STS 107 / « Columbia » :
« We have a bad day… »

Dernière mise à jour : 15 mars 2003
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Quatrième semaine suivant la destruction de Columbia :
• Perspectives : Columbia a-t-il été victime de son aile gauche ?
• 24 février : Ce que la NASA nous dit
• 24 février : Aurait-on pu observer des dommages sur l’aile gauche ?
• 24 février : Columbia observé depuis la Terre
• 25 février : La NASA a-t-elle bien évalué les risques que courait Columbia?
• 25 février : Ce que pense Sean O'Keefe des courriels (en anglais)
25 février : Ce que la NASA nous dit (en anglais)
28 février : Le vidéo des dernières minutes avant l'accident...
28 février : À propos du vidéo des dernières minutes de Columbia

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Perspectives

Columbia a-t-il été victime de son aile gauche ?

        Nous ignorons toujours ce qui a provoqué la perte de Columbia au terme de sa vingt-huitième envolée le 1er février. D’après ce que nous en disent les enquêteurs, aucun scénario n’est à exclure pour l’instant alors que toutes les hypothèses possibles se doivent d’être considérées. Columbia s’est désintégré au moment où il subissait le stress maximal de sa fulgurante rentrée dans l’atmosphère.
        Néanmoins, certaines informations véhiculées dans la presse spécialisée laissent entendre que le vaisseau pourrait avoir été victime d’une particularité qu’on ne retrouve sur aucun autre orbiteur. D’après certains rapports, notamment les observations du commandant de navette Robert Gibson, les ailes de Columbia sont nettement plus rugueuses que celles de Discovery, d’Atlantis ou d’Endeavour, et davantage même son aile gauche que son aile droite.
         Le magazine Aviation Week & Space Technology confirme d'ailleurs que les ingénieurs de la NASA savaient depuis des années que le «facteur d’irrégularité» des ailes de Columbia était au moins deux fois plus élevé que celui des ailes des autres orbiteurs et que, en particulier, son aile gauche était plus raboteuse que son aile droite. Gibson a piloté cinq fois la Navette, dont quatre fois en qualité de commandant de vol. À la suite de la mission STS 28 – le premier vol de Columbia (août 1989) suivant la perte de Challenger –. il s’est inquiété de ce que la rugosité de l’aile gauche a généré davantage de turbulence aérodynamique que l’aile droite. «Et lorsque Columbia a disparu, de dire Gibson, la première chose à laquelle j’ai pensée a été de me demander si ça n’avait pas commencé au niveau de l’aile gauche…»
         Les irrégularités des ailes de Columbia auraient pour effet d’accroître les températures extérieures lors de la rentrée dans l’atmosphère et de générer davantage de turbulence. Conséquemment, mission après mission, les ailes de Columbia auraient été plus sévèrement mises à l’épreuve que celles des autres orbiteurs. De surcroît, le fait que l’aile gauche soit plus raboteuse que l’aile droite pourrait expliquer pourquoi celle-ci a cédé lors de son désastreux retour le 1er février.

Un concours de circonstances… exceptionnelles ?
         Mais pourquoi Columbia a-t-il été détruit cette fois-ci alors qu’il a survécu sans peine à 27 autres atterrissages?
        Peut-être que, contrairement aux missions précédentes, ses fragiles tuiles protectrices ont été endommagées plus sévèrement qu’à l’habitude? Nous savons en effet qu’à chaque lancement, tout orbiteur est bombardé par une pluie de débris émanant du gros réservoir jaune-orange auquel il est accroché – certains débris sont composés de glace et d’autres de morceaux de revêtement protecteur. Conséquence: lors de la plupart des 111 lancements précédents, les tuiles des orbiteurs ont été plus ou moins endommagées mais sans gravité. Peut-être n'est-ce pas le cas cette fois?
        D’ailleurs, les ingénieurs de la NASA se sont inquiétés de l’impact qu’a subi l’orbiteur quatre-vingt secondes après son décollage. Dans les jours suivants, alors que Columbia orbitait la Terre, ils ont calculé que l’orbiteur ne pouvait avoir été endommagé sévèrement par l’impact d’un morceau de revêtement de mousse isolante. Cependant, compte tenu des événements du 1er février, on se demande à présent si le vaisseau n’a pas plutôt été frappé par autre chose, peut-être par un morceau de revêtement beaucoup plus massif. Ou encore, Columbia a-t-il été percuté par un débris spatial (durant sa mission ou lors de sa rentrée dans l’atmosphère)?
        Il pourrait ainsi s’avérer que le vaisseau a été victime de circonstances exceptionnelles: son aile gauche, particulièrement rugueuse, aurait été endommagée plus qu’à l’habitude pour finalement céder au stress maximal du retour sur Terre. Or, voilà qui rappelle les circonstances du drame de Challenger: l’un des joints (particulièrement sensibles au froid) de la fusée à poudre droite a finalement cédé lorsque la Navette s’est trouvée soumise au stress maximal du lancement par un jour où il faisait froid à Cape Canaveral... C’est là, incidemment, la nature de la plupart des accidents graves: l’enchaînement de circonstances qui, prises individuellement, n’entraînent pas la catastrophe. (Rares sont en effet les accidents qui résultent d’une seule et unique cause.)
         S’il s’avérait que Columbia a ainsi été victime d’un malheureux concours de circonstances – comme ce fut le cas pour Challenger – voilà qui ouvrirait la voie à une intense réflexion. Devrait-on procéder comme pour Challenger, en clouant au sol les orbiteurs restants le temps de remédier à cette autre faiblesse des Navette spatiale? Devrait-on, au contraire, considérer Columbia comme un cas particulier (les ailes des autres orbiteurs étant plus lisses)? Ou devrait-on, en fin de compte, river à tout jamais au sol les Navettes, de crainte d’être un jour ou l'autre confronté à un autre malheureux «concours de circonstances»?! Ou, pourquoi ne pas lancer les Navette que lorsqu’on est absolument assuré que toutes les mesures de sécurité ont été prises et respectées? Autant dire: jamais!
Autres scénarios nous plongeant dans l’abîme
         La situation serait fort différente si la cause de la perte de Columbia s’avérait toute autre. Imaginons ainsi que la tragédie soit le résultat d’une cause unique; par exemple, des tuiles mal installées se sont décollées lors du retour sur Terre. On identifierait alors le ou les «coupables», sans doute en blâmant la NASA pour son incurie… Mais après, que faire?
        Si, au contraire, la perte de Columbia résultait d’une malchance  exceptionnelle – par exemple, une collision en pleine traversée de l’atmosphère avec une météorite entrant au même moment et au même endroit – la NASA pourrait alors être tentée de reprendre assez rapidement ses vols car, contre une telle fatalité, nul ne peut espérer faire grand chose…
        Mais ce genre de scénarios semble assez peu probable.
        Le pire scénario auquel on pourrait être confronté serait de ne jamais savoir ce qui a provoqué la perte de Columbia. Au mieux, les enquêteurs pourraient en venir à énoncer une ou plusieurs causes probables mais sans pouvoir déterminer avec certitude ce qui s’est passé. Ainsi, au terme d’une longue enquête, nous serions plongés dans l’abîme la plus terrible, car y a-t-il pire que de ne pas savoir?  Que peut-on faire alors?
        Heureusement, étant donné la quantité monumentale de données et d’analyses dont disposent les enquêteurs (en plus de celles qui continuent de s’accumuler), ce scénario paraît assez improbable. (Voilà d’ailleurs pourquoi les enquêteurs mettent tant d’effort pour accumuler tout ce qui concerne (de près ou de loin) la perte de Columbia.)
        Espérons donc ne jamais être confrontés à cet abîme…
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Note: ce texte a été publié dans La Presse du 26 février 2003, p. A19
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24 février : ce que la NASA nous dit
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          Helped by sunny but breezy weekend weather in Texas and Louisiana, ground searchers continued to recover debris believed to be from Space Shuttle Columbia. Among the finds were what was thought to be a main landing gear strut, additional parts of the left wing and a 4- by 6-foot piece of mid-body sidewall. 
          Other items included what appeared to be a piece of Orbital Maneuvering System tankage and protective heat-resistant tiles. 
          More than 2,400 ground searchers were in the field Sunday, in 20-member teams based in the Texas towns of Nacogdoches, Hemphill, Palestine and Corsicana. An additional 440 people were training for search activities. Methodical ground grid searches continued to be productive in aiding in the discovery of smaller pieces of shuttle debris. 
         High winds hampered air and water searches during the weekend. The addition of another Navy team brought the total number of dive teams to eight. Other dive teams represented the Houston and Galveston police departments, the Texas Department of Public Safety and the Environmental Protection Agency. Despite the wind, searchers were able to recover pieces of tile from Lake Bardwell near Waxahachie, Texas. The effort to consolidate three search coordination field offices (Barksdale AFB, La., the Joint Reserve Base (Carswell Field), Texas, and Hemphill, Texas) into the main facility at Lufkin, Texas, progressed over the weekend.
          Investigators searched sites near Caliente, Nev., for what could be a piece of Columbia debris tracked by air traffic control radar during the time of the spacecraft’s Feb. 1 descent over California and Nevada. While some material was recovered in the area, none was confirmed as coming from Columbia. 
          Similar work to narrow the possible locations of other debris in the U.S. Southwest continued; although, no new areas were identified for further investigation. As of late Monday, no shuttle debris was confirmed west of the Littlefield, Texas. area. 
Source : NASA Mishap Response Status #08, Monday, Feb. 24, 2003
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Aurait-on pu observer des dommages sur l’aile gauche ?

         Des mémos internes de la NASA révèlent qu’un responsable du programme de la Navette spatiale a demandé aux services de renseignements militaires de tenter de photographier l’aile gauche de Columbia. Les militaires auraient apparemment répondu avec empressement et vigueur en mettant tout en œuvre pour utiliser leurs plus puissants systèmes de reconnaissance (peut-être leurs satellites espions KH-11) pour photographier l’orbiteur.
         Toutefois, les conclusions des premières analyses sur les conséquences de l’impact du débris qui a heurté Columbia 81 secondes après le décollage semblaient indiquer peu ou pas de dommage. Par conséquent, un autre responsable de la NASA a cru bon remercier les militaires avant même qu’ils n’aient la possibilité de photographier Columbia.
        «Le programme de la Navette spatiale ne désire pas obtenir d’information et, de ce fait, jamais une requête officielle n’a été adressée», relate Steve Stich, l’un des directeurs de vol. «J’ai donc fait savoir à l’Armée de l’air que nous n’avons pas requis d’information pour cette mission et qu’ils pouvaient arrêter leurs systèmes.» Stich ajoute: «Avec ce que nous savons maintenant, j’aurais probablement dû les laisser faire puisqu’ils avaient travaillé très fort… Une prochaine fois, ils pourraient ne pas répondre avec autant d’empressement à une requête en invoquant que nous “avons crié au loup” lors de la mission STS 107.»
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Columbia observé depuis la Terre
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Ces six photos constituent des documents uniques puisqu'elles ont été prises par une caméra militaire ultra-secrète -- du jamais vu! Elles montrent Columbia quatre jours avant son fatidique retour sur Terre, alors que l'orbiteur passait à quelques 250 kilomètres au-dessus d'Hawaii. On distingue assez clairement la soute de l'orbiteur avec, de chaque côté, les portes ouvertes (rectangles blancs)  Elles ne permettent cependant pas de distinguer des dommages que pourrait avoir subis l'aile gauche de Columbia. 
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La NASA a-t-elle bien évalué les risques que courait Columbia ?

        Mercredi 25 février, la NASA dévoile une série de courriels qui révèlent que, dans les jours précédents le retour sur Terre de Columbia, des ingénieurs avaient de sérieuses raisons de s’inquiéter de ce que l’aile gauche du véhicule pourrait avoir été gravement endommagée. Ces échanges informatiques montrent que des spécialistes ont continué de se questionner sur les possibles conséquences de l’impact de débris observé quatre-vingt secondes après le décollage.
          Ils s’inquiétaient tout particulièrement de ce que les tuiles ou le scellant thermiques protégeant la porte de la soute du train d’atterrissage gauche pourraient avoir été sérieusement écorchés par l’impact. Certains spécialistes ont par conséquent émis l’hypothèse que l’intense chaleur générée lors du retour sur Terre pourrait s’infiltrer dans la soute, s’attaquant aux systèmes du train d’atterrissage ou aux pneus (provoquant peut-être une explosion). Que fallait-il donc faire en ce cas?, ont discuté entre eux divers spécialistes.
         Ainsi, le 27 janvier (quatre jours avant l’atterrissage), John Kowal, un expert en conditions thermiques, considérait que s’il y a des dommages au niveau du scellant à la périphérie de la porte du train d’atterrissage gauche, «il est alors faux de prétendre que cela n’aura pas de conséquence. Je pense, écrit-il, que cet aspect doit être clarifié car, autrement, l’avis émis ce matin donne une fausse impression de sécurité.» Le lendemain, un collègue se demande d’ailleurs si on se questionne encore sur les conséquences possibles ou «si on a plutôt choisi de se croiser les doigts en espérant que tout ira bien?»
        C’est cependant le 31 janvier, donc la veille du retour sur Terre, que les échanges s’intensifient. Dans un courriel émis à 10h38 (pratiquement 22 heures avant que ne s’amorce le drame), Jeff Kling s’inquiète de ce que du plasma (gaz extrêmement chaud) pourrait pénétrer dans la soute du train d’atterrissage et des conséquences que cela entraînerait. «Ultimement, écrit-il, notre recommandation dans ce cas est d’amorcer l’évacuation de l’équipage (en espérant que l’aile ne sera pas détruite avant que nous puissions procéder).»
        À 13h08, un autre ingénieur, William Anderson, répond de façon cinglante à Kling: «Mais pourquoi en sommes-nous à se questionner la veille du retour sur Terre et non pas depuis le lendemain du lancement?» Il lance ensuite: «S’il se produit une explosion dans la soute, ou si l’aile se détache ou si elle a une grosse perforation, vous n’atteindrez même pas la piste d’atterrissage.» Il renchérit: «Si vous perdez tous les [systèmes] hydrauliques, vous n’aurez même pas à vous inquiéter de déployer le train d’atterrissage ou d’un écrasement, votre seule option sera une évacuation (probablement impossible).»
         Enfin, à 16h45, un collègue, Kevin McCluney, prédit avec justesse (mais sans le savoir) ce qui surviendra seize heures plus tard. «Considérons ce à quoi nous assisterons si un jet modéré de plasma chaud pénètre dans la soute de train d’atterrissage à partir de la rentrée dans l’atmosphère jusqu’à 60 kilomètres d’altitude. Premièrement, les températures des pneus, des freins et des activateurs augmenteront. Puis nous cesserons de recevoir des données lorsque les fils électriques seront rompus.» Or, voilà précisément ce que Jeff Kling a été le premier à observer le lendemain matin à partir de 8h52…
         Toutefois, ces courriels indiquent que ces échanges se sont déroulés à un niveau inférieur à celui des responsables de la mission, de sorte que ni le directeur de vol ni le responsable des opérations de retour sur Terre n’en ont apparemment été informés.

La moins pire des solutions ?
        Ce fait peut surprendre maintenant qu’on saît ce qui s’est passé. Toutefois, il importe de savoir qu’il est de pratique courante pour les ingénieurs de la NASA de discuter entre eux des scénarios dits de What if... – «Et s’il se produisait ceci ou cela, que ferions-nous?»
        C’est de cette façon que, lorsque surgit un problème quelconque – ce qui arrive assez fréquemment –, ils sont toujours en mesure de répondre rapidement aux questions que leurs adressent les responsables de la mission. Pour eux, c’est une pratique courante dont les conclusions ne sont pas transmises systématiquement à leurs supérieurs. Pour paraphraser Ron Dittemore, directeur du programme de la Navette spatiale: «20 000 ingénieurs cherchent sans cesse une raison pour ne pas faire voler la Navette!»
        Ainsi, dans le cas des dommages subis par Columbia au décollage, on observe que d’autres spécialistes ont discuté de la possibilité de demander à deux des sept astronautes de sortir à l’extérieur afin d’inspecter l’aile gauche. Toutefois, l’opération a été jugée difficile et risquée puisque les marcheurs n’auraient disposé d’aucune rampe ni autre moyen pour accéder jusqu’à l’aile. De surcroît, les astronautes n’avaient aucun moyen de réparer d’éventuels dommages observés aux tuiles. Encore une fois, ces discussions ont apparemment été menées à un niveau inférieur, de sorte que les astronautes n’en ont pas été informés.
        Dans le même esprit, des ingénieurs s’inquiétant des dangers que couraient le train d’atterrissage gauche se sont demandés ce qu'on devrait faire au moment de l’atterrissage. «Que ferions-nous si nous découvrons, quelques minutes seulement avant l’atterrissage, que le train gauche a peut-être été endommagé?»
        Parmi les options discutées, il y avait la possibilité de tenter un atterrissage normal, en espérant que tout irait bien. Il y avait aussi celle de faire atterrir l’orbiteur «sur le ventre», une manœuvre qui aurait provoqué la perte du véhicule et peut-être même celle de l’équipage. Enfin, on aurait pu demander aux astronautes de sauter par-dessus bord quelques secondes avant l’écrasement… Les spécialistes ont cependant jugé que dans les deux derniers cas, il s’agissait de solutions désastreuses. Voilà pourquoi, apparemment, ni les directeurs du vol ni les astronautes n’en ont été avertis.
        Quoi qu’il en soit, si même on avait su que Columbia risquait de périr, il appert qu’on n’aurait rien pu faire pour préserver la vie de l’équipage. En effet, l’orbiteur s’est désintégré alors qu’il filait à dix-huit fois la vitesse du son et à soixante kilomètres d’altitude, soit beaucoup trop vite et beaucoup trop haut pour évacuer l’équipage. Pour faire quoi que ce soit, il aurait fallu que l’orbiteur résiste une douzaine de minutes de plus. C’était donc un risque à courir…
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Ce que pense Sean O'Keefe des courriels
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         Sean O'Keefe, NASA Administrator, comments about the lively e-mails exchanges days before the return of Columbia:   "There is a very spirited discussion that goes on during the course of an operation that contemplates... a wide range of what-if scenarios, and that is extremely reassuring... An absence of any debate would have really been disconcerting." 
          Personnel involved in the debate did not feel as if they were raising "red flags" and being ignored, O'Keefe said, but rather "engaging in the kind of what-if scenario thinking that is expected, necessary, and important on every operational mission." He said he saw nothing in the e-mails that indicates something is "clearly amiss" in NASA's procedures regarding the voicing of safety concerns. 
Source : Aerospace Daily, 3 March 2003
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25 février : Ce que la NASA nous dit
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          The investigation into the loss of Columbia is increasing in depth as well as breadth, retired Adm. Harold Gehman, chairman of the Columbia Accident Investigation Board, said this afternoon. "Our commitment and resolve to get to the bottom of this is undiminished." Gehman and three other members of the CAIB, Air Force Brig. Gen. Duane Deal, Air Force Maj. Gen. Kenneth Hess and NASA Ames Research Center director Scott Hubbard, spoke at a news conference at Johnson Space Center.
 
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          Gehman showed photos of a piece of Columbia heat-resistant tile found just west of Fort Worth, Texas. The tile had grooves in the ends of its bottom side and orange-colored deposits on its outward-facing surface. He said the tile had sustained extreme heat damage. "This is not re-entry heat damage," he said. It remains to be determined, Gehman added, how the damage to the tile occurred, as well as when and how the orange material was deposited.
          He also talked about the western-most find of Shuttle debris to date, a piece of tile found about [60 km] northwest of Lubbock, Texas. He said the tile is believed to be from the upper surface of the left wing, near its attachment to the fuselage.
          Duane Deal, part of a group looking at material, maintenance and management issues for the board, said the CAIB is looking for a cause, in part through a process of elimination. "Our duty is to examine everything objectively," he said. 
          Board members were asked about the object observed on radar moving away from the orbiting Shuttle on Jan. 17 and re-entering the atmosphere three days later over the South Pacific. Board members described it as a lightweight material, about [30 cm x 30 cm] in size. An extensive analysis of radar data that began after the Columbia accident led to the discovery of the object on Feb. 6.  That analysis is continuing in an effort to determine the identity of the object.
          Kenneth Hess said the board would compare STS-107 with other Columbia re-entries. He said some commanders have reported wing roughness, while others didn't notice. Gehman said the board is looking carefully at weather at re-entry on Feb. 1, which he said was "in general, a particularly calm and benign environment."
          In response to a question, Gehman said the board is looking very carefully, "from a dozen points of view," at the three Boeing analyses of possible tile damage from foam insulation from the external tank. No conclusions have been reached, he said. "The data and twisted metal are speaking to us," Hubbard said. "We're just developing ears to hear."
          Gehman said debris continues to come in, and continues to be very important to the investigation. In terms of weight, approximately 10 percent of the orbiter has been recovered, he said. Finds reported during the past two days include a number of Shuttle tiles, and what appeared to be a panel from the lower surface of the right wing and a piece of the lower forward fuselage of Columbia. No confirmed Columbia debris has been found west of the Littlefield, Texas area. (So far, NASA has received 6187 images and 34 videos from the public related to the Columbia accident.)
Source : STS-107 Mishap Response Status Report #11,
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Le vidéo des dernières minutes avant l'accident...

        Vendredi 28 février, la NASA diffuse un clip montrant quatre des membres de l’équipage assis dans le cockpit de Columbia au moment de la rentrée dans l’atmosphère. (Pour visualiser ce clip, en format RealMedia, cliquez ici.) Au moment où commence le film, l’orbiteur vogue à 150 kilomètres d’altitude au-dessus du Pacifique (à l’Ouest d’Hawaii) et file à environ Mach 23 (26 000 km/h).
          Le vidéo commence à 8h35, samedi matin 1er février, pour se terminer treize minutes plus tard, soit cinq minutes avant que ne se manifestent les premiers signes du drame. Fait remarquable: on y découvre des astronautes détendus et calmes (blaguant entre eux) alors que Columbia est déjà entouré d’une enveloppe de gaz extrêmement chauds (plasma). Comme le relate l’un d’eux, dehors c’est la fournaise et il ne ferait pas bon s’y trouver!
         Ce vidéo est la seule partie qui a pu être récupérée d’une cassette tournée par l’équipage et qui devait montrer leur retour jusqu’à l’atterrissage en Floride. Si tout le film avait été intact, il aurait révélé comment l’équipage a vécu le drame et nous aurait peut-être renseigné sur la cause de la tragédie. (On ignore cependant si l’équipage a vu venir sa fin ou s’il a été pris complètement par surprise.)
         Le clip commence par une courte présentation de Scott Altman, le commandant du dernier vol de Columbia (STS 109). Il relate que tout ce qu’on y voit est normal, exactement comme lors de son retour sur Terre le 12 mars 2002. Les enquêteurs de la NASA confirment d’ailleurs que le film ne révèle rien qui puisse annoncer le drame qui commencera quelques minutes après sa fin.

Deux dessins illustrant l'intérieur du cockpit. À gauche: la position des astronautes
tels que vus durant le vidéo. À droit:, vue «aérienne» de l'intérieur du cockpit.

        Au début, la caméra est pointée sur le pilote William McCool, alors qu’on voit dans le fond le commandant Rick Husband. Par les hublots, on devine le plasma entourant l’orbiteur. Les deux astronautes consultent leurs manuels de consignes, McCool enfilant ses gants… On les entend fréquemment échanger avec leurs collègues assises derrière: Kalpana Chawla et Laurel Clark. Au bout de quelques minutes, McColl décroche la caméra et la tend à Clark. Celle-ci nous montre différents points de vue du cockpit, notamment le plasma par les écoutilles devant le commandant Husband. La caméra est aussi parfois pointée vers l’un des deux hublots du plafond situés derrière le cockpit. C’est de là qu’on devine le mieux les effets plasmiques.
        Et le film prend fin comme si de rien n’était…
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Ce que la NASA nous dit à propos
du vidéo des dernières minutes de Columbia
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          NASA released a video Friday that was filmed by STS-107 crewmembers during re-entry on Feb. 1. The video is about 13 minutes long, beginning about 8:35 and ending about 11 minutes before the Mission Control Center in Houston lost contact with Columbia. The video, which was filmed on the flight deck, contains footage of crewmembers conversing and going through the re-entry checklist. It was recovered Feb. 6 near Palestine, Texas.  Here is the statement by Astronaut Scott Altman about the content of the flight deck video:
          The tape that follows is flight deck video recorded by the crew of Columbia during their preparations for a planned landing at the Kennedy Space Center. Flight deck video and audio is routinely recorded during shuttle reentry and is used for crew post flight presentations and also as a debriefing and training aid. 
          This video begins at 8:35, 17 minutes after the deorbit burn, with the shuttle over the South Pacific at an altitude of over [152 km]. It continues for 13 minutes to 8:48, as the shuttle passed north east of Hawaii at approximately [75 km]. 
          The tape shows the crew going through nominal entry activities -- donning their gloves, checking suit integrity and fluid loading -- as well as documenting plasma effects observed out the windows. All of the flashes and plasma events seen on the tape are typical of a normal nighttime entry, with no unusual effects or failure signatures noted. 
          The tape ends approximately 5 minutes prior to the orbiter crossing the coast of California, 4 minutes before the first failure signature is picked up by ground controllers and 10 minutes before the first failure is annunciated to the crew. 
          On a nominal mission, video and audio would have been recorded through landing. However, the rest of this tape was apparently destroyed in the accident with only the first part of the tape, wound on the take up reel and without the tape case, being recovered. Of over 250 nearly identical tapes carried on Columbia during this mission, this is the only one discovered to date containing video recording.
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Mission STS 107 Semaine 1  Semaine 2 Semaine 3 Semaine 3 Semaine 5
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© Claude Lafleur, 2003