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Qui suis-je?

Claude Lafleur est un journaliste scientifique québécois qui couvre l’actualité depuis 1984.  Il se passionne pour l’exploration spatiale depuis l’âge de 11 ans, soit depuis Noël 1968 lorsque, pour la première fois, les astronautes d’Apollo 8 se sont placés en orbite autour de la Lune.  Depuis plus de quarante ans, il suit au quotidien l’exploration spatiale.  Sa passion l’a tout naturellement conduit à devenir journaliste scientifique et à collaborer à de nombreux magazines et quotidiens québécois, couvrant maints aspects de l'aventure scientifique.  Il est en outre l'auteur de nombreux ouvrages grand public et pour jeunes ainsi que de plusieurs sites web (voir claudelafleur.qc.ca)

Je suis:
journaliste au quoditien Le Devoir (voir mes articles);
auteur de livres électroniques:: 
De Gagarine à ISS: 50 ans dans l'espace,
La Grande aventure d'Apollo 11,
Le Métier d'astronaute,
Vivre en apesanteur.
auteur de sites web:
Spacecraft Encyclopedia,
Les Dossiers Espace,
Espace 101
La Grande aventure
,L'Envers de l'actualité,
La Librairie virtuelle
Voir mes plus récents ajouts sur Internet.

J'ai aussi rédigés quelques essais (en anglais):
Fifty years of piloted spaceflight: Where are we going?, Space Reviw, avril 2011.
Space Exploration: an Accelerator of New Ideas and Technology, Space Reviw,  juin 2009. 
Spacecraft stats and insights (An Introduction to this Spacecraft Encyclopedia),, Space Reviw, avril 2010.
Costs of U.S. Piloted Programs March 2010, Space Reviw,  
Space Exploration at a Crossroad, 
Part 1 : Lessons To Be Learned, Space Reviw, octobre 2008. 
Part 2 : What Should We Do ?, , Space Reviw, octobre 2008.

Enfant de l’espace



     Je suis ce qu’on pourrait appeler un «enfant de l’espace», même si, bien entendu, je ne suis pas né dans l’espace. 

     Je me considère comme tel parce qu'entre autres, je suis né au début de l’ère spatiale et parce que celle-ci jalonne mon existence.
     En effet, lorsque les Soviétiques ont lancé le premier satellite, Spoutnik, j’étais à sept mois de naître.  Je me plaît à penser que c’est probablement vers ce 4 octobre 1957 que ma mère a pris conscience qu’elle me portait. L’idée de mon existence coïncide peut-être avec celle du premier satellite! 
     Je suis né un mardi soir, le 6 mai 1958, à Montréal.

Les graines de la passion

     Le premier souvenir que je conserve de ma petite enfance remonte à l’après-midi du 20 février 1962. J’ai 3 ans et 9 mois.  Je me revois encore jouant dans la cuisine auprès de ma mère qui fait son repassage.  Son programme-radio est constamment interrompu par des bulletins spéciaux.  Je comprends qu’il se passe quelque chose, sans bien entendu réaliser de quoi il s’agit.  Il y a, dit-on, un homme dans l’espace. 


     La radio couvre en fait l’envolée de John Glenn, le premier Américain en orbite.  Évidemment, à l’âge que j’ai, je ne puis comprendre ce dont on parle mais cela pique ma curiosité. C’est probablement la première fois que je prends conscience d’une réalité hors de mon petit monde d’enfant.

     Avant son mariage, ma mère a été institutrice dans une petite école de campagne.  Étant naturellement pédagogue, elle m’enseigne à lire, à écrire et à compter. Sa méthode repose sur le jeu. Par exemple, elle dessine une échelle où, entre chaque barreau, elle place des syllabes, des mots ou des nombres.  À moi de les déchiffrer pour grimper l’échelle!  Ce faisant, maman m’enseigne qu’apprendre est une activité amusante.  Voilà l’une des plus précieuses notions que Gabrielle me lègue et qui guide mon quotidien aujourd’hui encore.


     En mai 1963, alors que je viens d’avoir 5 ans, j’entreprends de lire les gros titres du journal La Presse qui traîne sur la table de la cuisine.  Coïncidence, le quotidien titre «Cooper est en orbite».  L’article relate le vol de l’astronaute américain Gordon Cooper

     Six mois plus tard, ma curiosité d’enfant est piquée au vif par l’assassinat du président Kennedy.  Bien que j’aie peu de souvenirs de ce drame, ma mère raconte qu’à l’époque, je suis demeuré rivé au petit écran.  (Treize ans plus tard, je serai extrêmement ému de me retrouver au cimetière d’Arlington, sur la tombe du président Kennedy, comme si je reconnaissais les lieux.)

à     Il ne fait aucun doute que ces événements ont semé les germes qui ont fait naître en moi la passion des sciences et de l’actualité.  C’est ainsi qu’à 8 ans, j'arrête de jouer lorsque la radio annonce que trois astronautes viennent de brûler vifs à bord de la cabine d’Apollo 1 (ci-contre). J’ai aussi conscience des assassinats de Martin Luther King et de Bobby Kennedy.  Dans ce dernier cas, je passe les jours suivants rivé à la télé à suivre les événements entourant ses funérailles. Évidemment, dans les trois cas, je suis encore trop jeune pour réaliser la portée de ces événements.  Je commence néanmoins à lire les journaux, cherchant à comprendre…
     Heureusement, mon enfance n’est pas jalonnée que par des tragédies, puisque j’ai aussi le privilège de connaître le fabuleux été de l’Expo 67 – l’exposition universelle de Montréal.  Hélas, à 9 ans, je suis encore trop jeune pour vraiment profiter de cette ouverture exceptionnelle sur le monde. Je conserve en fait peu de souvenirs de l’Expo, si ce n’est d’y être allé deux ou trois fois et, surtout, qu’il y avait énormément de monde!  Le souvenir que j’en garde plutôt, c’est de m’être mis à collectionner les articles de journaux qui en parlaient - découpures que je colle dans des «scrap books» que je possède encore. 

     C’est dans ce contexte que je me mets à feuilleter les magazines laissés derrière par les adultes, à la recherche de reportages sur les technologies modernes.  Je me rappelle encore de certains qui m’ont émerveillé, dont un reportage magnifiquement illustré sur un porte-avion nucléaire et un autre sur le paquebot France publiés dans Paris-Match. Il y a en outre celui du Science & Vie qui présente l’exploration spatiale des années 2000.

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Comment on voyait l'an 2000 en 1965
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«Pour desservir les bases humaines qui seront sans doute installées avant la fin du siècle, il faudra un service de transporteur régulier.  Le véhicule passager (à l’avant) vient s’accrocher à une navette nucléaire qui le transporte au voisinage de la Lune.» 
 
     Deux tableaux de Robert McCall (ci-haut et ci-dessous) publiés par Science & Vie en janvier 1965 et qui ont fait rêver l’enfant que j’étais. J’ai passé des heures à contempler ces images en me disant que voilà ce que serait un jour ma réalité: un monde où on vivrait et travaillerait dans l’espace. 

«Avant la fin du millénaire, des stations orbitales ceintureront la Terre.  Elles pourront être du type illustré ici… Une de leurs fonctions principales sera de servir de bases de départ et d’arrivée pour les fusées interplanétaires.  Une navette comme celle représentée dans notre dessin quitterait la Terre et rejoindrait la station orbitale où elle “viendrait à quai”…»
Coup de foudre

 
     Au soir du 24 décembre 1968, ma famille et moi sommes réunis en cette veille de Noël dans notre petit chalet de Clarence Creek, en banlieue d'Ottawa. J'ai dix ans. Pendant que maman nous prépare, mes trois frères et moi, pour la messe de minuit, papa regarde la télé. L'image est de si piètre qualité que je n'arrive pas à distinguer grand-chose. P'pa m'explique qu'il s'agit d'une diffusion télé en direct de la Lune; pour la première fois des hommes gravitent autour de notre satellite naturel.
     L'idée me traverse l'esprit: quelle aventure fantastique!
     En marchant vers l'église, par cette belle et froide nuit d'hiver, j'admire la Lune en songeant que trois hommes se trouvent non loin d'elle. Dès le lendemain, je me plonge dans la lecture des journaux des derniers jours (Le Droit d’Ottawa) pour y découvrir l'étonnante odyssée des astronautes d’Apollo 8.  Je passe donc ce 25 décembre la tête dans les journaux!
     Ma vie en est à jamais changée: je suis frappé d'un coup de foudre! En moi naît une passion qui ne cessera de croître.

     L’été suivant, je suis rivé à la radio, à la télé et me gave de journaux pour suivre toutes les péripéties du premier débarquement sur la Lune: la mission Apollo 11.  Aujourd’hui, je conserve en mémoire l’effervescence qui a marqué le week-end du 19-20 juillet, alors que trois astronautes réalisent l’un des vieux rêves de l’humanité.


     En ce dimanche soir, 20 juillet, j’obtiens même la permission de me coucher très tard (vers minuit). À 22h55, en famille, nous regardons Neil Armstrong faire son «petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’humanité». (Trente-cinq ans plus tard, je relaterai La Grande aventure d’Apollo 11 en espérant faire revivre ce qu’a été ce moment époustouflant de notre histoire.)
 

Les retombées d’une passion

     À partir de là, l'exploration spatiale devient ma passion. Toutes les autres activités – y compris mes études et, plus tard, ma carrière – y sont subordonnées.  (Ci-contre, à 12 ans avec mon petit chien Tamy.)
     C’est ainsi que je me mets à écouter au quotidien les bulletins de nouvelles ainsi qu’à feuilleter les journaux et les magazines à la recherche d’articles sur l‘espace. Ce faisant, je m’ouvre au monde, découvrant la réalité de sociétés méconnues comme l’Union soviétique, ainsi que la politique internationale. Je réalise que nous sommes en pleine guerre froide, que les États-Unis et l’URSS se livrent non seulement une course dans l’espace mais une guerre de tous les instants un peu partout sur la planète (au Vietnam, à Cuba, au Chili…). Cela m’amène à m’intéresser à l’histoire et à la géographie, afin de comprendre l’origine des faits d’actualité. 


     Chaque fois que des astronautes s’envolent pour l'espace ou qu’ils y réalisent des exploits, je m'absente de l'école ou de mon lieu de travail.  Ô bonheur, les premières années de ma passion sont jalonnées par les six expéditions lunaires Apollo.
 
     J’ai aussi la chance de passer mes étés à Terre des hommes, le site d’Expo 67 où, dans les années subséquentes, divers pays y présentent de belles expositions.  Les premières années, il y a même un pavillon dédié à l’espace où, je le réalise à présent, on présentait des pièces remarquables.  C’est aussi pour moi l’occasion de découvrir l’Union soviétique, dont le pavillon regorge année après année de matériel et de documents spatiaux de grande qualité. (Je m’y procure des livres russes sur l’espace qui sont rares en Occident (ci-contre) et qui m’inciteront, des années plus tard, à apprendre les rudiments de cette langue.)

     Mon intérêt pour l’actualité et les questions internationales a parfois des «retombées» inattendues. Ainsi, le fait de suivre au quotidien ce que font les Américains et les Soviétiques dans l‘espace me permet de voir à l’œuvre les deux idéologies rivales. Le fait d’observer ainsi comment le communisme et le capitalisme fonctionnent dans la réalité – la première dans le plus grand secret et la seconde au vu et au su de tous – m’amène à me forger une opinion sur leur valeur.

     Mon intérêt pour le spatial a bien entendu d’importantes répercussions sur mes études. Non seulement me suis-je intéressé aux sciences, mais je suis avide de lire tout ce qui me tombe sous la main, y compris de gros bouquins.  J’apprends avec hâte l’anglais afin de pouvoir comprendre les publications de la NASA que j’accumule.
     Bien entendu, les sciences deviennent ma matière favorite et ce penchant me conduira tout naturellement à entreprendre une carrière de journaliste scientifique. À partir de 1983, j'allie donc l'utile à la passion en devenant journaliste spécialisé dans l’exploration spatiale. Je bénéficie ainsi de l'ultime privilège de pouvoir gagner ma vie tout en faisant ce que j'aime. Je vis mon rêve et mon rêve me fait vivre!

     Pour justifier l’envoie d’astronautes dans l’espace, on évoque souvent l’argument voulant que ceux-ci servent de modèles aux jeunes et qu’ils les amènent à s’intéresser aux sciences et aux technologies. C’est mon cas. je suis l'un de ces enfants de l'espace!

© Claude Lafleur, 2013 Mes sites web: claudelafleur.qc.ca