama préconise plutôt des pourparlers à des échelons diplomatiques – au lieu d'une confrontation à la McCain - comme le fait justement depuis peu l’administration Bush vis-à-vis l’Iran et la Corée du Nord.  Non seulement est-il ressorti de cet échange que McCain rapporte mal les propos d’Obama, mais qu’il demeurera tout aussi fermé au dialogue que Bush l’a été durant l'essentiel de sa présidence.  Ainsi, sur une lancée qui rappelle le George Bush de 2002-2003, McCain a déclaré: «La Russie est fondamentalement un État gouverné par le KGB. Lorsque je regarde dans les yeux de M. Poutine, j’y vois trois lettres: K, G et B.»  Voilà qui promet si un jour le président McCain devait rencontrer ledit leader russe.
     Quant à Barack Obama, Il semble quelqu’un plus réservé, plus à l’écoute, plus sensible et plus nuancé, ce qui ne sont pas nécessairement des traits appréciés par les électeurs.  Alors que McCain se montre nettement porté à la confrontation – notamment envers l’Irak, l’Afghanistan et l’Iran - «On poursuivra la guerre au terrorisme jusqu’à la Victoire finale!», dit-il fermement -, Obama vise plutôt la recherche de solutions négociées en partenariat avec la communauté internationale. «Il faut envisager toutes les solutions possibles» dit-il en substance.  Hélas, de tels propos résonnent moins que la fermeté de McCain. 
     Par ailleurs, la semaine qui s’achève illustre à merveille la différence entre les deux hommes.  Dès le départ, le candidat démocrate s’est montré disposé à s’asseoir avec le président républicain pour résoudre la crise bancaire qui secoue Wall Street (et qui menace l’économie mondiale), alors que le candidat républicain entrave le processus pour des raisons idéologiques («Le gouvernement ne doit pas intervenir dans l’économie de marché - c'est du socialisme!»).
     Souvent, Obama propose une vision plus nuancée de la réalité que McCain et préconise des solutions moins drastiques.  Ainsi, en fin de débat, en regard du gouffre financier que laissera Bush, McCain a suggéré de geler toutes les dépenses gouvernementales - sauf les militaires -, alors qu’Obama préconise une révision programme par programme.  «Il y a de bons programmes, notamment en éducation auprès des jeunes enfants, qui méritent d’être augmentés…», dit-il.  Évidemment, il est plus facile de comprendre «qu’on gèle tout sauf la Défense» que: «On réfléchit à ce qu’on fera au lieu d’agir promptement.»
     Bref, ce débat semble faire ressortir qu’avec John McCain, on risque de se retrouver avec un président plutôt méprisant, qui écoute peu pour n’en faire qu’à sa tête.  D'ailleurs, tout son parcours et tout ce qu’il nous dit indiquent clairement que McCain n’est pas un homme d’équipe.  Par contre, si Barack Obama devenait président, on risque d’avoir affaire à un homme porté sur l’analyse, la consultation et le travail en équipe… mais qui paraîtra ainsi comme un leader indécis.  De quoi a-t-on le plus besoin?

Ressource: Transcript of presidential debate, Election Center 2008.
Michael Cooper and Elisabeth Bumiller, «Candidates Clash on Economy and Iraq », The New York Times, 26 septembre 2008 
Gail Collins, «McCain: Bearish on Debates», The New York Times, 27 septembre 2008
Nicholas D. Kristof, «Impulsive, Impetuous, Impatient», The New York Times, 27 septembre 2008
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Crise financière : le désastre Bush

Éditorial de Jean-Robert Sansfaçon, Le Devoir, 30 septembre 2008, p. a8

     Le rejet du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars par la Chambre des représentants américains est un échec personnel du président George W. Bush qui avait mis tout son poids dans la balance pour rallier une majorité de républicains à sa cause.
     C'est par un résultat de 228, dont 133 républicains, contre 205 que s'est terminé le vote qui devait permettre aux banques de vendre à perte leurs plus mauvaises créances pour éviter les faillites en cascade. Les républicains n'ont pas été les seuls à voter contre le plan qui avait fait l'objet d'une entente bipartite, puisque 95 démocrates ont aussi voté contre. Mais ce sont les républicains qui doivent assumer la responsabilité du résultat négatif à cause de leur opposition majoritaire à un plan concocté par leur propre président.
     Il fallait entendre le leader républicain John Boehner accuser la présidente de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, d'être responsable de l'échec à cause de son discours «partisan». Qu'a-t-elle dit de si grave, Mme Pelosi? Que cette crise était la conséquence des mauvaises politiques de l'administration Bush. Partisan peut-être, mais vrai! De toute façon, est-ce une raison suffisante pour voter contre une loi d'une telle importance? La vraie raison, c'est que les représentants républicains craignent comme la peste de payer le prix de cette crise lors des prochaines élections, en novembre. Car eux aussi feront face au jugement de l'électorat, et s'il est un personnage auquel ils ne veulent plus être associés, c'est bien George Bush!
     Main Street en a ras le bol des patrons de Wall Street qui se remplissent les poches beau temps mauvais temps, et qui ont quand même le culot de demander la charité publique quand ça va mal. Le hic, c'est que sans une intervention massive de l'État américain dans les circonstances actuelles, c'est tout le système financier mondial qui menace de s'effondrer.
     Le temps presse. Le crédit se fait de plus en plus rare, et les liquidités manquent à tous les échelons de la pyramide puisque tous les joueurs sont devenus extrêmement méfiants. Aujourd'hui encore, une autre grande banque, Wachovia, s'est laissé acheter par Citigroup qui fait pourtant partie des banques à problèmes. En Asie, les gouvernements comme celui de la Chine craignent pour la stabilité de leur économie et, depuis quelques jours, ceux d'Europe ont dû intervenir tour à tour pour nationaliser des établissements en faillite technique. Tout indique que la situation ira en s'aggravant si aucun plan d'ensemble n'est mis en place rapidement pour stopper l'hémorragie.
     Demain est jour de fête aux États-Unis. Il faudra donc attendre à plus tard cette semaine pour que démocrates et républicains s'entendent sur un nouveau plan de sauvetage de dernier recours. Cette fois doit être la bonne. Mais même si un plan est adopté, les problèmes seront loin d'être réglés puisque personne ne connaît la profondeur du gouffre dans lequel le système financier américain vient d'entraîner le reste de la planète.
     Décidément, l'administration républicaine du président George W. Bush s'apprête à laisser l'héritage le plus désastreux de l'histoire contemporaine des États-Unis d'Amérique.

Texte reproduit avec la permission de Le Devoir.
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Question au premier ministre du Canada

M. Harper, nous savons que si vous aviez été premier ministre en 2003, nos forces armées seraient allées en Irak, au côté des Américains.  Advenant que John McCain soit élu président des États-Unis et qu’il décide d’attaquer l’Iran – comme il le laisse entendre -, devons-nous nous attendre à participer à cette nouvelle offensive?
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SurInflation législative

     Nos dirigeants politiques et économiques nous disent que l’une des choses qu’ils redoutent le plus – et qu’ils combattent énergiquement depuis des décennies - c’est l’inflation.  Selon les circonstances, ils n’hésitent pas à ralentir l'activité économique, quitte à provoquer un peu de chômage, pourvu que l’inflation ne dépasse pas quelques pour cents par année.
     Il n’en est toutefois pas de même lorsque vient le temps pour eux d’élaborer un projet de loi.  Ainsi, le 20 septembre, le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, a déposé un premier projet de loi proposant que son gouvernement «vienne en aide à Wall Steet» en débloquant une somme de 700 milliards $.  Ce projet de loi tenait sur 3 pages
     Ce sauvetage des grands financiers américains a donné lieu à de vifs débats - c’est le moins qu’on puisse dire – durant deux semaines.  Résultat: une xième version du projet de loi a finalement été adoptée par le Congrès américain le 3 octobre.  Il s’agit de l’Emergency Economic Stabilization Act of 2008… qui tient sur 450 pages!
     Les médias rapportent que ces 450 pages dissimulent des millions $ d’«aide» à divers lobby – le fameux «petit lard» que cache tout projet de loi américain.  Comme quoi, même en pleine débandade économique, certains ne peuvent se retenir pour se graisser la patte… 

Ressource: Emergency Economic Stabilization Act of 2008, House Comittee on Financial Service; David M. Herszenhor, «Bailout Plan Wins Approval; Democrats Vow Tighter Rules». The New York Times, 3 octobre 2008. 
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Élections américaines : si la tendance se maintient…

     Ce n’est pas le pourcentage des votes exprimés qui désigne le nouveau président des États-Unis. mais le nombre de «votes électoraux» (démocrates ou républicains) remporté État par État.  Le gagnant doit remporter au moins 270 des 538 votes de ce collège électoral.*  C’est dire que ce qui importe de savoir n’est pas tant qui mène dans les sondages, mais quels États remportera Barack Obama et John McCain le jour du scrutin.
     Or, à un mois de l’élection, un décompte réalisé par le New York Times évalue qu’Obama mènerait dans des États représentant 189 votes électoraux et serait en bonne position dans des États comptant pour 71, pour un total de 260. Quant à John McCain, il mènerait dans des États totalisant 160 votes électoraux et serait bien positionné dans d’autres valant 40, pour un total de 200.  Enfin, six États, représentant 78 votes électoraux, demeurent chaudement disputés.
 
* Ici non plus, ce n’est pas le pourcentage des votes exprimés qui compte, mais le nombre de circonscriptions électorales remportées.  Au Canada, un parti politique doit remporter une majorité des 308 circonscriptions électorales pour être élu majoritairement (donc au moins 155), sinon, le parti qui a remporté le plus de circonscriptions gouverne minoritairement.  Au Québec, il faut remporter une majorité des 125 circonscriptions (au moins 63).  Ainsi, tant aux États-Unis qu’ici, un candidat ou un parti politique peut remporter plus de votes qu’un adversaire, mais terminer second (selon le décompte des votes électoraux ou des circonscriptions). 

Source: Adam Nagourney & Jeff Zeleny, «Economic Unrest Shifts Electoral Battlegrounds», The New York Times, 4 octobre 2008.
Voir: Collège électoral des États-Unis d'Amérique, Wikipédia.
Voir aussi: Adam Nagourney, «Changes Shift Toward Obama in Electoral Map», The New York Times, 10 octobre 2008.
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Pas de course automobile à Montréal en 2009 :
une si mauvaise affaire ?

     «Coup de théâtre»: Montréal pourrait ne pas être l’hôte de l’une des épreuves de Formule 1 en 2009. Va-t-on revivre le «psychodrame» de la perte des Expos de Montréal?  (Il y a vingt ans, ce club de baseball demandait à ce qu’on débourse des millions pour lui construire un stade au centre-ville… sans quoi Montréal allait perdre son «statut de grande ville du monde».)
     Or, face au réchauffement climatique, à la nécessité de préserver l’environnement, à celles d’économiser l’énergie et d’éviter le gaspillage de carburants fossiles, les courses d'automobiles ne sont-elles pas devenues totalement dépassées, anachroniques, sinon même le symbole d’un mode de vie à rejeter?
     On peut aussi se demander quels impacts a cette course annuelle sur la faune de l’île Notre-Dame, l’un des très rares territoires d'envergure proches de Montréal laissés à l’état sauvage le reste de l’année.  A-t-on déjà étudié les effets de l’épouvantable vrombissement des Formules 1 sur les milliers de petits animaux qui peuplent ce sanctuaire?  Quelles conséquences peuvent avoir les 130 décibels émis par ces machines infernales - qu'on entend à des kilomètres à la ronde - sur les animaux qui ne s’en trouvent qu'à quelques centaines de mètres seulement?
     La disparition de l’épreuve automobile écorcherait une fois de plus la réputation de Montréal. dit-on.  Mais, lorsqu’on regarde les villes qui font parti du calendrier de la Formule 1, on n’y voit pas les grands de ce monde (New York, Los Angles, Londres, Paris), ni même Toronto.  Et pour cause puisqu'aucune grande ville ne se distingue par un club de baseball ni par une course automobile.  Au contraire même.  Ce qui fait la réputation d’une ville, c’est toute autre chose: par exemple, Montréal s’est bâti la réputation d’une ville de festivités populaires tout au long de l’été, une ville sécuritaire, accueillante et respectueuse de tous et où il fait bon vivre.
     Si le cirque de la Formule 1 inaugure la saison des festivals montréalais, il ne cadre cependant en rien avec l‘image qu’on s’est justement donné.  On pourrait même se demander comment les valeurs véhiculées - vitesse, vacarme, clinquant et consommation – concordent avec la réputation recherchée par notre ville. 
     Dans les années 1990, on nous a fait subir un chantage éhonté avec le départ des Expos de Montréal. Le club de baseball est parti pour Washington et puis après?  Nous portons-nous plus mal pour autant? 
     Aucunement.  Bien au contraire.
     Rappelons-nous qu’à l'époque, Montréal subissait un important déclin économique, son centre-ville étant en train d’être déserté.  Or, aujourd’hui, à la suite d’une série d’initiatives de revitalisation, la ville est plus vivante que jamais.  Qu’en aurait-il été si on avait plutôt investi énergie et millions $ dans la construction d’un stade de baseball au centre-ville?  (On pourrait faire le même parallèle avec Québec, qui a perdu ses Nordiques et qui n’a pas eu les jeux olympiques d’hiver.  N’a-t-elle pas mieux fait de se consacrer aux célébrations de son 400e et de se refaire une beauté (durable) pour l’occasion?) 
     Le fait est que les véritable perdants du départ des Expos – et de la perte éventuelle de la Formule 1 – sont les médias pour qui les sports professionnels représentent de bons coups (et revenus) publicitaires. 
     Mais qu’en est-il de nous, citoyens, contribuables, travailleurs et résidents de la région montréalaise?  Quels impacts les Expos et la Formule 1 ont-ils sur notre qualité de vie (économique et sociale)?  Qu’a-t-on perdu avec le départ des Expos?  Et en laissant filer la Formule 1, ne ferait-on pas un bon coup aux bénéfices de l‘environnement - de notre environnement comme de celui des habitants de l’île Notre-Dame?

Payer ses impôts, se payer «la civilisation»

     «J’ai grandi dans une famille de classe moyenne, dans une banlieue très classe moyenne de Minneapolis, où mes parents m’ont enseigné que payer ses impôts – bien que ce ne soit pas nécessairement plaisant -, c’est la façon de défrayer la police et l’armée, les universités et les écoles publiques, la recherche scientifique et les soins de santé aux personnes âgées…  Personne ne l’a mieux dit que le juge Oliver Wendell Holmes: “J’aime payer des impôts, parce que je me paie ainsi la civilisation”.»

- Thomas Friedman, «Palin’s Kind of Patriotism», The New York Times, 7 octobre 2008.
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Des sommes affolantes

     Depuis le début de l’année, le gouvernement américain a englouti 30 milliards $ pour sauver de la faillite la banque d’investissements Bear Stearns, puis 85 milliards $ pour préserver l’assureur A.I.G., ainsi que prêté des centaines de milliards à différentes banques, rapporte David Leonhardt, du New York Times.  «En tout et pour tout, la Réserve fédérale a injecté 800 milliards $ dans le système financier américain, ce qui n’inclut pas d’importantes sommes qu’elle prévoit utiliser pour racheter les dettes à court terme d’entreprises en difficulté», écrit-il.  À cela s’ajoutent les sommes que le Trésor américain mettra de l’avant, dont les fameux 700 milliards pour secourir Wall Street, ainsi que les 200 milliards qui ont été injectés dans les géants des prêts hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac.
     «En 14 mois de crise, le gouvernement fédéral - c’est-à-dire vous et moi – a avancé de prodigieuses sommes», poursuit-il. [Sommes qui atteignent les 2 000 milliards $, soit 2 billions $.]  À titre de comparaison, le budget fédéral annuel des États-Unis est de 3 billions $.»  Bref, en 2008, l’administration Bush aura généré le plus grand déficit budgétaire de tous les temps et laissera derrière elle la plus importante dette nationale jamais contractée (et qu’on ne peut chiffrer pour l’instant). 

Et pourtant, certains n’ont rien compris !
     On rapporte par ailleurs qu’une semaine après que le gouvernement américain soit venu à la rescousse d’A.I.G. - en y injectant 85 milliards de l’argent des contribuables -, les dirigeants de l’entreprise se sont payés une semaine de retraite dorée au St. Regis Resort, en Californie!  Ils y ont englouti 442 000$, dont 150 000$ en nourriture et 23 000$ en spa…

Sources: David Leonhardt, «Ignoring Reality Has a Price» & Michael J. de la Merced & Sharon Otterman, «A.I.G. Takes Its Session in Hot Seat», The New York Times, 7 octobre 2008.
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«Folie boursière» : l’exemple du Dow Jones

     Le graphique ci-contre illustre l’effondrement «de la bourse». En moins de dix jours, la valeur de l’indice Dow Jones est passée de 10 480 à 8 540 $ américains.  Il y a très exactement un an (le 9 octobre), cette valaur atteignait pourtant un sommet de 14 165 $.  C’est dire que cet indice - qui reflète les cours de la bourse - a perdu 40% de sa valeur depuis un an, dont 20% ces dix derniers jours!
     Toutefois, pour cerner ce qui se passe réellement, il convient de considérer la situation sur un terme plus long.  Imaginons par exemple qu’au début de 2007, vous ayez acheté une part de l’indice Dow Jones. 
     Le 3 janvier 2007, vous auriez payé cette part 12 450$. Six mois plus tard, celle-ci valait déjà mille dollars de plus (13 500$), alors qu’au début d’octobre, elle dépassait les 14 000$.  C’est dire qu’en l’espace de dix mois seulement, votre placement se serait apprécié de plus de 12%.  Pas si mal, n’est-ce pas?
     Par contre, le 2 janvier 2008 – un an jour pour jour après votre achat -, le 12,450$ initial ne valait plus que 13 050 $ (soit 5% de plus qu’au départ).  Pire, au 1er juillet, il avait chuté à 11 380$ (soit -8½%).  Mais vous auriez néanmoins dû vous consolez puisqu’au 1er octobre, votre mise de fond ne valait plus que 10 800$ (-13%)… et seulement 8 540$ ce 9 octobre 2008 (-31%).

     Néanmoins, un observateur à plus long terme pourrait proposer le scénario suivant.  Supposons que vous aviez acheté une part du Dow Jones en… janvier 1980.  Vous l’auriez payée 850$ seulement. 
     Dix ans plus tard, votre part valait déjà 2 800$ (un bond de 230%), alors qu’une décennie plus tard (janvier 2000), elle atteignait les 11 000$ (pour un rendement de 1200%)!
     Somme toute, si vous aviez investi 850$ dans le Dow Jones en 1980, votre placement ne «vaudrait plus que» 8 500$ aujourd'hui…  Vous auriez néanmoins bénéficié d’un rendement de 900% (sur 29 ans). 
     Vous pouvez faire vos propres calculs et scénarios à partir des données fournies par le Dow Jones Industrial Average Index. (Ci-contre, l'évoluion de l'indice Dow Jones depuis 1900; on voit que la tendance générale est nettement à la hausse, malgré un certain nombre de crash boursiers.)
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Où s’en va l’économie, selon Warren Buffett

     «Dans cinq ou dix ans, nous regarderons l’époque actuelle en se disant qu’on aurait pu faire des achats extraordinaires [de titres boursiers]… Je n’ai aucune idée de ce que la bourse fera d’ici un mois ou dans six mois.  Ce que je sais, c’est que l’économie américaine fera très bien à la longue et que ceux qui en posséderont une portion se porteront bien aussi.» 
- L’investisseur Warren Buffett, 24 septembre 2008 sur les ondes de CNBC. (Buffett vient d'investir 5 milliards $ dans la banque d’investissement Goldman Sachs.)

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Pourquoi la crise est-elle planétaire ?

     Pourquoi la crise qui secoue Wall Street affecte-t-elle l’ensemble de l’économie mondiale?  Et pourquoi, malgré toutes les mesures et plans de sauvetage mis de l’avant par les gouvernements, les marchés financiers continuent-ils de s’effondrer?  Le chroniquer du New York Times Thomas Friedman propose l’explication suivante.
     À la suite de la chute du Mur de Berlin, pratiquement toutes les économies de la planète se sont converties au capitalisme.  Cela a fait entrer sur le marché d’importants capitaux qui ne demandaient qu’à être placés.  Il n’a pas fallu grand temps pour que de «petits génies de la finance» trouvent le moyen de convertir des hypothèques résidentielles et des prêts commerciaux - des transactions qui se font d'ordinaire entre un client et une banque locale, ou entre une entreprise et un groupe de banques – en des produits financiers abstraits et morcelés.  Ces produits ont été vendus à des grossistes qui les ont dissiminés partout à travers le monde. 
     Malheureusement, lorsque certains prêts n’ont pu être remboursés – comme cela arrive inévitablement -, c’est tout le système financier qui s’est trouvé infecté par ces créances devenues toxiques.  Éventuellement, tout le monde a cessé de prêter à tout le monde, personne ne sachant trop ce que vaut l’autre.  «Si les banques indiquaient honnêtement dans leur bilan comptable la somme totale de leurs créances toxiques, plusieurs d’entre elles feraient faillite». rapporte Thomas Friedman.
     Les gouvernements ont beau tenter de sauver le système, les marchés financiers réagissent en intimant les grandes banques: «Nous pensons que vous possédez de grandes quantités de créances toxiques, et si vous ne les dévaluez pas à leur juste valeur, nous, nous allons vous réévaluer…»  Et c’est ce qui se passe actuellement.
     «Le monde vient de se payer la plus formidable fête à crédit de tous les temps, écrit Friedman, et nous en payons le prix maintenant.  En conséquence, une part importante de notre richesse va s’évaporer.  C’est ce à quoi nous assistons: à un marché financier qui réévalue et rétablit sans ménagement la valeur de chacun des biens à travers le monde, considérant chaque action, chaque bond ou chaque traite selon ce qu’il vaut réellement en ce lendemain de folles dépenses à crédit.»

Source: Thomas Friedman, «The Post-Binge World», The New York Times, 11 octobre 2008.
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La crise boursière : une spirale infernale

     La crise actuelle s’est amorcée à l’été de 2007 avec l’éclatement de la bulle immobilière, qui a provoqué l'incapacité pour bon nombre d'emprunteurs de rembourser leur prêt hypothécaire, entraînant d’importantes pertes pour de nombreuses institutions financières.  Cette cascade s'est trouvée amplifiée par divers facteurs secondaires, dont une réduction de la disponibilité des capitaux qui a contraint les banques à resserrer le crédit, accentuant par le fait même la baisse de la valeur des biens, provoquant davantage de pertes, et ainsi de suite.  Voilà qu'on se retrouve dans un cercle vicieux de «dévalorisation généralisée».  L’absence de confiance dans les banques - y compris entre elles-mêmes - alimente encore plus ce cercle infernal…

D'après: Paul Krugman, «Moment of Truth», The New York Times, 9 octobre 2008. (le 13 octobre, M. Krugman se voyait décerner le prix Nobel d'économie.)
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Faire les bons, ou les mauvais, choix

     «Ceux qui ont élu George W. Bush ont donné au Parti républicain le contrôle presque absolu du gouvernement américain, relate Bob Herbert, du New York Times.  Mais maintenant que les marchés financiers sont sens dessus dessous, que nos dirigeants politiques et nos chefs d’entreprise sont sur le point de paniquer et que les experts dépoussièrent les traités qui analysent les causes de la Grande dépression, il est temps de réaliser que pour qui on vote a de l’importance, qu’il y a de réelles conséquences lorsque, dans l’isoloir, on coche son bulletin de vote.» 
     On pourrait ajouter aux propos du chroniqueur que si en 2000, les Américains avaient élu Al Gore, plutôt que George Bush fils, les suites des événements du 11 septembre n’auraient pas été les mêmes.  Et que si seulement ils avaient élu John Kerry en 2004, «on» ne serait probablement plus en Irak.  De même, on pourrait tout aussi bien dire que si les Américains choisissent Obama plutôt que McCain, notre monde ne sera pas le même…
     Même chose ici: reporter au pouvoir Steven Harper ou élire Stéphane Dion, ce n’est pas faire le mëme choix.  De même, choisir entre Jean Charest, Pauline Marois ou Mario Dumont ne revient pas au même.  On dit souvent que «nos politiciens sont tous pareils», qu’on n’a pas de choix réel.  C’est faux.  Peut-être ne peut-on pas voter pour le candidat dont on rêve mais, comme le démontre ce qui se passe aux États-Unis, au Canada comme au Québec, le choix qu’on fait lors d’une élection entraîne d’énormes différences…  Comme le dit l’un de nos chefs politiques: «Allez voter, car c’est précieux!»

Sources: Bob Herbert, «The Mask Slips», The New York Times, 10 octobre 2008.
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Les sondages nous disent que…

     Selon les sondages publiés quatre jours avant les élections fédérales du 14 octobre, le Parti conservateur devrait être réélu, mais minoritairement. 
     D'après un sondage pancanadien mené par la firme Segma pour le compte de La Presse, les conservateurs obtiendraient 34,6% des intentions de vote, les libéraux 23%, le NPD 20,5% et le Parti vert 10%.  Au Québec, le Bloc québécois obtiendrait 42% des intentions de vote, contre 20% au Parti conservateur, 18% au Parti libéral, 13% au NPD et 6% au Parti vert. 
     Les Conservateurs mènent dans toutes les provinces à l'exception du Québec, alors que la force du NPD et l'appui que récolte le Parti vert risquent de faire perdre des sièges aux libéraux, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique. Selon un autre sondage, réalisé par Léger Marketing pour Le Journal de Montréal, le Parti conservateur pourrait perdre cinq de ses onze sièges au Québec. 
     Enfin, 70% des Canadiens interrogés croient que le Parti conservateur formera le prochain gouvernement, alors que 14% pensent qu'il s'agira plutôt du Parti libéral.

Sources: Joël-Denis Bellavance, «Exclusif: vers un autre gouvernement conservateur minoritaire», La Presse, & Mathieu Bélanger, «Harper en chute libre», Journal de Montréal, 10 octobre 2008.
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Les résultats du 14 octobre: le Parti conservateur a récolté 37,6% des votes, le Parti libéral 26,2%, le NPD 18,2% et le Bloc québécois 38,1% (au Québec) et le Parti vert 6,8%.  Le PC a ainsi remporté 143 sièges (12 de moins que la majorité), le PL 76 sièges, le NPD 37 sièges et Bloc 50 sièges.  Notons que les conservateurs ont remporté 10 sièges au Québec, les libéraux 13 sièges et les néo-démocrates 1 siège (et 1 indépendant), alors que 59.1% des électeurs inscrits se sont rendus voter.

Comparaison des résultats des élections et des sondages
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Élections du 23 janvier 2006:
Sondage du 7 septembe 2008:
Sondage du 11 octobre 2008:
Élections du 14 octobre 2008:
Pourcentage du vote
PC Lib. Bloc* NPD Vert
36,2 30,2 42,1 17,5
43,0 25,0 35,0 15,0 7,0
34,6 22,9 42,0 20,0 10,2
37,8 26,2 38,1 18,2 6,8
Nombre de sièges
PC Lib. Bloc NPD Ind.
124 103 51 29 1
183 62 46 16 1
140 60 57 50 1
143 76 50 37 1
* Pourcentage du vote obtenue au Québec par le Bloc québécois.

Sources: Élections Canada et Uni Marketing.
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Les suites d’un effondrement boursier : 
l’exemple du crash de 1987

     Lors du précédent crash boursier, il y a très exactement 21 ans, la valeur du Dow Jones est passée d’un sommet de 2641 (le 2 octobre 1987) à 1739 (le 19 octobre), soit une chute de 35%.  Il a par la suite fallu attendre deux ans pour que les cours boursiers reviennent à leur niveau antérieur (tel que l'illustre le graphique ci-dessus).
     Toutefois, pour les investisseurs qui ont eu la patience d’attendre – en ne vendant pas leurs titres dévalués -, la valeur du Dow Jones avait atteint les 3000 deux ans plus tard (octobre 1991), 7400 en octobre 1997 (dix ans après le crash) et les 13 600 vingt ans plus tard (octobre 2007)…
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C’est l’temps de la récession…

     «Cette semaine, nous avons appris que les ventes au détail dégringolent, tout comme la production industrielle, rapporte Paul Krugman, chroniqueur au New York Times (et le Nobel d’économie décerné cette semaine).  Déjà, le chômage est au niveau d’une récession alors que l’index manufacturier subit sa chute la plus rapide des vingt dernières années.  Tous les indicateurs pointent vers une crise économique qui sera terrible, brutale… et longue. 
     À quel point terrible?  Le taux de chômage [américain] dépasse déjà les 6% (alors que d’autres indicateurs plus globaux sont dans les deux chiffres).  Il est pratiquement assuré qu'il dépassera les 7%, sinon même très probablement les 8%, ce qui annonce la plus grave récession du dernier quart de siècle.
     Pour combien de temps?  Pour très longtemps…»

Sources: Paul Krugman, «Let’s Get Fiscal», The New York Times, 16 octobre 2008.
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… le bon temps d’investir !

      Dans un commentaire intitulé «Achetez américain, comme moi», l’investisseur émérite Warren Buffett énonce que la crise économique qui s’amorce représente justement le bon moment d’acheter des titres boursiers.
     «Le monde financier est en crise, tant aux États-Unis qu’à l’étranger, écrit-il, ce qui commence à affecter l‘économie globale.  À court terme, le chômage diminuera, l’activité commerciale s’affaiblira et les nouvelles continueront de faire peur.
     C’est pourquoi… j’achète des titres américains.  Si les prix continuent d’être aussi attrayants, mon portefeuille sera bientôt composé à 100% de titres américains.
     Pourquoi?
     Une règle simple guide tous mes achats: craignez lorsque les autres en profite, et profitez-en lorsque les autres craingnent. («Be fearful when others are greedy, and be greedy when others are fearful.»)
     À n’en point douter, la peur se répand, même chez les investisseurs chevronnés.  Bien sûr qu’il faut fuir les valeurs hautement spéculatives.  Mais craindre les titres d’entreprises américaines viables n’a pas de sens.  Ces entreprises souffriront sans doute de pertes, comme c’est la coutume, mais la plupart d’entre elles réaliseront des profits records au cours des cinq, dix et vingt prochaines années.
     Soyons clairs: je suis absolument incapable de prédire où s’en va la bourse à court terme.  Je n’ai pas la moindre idée si les cours boursiers seront plus élevés ou plus bas dans un mois ou dans un an.  Ce qui est vraisemblable, toutefois, c’est que le marché croîtra, peut-être même considérablement, et ce, bien avant que les perceptions et l’économie ne s’amélioreront. 
     C’est ce que nous enseigne l’histoire. 
     Ainsi, durant la Dépression, le Dow Jones a atteint son plancher le 8 juillet 1932.  Les conditions économiques ont continué de se détériorer jusqu'à ce que Franklin D. Roosevelt accède à la présidence, en mars 1933.  Or, à cette date, le marché avait déjà regagné 30% de sa valeur.
      Au début de la Seconde guerre mondiale, les choses allaient très mal pour les États-Unis en Europe comme sur le front du Pacifique.  Les marchés ont atteint leur creux en avril 1942. soit bien avant que la situation ne se retourne en faveur des Alliés.  Même chose dans les années 1980, alors que l’inflation sévissait et que l’économie coulait à pic…  Bref, les mauvaises nouvelles sont le meilleur ami des investisseurs puisqu’elles permettent d’acheter à bas prix une parcelle de l’avenir des États-Unis.
     De toute façon, les nouvelles sont rarement bonnes pour la bourse.  Ainsi, au cours du 20e siècle, on a traversé deux guerres mondiales et plusieurs autres conflits aussi terribles que coûteux, la Dépression, une douzaine de récessions et de paniques boursières, des chocs pétroliers, une épidémie de grippe et la démission d’un président tombé en disgrâce.  Pourtant, durant ce siècle, le Dow Jones est passé de 66 à 11 497 points!
     On pourrait penser que devant une appréciation aussi extraordinaire des marchés, il a dû être quasiment impossible pour un investisseur de perdre de l’argent.  Et pourtant, certains en ont perdu.  Comment?  En achetant des titres lorsqu’ils se sentaient en sécurité de le faire, pour les revendre lorsque les nouvelles étaient mauvaises…»

Sources: Warren Buffett, «Buy American. I Am», The New York Times, 16 octobre 2008.
Voir aussi: Nicholas Kristof, «The Downturn’s Upside», The New York Times, 18 octobre 2008.
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Et si Obama était musulman ?

     À deux semaines de l’élection présidentielle américaine, Colin Powell, républicain et ancien chef de la diplomatie sous George Bush fils, surprend tout le monde en annonçant qu’il votera pour Barack Obama. Il porte ainsi un dur coup à John McCain.
      Dans le cadre d’une entrevue accordée à Tom Brokaw, Powell trace avec brio les forces et faiblesses des deux candidats à la Maison-Blanche. «L’un comme l’autre feraient un excellent président», commence-t-il par dire avant de dénoncer avec force et à propos les dérives de son parti.  Pour Powell, les républicains se ferment de plus en plus, alors que les démocrates d’Obama tentent d’unir la nation. «Or, c’est de cela dont on a le plus besoin en ce moment», dit-il. 
     Powell, perçu comme un héros pour s’être opposé, de l’intérieur même de l’administration Bush, à l’invasion de l’Irak, dit aussi ne pas comprendre pourquoi les républicains associent Obama au terrorisme.  «C’est totalement faux, dit-il en substance, et on n’a pas besoin de cela non plus.»
     Il dénonce enfin la tentative de faire croire qu’Obama serait de confession musulmane. «M. Obama est depuis toujours chrétien, et non musulman, rappelle-t-il.  Et quand bien même il le serait, est-ce inacceptable d’être musulman dans ce pays?  Bien sûr que non, répond-il immédiatement, car ce n’est pas ça être américain.»
     À l’appui de ses dires, il cite l’exemple de Kareem Rashad Sultan Khan. «J’ai découvert son existence en voyant la photo de sa mère sur sa pierre tombale…», indique Powell (ci-contre). Il s’agit d’un soldat américain dûment décoré, un musulman né aux États-Unis, qui avait 14 ans au moment des attentats du 11 septembre et «qui a donné sa vie pour l’Amérique en combattant en Irak».  Pour Powell, voilà ce que doit être l’Amérique - et non pas la nation divisée entre «bons et méchants», entre «eux et nous» que préconisent les républicains. 
     À écouter le brillant exposé de Colin Powell sur les ondes de MSNBC.

Sources: «Powell endorses Obama for president», MSNBC, «More on the Soldier Kareem R. Khan», The New York Times, 19 octobre 2008, Maureen Dows, «Moved by a Crescent», The New York Times, 21 octobre 2008.
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Le mythe de l’équilibre budgétaire

     Contrairement à ce qu’on rapporte, il est faux de dire que le budget du gouvernement du Québec est équilibré et qu’il n’y a plus de déficit.  C’est faux puisque, année après année, le gouvernement dépense plus qu’il ne reçoit.  Ainsi, d’après les données publiées le 13 mars dernier à l’occasion de son énoncé budgétaire, la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget prévoit que la dette du Québec augmentera de plus de 3,3 milliards $ cette année et d’autant l’an prochain.
     Le gouvernement évalue sa dette de la façon suivante:
31 mars 2007 31 mars 2008 31 mars 2009 31 mars 2010
Dette directe consolidée 108,6 milliards 114,9 milliards 122,5 milliards 128,9 milliards
Plus : Passif net au titre des régimes de retraite +32,8 milliards +30,4 milliards +27,6 milliards +25,6 milliards
Plus : Passif net au titre des avantages sociaux futurs +0,8 milliards 0'8 milliards +0,1 milliards -
Moins : Fonds des générations -0,6 milliards -1,2 milliards -1,9 milliards -2,7 milliards
Dette brute 141,6 milliards 144,9 milliards 148,2 milliards 151,7 milliards
Déficit: 3,3 milliards 3,3 milliards 3,6 milliards

     Toutefois, pour parvenir à prétendre qu’il n’y a quand même pas de déficit, le gouvernement y soustrait des «actifs financiers et non financiers» tout en ajoutant un «solde de la réserve budgétaire».  Il obtient par conséquent les chiffres suivants:
31 mars 2007 31 mars 2008 31 mars 2009 31 mars 2010
Moins: Actifs financiers, nets des autres éléments de passif -19,4 milliards -21,9 milliards -21,6 milliards -22,0 milliards
Moins: Actifs non financiers -26,4 milliards -28,4 milliards -31,3 milliards -34,8 milliards
Plus: Solde de la réserve budgétaire +1,3 milliards +1,8 milliards +0,4 milliards -
Dette résultante: 97,1 milliards 96,4 milliards 95,7 milliards 94,9 milliards
Source: Tableau D.2, Dette du gouvernement du Québec au 31 mars (page #123)

     Cette façon de voir les choses pourrait s’assimiler à celle d’un individu qui dépense plus qu’il ne gagne, mais qui est en même temps propriétaire d’une maison.  Supposons que cette personne gagne 60 000$ par année, mais qu’elle en dépense 63 000$. Elle encourt donc un déficit annuel de 3 000$.  Toutefois, comme elle considère que sa propriété augmente de valeur chaque année - disons de 3 000$ -, elle peut prétendre avoir des finances équilibrées.  C’est à toutes fins utiles le raisonnement que fait le gouvernement du Québec depuis une douzaine d’années et qui lui permet de clamer un «déficit zéro» 

     N’empêche que notre dette publique croît année après année, comme l’illustre le graphique suivant: 

Source des données: «Principaux facteurs de croissance de la dette totale du gouvernement», Le Dette du gouvernement du Québec, Gouvernement du Québec, décembre 2007, page #33.

Source: Gouvernement du Québec, «Budget 2008-2009 Plan budgétaire», 13 mars 2008.
Voir aussi: Martin Vallières, «“Déficit zéro”...vraiment?», La Presse, 31 octobre 2008.
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De moins en moins de meurtres chez nous

     Statistique Canada rapporte que de moins en moins de meurtres sont commis au Canada, alors que le Québec se classe une fois de plus parmi les régions les plus sécuritaires au monde.
     En 2007, 594 homicides ont été perpétrés au Canada, soit 12 de moins qu'en 2006.  Le taux d'homicides continue ainsi de baisser d’année en année, comme il le fait depuis le milieu des années 1970. 
     Dans 80% des cas, les meurtres ont été commis par une personne connue de la victime.  Il y a cependant une différence entre les hommes et les femmes tués.  Les femmes sont plus souvent assassinées par leur conjoint (actuel ou passé) ou par un membre de leur famille.  Quant aux hommes, ils sont surtout victimes de quelqu'un qu'ils connaissent et souvent lié à une activé criminelle, ou par un étranger.

Les régions les plus et les moins sécuritaires
     Étant donné que le nombre de personnes qui résident dans les différentes provinces et villes n'est pas le même, pour faire des comparaisons, on utilise ce qu’on appelle le taux d’homicides, c'est-à-dire le nombre de meurtres par 100 000 habitants.  Ainsi, au Québec, où sont survenus 90 meurtres en 2007, le taux d’homicides est de 1,17 meurtre par 100 000 habitants, alors que les 59 homicides* survenus à Montréal donnent un taux de 1,58.  Soulignons que ce sont là les taux les plus bas enregistrés en plus de quarante ans. 
     C’est dans les provinces de l'Ouest que les taux d'homicides sont les plus élevés au pays: Manitoba (5,22), Saskatchewan (3,1), Alberta (2,53) et Colombie-Britannique (2,01).  Par contre, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve enregistrent les taux les plus faibles (0,00 et 0,59) alors que l’Ontario affiche un taux de 1,57 (comparé à 1,17 au Québec). 
     Parmi les grandes villes canadiennes, Winnipeg, Edmonton et Calgary affichent les taux d'homicides les plus élevés (3,55, 3,28 et 3,14). Toronto, avec 111 meurtres en 2007, a un taux d’homicides de 2,01 (contre 1,58 à Montréal).
 
Tel que l’illustre le tableau de gauche, le Québec se classe au quatrième rang des provinces ayant le plus bas taux d’homicides au Canada.  À droite, Montréal se classe au quatrième rang des villes canadiennes pour le plus bas taux d’homicides.

Source: Statistique Canada, «Homicides 2007», Le Quotidien, 23 octobre 2008.
Voir aussi: Les plus récentes données sur la criminalité.
 
* Selon le Service de police de la Ville de Montréal, il y a eu 42 meurtres à Montréal en 2007, alors que Statistique Canada parle plutôt de 59. «Qui dit vrai?»  En fait, il y a eu 42 meurtres sur l’île de Montréal et 59 dans la région métropolitaine (qui englobe les banlieux).

Notons que jusqu’à présent cette année, 18 meurtres ont été commis sur l’île de Montréal.  À ce rythme, 22 ou 23 homicides surviendront en 2008, ce qui sera une performance absolument remarquable. 

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L’héritage républicain

     Jusqu’où s’abaisseront les républicains?, est-on tenté de se demander à dix jours des élections présidentielles.
     Même certains partisans semblent dégoûtés, comme le relate Gail Collins, chroniqueuse au New York Times.  C’est ainsi qu’un travailleur d’élection républicain, Ted Zoromski, s’apprêtait à appeler d’éventuels électeurs pour leur dire: «Savez-vous que Barack Obama a beaucoup travaillé avec le terroriste Bill Ayers, dont l’organisation a tenté de faire sauter le Capitole, le Pentagone, la résidence d’un juge et tué des Américains?»  Dégoûté par des propos aussi mensongers, Zoromski a tout bonnement claqué la porte.
     Par ailleurs, dans un éditorial appuyant la candidature d’Obama, le New York Times relate que: «Après huit années de mauvaise direction par le président Bush, les États-Unis sont en mauvais état et à la dérive.  Le président Bush laissera à son successeur deux guerres, une réputation planétaire ruinée et un État qui s’est systématiquement dépouillé de ses capacités à protéger et à aider ses citoyens - autant ceux qui ont dû fuir les inondations provoquées par un ouragan que ceux qui recherchent des soins de santé abordables, ou qui luttent pour conserver leur maison, leur emploi, leurs économies et leurs fonds de pension à travers une crise économique prévisible et qu’on aurait pu éviter. 
     Pour sa part, John McCain se campe de plus en plus à l’extrémité du spectre politique en favorisant la partisanerie et la division, de même que la lutte des classes, avec un soupçon de racisme.  Ses visions politiques et du monde sont ancrées dans le passé.  Et son choix d’une colistière si peu apte à devenir président est l'ultime preuve d'opportunisme et de mauvais jugements qui efface tout ce qu’il a pu accomplir ces 25 dernières années. 
     M. McCain propose de poursuivre l’idéologie républicaine du chacun-pour-soi qui nous a mené à la déconfiture de Wall Street et du système bancaire américain.» 
     Ironiquement, Nicholas Kristof rapporte qu’Al Qaeda favoriserait l’élection de John McCain pour la bonne et simple raison que le réseau terroriste estime que la poursuite des politiques de l’administration Bush favorise nettement le recrutement de nouveaux terroristes.  «Un président américain qui maintiendra indéfiniment des troupes en Irak, qui est obsédé par le terrorisme islamique, qui est davantage porté vers les solutions militaires et qui se met à dos les autres États est un excellent outil de mobilisation pour Al Qaeda, écrit le journaliste.  Par contre, un président afro-américain dont le grand-père est musulman et qui cherche à bâtir des ponts, au lieu de les faire exploser, rendra plus difficile le recrutement de terroristes…  Quatre années additionnelles de politiques aveugles et sans nuances en regard du monde musulman sera une tragédie pour les États-Unis et pour le reste du monde, mais une bénédiction pour les groupes radicaux à la recherche de candidats au suicide.» 

Sources: Gail Collins, «Confessions of a Phone Solicitor», The New York Times, 22 octobre 2008, «Barack Obama for President», The New York Times, 22 octobre 2008. Nicholas Kristof, «The Endorsement From Hell», The New York Times, 25 octobre 2008.
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L’assurance santé à l’américaine

     Certains rêvent de pouvoir se procurer une assurance privée qui leur donnerait un accès rapide à des soins lorsqu'ils en ont besoin, comme cela se fait comremment aux États-Unis.  En entrevue avec Michel Desautels, un Américain de classe moyenne donne son exemple.  Norm Lebel, agent immobilier résidant en Floride, raconte: «J’ai 52 ans, mon épouse a 41 ans et nous avons une fille de 7 ans…  [Notre assurance santé privée] me coûte 2 058$ par mois, donc 25 000 par année.»  De plus, il doit débourser 15$ chaque fois qu'il consulte un omnipraticien et 35$ lorsqu’il s’agit d'un spécialiste…

Michel Desautels, «Présidentielles américaines: le point de vue d'un militant démocrate», Première chaîne de Radio-Canaaa, 24 octobre 2008. 
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Résultats des présidentielles américaines de 2000 et 2004
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Candidats
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George Bush Jr.
Al Gore / John Kerry
Ralph Nader
Autres**
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Total des votes
Participation*
Élections 2000
Nbre votes  % du vote
.
50 456 002 47.87 %
50 999 897 48.38 %
2 882 955 2.74 %
1 066 246 1,01 %
.
105 405 100 (100 %)
205 815 000 51.21 %
Élections 2004
Nbre votes % du vote
.
62 040 610 50.73 %
59 028 444 48.27 %
465 650 0.38 %
760 641 0,62 %
.
122 295 345 (100 %)
215 694 000 56.70 %
* Le taux de participation aux elections présidentielles est calculé en comparant le nombre de votes exprémés au total de la population en âge de voter.
** Les 15 autres candidats à l’élection présidentielle de 2000 étaient: Patrick J. Buchanan (Reform/Independent, 448 895 votes), Harry Browne (Libertarian, 384 431 votes), Howard Phillips (Constitution, 98 020 votes), John S. Hagelin (Natural Law/Reform/Independent, 83 714 votes), Write-In Miscellaneous, 20,767 votes), James E. Harris, Jr. (Socialist Workers, 7 378 votes), L. Neil Smith (Libertarian, 5 775 votes), David McReynolds (Socialist, 5 602 votes), Monica Moorehead (Workers World, 4 795 votes), Cathy Gordon Brown (Independent, 1,606 votes), Denny Lane (Vermont Grassroots, 1 044 votes), Randall Venson (Independent, 535 votes), Earl F. Dodge (Prohibition, 208 votes) et Louie G. Youngkeit (Independent, 161 votes.

Les 17 autres candidats pour l’élection présidentielle de 2004 étaient: Michael Badnarik (Libertarian, 397 265 votes), Michael Anthony Peroutka (Constitution, 143 630 votes), David Cobb (Green, 119 859 votes), Write-In (Miscellaneous, 37 240 votes), Leonard Peltier (Peace and Freedom, 27 607 votes), Walter F. Brown (Socialist/Natural Law, 10 837 votes), James Harris (Socialist Workers, 7 102 votes), Róger Calero (Socialist Workers, 3 689 votes), Thomas J. Harens (Christian Freedom, 2,387 votes), Gene Amondson (Concerns of People/Prohibition, 1944 votes), Bill Van Auken (Socialist Equality, 1 857 votes), John Parker (Workers World/Liberty Union, 1 646 votes), Charles Jay (Personal Choice, 946 votes), Stanford E. (Andy) Andress (Unaffiliated, 804 votes) et Earl F. Dodge (Prohibition, 140 votes).

Sources: Federal Elections 2000 & Federal Elections 2004, U.S. Federal Election Commission.
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Peut-on y croire… ?

     À une semaine des élections américaines, tout indique que Barack Obama devrait l’emporter.  L’ensemble des sondages lui donne en effet une avance de 7 à 8% dans les intentions de vote sur John McCain.
     Pourtant, on ressent tous une certaine appréhension; se pourrait-il que malgré des sondages aussi favorables, Obama perde quand même?  Tout à fait, puisque non seulement existe-t-il des précédents mais, surtout, ce qui compte avant tout, c'est le nombre de votes au collège électoral que chacun des candidats peut espérer remporter État par État.  Or, même là, certaines analyses indiquent qu’Obama pourrait obtenir jusqu’à 350 votes électoraux (alors qu’il n’en faut que 270 pour devenir président). 
     Cependant, il suffit de n’avoir que quelques votes d'électeurs de plus que son adversaire pour remporter tous les votes électoraux d’un État.  Il s’agirait donc que les démocrates votent relativement moins nombreux que les républicains pour que McCain l'emporte.  C’est ce qui est arrivé à Al Gore en 2000.  Celui-ci a obtenu 48,38% du vote populaire, contre 47,87% pour George Bush, mais il n’a obtenu que 266 votes électoraux, contre 271 pour Bush. 
     Quatre ans plus tard, en 2004, les observateurs s’attendaient à ce que John Kerry remporte la présidence si, le jour du scrutin, un pourcentage élevé d’électeurs se rendait aux urnes.  Une bonne participation des électeurs indiquerait, estimait-on, que les démocrates s’étaient rendus massivement voter.  Or, par rapport à 2000, 17 millions d’électeurs de plus se sont rendus voter en 2004 (soit 5,5%).  Hélas pour Kerry, ce sont surtout les républicains qui sont allés voter, bon nombre de démocrates s'étant abstenus…  (Voir tableau ci-dessous.)
     De surcroît, Obama pourrait être victime de l’effet Bradley, c’est-à-dire que davantage d’électeurs affirment, lorsqu’on les sonde, qu’ils voteront pour ce candidat noir… qu’ils le feront réellement une fois rendus dans l’isoloir!
     C’est donc dire que, tout compte fait, même si les sondages confèrent une belle avance à Obama, la victoire est loin de lui être acquise. Voilà pourquoi il importe que tout électeur américain aille voter puisqu'avec 7 à 8% de plus de votes, le candidat démocrate l’emportera. 
     Historiquement, davantage d’électeurs démocrates que républicains ne vont pas voter.  La majorité des analystes considèrent que si environ 70% de tous les électeurs américains allaient voter, jamais les républicains ne remporteraient une élection présidentielle.  N’y a-t-il pas là de quoi réfléchir… pour nous aussi?
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Que nous réservent les élections québécoises ?

     Le quotidien Le Soleil rapporte que le plus récent sondage CROP-La Presse donne, après répartition des indécis, 38% des votes au PLQ, 32% au PQ et 17% à l'ADQ.  Le Parti vert et Québec solidaire obtiennent 7% et 5% respectivement.  Fait à noter, le Parti libéral n'obtient que 30% du vote francophone, contre 39% pour le Parti québécois. Selon Claude Gauthier, vice-président chez CROP, on ne peut affirmer avec certitude qu'on se dirige vers un gouvernement libéral majoritaire. «Je serais porté à croire qu'ils auraient une majorité avec des chiffres comme ceux-là, mais de justesse», dit-il.
     Par contre, lorsqu'on compare les résultats de ce sondage à ceux des trois dernières élections, on pourrait aussi déduire qu'on risque fort d'orbenir un gouvernement minoraire libéral. 
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Élections de 1998
Élections de 2003
Élections de 2007
Sondages 2008
Pourcentage de vote
PLQ PQ ADQ
43,55 42,87 11,81
45,99 33,27 18,18
33,08 28,35 30,38
38 32 17
Sièges remportés
PLQ PQ ADQ
48 76 1
76 45 4
48 36 41
~54? ~44? ~27?
Partici-
pation
78.32%
70,42%
71,23%
     Ce qui semble le plus vraisemblable, c'est que le Parti québécois redeviendra l'opposition officielle (avec même une mince possibilité pour qu'il forme un gouvernement minoriaire).  À suivre…

Sources: Directeur des élections du Québec, Répartition des sièges ; Jean-François Cliche, «Sondage Crop-Le Soleil-La Presse: l'avance libérale fond», Le Soleil, 28 octobre 2008.
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Pourquoi prend-on (parfois) de mauvaises décisions ?

     En général, lorsqu’on prend une décision, on le fait en suivant quatre étapes, écrit David Brooks, chroniqueur au New York Times.  Premièrement, on perçoit la situation.  Ensuite, on pense aux possibilités qui s’offrent à nous.  Puis on évalue laquelle de celles-ci est la plus avantageuse et, enfin, on passe à l’action.
     L’auteur poursuit en expliquant que ceux qui étudient nos comportements et ce qui se passe sur les marchés financiers s’intéressent surtout à la troisième étape du processus: qu’est-ce qui fait qu’on choisit une solution plutôt qu’une autre?  Ils s’entendent généralement pour dire qu’on soupèse rationnellement les possibilités pour retenir celle qui nous semble la plus dans notre intérêt.  Cependant, en temps de crise, la prise de décision rationnelle ferait souvent place à des réactions émotives (comme on l'observe ces temps-ci à l’échelle planétaire). 

Confondre puissance et solidité
     Peut-être, poursuit Brooks, faudrait-il davantage s’intéresser à la première étape du processus décisionnel: les perceptions qu’on a du monde qui nous entoure.  «La perception d’une situation semble a priori quelque chose d'assez simple, écrit-il. On regarde autour de nous…  Or, cette étape est beaucoup plus complexe, puisque ce qui se passe réellement nous échappe souvent.»
     Nos perceptions sont même fréquemment erronées, notamment en matière d’économie.  David Brooks cite les travaux de Nassim Nicholas Taleb, un universitaire qui se consacre aux procédés d’évaluation des connaissances.  Il s’agit entre autres de l’auteur de livres à succès, dont Le Hasard sauvage  et Le Cygne noir.  Dans ce dernier ouvrage, Taleb relate que les grandes institutions financières sont souvent perçues comme solides en raison de leur importance, alors qu’elles sont au contraire vulnérables justement à cause de leur taille. 
    Il avait d’ailleurs prévenu que l'émergence des grandes banques d’affaires donnerait l’impression d'une certaine stabilité alors qu’au contraire, cela augmentait le risque d’un effondrement en cascade. «Lorsque l’une d'elles tombera, les autres suivront», avait-il écrit… comme on l’observe ces derniers mois.  De même, pour lui, la mondialisation génère de la fragilité puisque tout est désormais interrelié… comme on le voit si clairement ces temps-ci. 
    Comme autre exemple d’une institution nous donnant l’impression de force, on pourrait citer le cas du groupe Québécor, qui rassemble à lui seul: Vidéotron (géant des communications), le Réseau TVA (le plus important télédiffuseur privé de langue française en Amérique du Nord), Publications TVA (le numéro un des éditeurs de magazines au Québec), Groupe Livre Quebecor Media (le plus important éditeur québécois), les magasins Archambault (le plus grand réseau de disquaires de l'est du Canada), Select (le plus important distributeur indépendant de musique et de vidéos du Canada), etc., etc.  Si ce vaste éventail confère à Quebecor une puissance indéniable, qu’arriverait-il si cet empire médiatique devait un jour s’effondrer ou être racheté par des intérêts étrangers?  Quel impact cela aurait sur le Québec et sur notre culture? (De même, qu’arriverait-il si Microsoft – dont les logiciels font fonctionner tous les ordinateurs de la planète – venait à disparaître?) 
     Autrement dit, souligne Taleb, ce qu’on perçoit souvent comme fort et gage de stabilité ne l’est pas nécessairement.
Le quart des Américains soutient encore Bush
     Or, le fait d’entretenir des perceptions erronées du monde pourrait expliquer pourquoi on applique parfois de mauvaises solutions mais, surtout peut-être, pourquoi on persiste.  Ce serait le cas, par exemple, des joueurs de jeux de hasard qui persévèrent – convaincus de posséder une vision juste des probabilités ou croyant maîtriser le hasard (quand ce n'est pas niant tout simplement son existence) – malgré le fait indéniable qu’ils courent tout droit à leur perte. 
     De même, la perception erronée du monde pourrait expliquer pourquoi, aujourd’hui encore, l’administration Bush persiste à demeurer en Iraq et à maintenir en fonction le camp de concentration de Guantánamo… et pourquoi le quart des Américains considère encore malgré tout que le président Bush «fait du bon travail».
    Dans quel monde vivent-ils, est-on tenté de se demander.  Dans un monde de perceptions erronées.  Or, dès l’instant où on a la certitude de bien percevoir les choses – que ce soit vis-à-vis le hasard, en matière de croyances religieuses ou autres, ou en politique -, notre processus décisionnel est à jamais corrompu et, par conséquent, défaillant. 
    La première étape de toute prise de décision - la plus critique – doit être celle d’obtenir la vision la plus juste possible de la réalité. Ensuite seulement peut-on enclencher une prise de décision.  Or, souvent, on néglige tout d'abord de bien s'informer.
    Pour illustrer une vision erronée du monde, mais très convaincante, Taleb donne l’exemple d’une dinde dans The Black Swan.  «Durant des jours et des jours et des jours, la dinde est bien nourrie, ce qui la convainc que l'espèce humaine est bonne pour elle.  Tout se passe bien jusqu’à ce que, quelques jours avant l’Action de grâce…, elle découvre qu’il n’en est rien!»  La dinde possédait une vision incomplète du monde dans lequel elle vivait, conclut l’auteur.  (L’exemple de la dinde n’est pas si farfelu puisque c’est exactement de cette façon que les arnaqueurs en tout genre – les beaux parleurs, les gourous, les maîtres à pensé… sur Internet comme en croissance personnelle, etc. - s’y prennent pour détrousser leurs victimes.) Et Taleb d'ajouter: «Nous préférons vivre selon une explication du monde - n’importe laquelle, même erronée -, plutôt que de ne pas en avoir une…»
 
Note: Pour un bel exemple d’une «vision erronée du monde», lire la chronique de Paul Krugman, «The Republican Rump», qui résume comment les républicains américains voient leur monde politique. C'est l'exemple de la vision manichéenne du «eux» et du «nous» si répandue ces jours-ci…

D’après David Brooks, «The Behavioral Revolution», The New York Times, 27 octobre 2008 ; Sreven Dubner, «Straight From the Black Swan’s Mouth», Freakonomics, 21 mai 2007.
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Les fadaises d’un séducteur de foule

     Clotaire Rapaille se présente comme un «gourou du marketing» et séduit souvent les foules.  Pourtant, Clotaire Rapaille lance fréquemment des fadaises.  Le plus récent exemple?  Sur les ondes de Radio-Canada, il a d’abord laissé entendre que l’administration Bush pourrait attaquer la Syrie [et non l'Iran] afin de favoriser l’élection de John McCain!  Il s’est cependant vite fait rabrouer par Christiane Charette qui a souligné, à juste titre, qu’on n'est tout de même qu’à cinq jours des élections.
     Rapaille a néanmoins récidivé: «Il y a quelque chose de très important pour moi: c’est qu’on est en train de préparer 2012.  En 2012, qu’est-ce qui va se passer?  McCain sera mort (il est trop vieux) et Obama ne sera plus là pour x raisons…  On va retrouver Hillary [Clinton] et Sarah [Palin].  On va avoir, pour la première fois, une bagarre entre deux femmes pour devenir présidente des États-Unis.»
     Or, pour quiconque suit la politique américaine, c’est là un scénario absolument invraisemblable.  D’une part, si les républicains subissent la raclée qu’on annonce, nul doute que Palin sera rejetée avec force par son parti.  D'autre part. en 2012, Hillary Clinton et son mari feront parti du passé politique des Américains (comme l’est aujourd’hui Al Gore).  Plus vraisemblable, l’élection opposera Obama (ou son successeur Biden) à un tout autre candidat républicain. 
     Rappelons-nous seulement qu’il y a un an, personne n’avait imaginé que nous assisterions à une course présidentielle entre Obama et McCain, la grande majorité des observateurs annonçant un duel entre Hillary Clinton et Rudolph Giuliani.  De là, donc, à prédire sérieusement quatre ans à l’avance une confrontation Clinton-Palin…

Source: Christiane Charette, «Clotaire Rapaille, sondeur de l'inconscient culturel», Première Chaîne de Radi0-Canada, 30 octobre 2008.
 
Note: pour apprécier les techniques de séduction - de manipulation - de Rapaille, il convient d’écouter les propos charmants que celui-ci tenait à notre égard à l’émission de Christiane Charette il y a deux ans. 
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Barack Obama : un vent d’espoir ?

     Je réalise à chaque jour que je ne suis pas un homme parfait...
     Et je ne serai pas un président parfait.
     Je puis cependant vous promettre ceci:
     Je vais toujours vous dire ce que je pense et où j'en suis.
     Je serai toujours honnête avec vous au sujet des défis 
     auxquels nous sommes confrontés.
     Je vous écouterai lorsque nous ne serons pas d’accord.
     Et, le plus important, je vais rouvrir les portes du gouvernement et
     vous demander de participer à nouveau à la démocratie qui est vôtre. 
     - Barack Obama. le 29 octobre 2008.
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Ce qu’on pense tous, en attendant…

     À la veille de l’Élection, Paul Krugman résume l’impression généralement répandue: «Peut-être que tous les sondages se trompent et que John McCain s'apprête à causer la plus grande surprise électorale de l’histoire des États-Unis.  Mais il semble bien que les démocrates soient sur le point de remporter autant la Maison-Blanche que d’augmenter considérablement leurs majorités dans les deux chambres du Congrès.»  C’est ce qu’on verra demain…

Source: Paul Krugman, «The Republican Rump», The New York Times, 3 novembre 2008.
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4 novembre 2008

     En ce jour d'élections américaines, n’avons-nous pas tous l’impression de vivre une «journée historique», une journée dont on se souviendra longtemps de ce qu'on faisait ou où on était?  Il me semble qu’il flotte une atmosphère d’effervescence semblable à celle du 15 novembre 1976…

* * *
     Lorsqu’à 23 h., les médias américains ont officialisé la victoire de Barack Obama, nous avons soudainement eu l’impression de se retrouver au soir du 15 novembre 1976, avec partout des foules en liesse…  Tout le monde évoque un tournant historique rempli d’espoir et le rejet des politiques du passé (comme on l’évoquait, il y a 32 ans, au Québec). Tous saluent la venue d’un leader inspirant.
     Souhaitons au président Obama qu’il s’entoure d’une équipe aussi compétente, dynamique et capable de faire bouger les choses, comme celle de René Lévesque en 1976.  Et souhaitons-nous que cette équipe apporte des changements aussi fondamentaux que ceux qui sont survenus chez nous dans les deux-trois années qui ont suivi. (Néanmoins, même l’équipe la plus dynamique ne sera pas en mesure de régler tous les problèmes, loin de là, comme nous l'avons constaté.)
     Bonne chance, président Obama !
 
Note: Résultats préliminaires: Barack Obama a remporté (au moins) 349 des 540 votes du collège électoral (65%) alors que John McCain n'en a que 162.  Au moins 119 millions d’Américains ont voté, 53% pour Obama et 47% pour John McCain.
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(Bannière ornant le site officiel de Barack Obama le 5 novembre 2008.)
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Les défis du prochain président

Éditorial du New York Times du 5 novembre 2008:

     C'est l’un des moments dans l’histoire où il vaut la peine de s’arrêter pour réfléchir à la réalité des faits:
     Un Américain du nom de Barack Hussein Obama, fils d’une blanche et d’un Africain qu’il a peu connu, élevé par ses grands-parents loin du pouvoir et de la richesse américaine, vient d’être élu 44e président des États-Unis.
     Faisant preuve d’une exceptionnelle capacité de concentration et de sang froid, M. Obama a traversé les uns après les autres tous les obstacles politiques qui se dressaient devant lui, à commencer par Hillary Clinton, qui désirait tant la présidence qu’elle en a perdu son aplomb, et ensuite John McCain, qui a abandonné ses idéaux pour mener une campagne de haine et de peur.
     Le triomphe d'Obama ne fait aucun doute, puisqu’il a su cerner ce qui ne va pas aux États-Unis: l’incontestable faillite du gouvernement à protéger ses citoyens.  Quant à lui, il propose un gouvernement qui ne tentera pas de résoudre tous les problèmes mais qui appuiera ce que peut faire le citoyen ordinaire en encadrant une économie équitable, un environnement propre et une alimentation sécuritaire, en s’assurant que les personnes malades aient accès à des soins de santé, et en favorisant l’instruction des enfants qui auront à compétitionner dans un monde globalisé. 
     M. Obama traitera honnêtement les mauvaises politiques économiques républicaines qui promettaient d’améliorer le sort de tous les Américains mais qui en ont laissé pour compte des millions.  Il s’est engagé à mettre fin aux guerres sanglantes et inutiles.  Il a promis de restaurer nos libertés civiles ainsi que la mauvaise réputation des États-Unis à l’étranger. 
      À force d’espoir et de compétence, il a su attirer une foule d’électeurs dénigrés et ballonnés.  Les scènes de réjouissance de mardi soir entre jeunes, hommes et femmes, blancs et noirs qui pleuraient et festoyaient ont de quoi émouvoir et inspirer.
     M. Obama hérite d’un terrible fardeau.  Notre nation s'est embourbée dans deux guerres, l’une nécessaire et l’autre pure folie.  Son défi sera d’organiser un retrait ordonné d’Irak, en évitant de générer un nouveau conflit, afin que le Pentagone concentre ses ressources en Afghanistan, le véritable front de la guerre au terrorisme.
     La course présidentielle s’est amorcée sur le thème de la guerre mais, au jour de l’élection, les Américains s’inquiètent essentiellement de leur avenir et de l’incapacité de leur gouvernement à gérer la crise économique qui repose sur la cupidité et la déréglementation à outrance.  M. Obama devra agir promptement afin de mettre de l‘ordre, de la cohérence, de la transparence et de la justice dans le programme de sauvetage improvisé par l’administration Bush. 
     Sa présidence devra aussi identifier toutes les façons en vertu desquelles nos droits civils et nos valeurs fondamentales ont été bafouées afin de les rétablir au grand jour.  Les bouleversements climatiques constituent une menace globale et, après des années de déni et d’inaction, notre pays se doit de prendre la direction des mesures destinées à les combattre.  Notre nation doit développer de nouvelles technologies propres afin de réduire les gaz à effet de serre ainsi que notre dépendance au pétrole étranger.
     M. Obama devra aussi réformer les politiques d’immigration conformément aux valeurs d’une nation bâtie par des immigrants et des réfugiés. 
     Une multitude d’autres problèmes urgents devront être abordée.  Entre autres, des dizaines de millions d’Américains n’ont pas d’assurance-santé, dont certains de nos citoyens les plus vulnérables: les enfants des travailleurs démunis.  D’autres, à peine plus fortunés, peuvent tout juste défrayer leurs assurances ou sont sur le point de les perdre en même temps que leur emploi.  Tous doivent être protégés. 
     M. Obama aura besoin de l’appui de nous tous… 

* * *

     Barack Obama fera-t-il un «grand président»?, se demande avec justesse Thomas Friedman.  Sera-t-il le président dont on rève tous?  Il en aura la chance, écrit-il, puisque certains des plus grands présidents sont entrés en fonction alors que les Etats-Unis traversaient les pires moments de leur histoire ou qu'ils se trouvaient au plus bas. «Devenir président en pleine crise ne garantit pas votre stature, estime Michael Sandel, penseur politique à l‘Université Harvard, mais ce peut être une bonne occasion.»  Ce fut notamment le cas d’Abraham Lincoln, de Franklin Roosevelt et de Harry Truman.
      Par ailleurs, Friedman évoque une réflexion de Warren Buffet qui estime que ceux qui sont aujourd’hui riches ou qui ont bien réussi ont au départ la chance de vivre aux États-Unis.  Pour cette raison, ils ne devraient jamais l’oublier et, comme tout le monde, ils se doivent de faire leur part pour rebâtir la société américaine… (N'est-ce pas tout aussi vrai ici?)

Sources: Editorial, «The Next President» & Thomas Friedman, «Finishing Our Work», The new York Times, 5 novembre 2008.
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Et si Obama avait perdu ?

     Partout à travers le monde comme aux États-Unis, on célèbre l’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis.  On parle d’un jour historique, sinon même d’un tournant pour les Etats-Unis et pour la planète tout entière.  Certains vont même jusqu’à évoquer que le 21e siècle pourrait débuter avec la venue d’Obama!
     Pourtant, il s’en est fallu de peu - de quelques pourcentages de votes - pour que John McCain remporte la présidence.  Curieux tout de même qu’on ait failli passer à côté d’un si grand événement parce que seulement 53% des Américains ont voté pour Obama (contre 46% pour McCain).  Qu’en aurait-il été si ce dernier avait gagné?
      En vérité, la victoire d’Obama ne tient qu’à peu de choses et le véritable «tournant historique» reste à venir.  Pour l’heure, tout n’est qu’espoir…  Réjouissons-nous et espérons!
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S’en rappellera-t-on dans cinq semaines ?

     Jean Charest déclenche des élections hâtives malgré l’impression généralisée que cela n’a aucune raison d’être.  Personne ne désire une campagne électorale alors même qu’on est sur le point de subir les effets de la crise économique américaine.  Qui plus est, de l’avis de maints analystes, les trois principaux partis politiques préconisent des mesures économiques semblables et souvent complémentaires, de sorte qu’ils auraient très bien pu travailler ensemble pour contrer le choc économique qui s’en vient.  Or, au lieu de cela, nos députés parcourront le Québec dans le but de se faire élire.  Pourquoi donc une campagne électorale aussi inutile?  Jean Charest parie-t-il qu’au jour du scrutin, le 8 décembre, on aura oublié qu’il nous a entraînés dans un débat stérile?  Lui en tiendra-t-on encore rigueur dans cinq semaines?
 
Note: Selon un sondage Léger Marketing réalisé début novembre, 75% des Québécois s'opposaient au déclenchement des élections.  Par conséquent, la décision de Jean Charest a fait baisser le taux de satisfaction à l'égard de son gouvernement de 7%, rapporte-t-on. 
     Néanmoins, selon ce sondage, si des élections avaient eu lieu entre le 7 et le 9 novembre, le Parti libéral aurait gardé le pouvoir avec 41% des votes contre 35% pour le Parti québécois, alors que l'ADQ ne récolterait que 14% des intentions de vote. «Les libéraux ont besoin de 7 points d'avance pour espérer former une majorité, estime Christian Bourque, analyste chez Léger Marketing. En bas de cela, tous les scénarios deviennent possibles.»
Source: Sondge Léger Marketing pour Le Journal de Montréal et TVA, 11 novembre 2008.

A lire: André Pratte, «Une majorité pour qui?», La Presse, 6 novembre 2008, Bernard Descôteaux, «À contretemps», Le Devoir, 6 novembre 2008.
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Que nous cachent encore «les républicains» ?

     Fox News, le réseau d'information inféodé aux républicains, révèle que l’entourage de John McCain s’est aperçu avec effroi de l’ampleur de l’ignorance de Sarah Palin. «J’aurais aimé pouvoir vous en dire plus auparavant, mais tout était sous embargo pour après les élections», confie d'abord le reporter de Fox. 
     Il poursuit: «Dans le camp McCain, on s’inquiétait énormément de ce que Sarah Palin ne possède pas les connaissances minimales pour se retrouver à un battement de cœur de la présidence.  On nous dit qu’elle ignorait quels pays faisaient parti de l’Accord de libre échange des Amériques (l’ALENA), à savoir: le Canada, les États-Unis et le Mexique.  Elle ignorait aussi que l’Afrique est un continent, non un pays.  On s’inquiétait de quantité d’autres carences dans ses connaissances…» 
     Le reporter va même jusqu’à annoncer qu’on devrait assister, au cours des prochains jours, «à une avalanche de révélations – histoires par-dessus histoires – concernant les failles de Sarah Palin.»
     Ainsi donc, si McCain avait remporté l’élection, la vice-présidente Palin aurait été «à un battement de cœur» de diriger un jour la politique américaine qui a tant d’impact sur nos vies et sur le devenir de la planète.  Elle aurait entre autres eu le pouvoir de déclencher des guerres tout en ayant «le doigt» sur le déclenchement d’une riposte nucléaire!  Que comprendre de McCain qui reprochait tant à Obama de n’être pas assez compétent pour devenir commandant en chef des forces armées américaines?
     Deux questions s’imposent. 1°) N’est-il pas proprement scandaleux qu’on nous ait caché jusqu'après les élection les graves lacunes de Palin?  2°) Combien d’autres informations aussi pertinentes au sujet de l’incurie des républicains le réseau Fox cache-t-il encore?

Voir la Vidéo de Fox News.
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Dur, dur de comprendre «la bourse»

     Vendredi, 7 novembre, les médias rapportent la perte de 240 000 emplois aux États-Unis en octobre, ce qui fait grimper le taux de chômage à 6,5%, un sommet en 14 ans.  Pour sa part, le constructeur automobile GM annonce des pertes records de 2,5 milliards $ au troisième trimestre et annonce la mise à pied de 3 600 travailleurs.  On parle aussi d’un effondrement des ventes au détail, les consommateurs américains limitant leurs achats en cette saison cruciale pour tout marchand.  Devant d’aussi mauvaises nouvelles, on s’attendrait à ce que la bourse s’effondre à nouveau.  Or, l’indice Dow Jones a augmenté de 250 points!  C’est a n'y rien comprendre…

À lire: Peter Goodman, «Jobless Rate at 14-Year High After October Losses» & «G.M. Suspends Merger Talks With Chrysler», The New York Times, 7 novembre 2008 ; David Leonhardt, «Buying Binge Slams to Halt», The New York Times, 11 novembre 2008.
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« Faites ce que je prêche, 
surtout pas ce que je fais ! »

     Les médias rapportent que le leader de la droite autrichiene, Jörg Haider, qui s’est récemment tué en automobile, était homosexuel.  Marié et père de deux enfants, il se présentait comme un ardent défenseur des valeurs familiales. Il a pourtant toujours refusé d'aborder les rumeurs relatives à son orientation sexuelle et à la présence de nombreux jeunes hommes dans son entourage…
     Ce serait là le plus récent exemple des contradictions flagrantes, pour ne pas dire choquantes, qu’on observe chez plusieurs de ceux qui se drapent de vertus. Souvent, ces gens de la droite «bien pensante» dénoncent avec vigueur l’homosexualité, l’éducation sexuelle, l’utilisation de moyens contraceptifs, le droit à l’avortement et au mariage gai…  Bref, ils prêchent contre la liberté des autres pour imposer leurs valeurs morales strictes. 
     Le cas Haider rappelle une longue ligné de dirigeants américains prêchant de hautes valeurs morales mais qui se comportent tout autrement, à commencer par les télé-évangélistes Jim Bakker, Jimmy Swaggart et Ted Haggard, les républicains Tom DeLay, Mark Foley, Randy Cunningham et Newt Gingrich, sans oublier des animateurs radio ultraconservateurs comme Rush Limbaugh
     Le cas Gingrich est tout particulièrement choquant.  En 1994, comme président de la Chambre des représentants, il était le second en ligne à la présidence des États-Unis (derrière le vice-président Al Gore).  En bon républicain de droite, il s’est acharné sur Bill Clinton à propos de ses histoires extraconjugales… alors même qu'il en vivait une lui-même!  Malgré cela, aujourd’hui encore, l'hypocrite leader républicain jouit d’une grande popularité au sein de la droite, tout comme certains télé-évangélistes et prêcheurs qui continuent de sévir. 
     Incidemment, on observe souvent chez les tenants de la «moralité» qu’ils acceptent des comportements dans leurs rangs qu’ils démonisent chez les autres. Ainsi, le cas de Sarah Palin est parlant; imaginons simplement qu’elle ait été démocrate, jamais les républicains n’auraient toléré une candidate aussi imcompétente et «peu morale» à la vice-présidence.  Mais comme elle est des leurs… «Deux poids, deux mesures…», dit-on.

À lire: AP, «Gingrich Says He Cheated on His Wife», The New York Times, 9 mars 2007, David Stout, «DeLay Is Indicted and Forced to Step Down as Majority Leader». The New York Times, 28 Septembre 2005, 

Intelligeance en nombre insuffissant

    Dans les années 1950, Adlai Stevenson, candidat démocrate à la présidence des États-Unis, passait pour un homme brillant.  On rapporte qu’à la suite d’un discours éloquent, l’un de ses admirateurs aurait crié quelque chose comme: «Tous les hommes intelligents devraient voter pour vous!»  Stevenson aurait répondu: «Ce n’est pas suffisant… j’ai besoin d’une majorité!»

Source: NIcholas Kristof, «Obama and the War on Brains», The New York Times, 9 novembre 2008.
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La liberté des uns, la liberté des autres…

     Face au cours Éthique et culture religieuse, qui remplace depuis septembre les cours de religion et de morale dans nos écoles, la Coalition pour la liberté en éducation réclame «le droit de choisir» comme liberté fondamentale dont on devrait tous bénéficier.  Plus spécifiquement, la CLÉ réclame:
que soit redonnée aux parents la liberté de choisir pour leurs enfants un enseignement moral ou religieux à l’école, en accord avec leurs croyances et leurs convictions;
que tout cours d’éthique et de culture religieuse soit optionnel; 
que les écoles privées ne soient pas contraintes de donner des enseignements religieux ou moraux, ou d’éthique et de culture religieuse, qui vont à l’encontre de leur orientation confessionnelle; 
que les enseignants recouvrent leur liberté de conscience. 
     Comme le relate Bernard Descôteaux, directeur du quotidien Le Devoir,«Ce que réclame cette coalition, qui rallie les parents catholiques, ou ultracatholiques comme les Bérets blancs, avec l'appui de l'archevêque ultramontain de Québec, le cardinal Marc Ouellet. c'est le retour des cours de religion à l'école.»
     Que se serait-il passé si une telle coalition avait existé dans les années 1950?  Ces catholiques auraient-ils été excommuniés par leur Église toute puissante pour réclamer la liberté de choisir?
     Et aujourd'hui, cette coalition permettrait-elle que soient enseignés de véritables cours d'éducation sexuelle?  Est-elle tout aussi bien disposée envers le droit de choisir en matière de liberté sexuelle: type d'union, contraception, avortement, mariage gai, etc.? 

Réf.: Bernard Descôteaux, «Action démocratique du Québec - À droite toute», 11 novembre 2008.
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À contre-courant des changements climatiques

     Bjørn Lomborg, professeur à l’École des Hautes Études commerciales de Copenhague, conteste énergiquement le discours catastrophique des environnementalistes et, surtout, les solutions préconisées pour faire face aux changements climatiques.  Il est bien connu pour deux de ses ouvrages: L'Environnementaliste sceptique et Cool It: The Sceptical Environmentalist's Guide to Global Warming
     «Soyons clairs, écrivait-il récemment, je ne conteste pas l’existence du réchauffement de la planète. Ce serait stupide étant donné les rapports incontestables du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.  Les températures de la Terre vont probablement augmenter de 1,6 à 3,8 degrés Celsius d’ici la fin du siècle et, selon William Nordhaus de l’Université Yale, cela entraînera des déboursés additionnels de 15 billions $.» 
     «Cependant, nous devons rester calmes – Cool it! -, puisque les coûts du réchauffement de la planète ne représenteront qu’un demi de 1% de la valeur de toute la richesse qui sera créée au cours du siècle.  Toute panique risque, au contraire, de nous amener à prendre de mauvaises décisions ou à appliquer des politiques extrêmement coûteuses qui feront plus de mal que de bien.»

Concentrons-nous sur les vrais problèmes 
     Pour illustrer son propos, M. Lomborg parle de la faim dans le monde.  On rapporte que la mise en œuvre des accords de Kyoto pourrait coûter 180 milliards $ par année et préserverait de la famine 2 millions de personnes d’ici la fin du siècle.  Cependant, les Nations Unies estiment qu’en consacrant 10 milliards $ par année, on épargnerait 230 millions de vies!
     Même chose en ce qui a trait aux conséquences des inondations, des vagues de chaleur, des ouragans, des maladies et des pénuries d’eau potable. »Les Nations Unies estiment qu’avec 70 milliards $ par année, on procurerait à tous les habitants de la Terre de l’eau potable, des installations sanitaires, de l’instruction de base et des soins de santé. Tandis que là, on dépense des fortunes pour très peu de résultats.» 
     En outre, poursuit Lomborg, même si tous les pays appliquaient les accords de Kyoto (y compris les États-Unis), cela n’atténuerait la hausse des températures globales que de 0,15 C.  «Il est nettement plus efficace de mettre en oeuvre des politiques qui s’attaquent directement aux problèmes plutôt que de chercher à réduire nos émissions de gaz carbonique», préconise-t-il.
     «Et même si on pouvait stopper totalement les changements climatiques – ce qui est évidemment impossible –, 97% des problèmes de famine persisterait, puisque seulement 3% résulte du réchauffement planétaire.»  Qui plus est, le réchauffement climatique a aussi ses bons côtés: si on estime que 400 000 personnes périront à cause de la chaleur, 1,8 million d’autres ne mourront plus de froid. 
Les bonnes priorités
     Que doit-on faire alors?  Rien?  Non, répond Lomborg.  On doit avant tout établir les bonnes priorités d’action.  Entre autres, on devrait concentrer nos programmes d’aide Internationale à nourrir, vacciner et développer l’agriculture chez les populations des pays les plus démunis.  Parallèlement, on devrait s’attaquer au problème des changements climatiques de façon plus réfléchie, notamment en investissant dans la création de nouvelles technologies propres, au lieu de chercher à diminuer à grands frais nos émissions de CO2. 
     «Le jour où le coût des énergies renouvelables sera inférieur à celui des énergies fossiles, tout le monde, y compris la Chine et l’Inde, se mettra à utiliser ces alternatives écologiques», conclut Bjørn Lomborg.

D’après: Bjørn Lomborg, «Global warming: why cut one 3,000th of a degree?», The Times, 30 September 2008 ; «Let the data speak for itself», The Guardian, 14 October 2008 & «A New Dawn», The Wall Street Journal, 8 November 2008.
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200 milliards de dettes et ça continue…

     Selon le plus récent rapport du vérificateur général du Québec, notre dette nationale – qu’il appelle «l’endettement du secteur public du Québec» - dépasse maintenant les 200 milliards $.  Qui plus est, cette dette a augmenté de 7 milliards il y a deux ans et de 3½ milliards $ l’an dernier, comme l’indique le tableau suivant:

Endettement total du secteur public du Québec

31 mars 06 31 mars 07 31 mars 08
Dette du gouvernement 151 milliards $ 156 milliards $ 159 milliards $
Dette des entreprises commerciales 34 milliards $ 34 milliards $ 34 milliards $
Dette des villes et universités 13 milliards $ 14 milliards $ 15 milliards $
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Endettement total 198 milliards $ 205 milliards $ 208 milliards $
Source: Tableau 5 du Rapport spécial du Vérificateur général du Québec, octobre 2008, p. #35.

     L’endettement total, tel que calculé par le vérificateur, se compose de la dette directement supportée par le gouvernement, de la dette des entreprises dans lesquelles le gouvernement à une participation, et de la dette assumée par les secteurs municipal et universitaire. 
     Notons que le vérificateur général est apolitique, qu’il ne prend donc pas parti pour personne, y compris pour le gouvernement en place.  Son rôle consiste à vérifier si ce dernier respecte les lois comptables qu’il s’est lui-même données.  À cette fin, le vérificateur peut très bien conclure que, selon les lois que le gouvernement a votées, il respecte ses politiques de déficit zéro… même si la dette continue d’augmenter.  Comme relaté dans le rapport: tout est question de définitions!
     Toutefois, le fait est qu’à elle seule, la dette du gouvernement du Québec, qui dépasse les 150 milliards $, augmente de 3 à 4 milliards par année.  Il est donc faux de dire que le gouvernement réalise des budgets équilibrés et qu’il n’y a plus de déficit. C’est faux!

Source: Rapport spécial du Vérificateur général du Québec, octobre 2008, lire à partir de la page #33.
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À quand le tsunami ?

     Les trois grands constructeurs automobiles américains sont au bord du gouffre.  GM serait sur le point de manquer de fonds pour payer ses factures et le salaire de ses employés, et donc acculé à la faillite.  Ford et Chrysler ne seraient guère en meilleure posture, dit-on.  Leur situation s’aggrave d’autant qu’en cette période de récession – la plus grave depuis des décennies -, bon nombre d’acheteurs n’ont plus les moyens de changer de voiture. (Et ceux qui les ont achètent des produits japonais.)  Les ventes d’auto sont donc en chute libre… 
     Le problème fondamental des trois grands de l'auto est qu’ils ne fabriquent pas le genre de véhicules dont ont désormais besoin les consommateurs: de petites voitures qui consomment le moins possible d’essence.  Au lieu de cela, ils offrent des véhicules utilitaires sports, des camionnettes et autres chars d’assaut… ni plus ni moins que des dinosaures énergivores. 
     Le gouvernement peut-il sauver ces entreprises?, se demandent les analystes. Il semble bien que non puisque d’aucune façon il ne pourrait les soutenir à bout de bras le temps qu’elles renouvellent leur gamme de voitures, c’est-à-dire durant au moins une année ou deux, si ce n'est de trois à cinq ans.  Qui plus est, entre temps, combien de consommateurs se risqueraient à acheter des véhicules inutilitaires auprès d’entreprises qui risquent de disparaître à tout moment?  (Autant se procurer des autos japonaises nettement mieux adaptées aux temps modernes.) 
     De toute façon, il est trop tard, puisqu’on se trouve déjà en synergie autodestructrice: étant donné les mauvaises nouvelles qui s’accumulent, moins de gens achètent des voitures américaines, et puisque moins le font, la situation s’aggrave d’autant…  Les ventes chutant de plus en plus rapidement, c’est peine perdue.
     Tout indique donc qu’on devrait assister sous peu – possiblement d’ici la fin de l’année - à un véritable séisme: la disparition d'au moins l'un des trois fabricants de voitures américaines (sinon même les trois!), ce qui provoquerait la disparition de 2 millions d’emplois!  Ce sera un véritable tsunami économique.  (Deux millions d'emplois équivaut à la moitié de tous ceux et celles qui travaillent au Québec!)
     Peut-être le seul espoir qu’on puisse avoir est que, pour une raison qu’on ne voit pas, l’impact de la catastrophe sera moindre que prévu. Déjà, d'aileurs, David Brooks en parle comme d'une «destruction créative» à l'oeuvre.
     Comment donc se préparer au tsunami qui s'en vient?

À lire: Micheline Maynard, «G.M.’s Troubles Stir Question of Bankruptcy vs. a Bailout» & Thomas Friedman, «How to Fix a Flat», The New York Times, 12 novembre 2008 ; David Herszenhorn, «Chances Dwindle on Bailout Plan for Automakers» & David Brooks, «Bailout to Nowhere», The New York Times, 13 novembre 2008 ; Editorial, «Saving Detroit From Itself», The New York Times, 15 novembre 2008. Mitt Romney, «Let Detroit Go Bankrupt», The New York Times, 18 novembre 2008.
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     Ça y est.  Selon l'Organisation de coopération et de développement économiques, nous sommes officiellement en récession.  L’OCDE regroupe les gouvernements de 30 pays, dont ceux des États-Unis, du Japon, de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et du Canada (mais pas encore ceux de la Chine, de la Russie, de l’Inde et du Brésil). 
    «Nous sommes en mesure de dire que les pays de l’OCDE sont, dans leur ensemble, en récessions et qu’ils le demeureront vraisemblablement un bon bout de temps», a déclaré en conférence de presse Jorgen Elmeskov, directeur des études de politique économique à l’OCDE. 
     «Nous projetons une reprise économique graduelle à partir du milieu de 2009 et un retour à la normale dans la seconde moitié de 2010, a-t-il poursuivi.  Ce n’est qu’à ce moment-là que l’économie sera revenue à la normale.  Entre temps, le chômage augmentera de façon notable pour ne commencer à diminuer qu’à partir de la seconde moitié de l’an prochain.» L’OCDE prévoit que le taux de chômage pour l'ensemble de ses membres devrait augmenter de 1% l’an prochain et encore un peu plus en 2010.
     M. Elmeskov insiste pour dire que ces projections sont hautement incertaines: «Tout dépend de l’ampleur et de la durée de la crise financière [qui secoue Wall Street] qui provoque la récession actuelle.»

Source: OCDE, «L’OCDE prévoit un ralentissement économique prolongé aux États-Unis, au Japon et dans la zone euro», 13 novembre 2008. (Visionnez la conférence de presse de Jorgen Elmeskov.), David Jolly, «Tough Times Seen for Big Economies», The New York Times, 13 novembre 2008.

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À nous de faire l'Histoire ?

     L’année 2008 a commencé avec l’idée qu’on allait célébrer la mythique année 1968 durant laquelle la révolution sociale des baby-boomers s’est amorcée.*  On a cependant été rattrapé par l’actualité pressante: l’éclatement de la bulle immobilière aux États-Unis a provoqué une crise financière à Wall Street qui nous précipite à présent dans une récession mondiale.  La nostalgie du passé a vite été remplacée par un avenir inquiétant.
     Il se pourrait par contre que 2008 soit une année tout aussi significative que 1968, si elle devait marquer le début d'une période de changements fondamentaux. 
     2008 pourrait ainsi passer à l’histoire comme l’année où «ils» ont tué leur poule aux œufs d’or?  De qui s’agit-il?  Des spéculateurs qui sont à l’origine des bulles spéculatives comme la bulle techno des années 1990, celle des prêts hypothécaires et de la flambée des prix de l’essence. 
     Notons que les spéculateurs ne sont pas des investisseurs qui cherchent à développer un secteur d’activité, mais à maximiser leur profit le plus rapidement possible.  L’argent qu’ils empochent se fait au dépend de d’autres, l’exemple de la bulle hypothécaire illustrant bien les conséquences de leurs agissements.

Le ras-le-bol des consommateurs
     L’un des événements marquants de 2008 pourrait bien être la volatilité des prix du baril de pétrole.  Rappelons qu’en l’espace de cinq mois seulement (de février à juin), celui-ci est passé de 88 à 145$, du jamais vu!  (Graphique ci-contre.)  Selon plusieurs analystes, une bonne part de cette flambée serait due à des spéculateurs qui ont parié que les prix de l’énergie allaient atteindre des sommets inégalés (possiblement 200 $ le baril d’ici 2010).  Résultat: les prix de l’essence à la pompe se sont envolés… au grand dam des automobilistes. (Un autre exemple de qui paient pour les profits que cherchent à encaisser les spéculateurs.)
     Toutefois, ce que ces spéculateurs n’avaient pas prévu, c’est qu’à l’été, l’augmentation des prix de l’essence s’est combinée à l’effondrement du marché immobilier américain, étranglant les consommateurs.  Au fur et à mesure que la crise s’amplifie, ceux-ci n’ont d’autres choix que de réduire leurs dépenses, précipitant tout le monde en récession.
     Qui plus est, non seulement s’est-on mis à moins consommer d’essence, mais on a aussi cessé d’acheter les grosses voitures américaines.  C’est ainsi que le prix du baril de pétrole s’est mis à dégringoler de façon encore plus spectaculaire: ces quatre derniers mois, sa valeur chutant à moins de 60$! (Graphique ci-contre).
     Tout se passe comme si les consommateurs en avaient marre et se disaient: «Assez!  On n’en a ras-le-bol des prix excessifs de l’essence.  Nous sommes forcés de changer nos comportements.  Nous nous passerons de nos voitures s’il le faut!»  De fait, tous les automobilistes ont l’impression d’être manipulés par les pétrolières qui augmentent sans vergogne leurs prix aux moments opportuns - sous n’importe quel prétexte - pour ensuite tarder à les réduire lorsque le prix du baril baisse. 
     Pour ajouter au ras-le-bol généralisé, les pétrolières enregistrent des profits records.  Par exemple, les profits d'Exxon Mobil sont passés, entre 2002 et 2007 de: 11 à 21 à 25 à 36 à 39 et à 41 MILLIARDS $.  Ils dépassent déjà les 37 milliards pour les neuf premiers mois de 2008!**  De toute évidence, les pétrolières sont les seules à profiter de la situation, quoiqu’il arrive.
Et si on changeait nos valeurs ?
     La conséquence la plus frappante du revers des spéculateurs pourrait bien être la disparition des voitures énergivores produites par les Américains.  Qui sait, peut-être vient-on de franchir un seuil, un point tournant, un changement dans l’insouciance des consommateurs face aux manipulations des marchés auxquels s’adonnent les pétrolières, l’industrie de l‘automobile et les spéculateurs financiers? 
     En ce sens, 2008 pourrait passer à l’histoire comme étant l’année où ceux-ci ont fini par tuer leur poule aux œufs d’or. À force d’en vouloir toujours plus et de faire preuve d'une cupidité dévorante, peut-être ont-ils franchi un point de non-retour? 
     Mais peut-être aussi qu’après une récession semblable à celle qui a suivi le choc pétrolier de 1973, tout rentrera dans l’ordre?  Peut-être reprendrons-nous nos habitudes de surconsommation, comme on l’a fait à partir des années 1980?
     Compte tenu des événements que nous vivons en ce moment, de ce que nous savons à présent et de ce que nous traverserons au cours des prochains mois, pourrions-nous commencer à faire les choses différemment?  Y aurait-il moyen d’adopter de nouvelles façons de faire, un nouveau mode de vie et de nouvelles valeurs?  (C’est ce qu’ont fait les baby-boomers à la suite de 1968, en se débarrassant du joug des religions et en libéralisant les mœurs sociales et sexuelles.) 
     Si seulement la crise économique que nous subissons pouvait servir à changer les choses, à établir de nouvelles valeurs, elle n’aura alors pas été vaine.
     De la sorte, 2008 deviendrait une année aussi significative que 1968.  À nous de faire l'Histoire!
 
* Il est à vrai dire étonnant qu’on se rappelle avec tant de nostalgie l’année 1968 comme d'une belle époque.  En réalité, ce fut une année atroce, avec les assassinats de Martin Luther King et de Bobby Kennedy, marquée par une multitude de révoltes sanglantes un peu partout à travers le monde, hantée par les terribles images de la guerre du Vietnam, par la répression soviétique en Tchécoslovaquie…  Le Monde était littéralement en train d'exploser!  Pour ceux et celles qui vivaient ces moments-là, il n’y avait pas de quoi se réjouir…  Mais maintenant que 1968 fait partie d’un passé folklorisé, on se rappelle plutôt du «bon vieux temps» des hippies…
** Voir: Clifford Krauss, «Exxon Sets Record on Annual Profits», The New York Times, 1er février 2007 ; Clifford Krauss, «Exxon and Shell Report Record Profits for 2006 », The New York Times, 2 février 2007 ; Jad Mouawad, «Exxon Mobil Profit Sets Record Again», The New York Times, 1er février 2008 ; Clifford Krauss, «Exxon’s Second-Quarter Earnings Set a Record», The New York Times, 1er août 2008 ; Jad Mouawad, «Exxon’s Profit Jumped to a Record in Quarter», The New York Times, 30 octobre 2008 ; et «Exxon Mobil Corporation Announces Estimated Third Quarter 2008 Results+, Exxon Mobil Corp, 30 octobre 2008.

Ce graphique montre qu'au début de l’année, le baril de pétrole se vendait 100$ américains. Après être descendu sous la barre des 90$ début février, il a amorcé une monté vertigineuse pour atteindre 145$ au début de juillet.  Par la suite, ce prix a entrepris une descente vertigineuse, jusqu’à moins de 50$ fin novembre. (Source: «Crude Oil Spot Price: Texas Intermediate Crude Oil Prices»)

À lire: David Brooks, «The Formerly Middle Class», The New York Times, 17 novembre 2008.
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Dans la tête du futur président

     Dans deux mois, Barack Obama deviendra à 47 ans le 44e président des États-Unis, l’homme le plus puissant de la planète, celui qui «changera le monde» au cours des quatre prochaines années. 
     Que penserait-on si on était à sa place?  Comment se préparerait-on à jouer ce rôle?  C’est ce que lui a demandé Steve Kroft, reporter à l’émission 60 minutes présentée par la chaîne CBS le 16 novembre.  Le président-élu et son épouse Michelle en ont parlé à cœur ouvert au cours d’une entrevue très touchante. 
     C’est ainsi que Kroft a demandé: «Quand avez-vous réalisé que vous deviendriez président?» «Oh…, je ne suis pas sûr de le réaliser encore!», a commencé par dire Obama.  Et son épouse d’enchaîner: «Nous regardions la télé [au soir du 4 novembre] lorsqu’est apparue l’image de Barack sur laquelle était écrit: “Président-élu: Barack Obama”.  Je l’ai regardé et lui ai dit: “Tu es le 44e président des États-Unis.  Dans quel merveilleux pays vit-on!”»  «Et tu m’as demandé si j’allais reconduire les filles demain à l’école», d’ajouter le nouveau président. «Non, je n’ai pas dit ça!»  Et tout le monde s’est éclaté de rire.
     Obama a raconté s’être entretenu avec ses prédécesseurs. «Tous ont été vraiment cordiaux à mon endroit, dit-il.  Ils savent qu’il y a une certaine solitude rattachée à la fonction.  On vous donne des tas d'avis et d’opinions mais, ultimement, vous êtes celui qui prenez les décisions.  Et je pense que je ressens déjà cette solitude…»
     Le reporter lui a ensuite demandé comment il se préparait à sa fonction, ce qu’il lisait pour ce faire. «Oh, des tas de notes d’information!», a d’abord lancé Obama.  Il a ensuite expliqué qu’il consacre beaucoup de son temps de lecture aux écrits d’Abraham Lincoln, le 16e président des États-Unis qui, entre 1861 et 1865, a combattu l’esclavage. «J’y puise une sagesse et beaucoup d’humilité dans sa façon de gouverner.  Ses écrits me sont très précieux.»  Il s’inspire aussi de Franklin Delano Roosevelt (FDR), le 32e président qui, dans les années 1930, a remis sur pied les États-Unis grâce aux premiers programmes d’assistance sociale. «Ce que je vois dans FDR et que j’espère qui inspirera mon équipe, c’est qu’on ne fera pas toujours les bonnes choses, mais qu’on doit avoir la confiance et la volonté d’essayer des choses et d’expérimenter afin de remettre tout le monde au travail.» [Peut-on s'imaginer un instant à la place d’Obama, destiné à faire parti de la lignée des Lincoln, Roosevelt, Kennedy…?!]
     Le futur président estime d’ailleurs qu’on ne s’attend pas de lui qu’il fasse des miracles. «Je pense que si vous parliez au citoyen moyen, il vous dirait qu’il ne s’attend pas à ce que le nouveau président claque des doigts pour que tous les problèmes soient résolus d'un coup.  Il s’attend plutôt à ce que le gars soit franc avec lui, qu’il travaille très fort pour lui.  Il s’attend à ce qu’il pense à l'Américain moyen et non plus aux riches et puissants.  Il s’attend aussi à ce que si une chose ne fonctionne pas, on en essaie une autre jusqu’à ce qu’on trouve la bonne…  C’est le gros bon sens que j’ai l’intention d’appliquer lorsque je serai en fonction.» 
     Le futur président a aussi indiqué que l’un des premiers gestes qu’il posera après le 20 janvier, ce sera d’ordonner la fermeture du camp de concentration de Guantánamo ainsi que la fin des interrogatoires-torture.  «Comme je l’ai souvent dit durant la campagne, aux États-Unis, on ne torture pas et je vais m’assurer que nous ne torturerons plus.  Ce sont là des gestes qui visent à rétablir la réputation des États-Unis à l'étranger.» 
     Le président Obama convoquera en outre son chef d’État major et son équipe de sécurité nationale afin d’entreprendre le retrait de ses troupes d’Iraq pour se concentrer sur l’Afghanistan, «là où la situation ne fait qu'empirer, dit-il.  Nous nous devons d'y soutenir nos efforts.  Je pense que notre priorité sera d’éliminer une fois pour toutes Al-Qaeda et il me semble que capturer ou tuer Ben Laden doit faire parti des priorités dans ce combat pour éradiquer Al-Qaeda.» 
     Enfin, Barack Obama a confié que l’une des choses auxquelles il a le plus de difficulté à renoncer, c’est de pouvoir faire de la marche à pieds.  «J’aimerais tant aller marcher, dit-il. Je pense que jamais je ne m’habituerai à ne plus pouvoir le faire et à n'avoir plus d'anonymat.  Je ne m’en plein pas, car ça fait parti de ce dans quoi je me suis engagé, mais ne plus marcher dans le voisinage…» 
     De même, Il ne lui est plus possible d’aller chez le coiffeur. «Désormais, c’est lui qui vient me voir, dans un endroit gardé secret, pour me couper les cheveux!, dit-il en riant.  Plusieurs petites choses du genre qui vous gardent les pieds sur Terre ne sont plus possibles…  Faire en sorte de demeurer normal, comme tout le monde, voilà qui sera, je crois, notre plus grand défi!»

D'après: Steve Kroft, Obama Interview, 60 minutes, 16 novembre 2008.
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Un appel au bon sens

     «Le vérificateur général nous avise que nos finances publiques sont déjà dans le rouge. Notre déficit zéro est une illusion, écrit Joseph Facal, ancien ministre et maintenant chroniqueur au Journal de Montréal. [Dans le cadre de la présente campagne électorale], nous avons pourtant droit à l’avalanche de promesses la plus extravagante dont je me souvienne. 
     Un nouveau Colisée, des rallongements de quais, de l’Internet sans fil, des trains de banlieue, la relance des industries malades, des embauches de professeurs, des primes aux infirmières, des traitements de fécondité, et j’en passe. On nous promet même d’agrandir une montagne pour de futurs Jeux Olympiques. Évidemment, tout cela sans hausser aucun tarif, sans couper des services, et sans hypothéquer l’avenir. Par quel prodigieux tour de magie fera-t-on cela?
     Dans le contexte actuel, était-ce trop demander de moins promettre et de se garder une petite gêne?  Évidemment que c’est irresponsable et farfelu, me direz-vous, ce sont des politiciens.
     C’est ici que je vous attendais mes amis. Oui, ce sont des politiciens. Et nous, nous sommes des électeurs. Vous pensez connaître les politiciens, mais je vous assure qu’eux vous connaissent encore mieux. Et ça donne ce que ça donne.
    Les électeurs disent vouloir la vérité. Mais seule une infime minorité la veut vraiment. La majorité veut entendre de la musique d’ascenseur ou se faire chanter la romance. Les gens ne votent pas pour un parti qui dit la vérité. Et si un parti propose de nous serrer la ceinture, les partis adverses feront croire que ce n’est pas nécessaire. Entre celui qui promet de la rigueur et celui qui promet toujours plus, ou qui prétend qu’il y a des solutions sans douleur, devinez qui va gagner? 
     Beaucoup d’entre nous dirons qu’on pourrait s’éviter les sacrifices si le gouvernement cessait de «gaspiller», sans faire de différence entre des millions et des milliards. Ou alors, si sacrifice il faut, qu’il débute chez les «autres»: les gras durs, les profiteurs, les gros. Jamais nous-mêmes… ou si rarement. 
     J’ai beau chercher, je ne me rappelle d’aucune élection remportée par un appel au sacrifice.»

D'après Joseph Facal, «Une galaxie toute proche», Journal de Montréal, 19 novembre 2008.
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Encore le mythe de l'«assisté social
qui se pogne le cul

     La campagne électorale de Mario Dumont va si mal que le chef de l’Action démocratique a cru bon ressortir les préjugés de l'«assisté social» qui, comme il le dit lui-même, «se croise les bras et attend le chèque dans sa boîte aux lettres.»
     Il annonce donc que, si l'ADQ devait être portée au pouvoir, il obligerait les prestataires d’aide sociale aptes au travail à réintégrer le marché de l'emploi.  «Il ne faut pas être gêné de regarder tous les Québécois dans les yeux et de leur dire que l'aide sociale, comme mode de vie, c'est fini!», dit-il.  Chaque prestataire jugé apte devrait par conséquent suivre une formation pour décrocher un emploi.  Selon Dumont, en quatre ans, 70 000 prestataires pourraient ainsi quitter l’aide sociale, dont 10 000 la première année.
     Or, il faut savoir qu'un «assisté social» reçoit en moyenne 702$ par mois (soit 8 424$ par année).  Tout un «mode de vie», surtout lorsqu’on considère que, puisqu'il s’agit d’une moyenne, les personnes aptes au travail reçoivent moins que 702 $/mois.  (Quel «mode de vie» obtient-on avec moins de 8 500$ par année?)
     En outre, des 136 000 prestataires jugés en condition de travailler: 
la moitié ont plus de 40 ans (et seulement 14% ont entre 18 et 25 ans),
environ 60% ont un cinquième secondaire ou moins (et 5% ont un diplôme d’études collégiales et autant un diplôme universitaire), 
65% vivent seuls alors que 13% sont chefs de famille monoparentale.
     Autrement dit, Mario Dumont promet de remettre au travail la moitié d’un groupe de personnes âgées de 40 ans et plus et ne possédant guère mieux qu'un diplôme de secondaire V… alors même que s’amorce une grave crise économique.

En l’espace de 12 années, le nombre de prestataires de l’aide sociale a diminué de 40%, passant de 794 000 en 1997 à 478 000 en 2008.  Alors que le nombre d’adultes (en gris) a diminué du tiers, celui des enfants dont les parents reçoivent de l’aide (blanc) a chuté de plus de la moitié.

     Il faut aussi savoir que le nombre de prestataires ne cesse de diminuer depuis au moins douze ans (graphique).  Ainsi, au cours des douze derniers mois seulement, ce sont 9 700 prestataires qui ont quitté l’aide sociale – soit presqu'autant que ce que nous promet Dumont! 
     Le chef de l’ADQ est-il si désespéré qu’il recherche à s’attirer le vote des «honnêtes travailleurs qui se sentent exploités par le système» en s’attaquant aux plus démunis de notre société?

Sources: Martin Croteau, «Dumont veut mettre fin à l'aide sociale “comme mode de vie”». La Presse, 21 novembre 2008 ; Emploi et Solidarité sociale Québec, «Rapport statistique sur la clientèle des programmes d'assistance sociale - Septembre 2008».

La valeur des cours boursiers américains

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     Depuis octobre 2008, les indices boursiers qui représentent la valeur des entreprises, subissent l’une des dépréciations les plus importantes, comme l’illustrent ces deux graphiques.  L’Indice Dow Jones (ci-dessus), qui représente la valeur de 30 entreprises d'importance, est passé de 12 000 à 8 000 points. Quant à l’indice Standard & Poor's 500 (S&P 500), plus représentatif du marché boursier américain puisque composé de 500 grandes sociétés, est passe de 1200 à 700 ponts (ci-dessous). 

Peut-on espérer que l’«histoire» se répète ?

     «Tout le monde évoque, et pour cause, du New Deal - la série de programmes sociaux instaurée par le président Roosevelt afin de faire face à la Grande dépression des années 1930.  En 2008, comme en 1932, l’ère de la politique américaine dominée par les républicains a pris fin avec une débandade économique et financière qui, aux yeux des électeurs, a discrédité autant leur idéologie du libre marché que leur prétention à gouverner.  Et pour ceux qui se trouvent du côté des forces progressives en politique, c’est un temps d'espoir…»
     (Á l’époque de la Dépression, les républicains ont été chassés de la Maison-Blanche pour 20 ans.  Peut-on espérer la même chose cette fois-ci?!)

D'après Paul Krugman, «The Lame-Duck Economy», The New York Times, 21 novembre 2008.
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Une équipe du tonnerre !

     David Brooks, chroniqueur au New York Times, présente le futur président Obama et son équipe comme étant un groupe d’hommes et de femmes bardés de diplômes provenant des plus prestigieuses universités américaines (Harvard, Yale, Princeton, MIT, etc.).  «Plus que toute autre administration précédente, celle-ci sera dirigée par des gens qui ont terminé premiers de leur classe», écrit-il.  Ils ont autant une bonne expérience politique - plusieurs ayant fait leurs armes dans l’administration Clinton ou comme sénateur ou gouverneur d’État – que du secteur privé. 
     Ils sont astucieux et représentent un bel évantail du spectre politique, poursuit-il.  Ils connaissent fort bien les rouages de Washington, plusieurs figurant parmi les meilleurs insiders de la capitale américaine.  «Résultat: l’équipe Obama est plus impressionnante que toute autre dont on se souvient», évalue Brooks.
     Pour lui, Il s’agit en premier lieu d’individus à l'esprit ouvert qui acceptent la réalité telle qu'elle est.  Deuxièmement, ils sont admirés par leurs pairs, tant démocrates que républicains.  Troisièmement, ils ne sont pas partisans à outrance.  Quatrièmement, ce ne sont pas des idéologues.  Et, finalement, plusieurs d’entre eux sont très innovateurs.
     Quel contraste d'avec les néo-conservateurs qui entourent George Bush, pour la plupart des idéologues qui ne voient le monde qu'à travers leurs convictions. 

Source: David Brooks, «The Insider’s Crusade» The New York Times, 21 novembre 2008.
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Être président, selon John F. Kennedy

     En décembre 1962, alors qu’il était président des États-Unis depuis deux ans, John F. Kennedy a relaté la difficulté d’exercer cette fonction.  Ses propos, émis il y a 46 ans, semblent tout à fait pertinents pour Barack Obama, qui s’apprête à faire de même. 
     «Je dirais que les problèmes sont plus complexes que ce que j’imaginais, constatait Kennedy.  La responsabilité qui incombe aux États-Unis est plus grande que ce que j’imaginais.  Et il y a davantage de contraintes que j’imaginais pour parvenir à obtenir des résultats positifs. 
     «Je pense que c’est ce que constate quiconque devient président parce qu’il y a une grande différence entre ceux qui conseillent, qui discourent ou qui légifèrent et celui qui doit choisir entre différentes possibilités et déterminer ce que sera la politique des États-Unis.  Il est nettement plus facile de faire des discours que de faire le choix final. 
     «Le président Eisenhower m’avait dit qu’il n’y a jamais de questions faciles qui parviennent jusqu’au président parce que lorsque c’est facile, ça se règle à des échelons inférieurs.  Donc, lorsqu’une question arrive jusqu’au président américain, c’est toujours quelque chose de difficile, une question qui comporte d’importantes ramifications. 
     «Je puis dire, après deux années à la présidence, et maintenant que j’en ai l’expérience, que rien ne peut vous préparer adéquatement à exercer cette fonction… »
     Onze mois plus tard, Kennedy était assassiné…

Source: MSNBC, «JFK Reflects on Challenges of Presidency», Nithgtly News, 22 noVembre 2008.
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La récession : un an déjà…

     Le Bureau national de recherche économique américain annonce que la récession s’est amorcée aux États-Unis en décembre 2007 - il y a donc un an déjà. 
     Cet organisme indépendant, qui analyse différents indicateurs économiques pertinents pour en arriver à cette conclusion, constate que la période de croissance économique qui s’est amorcée en novembre 2001 a pris fin en novembre 2007, soit après 6 années d’expansion.  Depuis décembre 2007, on assiste à une contraction de l’économie américaine.  (La récession prédécente a duré 8 mois, voir ci-dessous.)
      L’organisme de recherche précise que, par définition: «Une récession est un déclin significatif d’une série d’activités économiques, qui s’étend sur plusieurs mois et qui s’observe normalement dans la production, l’emploi, le revenu net et autres indicateurs.  Une récession s’amorce après que l’économie ait atteint un sommet d’activités et se termine après qu’elle ait franchi un creux.»  Inversement, d’un creux à un sommet d’activités, l’économie est dite en expansion. 
     Au cours des cinquante dernières années, on a ainsi connu les 8 récessions suivantes: 
1) d’avril 1960 à février 1961 (10 mois), suivie d’une expansion qui a duré 8,8 ans;
2) de décembre 1969 à novembre 1970 (11 mois), suivie d’une expansion qui a duré 3 ans;
3) de novembre 1973 à mars 1975 (16 mois), suivie d’une expansion qui a duré 4,8 ans;
4) de janvier à juillet 1980 (6 mois), suivie d’une expansion qui a duré 1 an;
5) de juillet 1981 à septembre 1982 (16 mois), suivie d’une expansion qui a duré 7,7 ans;
6) de juillet 1990 à mars 1991 (8 mois), suivie d’une expansion qui a duré 10 ans;
7) de mars à novembre 2001 (8 mois), suivie d’une expansion qui a duré 6 ans, et
8) de décembre 2007 à (au moins) décembre 2008 (>12 mois)…. 
     D’après les données du Bureau, la fameuse récession des années 1930 – qui a donné lieu à la Grande dépression – a duré 3½ ans (d’août 1929 à mars 1933).  La crise actuelle pourrait possiblement s’en rapprocher…

Source: National Bureau of Economic Research, «Business Cycle Dating Committee, National Bureau of Economic Research» & «Business Cycle Expansions and Contractions», 1er décembre 2008.
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Chronologie de la crise historique
au Parlement canadien

     La fin de l’année 2008 est marquée par un autre «événement historique»: une crise politique comme on n’en a jamais vu au Parlement du Canada. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper, tout juste réélu (minoritairement) risque fort d’être renversé par l’oppostion avant d’avoir pu siéger. (Décidément, 2008 n’a pas fini de nous étonner!)
     Qui plus est, cette crise politique sans précédent se déroule si rapidement qu’on risque fort d’oublier certains des faits qui permettent de comprendre ce qui se passe.  C’est pourquoi nous publions une chronologie des faits marquants. 
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Mercredi, 
26 novembre:
Le réseau TVA révèle que le gouvernement conservateur annoncera demain que, pour «donner l'exemple» en période économique difficile, il coupera les vivres aux partis politiques en abolissant les compensations versées par l'État (une économie d'environ 27 millions $).
Jeudi, 
27 novembre:
Comme prévu, le gouvernement conservateur annonce l'abolition de l'allocation de 1,95$ versée aux partis politiques.  Qui plus est, dans son énoncé économique, le ministre Jim Flaherty ne propose aucune mesure immédiates pour soutenir l'économie. Il annonce par contre la suspension du droit de grève dans la fonction publique jusqu'en 2011 ainsi que la fin des contestations judiciaires qui ont trait à l'équité salariale.
     Ainsi, contrairement aux autres économies occidentales, le gouvernement canadien surprend parce qu'il ne ressent pas l'urgence de présenter un plan de relance de l'économie, comme le font ls autres à coups de centaines de milliards $.  Il s'en tient à son échéancier initial consistant à attendre le prochain budget annuel pour décider s'il agira ou non. Le dépôt du budget, qui a d'ordinaire lieu la dernière semaine de février, sera toutefois devancé quelque peu, probablement vers le début de février.
Pour les trois partis d'opposition, le gouvernement est trop «idéologique» en ces temps de crise financière. «Les conservateurs sont allés beaucoup trop loin!», dit-on. Par conséquent, l''opposition n'a pas de qualificatifs assez forts pour décrier la décision «mesquine» de Stephen Harper de sabrer le financement des partis politiques. Tous voteront contre cette initiative, quitte à renverser le gouvernement.
     Toutefois, plusieurs estiment que la gouverneure générale, Michaëlle Jean, n'accepterait pas la tenue d'un autre élection en moins de six mois. Elle pourrait donc demander à l'opposition de former un gouvernement de coalition. Stéphane Dion pourrait peut-être ainsi devenir premier ministre du Canada, du moins jusqu'à ce que le Parti libéral se choisisse un nouveau chef en mai 2009.
Précisons que l’abolition de l'allocation versée aux partis politiques privera le Parti libéral de 60% de son financement, de 58% pour le Bloc québécois et de 55% pour le NPD, mais de seulement 38% pour le Parti conservateur. (En chiffres absolus, le Parti conservateur serait le plus touché, perdant des revenus de 10,4 millions $, contre 7,1 millions pour le Parti libéral, 4,9 millions pour le NPD et 2,9 millions pour le Bloc québécois.)
Vendredi, 
28 novembre:
L'impasse entre le gouvernement et les partis d'opposition est totale, au point que le renversement possible du gouvernement conservateur d'ici dix jours amène les partis d'opposition à préparer sérieusement l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de coalition formé du Parti libéral et du NPD, avec l'appui du Bloc québécois.
     La raison de la crise: l'austérité économique prônée par les conservateurs, qui refusent de modifier leur énoncé économique dévoilé jeudi pour y ajouter des mesures visant à stimuler la croissance et soutenir l'économie. L'opposition estime que le Canada doit dépenser pour aider la population à traverser la crise, et non couper dans les budgets du gouvernement pour maintenir l'équilibre budgétaire.
     Le Parti libéral envisage par conséquent déposer une motion de censure pour défaire le gouvernement sur cet enjeu. Le texte de la motion mentionne clairement la volonté de former un gouvernement de remplacement.
Sur l’heure du souper, Stephen Harper annoncequ'il repousse tous les votes de confiance qui devaient se tenir la semaine prochaine. Lors d’une allocution-surprise de cinq minutes, il soutient qu'un gouvernement de coalition PLC-NPD n'aurait aucune légitimité. «Ils veulent s'accaparer le pouvoir, pas le gagner, dit-il. Ils veulent mettre en place un gouvernement dirigé par un parti qui a reçu sa plus petite part des suffrages depuis la confédération. Ils veulent mettre en place un premier ministre, le premier ministre Dion, qui a été rejeté par la population il y a six semaines… Jack Layton et Stéphane Dion veulent y arriver avec le soutien d'un parti qui veut détruire le pays…  Le gouvernement du Canada doit être choisi par les Canadiens… On doit tous défendre le droit de la population à choisir son propre gouvernement.» 
     Le premier vote qui engage la confiance de la Chambre aura donc lieu le lundi 8 décembre. Le premier ministre espère que, d'ici là, le Parti libéral renoncera à sa motion de défiance et que les citoyens feront part de leur mécontentement.
Mais il serait trop tard puisque certains libéraux parlent déjà d'un gouvernement de coalition comme d'une réalité:  «Les discussions entre les partis vont bon train», a dit la députée libérale Marlene Jennings, après l'allocution de Stephen Harper. «Si tout va comme prévu, on va former un gouvernement viable quelques jours après la défaite du gouvernement. Et on va rapidement déposer un plan économique pour aider les gens».  Des rencontres entre les partis d'opposition doivent se tenir toute la fin de semaine pour «mettre la mécanique en place», selon une source néo-démocrate. 
Selon le directeur des communications de Stephen Harper, Kory Teneycke, les partis d'opposition utilisent l'absence de stimulants économiques comme un prétexte. «La vérité, c'est qu'ils veulent garder les subventions qui proviennent des contribuables. Ils croient avoir le droit à cet argent public. Ce n'est rien d'autre, puisque les stimulants économiques vont être là dans quelques semaines à peine, lors du prochain budget», dit-il.
     Mais les trois partis d'opposition affirment que le financement des partis est «secondaire» dans leur opposition à l'énoncé économique: «Nous avons dit que nous allions voter contre pour plusieurs raisons, affirme le député libéral John McCallum, porte-parole de son parti en matière de finances.  Et la première raison, c'est qu'il n'y a rien qui pourrait aider l'économie canadienne dans un moment de crise.»
Samedi, 
29 novembre:
Devant l'ultimatum posé par les partis de l'opposition, le gouvernement Harper fait volte-face et renonce à l'idée d'abolir les subventions versées aux partis politiques. «Nous ne croyons tout simplement pas que ça vaut la peine de déclencher des élections à ce sujet», indique le ministre des Transports, John Baird, confirmant le changement de cap de son parti.
     Or, il semble que ce recul n'aura pas l'effet escompté, le Parti libéral, le NPD et le Bloc québécois ont tous trois indiqué qu'il n'aura aucun effet sur les négociations en cours en vue de former un gouvernement de coalition. «À un moment où tous les pays occidentaux industrialisés vont de l'avant avec des plans visant à stimuler leur économie, tout ce que le premier ministre a proposé, c'est de faire des coupes idéologiques et de s'en prendre aux droits des Canadiens. Rien pour aider notre économie», déclare Ralph Goodale, leader libéral à la Chambre des communes. 
Dimanche,
30 novembre:
Le Parti conservateur diffuse une conférence téléphonique privée des néo-démocrates, qu’il a écouté à l'insu du NPD. L'enregistrement fait entendre Jack Layton se targuer auprès de son caucus d'avoir élaboré des plans pour défaire le gouvernement avec l'aide du Bloc québécois, et ce, avant que les conservateurs ne publient leur plus récente mise à jour économique. Ces discussions à huis clos ont eu lieu hier et un enregistrement de la rencontre a été remis aux médias aujourd'hui par le personnel du premier ministre.
     Le député néo-démocrate Thomas Mulcair réagit en déclarant que son parti examine la possibilité d'intenter une poursuite au criminel.  «Soyons clairs, dit-il, les conservateurs faisaient de l'écoute d'une conversation à laquelle ils n'avaient absolument aucun droit de participer…»
     Un porte-parole du premier ministre soutient pour sa part qu'il n'était pas contraire à l'éthique d'écouter à la dérobée, d'enregistrer et de diffuser aux médias des délibérations privées du NPD.
Lundi, 
1er décembre:
Les trois chefs de l’opposition procédent à la signature officielle d’un accord les liant, jusqu'au 30 juin 2011 dans le cas des libéraux et des néo-démocrates, un an plus tôt dans le cas des bloquistes. Les trois partis s'engagent à offrir un gouvernement tout en économie, dont le chef sera Stéphane Dion (jusqu’au 2 mai 2009).
     Celui-ci déclare solonnellement: «Aujourd'hui, mes chers concitoyens, j'ai informé son excellence la gouverneure générale du Canada, la très honorable Michaëlle Jean, de l'accord entre les partis d'opposition. Compte tenu des difficultés économiques auxquelles les concitoyens sont confrontés et du fait que l'élection a eu lieu il y a deux mois, j'ai respectueusement recommandé à son excellence qu'elle devrait à la première occasion exercer son pouvoir constitutionnel et inviter le chef de l'opposition officielle à former un gouvernement de collaboration avec l'appui des deux autres partis d'opposition.»
     Pendant la première année, le chef du Bloc québécois s'engage à ne pas déposer de motion de censure et à ne pas appuyer celles qu'une opposition conservatrice serait susceptible de présenter. Le Bloc québécois s'engage aussi à voter en faveur des budgets et des discours du Trône du gouvernement pendant la période visée. L'accord pourra être prolongé. En outre, comme la formation souverainiste ne fait pas partie du gouvernement de coalition, un mécanisme permanent de consultation sera mis sur pied.
     La coalition s'engage à accélérer les investissements en infrastructures, à offrir de nouveaux crédits pour des projets municipaux, comme le transport en commun ou l'eau potable, à construire de nouveaux logements, à investir dans les secteurs manufacturier, forestier et automobile. Elle s'engage aussi à modifier la loi sur l'assurance-emploi de manière à créer une caisse  autonome s'autofinançant. Les deux semaines de carence imposées aux chômeurs seront aussi abolies, un gain pour le Bloc. La  coalition n'annulera pas les réductions d'impôt aux entreprises que Jack Layton avait prises en grippe pendant la campagne  électorale.
     Enfin, la coalition s'engage à restaurer les fonds des agences de développement économique régional et les 45 millions de dollars supprimés en culture et renoue avec le protocole de Kyoto. Un système d'échange de crédits d'émission de gaz à effet de serre sera mis en place et 1990 sera utilisée comme année de référence aux fins de calcul des réductions. M. Dion n'ira pas de l'avant avec sa taxe sur le carbone.
De son côté, le premier ministre Stephen Harper plaide pour un sursis. Il invite les trois partis d'opposition à attendre le dépôt du budget avant de renverser son gouvernement minoritaire.
Quant aux trois candidats au leadership libéral (Michael Ignatieff, Bob Rae et Dominic LeBlanc), ils se sont présentés devant la presse ensemble, souriants, pour annoncer que le caucus appuyait unanimement leur chef Stéphane Dion tandis que la course suivra son cours normal. Si le plan fonctionne, alors M. Dion sera premier ministre jusqu'au 2 mai 2009, quand un successeur lui sera  choisi.
Note 1 Stéphane Dion. que personne ne veut comme premier ministre du Canada, pourrait bien le devenir envers et contre tout!  Quel destin étonnant pour cet homme si mal-aimé.
Note 2 Est-ce à dire que le sort du Canada (anglais) reposera entre les mains d’une gouverneure générale francophone issue du Québec, qui pourrait désigner un premier ministre provenant du Québec (francophone) et qui a l’appui du parti souverainiste du Québec?!  Ô combien doivent être frustrés les Canadiens de l’Ouest qui se sont battus contre la souveraineté du Québec…
Mardi, 
2 décembre:
Les conservateurs passnet «à l'offensive» en jouant à fond la carte de l'unité nationale.  Dans une Chamdre des communes survoltée, Stephen Harper déclare: «Cette entente que le chef du Parti libéral a conclue avec les séparatistes est une trahison des électeurs, une trahison des meilleurs intérêts de notre économie, une trahison des intérêts supérieurs de notre pays. Nous allons la combattre avec tous les moyens que nous avons à notre disposition.»
     Les conservateurs lancent ainsi une offensive publicitaire sur les ondes des stations de radio pour dénoncer l'accord conclu entre les trois partis d’oppistion. De sucroît, M. Harper ne laissé planer aucun doute sur son intention de proroger la session parlementait avant le vote de confiance prévu lundi prochain sur une motion de censure. Il aurait aussi l’intention d’expliquer cette décision dans un discours devant la nation qu'il pourrait prononcer d'ici la fin de semaine.
Mercredi, 
3 décembre:
Les conservateurs font parvenir à leurs partisans amateurs d'armes à feu une missive dans laquelle ils les invitent à s'opposer farouchement à la coalition de partis d'opposition qui menace de prendre le pouvoir dès la semaine prochaine. La lettre qualifie cet éventuel gouvernement de «pire nouvelle possible» pour ceux qui souhaitent l'abolition du registre des armes à feu. Cette missive fait partie de l'offensive tous azimuts des conservateurs pour éviter de perdre le pouvoir.
À 19h00, le premier ministre Harper s’adresse en toute urgence à la nation pour, simplement, réitérer ses arguments à l’effet que les partis de l'opposition ne peuvent prendre le pouvoir sans la tenue d'élections et qu'il est impensable que les souverainistes (les «séparatists» en anglais) fassent partie d'un gouvernement du Canada.  Après avoir dit qu'il prendrait «tous les moyens légaux» pour éviter que les partis d'opposition prennent le pouvoir, il argumente: «Notre gouvernement au Canada ne peut pas former une coalition à Ottawa avec des souverainistes/separatists…  Une coalition avec les souverainistes/separatists ne peut pas aider le Canada…»  Jamais le chef conservateur ne mentionne ce qu'il a l'intention de faire, pas même qu’il demandera le lendemain à la gouverneure générale de suspendre les travaux du Parlement jusqu'au 26 janvier. (Ce discours vide de toute annonce surprend tous les observateurs.)
Jeudi, 
4 décembre:
Tel que prévu, vers 9h30, le premier ministre Harper se présente à la résidence officielle de la gouverneure générale.  Au terme d’une rencontre de deux heures et demie, celle-ci accepte sa demande de suspendre les travaux du Parlement jusqu'au 26 janvier.
     Les trois chefs de l’opposition accusent aussitôt Stephen Harper de «fuir le Parlement» pour éviter la défaite de son gouvernement. 
     Ce sursis de sept semaines devrait permettre au premier ministre de préparer un nouveau discours du Trône, qui sera présenté le 26 janvier, puis un budget qui sera déposé le lendemain. De toute évidence, M. Harper compte sur l'implosion de la coalition au cours des prochaines semaines pour éviter la chute de son gouvernement lorsque les travaux de la Chambre des communes reprendront.
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D'apres: Hélène Buzzetti, «Harper asphyxie ses adversaires», Le Devoir, 27 novembre 2008 ; Hélène Buzzetti, «L'opposition songe à défaire Harper», Le Devoir, 28 novembre 2008 ; Alec Castonguay, «Le Canada en crise», Le Devoir, 29 novembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance & Hugo De Grandpré, «La Crise politique s'accentue», La Presse, 29 novembre 2008 ; Violaine Ballivy & Joël-Denis Bellavance, «Le gouvernement Harper en pér9il», La Presse, 30 novembre 2008 ; Bruce Cheadle, «Le NPD songe à poursuivre les conservateurs», Presse canadienne, 30 novemre 2008 ; Hélène Buzzetti, «La coalition fonce vers le pouvoir», Le Devoir, 2 décembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance, «Harper passe à l'offensive», La Presse, 2 décembre 2008 ; Alec Castonguay & Hélène Buzzetti, «Harper lance la contre-attaque», Le Devoir, 3 décembre 2008 ; Karine Fortin, «Les conservateurs appellent en renfort les détenteurs d'armes à feu», Presse canadienne, 3 décembre 2008 ; Malorie Beauchemin, «Discours à la nation: Harper refuse une coalition non élue», La Presse, 3 décembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance, «Harper choisit la prorogation», La Presse, 4 décembre 2008 ; Joël-Denis Bellavance et Gilles Toupin, «Le Parlement est prorogé dans la polémique» La Presse, 4 décembre 2008.
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Pourquoi ne parle-t-on plus de sida ?

     Avez-vous remarqué que le 1er décembre - Journée internationale du sida - est passé presque inaperçu?  Pourquoi, pensez-vous?
     Parce que les nouvelles «sont bonnes»!
     Par exemple, on n’a recensé que 651 nouveaux cas de sida au Québec en 2007.  Par comparaison, 47 940 personnes ont été victimes d’un accident de la route, dont 608 ont perdu la vie et 2 866 autres ont été gravement blessées. De même, en 2008, en enregistre 40 500 nouveaux cas de cancer et 19 400 décès (dont 6 000 nouveaux cas de cancer du sein chez la femme et 1300 décès)…
     Surtout, le nombre de nouveaux cas de sida ne cesse de diminuer depuis 2003 (graphique de gauche).  Ainsi, alors qu’on comptait 723 nouveaux cas en 2006, ce nombre a chuté de 9,5% en 2007 (651 nouveaux cas).  On observe la même tandance au Canada, comme l’illustre le graphique de droite, qui montre l’évolution du nombre des nouveaux cas de sida de 1979 à 2002.
     Dans son plus récent rapport, le Laboratoire de santé publique du Québec précise aussi que: «Comparativement à 2006, le nombre de nouveaux diagnostics diminue de 30,9% chez les femmes et de 25,4% chez les hommes…  Les cas de 2007 sont majoritairement de sexe masculin (79,3%), et sont âgés en moyenne de 41,3 ans pour les hommes et de 39,2 ans pour les femmes.»  61% des nouveaux cas de sida se retrouvent chez des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, 15% chez les personnes provenant de pays où le VIH est endémique, 15% des cas sont reliés à des relations hétérosexuelles non protégées et 13% chez des personnes s’injectant des drogues.  Le rapport indique aussi que, selon l’Agence de santé publique du Canada, entre 13 300 et 19 600 personnes vivaient avec le VIH au Québec en 2005.
     Enfin, comme le signale Maria Cheng de l’Agence France Presse, certains experts considèrent que le sida accapare désormais des fonds qui devraient servir à d'autres besoins plus pressants. «Le sida est une terrible tragédie humanitaire, mais il n'est que l'une des nombreuses terribles tragédies humanitaires», résume Jeremy Shiffman, qui étudie les dépenses en santé à l'Université de Syracuse, aux États-Unis.  La journaliste rapporte aussi les propos de Roger England, membre du groupe Health Systems Workshop de la Grenade, qui estime qu'on a maintenant affaire à une «industrie mondiale du sida» et qu’on devrait plutôt mettre la clé dans la porte d'ONUSIDA, «ce qui dégagerait 200 millions $ - le budget annuel de cette agence de l’ONU - afin de lutter contre d'autres problèmes de santé comme la pneumonie, qui tue plus d'enfants chaque année que le sida, le paludisme et la rougeole réunis.» 
     Somme toute, la propagation du sida semble jugulée presque partout sur la planète, sauf en Afrique.

Sources: «Programme de surveillance de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) au Québec. Cas cumulatifs 2002 – 2007» ; «Victimes d'accidents de véhicules routiers selon la nature des blessures et le mois Québec, 2003 à 2008» ; «Données d'incidence et de mortalité pour les principaux sièges de cancer au Québec. Projections 2008» ; «Troisième décennie de l'épidémie du sida : ne baissons pas la garde!» ; Maria Cheng, «Le sida accapare des fonds au détriment d'autres maux, accusent des experts», Agence France-Presse, 1er décembre 2008.

Voir ausi: Et si le sida avait augmenté de 16 % ?, Le Carnet du 20 novembre 2007.
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Quelle soirée électorale !

     Le 8 décembre, contre toute attente, le dévoilement des résultats de l’élection québécoise s’avère nettement plus palpitant qu’on s'y attendait. 
     En début de soirée, on s’attendait à ce que le Parti libéral remporte assez aisément la majorité des 125 sièges de l’Assemblée nationale.  Les grandes interrogations résidaient plutôt à l’endroit du Parti québécois (allait-il parvenir a faire élire une trentaine de députés?) et, surtout, concernant l'avenir de l’Action démocratique (les résultats seront-ils aussi désastreux que les sondages l’indiquent).
     Or, tout au long de la soirée, le dépouillement du scrutin montre que le PLQ parviendra à peine à faire élire une soixantaine de députés (alors qu’il lui en faut au moins 63 pour gouverner majoritairement).  L’autre surprise, c’est la tenue exceptionnelle du PQ, qui semble devoir faire élire une bonne quarantaine de députés.  Quant à l’ADQ, les résultats sont pires que ce qu’on pouvait s’attendre, avec une dizaine d’élus tout au plus.
     Le résultat final réconforte cependant le PLQ, qui obtient 66 députés, alors que le PQ ressort avec une étonnante «victoire morale» de 51 députés.  Quant à l’ADQ, avec seulement 7 députés, c’est un échec terrassant.  (Autre surprise: l’élection du premier député de Québec solidaire.)  Cette soirée culmine lorsque Mario Dumont surprend tout le monde en annonçant sa démission comme chef de l’ADQ. 
     Quelle soirée… d’autant plus surprenante que personne ne voulait de cette élection.  (Conséquence, seulement 57.5% des électeurs inscrits sont allés voter, contre 71% la fois précédente.)  Jean Charest remporte néanmoins son pari d’obtenir un gouvenement majoritaire, une troisième victoire électorale de suite qui lui confère 4 à 5 années additionnelles à la tête du Québec.

Résultats officiels des élections 2007 et 2008

Pourcentage 
du vote
Nombre de 
députés élus
.
.
.
Parti libéral
Parti québécois
Action démocratique
Québec solidaire
Parti vert
.
Taux de participation
Élections 
2007
Élections 
2008
.
33,08 % 48,08 %
28,35 % 35,17 %
30,84 % 16,37 %
3,64 % 3,78 %
3,85 % 2,17 %
.
71,23 % 57,43 %
Élections 
2007
Élections 
2008
.
48 66
36 51
41 7
0 1
0 0

Source: Directeur général des élections du Québec, Élections générales.
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Madoff : le monde financier 
en un seul homme !

     Bernard Madoff, à la tête de l'une des principales sociétés d'investissements de Wall Street, est arrêté le 11 décembre pour avoir présumément réalisé la plus grande fraude de tous les temps: 50 milliards $!  Ancien président du NASDAQ et très actif auprès des organismes de réglementation des marchés financiers, Madoff jouissait par conséquent de la confiance du milieu.  Depuis une quinzaine d’années, il aurait profité de sa notoriété pour élaborer une «chaîne de Ponzi», un système pyramidal garantissant des rendements élevés, mais financés par l'afflux incessant de nouveaux capitaux.  (Ce style de chaîne pyramidale tient son nom de Charles Ponzi, célèbre pour avoir mis en place une telle fraude dans les années 1920.)
     L’arrestation de Madoff ne peut pas plus mal tomber puisqu’elle éclabousse la finance américaine dont la réputation est déjà ruinée par suite des excès de Wall Street mis en lumière ces derniers mois.  Madoff symboliserait à lui seul la décadence des financiers américains.  Quelle fin d’année incroyable!

Ressources: Diana Henriques & Zachery Kouwe, «Prominent Trader Accused of Defrauding Clients», The New York Times, 11 décembre 2008 ; Bernard Madoff, Wikipédia.

Voir aussi: Julie Creswell & Landon Thomas Jr., «The Talented Mr. Madoff», The New York Times, 24 janvier 2009.
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Doit-on «sauver» l’industrie 
de l'automobile américaine ?

      Que faire des trois grands constructeurs d’automobiles américains sur le point de faire faillite?  Nos gouvernements (américain, canadien et ontarien) devraient-ils les soutenir à coup de dizaines de milliards $ provenant de nos impôts et de nos taxes?
     C’est l’épineuse question devant laquelle on se retrouve étant donné la baisse spectaculaire des ventes de voitures fabriquées par GM, Ford et Chrysler.  On serait tenté de dire: «au diable ces dinosaures qui n’ont pas su s’adapter à l’évolution du marché» (comme l’ont pourtant fait les constructeurs japonais).  D’un autre côté, leur disparition produira des millions de chômeurs et dévastera des communautés entières partout en Amérique du Nord, ce qui aggraverait considérablement la crise économique qui s’annonce déjà dévastatrice.
     L’effondrement des ventes d’autos américaines est le résultat de deux facteurs.  D’une part, les banques, qui restreignent toute forme de crédit, se refusent à financer l’achat de voitures (particulièrement risqué en temps de crise).  D’autre part, les grosses énergivores américaines ne répondent plus aux besoins des consommateurs. (On pourrait dire que la voracité des pétrolières a fini par tuer cette poule aux œufs d’or.)
     Le simple fait d’évoquer la faillite possible de l’un ou l’autre des constructeurs (particulièrement de GM) aggrave encore plus la situation.  En effet, si vous en avez les moyens et le besoin, achèteriez-vous une voiture américaine ne sachant pas si son fabricant existera lorsque vous aurez besoin de pièces de rechange?  Et quelle sera la valeur de revente de votre voiture?
     Tout indique donc qu’il est déjà trop tard pour préserver l’industrie de l’auto américaine.  Les «trois grands de l'auto» demandent pourtant l’aide pressante des gouvernements pour soi-disant leur permettre de se restructurer et de mettre en marché de nouveaux modèles.  (En réalité, ils cherchent tout bonnement à éviter la faillite.)  Or, non seulement des années seraient nécessaires pour lancer de nouveaux modèles, mais l’incompétence dont ont fait preuve les fabricants américains laisse plutôt présager l’échec d’une telle opération. 
     En conséquence, doit-on les laisser périr au cours des prochains mois?  Ou s’engager à les soutenir à coups de dizaines de milliards $ par année?  À moins de les accompagner dans un déclin contrôlé en essayant d’absorber tant bien que mal les millions de chômeurs qui proviendront de leur disparition? 
     C’est vraisemblablement dans ce dernier scénario que s’engagent nos gouvernements, n’ayant en fait aucun autre choix.

Ressources: Kendra Marr, «U.S. Auto Sales Fell 36% in December», Washington Post, 6 janvier 2009.
Nick Bunkley, «G.M. Loses $9.6 Billion as Its Struggles Continue», The New York Times, 26 février 2009.
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Une photo qui changea le monde

     Le 24 décembre 1968 - il y a 40 ans -, les trois premiers astronautes qui se sont rendus jusqu’à la Lune ont pris ce magnifique cliché montrant la Terre vue depuis l’orbite lunaire.  Cette vue, ainsi que les témoignages que nous ont rapportés les astronautes d’Apollo 8, ont à tout jamais changé la perspective de notre monde. 
     En effet, c’est à cette occasion que nous avons pris conscience de la fragilité de la Terre, que nous l'avons perçue comme un minuscule petit oasis bleu perdu dans le noir profond de l’espace.  C’est de fait à la suite de la diffusion de ce cliché que notre conscience écologique est née et qu’on s’est mis à prendre soin de l’environnement en cessant de polluer sans retenu l’air, l’eau et la terre.
    À ceux qui se demandent à quoi ont servi les milliards $ dépensés pour envoyer un homme sur la Lune, cette photo est la réponse: en se rendant jusqu’à la Lune, nous avons découvert la Terre telle la petite planète bleue qu’on a désormais tous à l’esprit.
      Ci-dessous, les six pages du magazine Times de décembre 1968 qui étalent, pour la première fois, les clichés sensationnels rapportés par l‘équipage d’Apollo 8.

Fin du Carnet 2008
Suite avec le Carnet 2009

 
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© Claude Lafleur, 2008-2009
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